Le substantif

  1. Généralités.

     Contrairement au français, le substantif ne possède pas de genre, et contient aussi l'ensemble des pronoms. On différencie cependant les substantifs en substantifs consonnants (terminés par une consonne) et vocaux (terminés par une voyelle) ainsi qu'en indénombrables et dénombrables. Les indénombrables n'ont qu'une forme tandis que les dénombrables peuvent prendre l'article et peuvent se mettre au pluriel.

  2. Indéfinition et définition : l'article.

     Il n'existe pas en Réman d'article indéfini comme le "un" français. Le nom seul, accompagné parfois de certains complémentatifs, rend l'indéfinition.

    get [get] : un chat.

     Cependant, quand le nom est défini, l'article, totalement invariable, est obligatoire devant le substantif. C'est en effet le seul mot qui rende la notion de définition. Cet article est ì devant une consonne et t' devant une voyelle.
    ì get [i'get] : le chat. t'ave ['tave] : l'oiseau. (ave : un oiseau)
    L'article se place devant le substantif et en est indissociable.

  3. Singulier et pluriel : le nombre.

    1. les indénombrables.

       Les indénombrables sont des substantifs pour qui le nombre n'a que peu de sens : on ne peut les compter. Ce sont des généralités, des espèces animales ou végétales, des matériaux, certains aliments, etc... Ces substantifs ont alors une forme unique, considérée grammaticalement comme un singulier, qui ne prend jamais l'article.

      sykur [sy'kur] : du sucre, le sucre.

    2. les dénombrables.

       Les dénombrables sont les autres substantifs. Ils ont presque tous un pluriel régulier qui consiste à ajouter -s au singulier pour les substantifs vocaux, et -e pour les substantifs consonnants. Cette modification ne change pas la place de l'accent tonique.
      gete ['gete] : des chats. t'aves ['taves] : les oiseaux.

    3. le duel.

       Il existe parmi les dénombrables des concepts qui vont souvent par paires, comme certaines parties du corps (mains, yeux), ou des parties d'un couple comme les fiancés. Ces mots-là possèdent, à côté du singulier et du pluriel, utilisé cette fois pour trois objets et plus, un nombre appelé duel, considéré grammaticalement comme un singulier, qui désigne une paire d'objets. Ce duel n'a pas de forme générique et doit être appris avec chaque nom.

      meni ['meni], mana [ma'na], menis ['menis] : une main, deux mains, des mains.
      t'ocil ['toSil], t'ucel [tu'Sel], t'ocile ['toSile] : l'oeil, les deux yeux, les yeux.

       Le duel peut bien entendu être défini ou indéfini. Il n'y a pas de pronom au duel. Le réman emploie donc dans ce cas soit des périphrases (constituées de par [paR] : paire, couple), soit les pronoms pluriel. Mais dans tous les cas, si le nom au duel est sujet, le verbe s'accorde au singulier (ce qui fait qu'un pronom pluriel avec un verbe au singulier dénote le duel).

  4. Le génitif.

     Le génitif est un cas du nom, différent du cas habituel qu'on peut appeler par exemple nominatif-accusatif (car c'est le cas du sujet comme de l'objet du verbe). Le nom au génitif possède des terminaisons spéciales, sa nature est toujours nominale et on lui met l'article s'il le faut. Il complète un autre substantif et ne dispense pas d'utiliser l'article si nécessaire. Il sert à rendre le complément du nom avec idée de possession. Les terminaisons sont différentes suivant que le nom est vocal ou consonnant et la terminaison du génitif pluriel remplace celle du pluriel. L'accent tonique n'est pas modifié.
    Nom Terminaisons du génitif
    singulier pluriel
    vocal -h [j] -r [R]
    consonnant -a [a] -ar [aR]

     On emploie le génitif comme complément du nom avec idée de possession, comme complément du superlatif et comme attribut dans les phrases nominales pour traduire le verbe avoir.

    ì get ì Marhah [i'get imar'jaj] : le chat de Marie.
    pluri bel ì virar [plu'ri bel i'virar] : le plus beau des hommes.
    Ceni ì Juhena ['Seni iZu'jena] : Jean a un chien.

     Cependant, l'emploi du génitif est limité :

     Quand on ne peut employer le génitif, le complément du nom se forme avec la particule dy qui s'apocope en d' devant une voyelle.

  5. Les pronoms.

     Les pronoms sont des substantifs, au sens abstrait plutôt grammatical, qui peuvent remplacer d'autres substantifs. Ils peuvent être indénombrables ou dénombrables.

    1. les pronoms personnels.

       Ce sont grammaticalement des indénombrables, sauf les pronoms de la troisième personne qui peuvent être singuliers ou pluriels, mais qui sont toujours sans article (ce sont les seuls substantifs qui ont un sens défini sans l'article). Ces pronoms ont des formes différentes suivant qu'ils sont sujets, compléments directs ou compléments indirects. Les pronoms réfléchis ne peuvent être que compléments directs ou indirects.
      Pronoms personnels
      singuliers pluriels
      sujets u : moi, je no : nous
      tu : toi, tu vo : vous
      i : lui, il is : eux, ils
      e : elle es : elles
      o : lui, il (neutre)* os : eux, ils (neutre)*
      directs mo : me no : nous
      to : te vo : vous
      i : le is : les
      e : la es : les (féminin)
      o : le (neutre)* os : les (neutre)*
      so : se (réfléchi)** sos : se (réfléchi)**
      indirects mi : me, moi ni : nous
      ti : te, toi vi : vous
      i : lui is : leur, eux
      e : lui, elle es : leur, elles
      o : lui (neutre)* os : leur, eux (neutre)*
      si : se, soi (réfléchi)** sis : se, soi (réfléchi)**
      * les pronoms neutres s'emploient d'abord pour les objets et les animaux, mais peuvent aussi s'employer pour les personnes quand on ne veut pas spécifier le genre de la personne.
      ** les pronoms réfléchis s'emploient à toutes les personnes (pas seulement à la troisième) et renvoient au sujet de la proposition principale, même s'ils sont en proposition subordonnée.

    2. les pronoms possessifs.

       Ce sont des dénombrables. Indéfinis, ils signifient : un des miens, un des tiens, etc... ou : à moi, à toi, etc... Définis, ils signifient : le mien, le tien, etc... Ils ne renvoient pas au genre du possesseur, seulement à son nombre. Leur pluriel est régulier.
      Pronoms possessifs
      miu : mien, mienne nutru : nôtre
      tiu : tien, tienne vutru : vôtre
      iu : sien, sienne liu : leur
      siu : sien, sienne, leur (réfléchi)**

    3. les pronoms démonstratifs.

       Dénombrables, ils fonctionnent du point de vue définition comme les pronoms possessifs. Il y a trois degrés d'éloignement : proche du locuteur, proche de l'interlocuteur, éloigné à la fois du locuteur et de l'interlocuteur, et deux pronoms pour chaque degré : un pour les personnes et un pour les choses. Leur pluriel est régulier.
      Pronoms démonstratifs
      Personnes Choses
      ec : celui-ci, celle-ci uc : ceci
      ect : celui-là, celle-là uct : cela
      el : celui-là là-bas, celle-là là-bas ul : cela là-bas

       Apparenté aux pronoms démonstratifs est le pronom (dénombrable) ide : même. Indéfini, il marque une originalité (moi-même, toi-même, etc...) et a un sens réfléchi. Défini, il marque une identité (le même). Il désigne plutôt les personnes, mais aussi parfois les choses.

    4. les pronoms indéfinis.

       Ils sont dénombrables, mais comme leur nom l'indique, ils ne sont jamais précédés de l'article. De plus, ils ont toujours un sens affirmatif (il n'existe qu'un seul mot négatif en Réman). Ils sont différents suivant qu'ils s'appliquent à une personne ou à une chose.
      Pronoms indéfinis
      Personnes Choses
      Singulier eldan : quelqu'un elre : quelque chose
      todan*** : tout le monde tore*** : tout
      qidan*** : chacun qire*** : chaque chose
      Pluriel eldane : quelques uns elres : quelques choses
      todane*** : tous tores*** : toutes les choses
      qidane*** : tous qires*** : toutes les choses
      *** les composés avec to- désignent des ensembles considérés dans leur unité tandis que les composés avec qi- désignent les éléments de ces ensembles.

    5. les pronoms relatifs.

       Ils s'emploient comme en français pour former les propositions subordonnées relatives. Ils se placent en début de proposition subordonnée et s'accordent en nombre avec l'antécédent. Ils peuvent être indéfinis ou définis et l'antécédent peut être exprimé ou non. Seuls les pronoms définis peuvent avoir un antécédent exprimé. Eux aussi différencient les êtres humains des choses.
      Pronoms relatifs
      Personnes Choses
      Singulier Indéfini qa : quiconque qe : tout ce qui
      Défini ì qa : celui qui, celle qui, qui ì qe : ce qui, qui
      Pluriel Indéfini qas : tous ceux qui qes : toutes choses qui
      Défini ì qas : ceux qui, celles qui, qui ì qes : ce qui, ces choses qui, qui

       Ces pronoms ne différencient pas le sujet du complément direct. Cela signifie qu'on peut aussi bien les traduire par "(...) qui" que par "(...) que".

    6. les pronoms interrogatifs et exclamatifs.

       Pronoms interrogatifs et exclamatifs sont confondus. En fait, indéfinis, ils ont un sens interrogatif, et définis, un sens exclamatif. Ils se placent comme en français en début de question. Dans un sens interrogatif, ils interrogent aussi bien sur la nature ("qui ?") que sur un choix ("lequel ?").
      Pronoms interrogatifs
      Personnes Choses
      Singulier qi : qui, lequel ? qe : quoi, que ?
      Pluriel qis : qui, lesquels ? qes : quoi, que ?
      Pronoms exclamatifs
      Personnes Choses
      Singulier ì qi : qu'il, qu'elle ! ì qe : que !
      Pluriel ì qis : qu'ils, qu'elles ! ì qes : que !

  6. Les substantifs numéraux.

     Comme en français, on compte en base dix, et comme en français, les nombres sont de deux types : nombres cardinaux et nombres ordinaux. Il faut cependant signaler que contrairement au français, à partir de cent, les multiples se forment avec les complémentatifs multiplicatifs.

    1. les nombres cardinaux.

       Ce sont des indénombrables, sauf quand ils sont considérés comme des substantifs à part entière. Quand ils sont indénombrables, 0 et 1 sont singuliers, les autres sont pluriels. Attention, les substantifs qu'on traduit par "million" et "milliard" fonctionnent comme les autres cardinaux, contrairement au français.
      0 : ziro : zéro 70 : sitente : soixante-dix
      1 : en : un 80 : otente : quatre-vingt
      2 : di : deux 90 : nevente : quatre-vingt-dix
      3 : tri : troix 100 : chen : cent
      4 : qatr : quatre 101 : chen en : cent un
      5 : qin : cinq 110 : chen des : cent dix
      6 : se : six ... ... ...
      7 : siti : sept 200 : bi chen : deux cents
      8 : oti : huit 300 : tir chen : troix cents
      9 : nevi : neuf 400 : qatir chen : quatre cents
      10 : des : dix 500 : qines chen : cinq cents
      11 : enzi : onze 600 : seses chen : six cents
      12 : dezi : douze 700 : sites chen : sept cents
      13 : trezi : treize 800 : otes chen : huit cents
      14 : qaterzi : quatorze 900 : neves chen : neuf cents
      15 : qinzi : quinze 1000 : mel : mille
      16 : sezi : seize 1001 : mel en : mille un
      17 : sitezi : dix-sept ... ... ...
      18 : otezi : dix-huit 2000 : bi mel : deux mille
      19 : nevezi : dix-neuf 3000 : tir mel : troix mille
      20 : dente : vingt ... ... ...
      21 : denten : vingt-et-un 10000 : dekes mel : dix mille
      22 : dentedi : vingt-deux ... ... ...
      ... ... ... 100000 : centes mel : cent mille
      28 : dentoti : vingt-huit ... ... ...
      29 : dentenevi : vingt-neuf 1000000 : milon : un million
      30 : trente : trente 2000000 : bi milon : deux millions
      31 : trenten : trente-et-un ... ... ...
      ... ... ... 1000000000 : milhar : un milliard
      40 : qarente : quarante 2000000000 : bi milhar : deux milliards
      50 : qinente : cinquante ... ... ...
      60 : sente : soixante ... ... ...

    2. les nombres ordinaux.

        Ce sont des dénombrables qui fonctionnent comme les pronoms démonstratifs et possessifs. Deux d'entre eux sont particuliers, ce sont ulteme : dernier et sikunde : second (deuxième et dernier). Les autres se forment régulièrement en ajoutant -me au nombre cardinal correspondant (sans changement d'accent tonique), sauf :

      • preme : premier, qatreme : quatrième, miloneme : millionième et milhareme : milliardième.
      • les cardinaux qui se terminent par un i font leur ordinal en -eme (avec déplacement de l'accent tonique s'il le faut).
      • les dizaines déplacent leur accent tonique à l'avant-dernière syllabe.
      Les nombres composés forment leur cardinal comme en français, en ne remplaçant que le dernier terme par l'ordinal correspondant. On symbolise les ordinaux avec un petit e en haut à droite du nombre écrit en chiffres.

      719e : sites chen nevezeme : sept cent dix-neuvième.


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