Le complémentatif
Il sert, comme son nom l'indique, à compléter d'autres mots, que ce soit des verbes, des noms, d'autres complémentatifs ou même des particules. Il correspond donc en français à l'adjectif, à l'adverbe, et peut même se rendre par une préposition. Il est complètement invariable. Les complémentatifs peuvent être divisés en catégories suivant leur sens ou leur emploi.
Ce sont les complémentatifs les plus nombreux. Ils correspondent aux adjectifs qualificatifs, aux adverbes en -ment et à d'autres adverbes. De par leur nature, ils se traduisent par un adjectif ou un adverbe suivant ce qu'ils complètent.
ben : bon, bien.
Leur comportement n'est intéressant à étudier que lorsqu'ils complètent des substantifs. Dans les autres cas, leur comportement est le même qu'en français, à peu de choses près.
On les place généralement le plus proche possible du nom qu'ils complètent et ils se placent indifféremment devant ou derrière celui-ci. Cependant, comme on ne peut séparer le substantif de l'article défini, on place le complémentatif obligatoirement derrière le substantif défini.
bel get, get bel : un beau chat.
ì get bel : le beau chat.
ì gete bel : les beaux chats.
Pour des raisons purement esthétiques, on place les complémentatifs courts généralement devant le substantif indéfini, et les complémentatifs longs généralement derrière (la notion de longueur restant assez subjective).
pulk ave : un superbe oiseau.
ave tropikel : un oiseau tropical.
La phrase nominale est une particularité du Réman qui n'est partagée par aucune autre langue latine, mais qui existe dans d'autres langues, notamment en arabe. C'est une phrase qui, bien que complète, ne possède pas de verbe. Elle vient de l'absence en Réman d'un verbe être servant de copule ("liaison") entre un sujet et ce qui lui est attribué. On traduit généralement ce type de phrases par des phrases utilisant le verbe être, ou le verbe avoir qui brille aussi par son absence. La notion de temps et de négation sont rendues dans ces phrases par des complémentatifs. L'ordre habituel des mots dans la phrase nominale est : sujet + complémentatifs facultatifs pour la notion de temps ou de négation + attribut (substantif, complémentatif ou expression de type génitif ou complément du nom).
T'ave pulk : L'oiseau est superbe.
On l'emploie avec des verbes transitifs du type parikri : paraître. Lorsque le complément est un substantif, on le considère comme un complément direct. Lorsque c'est un complémentatif, on le considère comme un attribut du sujet.
Ì vir parike alt : L'homme semble grand.
Il s'emploie exactement comme l'attribut du COD en français. On l'emploie surtout avec le verbe feri : faire dans le sens de rendre.
Feve vir nobil : Il a rendu un homme noble, Il a annobli un homme.
Ces complémentatifs correspondent à certains pronoms, et là où le pronom remplace le substantif, le complémentatif le complète.
Ils sont trois, correspondant aux trois degrés d'éloignement, et peuvent compléter aussi bien des personnes que des choses. En tant que complémentatifs, ils ne dispensent pas de l'usage de l'article défini s'il le faut. Complétant un substantif indéfini, on les traduit généralement par "un de ces...". Ces complémentatifs sont :
ic : ce, cet, cette, ces... -ci |
ict : ce, cet, cette, ces... -là |
il : ce, cet, cette, ces... -là là-bas |
On a aussi le complémentatif id : même, associé au pronom ide.
Comme leur nom l'indique, ils correspondent aux pronoms indéfinis et ne complètent que des substantifs indéfinis. Ils complètent aussi bien une personne qu'une chose. Ce sont :
elqi : quelque, quelques. |
toqi : tout, toute, tous, toutes. |
qiqi : chaque, tous, toutes. |
Il n'existe qu'un seul complémentatif relatif. Comme les pronoms relatifs, il se place au début de la subordonnée relative, et entraîne avec lui le mot qu'il complète (il se place cependant derrière ce substantif s'il est défini). Ce complémentatif est qi. Il complète plutôt les substantifs indéfinis, auquel cas il signifie "tout, tous, toute, toutes... qui", "quel que soit... qui". Il peut aussi compléter un nom défini, auquel cas il signifie "lequel, laquelle, lesquels, lesquelles". Mais cette construction est souvent maladroite en français, ce qui peut entraîner des problèmes de compréhension ou de traduction.
Il n'existe qu'un complémentatif, complétant à la fois les personnes et les choses. Comme les pronoms du même type, il est inerrogatif s'il complète un substantif indéfini et exclamatif s'il complète un substantif défini (sauf dans le cas d'un indénombrable). Il se place comme le complémentatif relatif.
Indéfini | qo : quel, quelle, quels, quelles ? |
---|---|
Défini | ì... qo : quel, quelle, quels, quelles ? |
Ils sont de trois types : les nombres cardinaux, les nombres ordinaux et les complémentatifs multiplicatifs.
Ils ont la même forme que les substantifs du même type. 0 et 1 complètent des substantifs au singulier, les autres des substantifs au pluriel. Contrairement au français, million et milliard fonctionnent comme des complémentatifs.
milon aves : un million d'oiseaux.
Ils ont la même forme que les substantifs du même type et fonctionnent comme les complémentatifs démonstratifs.
ì vir preme : le premier homme.
ulteme vir, vir ulteme : un des derniers hommes.
Ils servent à multiplier les mots qu'ils complètent. On les traduit donc généralement par un cardinal auquel on ajoute "fois". On les emploie aussi pour former les multiples de cent, mille, etc... à la fois pour les cardinaux et les ordinaux (et, bien sûr, les multiplicatifs eux-mêmes).
1x | : simel | : une fois | 40x | : qarikes | : quarante fois |
2x | : bi | : deux fois | 50x | : qinikes | : cinquante fois |
3x | : tir | : trois fois | 60x | : sikes | : soixante fois |
4x | : qatir | : quatre fois | 70x | : sitikes | : soixante-dix fois |
5x | : qines | : cinq fois | 80x | : otikes | : quatre-vingt fois |
6x | : seses | : six fois | 90x | : nevikes | : quatre-vingt-dix fois |
7x | : sites | : sept fois | 100x | : centes | : cent fois |
8x | : otes | : huit fois | 101x | : centes simel | : cent une fois |
9x | : neves | : neuf fois | 110x | : centes dekes | : cent dix fois |
10x | : dekes | : dix fois | ... | ... | ... |
11x | : enzes | : onze fois | 200x | : bi centes | : deux cents fois |
12x | : dezes | : douze fois | 300x | : tir centes | : troix cents fois |
13x | : trezes | : treize fois | ... | ... | ... |
14x | : qaterzes | : quatorze fois | 1000x | : miles | : mille fois |
On en trouve de formations diverses. Mais d'autres, cependant, peuvent être placés en tableau, liés à certains complémentatifs et à quatre types de lieu :
Complémentatif | Lieu : | |||
---|---|---|---|---|
Où l'on est | Où l'on va | D'où l'on vient | Par où l'on passe | |
qo | ovi : où (es-tu) ? | qu : où (vas-tu) ? | und : d'où (viens-tu) ? | qwa : par où (passes-tu) ? |
ic | ici : ici | icu : ici | icun : d'ici | ica : par ici |
ict | icti : là | ictu : là | ictun : de là | icta : par là |
il | ili : là-bas | ilu : là-bas | ilun : de là-bas | ila : par là-bas |
ì... qi | quvi : où, là où | qiqu : où, là où | qund : d'où, de là où | qiqwa : par où, par là où |
qi | uvi : partout où | qu : partout où | und : de partout où | qwa : quelque soit l'endroit par où |
elqi | eluvi :quelque part | elqu : quelque part | elund : de quelque part | elqwa : par quelque part |
toqi | tuvi : partout | toqu : partout | tund : de partout | toqwa : par partout |
qiqi | qivi : partout | qiqu : partout | qind : de partout | qiqwa : par partout |
C'est l'unique mot négatif de la langue. Ce complémentatif est na (n' devant une voyelle). Seul, il signifie "non". Devant un substantif, il signifie "pas de". Devant un complémentatif, il indique généralement le contraire. Devant un verbe, il signifie "ne... pas", ce qui est aussi son sens dans une phrase nominale. On l'emploie aussi souvent devant certains pronoms ou complémentatifs :
n'eldan : personne,
n'elre : rien,
n'elqi : aucun, aucune,
n'eluvi : nulle part,
etc...
On peut aussi utiliser le composés de to- et qi- avec na sans changer le sens. Ce sont cependant les composés de el- (pour des raisons d'euphonie) qui sont préférés.
La quantité et les degrés du complémentatif (comparatif et superlatif) se forment à l'aide de complémentatifs, les mêmes quels que soient les mots qu'ils complètent. Seuls trois complémentatifs possèdent un comparatif (de supériorité) et un superlatif (de supériorité) irréguliers :
ben : bon, bien, gentil | mhor : meilleur, mieux, plus gentil | otim : le meilleur, le mieux, le plus gentil |
mal : mauvais, mal, méchant | phor : plus mauvais, pire, plus méchant | pesim : le plus mauvais, le pire, le plus méchant |
gran : grand, large | mahr : plus grand, plus large | masim : le plus grand, le plus large |
Les complémentatifs de quantité se traduisent différemment suivant qu'ils complètent un verbe, un complémentatif, un complémentatif de quantité ou un substantif (lorsqu'il est dénombrable, le substantif doit être mis au pluriel indéfini). Nous allons voir tous ces cas pour pouvoir bien cerner leur sens.
Complémentatif | Devant un verbe | Devant un complémentatif | Devant un complémentatif de quantité (plu, min, sas ou nime) | Devant un substantif |
---|---|---|---|---|
quntu ? | combien ? | combien ? | de combien ? | combien de ? |
qum ! | combien, comme, qu'est-ce que ! | comme ! | comme ! | que de ! |
mult | beaucoup | bien | beaucoup | beaucoup de |
plu | plus, davantage | plus (comparatif) | plus de | |
pluri | le plus, au plus haut point | le plus (superlatif) | le plus de | |
tre | très (superlatif absolu) | |||
pul | un peu | un peu | un peu | un peu de |
min | moins | moins (comparatif) | moins de | |
minim | le moins | le moins (superlatif) | le moins de | |
tan | autant | aussi (comparatif) | d'autant | autant de |
sas | assez | assez | assez de | |
nime | trop | trop | trop de | |
pari | trop peu | trop peu | trop peu de |
On rend "peu" par na mult ("pas beaucoup") et "très peu" par tre pul. Le complément du comparatif (plu, tan et min) se rend avec la particule kom : comme, que, et le complément du superlatif par un génitif ou un complément avec dy.
Nous en avons vu certains. Voici uniquement ceux qui posent une question sur une circonstance de :
LIEU | ovi ? | : où (es-tu) ? |
---|---|---|
qu ? | : où (vas-tu) ? | |
und ? | : d'où (viens-tu) ? | |
qwa ? | : par où (passes-tu) ? | |
TEMPS | qen ? | quand ? |
quntudho ? | (pendant) combien de temps ? | |
qokes ? | combien de fois ? | |
MANIERE | qumu, ud ? | comment ? |
CAUSE | kur ? | pourquoi ? |
QUANTITE | quntu ? | combien ? |
Un point important à remarquer est que si la place habituelle des interrogatifs est le début de la phrase, il est très fréquent de changer leur position pour des raisons diverses, principalement euphoniques. Cela signifie qu'il est tout à fait correct de placer le mot interrogatif au milieu ou même à la fin de la phrase interrogative.
C'est un rémanisme (structure propre au Réman) qui a de multiples traductions en français. C'est un complémentatif formé à partir d'un substantif qui sert à caractériser un autre substantif par l'idée contenue dans le premier. On le traduit généralement par un complément de nom (sans idée de possession) ou par un adjectif. Il se forme à partir du nom singulier indéfini auquel on ajoute -ni s'il est vocal ou -eni s'il est consonnant. L'accent tonique ne se déplace pas.
festa : une fête.
deh festani : un jour de fêtes.
razun : la raison.
vir razuneni : un homme de raison, un homme raisonnable.
Il existe d'autres complémentatifs dérivés de substantifs (mais généralement pas de manière productive) ou de verbes qui ont un sens proche du complémentatif de liaison, mais qui sont généralement traduits par des adjectifs.
ì tropike : les tropiques.
tropikeni : des tropiques, tropical.
tropikel : tropical.
Cependant, contrairement au complémentatif de liaison, ils peuvent compléter des verbes, indiquant ainsi la manière.
razuneri : raisonner.
O-feve razunebil : Il l'a fait de manière raisonnable (raisonnablement).