Le verbe

  1. Généralités.

     Du point de vue de sa nature, le verbe réman n'est pas différent du verbe français. Du point de vue de sa conjugaison, il possède tout de même quelques particularités. En général, le verbe possède :

     Suivant la dernière lettre de leur radical, les verbes sont vocaux ou consonnants comme les substantifs. Ils sont quasiment tous réguliers.

  2. L'auxiliaire esi.

     Esi n'est pas un verbe à part entière et il n'a aucune traduction en français. Bien que provenant étymologiquement du verbe latin ESSE, esi ne signifie pas du tout "être" et pourrait se rendre à la rigueur par "être en train de" car il sert à former l'aspect imperfectif. En fait, on ne le traduit généralement pas. Sa conjugaison est défective et ne possède qu'une voix (ni active, ni passive), qu'un aspect (ni perfectif, ni imperfectif) et pas de complémentatif verbal.

  3. Les verbes réguliers.

     Ils se terminent tous au substantif verbal par -ri. En enlevant cette terminaison, on obtient le radical du verbe. Les exemples proposés sont totalement réguliers et non défectifs. Une particularité de la conjugaison est que c'est elle qui détermine la position de l'accent tonique, et non l'aperture des voyelles. Pour tous les verbes, l'accent tonique a toujours la même position relative par rapport à la dernière syllabe.

    1. les verbes vocaux.

       Leur radical se termine par une voyelle. Dans toute la conjugaison, cette voyelle est suivie d'une consonne ou se trouve en fin de mot. L'exemple choisi ici est le verbe timeri : craindre.

    2. les verbes consonnants.

       Leur radical se termine par une consonne. Cette consonne est toujours en fin de mot ou suivie d'une voyelle. L'exemple choisi ici est le verbe vendri : vendre.

  4. Les verbes irréguliers.

     Les verbes irréguliers sont de trois types : le verbe iri, les semi-auxiliaires et les réguliers de prononciation.

    1. le verbe iri.

       C'est le seul verbe dont on peut considérer la conjugaison comme étant complètement irrégulière. Il signifie "aller" et possède un passif impersonnel.

    2. les semi-auxiliaires.

       Ce sont des auxiliaires dans la mesure où ce sont des composés de esi et que, suivis d'un verbe, celui-ci est au substantif verbal seul. Mais ce sont aussi des verbes à part entière, possédant aussi un complémentatif verbal, un imperfectif et un passif impersonnel. Il y a quatre semi-auxiliaires qui sont :

      • posi (issu du latin POSSE) : pouvoir,
      • sepi (et sa forme archaïque sapesi, concaténation de SAPERE et ESSE) : savoir,
      • voli (et sa forme archaïque volesi, concaténation de VOLLE et ESSE) : vouloir,
      • debi (et sa forme archaïque debesi, concaténation de DEBERE et ESSE) : devoir.

    3. les réguliers de prononciation.

       Comme leur nom l'indique, ils paraissent réguliers à l'oreille et ne possèdent une forme d'irrégularité qu'à cause de l'ambigüité de la dernière lettre de leur radical. Ce sont des verbes vocaux terminés par -u ou -i. Ces voyelles deviennent les consonnes -w ou -h dans certains cas. Leurs conjugaisons sont donc un mélange de conjugaisons vocales et consonnantiques. Les verbes en -u sont appelés verbes upsilon et les verbes en -i sont appelés verbes iota.

  5. L'emploi des différentes formes du verbe.

    1. les formes impersonnelles.

      1. le substantif verbal.

         Comme son nom l'indique, le substantif verbal peut avoir un sens nominal ou un sens verbal. Pour le substantif verbal actif :

        • en tant que substantif, il désigne :
          • soit le verbe lui-même, auquel cas il est précédé de l'article défini.
            ì vendri : le verbe "vendri".
          • soit l'action ou l'état indiqués par le verbe (avec un sens actif) auquel cas il est indénombrable.
            vendri : la vente (l'acte de vendre).
          • soit l'acteur, auquel cas il est dénombrable.
            vendris : des vendeurs.
        • en tant que verbe, il sert à former les propositions infinitives et sert comme complément de certains verbes. Il est toujours précédé de l'article défini sauf s'il complète esi ou les semi-auxiliaires.
        Pour le substantif verbal passif :
        • en tant que substantif, il désigne :
          • soit l'action ou l'état indiqués par le verbe (avec un sens passif), auquel cas il est indénombrable.
            vendese : la vente (d'un objet).
          • soit l'objet, auquel cas il est dénombrable.
            vendese : un achat.
        • en tant que verbe, il fonctionne comme le substantif verbal actif, avec cependant un sens passif ou un sens actif indéfini.

      2. le complémentatif verbal.

         Contrairement au substantif verbal, les sens complémentativaux et verbaux sont plus difficiles à différencier. On préfère donc regarder si le complémentatif verbal complète un substantif ou un verbe. Pour le complémentatif verbal actif :

        • s'il complète un substantif, il désigne l'acteur et se rend généralement par le participe présent. Il peut être verbe d'une proposition qualificative.
          venden : vendant, étant vendeur.
        • s'il complète un verbe, il forme ce qu'on appelle une structure résultative où, comme en français, le verbe conjuguédésigne l'action et le complémentatif verbal son moyen. Si le complémentatif verbal est issu du verbe conjugué, on obtient une structure asolue appuyant sur le sens du verbe. Dans ces deux constructions, le verbe conjugué doit être à l'actif.
          venden vendri : s'échiner à vendre.
        Pour le complémentatif verbal passif :
        • s'il compléte un substantif, il désigne l'objet et se rend généralement par le participe passé. Il peut aussi être verbe d'une proposition qualificative. Cependant, il ne possède pas la valeur passée du participe passé et ne peut être utilisé dans ce sens.
          vended : vendu, étant vendu, étant un achat.
        • il complète un verbe au passif avec le même sens que le complémentatif verbal actif complète un verbe à l'actif.
          vended vendese : être vendu après de nombreuses tractations.

    2. les formes personnelles.

      1. actif et passif.

         L'actif fonctionne exactement comme en français. Comme en français, les verbes transitifs possèdent un passif personnel (existant pour toutes les personnes) qui, non complété par un complément d'agent, se traduit par un actif avec pour sujet "on". Mais, contrairement au français, la plupart des verbes, intransitifs comme transitifs, possèdent un passif dit impersonnel, encore appelé actif indéfini, car bien qu'ayant une forme passive, il se rend par "on" + verbe à l'actif. Ce passif n'existe qu'à la troisième personne du singulier comme du pluriel. On utilise le singulier lorsque "on" possède un sens singulier (on peut le remplacer par "une personne") et le pluriel lorsqu'il a un sens pluriel ou collectif ("les gens").

      2. perfectif et imperfectif.

         L'aspect a en Réman un rôle quasiment aussi important que le temps sans pour autant prendre l'importance qu'il a en russe par exemple. L'aspect désigne la façon dont on regarde l'action ou l'état indiqués par le verbe. Le perfectif indique qu'on regarde l'action comme un événement, sans épaisseur dans le temps. C'et l'aspect événementiel qui compte. Au contraire, l'imperfectif s'intéresse à la durée de l'événement qui a cette fois une épaisseur dans le temps. C'est l'aspect temporel qui prime. C'est entre autres l'aspect des événements en cours ("être en train de").

      3. indicatif et subjonctif.

         Ce sont des termes peu précis, mais ils ont été choisis car ce sont ceux utilisés dans toutes les langues latines. L'indicatif désigne les événements certains ou du moins probables. Il se traduit en français par un indicatif. Le subjonctif, lui, désigne les événements possibles. C'est le mode du doute, de l'hypothèse, qui fait intervenir la subjectivité et la méconnaissance du locuteur. Il se traduit parfois par un indicatif, un subjonctif ou même un conditionnel. C'est aussi le mode de l'ordre, et il se traduit alor par l'impératif.

      4. l'impératif.

         C'est le mode de l'ordre, et au négatif de la défense. L'impératif imperfectif existe bien qu'il soit peu employé. Il n'existe qu'à la deuxième personne, du singulier comme du pluriel. L'ordre à d'autres personnes est alors rendu par le subjonctif présent ou futur, suivant le sens. Contrairement à la plupart des langues latines, l'impératif est le même à l'affirmatif et au négatif.

      5. les temps.

         Il faut faire attention aux temps qui n'ont pas le même sens, suivant que l'on considère les propositions principales ou subordonnées, le perfectif ou l'imperfectif, l'indicatif ou le subjonctif. C'est dans les propositions subordonnées que le temps s'emploie de façon très différente du français.

        • les temps dans la proposition indépendante ou principale.

           C'est dans ces propositions que la signification du temps est la plus influencée par le mode et l'aspect. Commençons par le mode indicatif :

          • Le présent perfectif s'utilise pour les généralités, les "vérités intemporelles", les récits (là où le français emploierait plutôt le passé simple) et les événements se déroulant simultanément au moment où l'on parle sans épaisseur temporelle sensible (comme un clin d'oeil). Le présent imperfectif s'emploie pour les événements se déroulant simultanément au moment où l'on parle, ou dans les récits par opposition au présent perfectif (là où le français emploierait plutôt l'imparfait).
          • Le passé perfectif s'emploie comme les passés simple ou composé français, pour désigner des événements passés sans référence sur leur durée. Le passé imperfectif s'emploie plutôt comme l'imparfait français, sans toutefois avoir le sens d'habitude passée qui est pris en charge par le passé perfectif.
          • Le futur s'emploie pour désigner les événements futurs certains de se produire, ou du moins probables. Il y a entre perfectif et imperfectif la même relation qu'au passé.
          Au subjonctif, l'aspect a exactement le sens qui est expliqué au paragraphe consacré. Il n'est donc pas nécessaire de le réexaminer à chaque fois.
          • Le présent se traduit en français par un conditionnel présent, avec toutes ses nuances, y compris celle de futur dans le passé.
          • Le passé se traduit de même par le conditionnel passé.
          • Le subjonctif futur est un temps qui n'existe pas en français. C'est un prospectif, c'est-à-dire un futur hypothétique, désignant les événements futurs seulement possibles. On peut le traduire en français par "peut-être" + futur et il s'emploie beaucoup en Réman.

        • les temps dans la proposition subordonnée.

           Ici, le sens des temps ne dépend ni du mode ni de l'aspect qui ne font qu'ajouter une nuance de sens. De plus, le temps n'est plus absolu mais relatif au moment de référence donné par la proposition principale. Ainsi, quels que soient le mode, le temps et l'aspect de la principale, dans la subordonnée, le présent signifie simultanéité par rapport à l'action principale, le passé antériorité et le futur postériorité. La traduction de chaque temps est donc multiple et doit se faire au cas par cas.

  6. L'emploi des pronoms personnels avec le verbe.

    1. les pronoms personnels sujets.

       On ne les emploie que pour appuyer sur le sujet (moi je, toi tu, etc...) ou pour dissocier les formes ambigües, surtout au subjonctif. On les emploie aussi dans les phrases nominales. Devant une voyelle, la plupart d'entre eux s'apocope pour des raisons de prononciation :

      • u s'apocope en w',
      • tu s'apocope en t',
      • i et e s'apocopent en h',
      • o ne change pas,
      • no s'apocope en n',
      • vo s'apocope en v',
      • is, es et os ne changent pas.

    2. les pronoms personnels directs.

       Comme en français, ils se placent devant le verbe, à tous les modes et temps, et sont reliés à lui par :

      • un trait d'union s'ils sont complets,
      • une apostrophe s'ils sont apocopés.
      Contrairement au français, les pronoms indirects ne sont jamais utilisés de la même façon. Les règles d'apocope sont les mêmes que pour les pronoms sujets sur lesquels ils ont la priorité de l'apocope :
      • mo s'apocope en m',
      • to s'apocope en t',
      • i et e s'apocopent en h',
      • o ne s'apocope pas,
      • so s'apocope en s',
      • no s'apocope en n',
      • vo s'apocope en v',
      • is, es, os et sos ne s'apocopent pas.

    3. les pronoms personnels indirects.

       Ils servent de sujets obligatoires dans les propositions subordonnées. Ils ne sont alors jamais reliés aux verbes mais peuvent s'apocoper (les pronoms directs ont cependant la priorité) :

      • mi s'apocope en mh',
      • ti s'apocope en th',
      • i et e s'apocopent en h',
      • o ne s'apocope pas,
      • si s'apocope en sh',
      • ni s'apocope en nh',
      • vi s'apocope en vh',
      • is, es, os et sis ne s'apocopent pas.

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