Autres remarques
Cette page est consacrée à des remarques d'ordre stylistique, linguistique ou d'usage, qui permettent de bien appréhender cette langue, et la façon de penser cette langue.
Lors de la présentation des substantifs, il avait été dit que le substantif ne possède pas de genre. En fait, les substantifs ne possèdent pas de genre grammatical mais peuvent avoir un genre suivant le sens. Ce genre n'a aucune incidence sauf lorsque l'on veut reprendre le substantif par un pronom personnel (ce qui arrive souvent, rien que pour traduire les adjectifs possessifs). Alors, pour choisir entre i, e et o, il faut choisir le genre du substantif, ce qui se fait selon certaines habitudes suffisamment communes pour être considérées comme des règles.
Ce sont les êtres humains et les animaux. Pour les êtres humains, il faut avoir que le neutre ne s'emploie jamais pour désigner une personne précise. C'est même une insulte particulièrement méprisante. Cependant, pour parler de l'humanité en général, on emploie justement le neutre. Ce neutre s'appelle le "neutre d'espèce" et il est très souvent employé avec les animaux, même pour parler d'un animal en particulier. Cependant, on peut employer i ou e pour les animaux dans deux cas particuliers :
Spita ì tigr ic. I qum furti ! : Regarde ce tigre. Comme il est fort !
Ce sont les végétaux et les objets. Le traitement se fait alors diféremment selon le cas.
Le neutre d'espèce est le plus souvent employé, beaucoup plus même qu'avec les animaux. Cependant, si la plante vous appartient, ou s'il s'agit de plantes à forte connotation affective comme les fleurs, on emploie :
Il est très rare de ne pas employer le neutre, et les cas où on ne l'emploie sont très précis :
Uc ì vetyr dy mi. E bel : C'est ma voiture, elle est belle.
Ì televisho syr ì tabli. I syr e : La télévision est sur la table. Elle est sur elle.
Ils ne prennent un genre non neutre que dans un sens fort, parfois allégorique, sauf les noms de pays qui sont très souvent féminins.
De façon très peu originale, les personnes ont un prénom d'usage (plus d'autres prénoms facultatifs non utilisés habituellement) et un ou plusieurs noms de famille (que ce soient les noms du père et de la mère comme en Espagne, son nom de famille et le nom de famille de son mari ou de sa femme, ou même des noms à rallonge caractéristiques de la noblesse). Les seules particularités sont que :
Les équivalents de "monsieur" et "madame, mademoiselle" (le Réman ne distinguant pas les femmes mariées des autres) sont respectivement ì shur et ì dam. Ils sont employés comme en français. Pour désigner une personne, on utilise le nom avec l'article, sauf si l'on appelle la personne, auquel cas on utilise le vocatif et on enlève l'article. Enfin, pour désigner une famille complète, on emploie le(s) nom(s) de famille au pluriel et précédés de l'article.
Juhen : Jean (je t'appelle).
Nemu ì Marha Celvena : Je m'appelle ("me nomme") Marie Chelvin.
Icek ì shur Melugo : Voici monsieur Melugo.
ì Tilgeris : les Tilguéri.
Parmi tous les verbes, iri : aller est une figure particulière. Non seulement il est le seul verbe irrégulier dans toute la langue, mais il est aussi le point de départ d'un système très important de verbes dérivés. Ce sont des verbes de changement d'état (généralement des verbes de changement de position ou de lieu) forcément intransitifs et se traduisant souvent par des verbes réfléchis. Ils se forment en préfixant un complémentatif, une particule ou une combinaison des deux :
entriri (entra + iri) : entrer (aller + à l'intérieur).
syriri (syr + iri) : se coucher (aller + sur).
adestriri (a + estra + iri) : s'arracher (aller + à l'extérieur + à).
Comme on le voit, le sens de ces verbes dérivés ne se déduit parfois pas immédiatement du sens du préfixe ajouté.
Iri conserve sa conjugaison irrégulière, ce qui peut entraîner certaines modifications dans le préfixe quand celui-ci est formé d'un complémentatif ou d'une particule se modifiant devant une voyelle.
entriri : entrer -> entrahu, entri : j'entre, tu entres.
syriri : se coucher -> syrhu : je me couche.
A partir de iri, on forme s'iri (so + iri) : s'en aller. Certains verbes dérivés acceptent une modification du même type :
estriri : sortir -> s'estriri : s'en sortir.
Les deux verbes esiri (e + iri) et venri ont a priori le même sens qui est celui de "venir". En fait, il y a entre eux une nuance de sens qui a parfois son importance. On emploie venri si l'on veut insister sur le lieu quitté (c'est l'aspect "séparation" qui prime) et esiri si l'on insiste sur le lieu d'arrivée (c'est l'aspect "rapprochement" qui importe). De plus, ces deux verbes ont une forme réfléchie : s'esiri et so-venri, qui signifient toutes les deux "s'en venir (de)". Mais s'esiri est beaucoup plus utilisé que so-venri qui est considéré comme littéraire. Enfin, dans le langage familier, s'esiri s'emploie beaucoup à la place de esiri et venri.
Voici les verbes dérivés les plus employés :
prupiri (prupi + iri) : se rapprocher, approcher (aller + près).
prekiri (preku + iri) : s'éloigner (aller + loin).
jemiri (jem + iri) : partir (aller + à partir).
usqiri (usqu + iri) : arriver (aller + jusque).
veriri (ver + iri) : se diriger (aller + vers).