Les formules de politesse

  1. Généralités.

     Une particularité de l'Azak sur l'usage de la politesse est que cette langue en fait peu l'usage. En gros (car bien entendu tout dépend des usages personnels), on peut dire qu'il y a deux niveaux de langue : l'un correspondant en gros au langage écrit et considéré comme passe-partout (mais plus qu'en français), et l'autre considéré comme familier. Dans tous les cas, il faut noter que l'Azak fait dans la conversation un usage important des suffixes contextuels, et c'est la fréquence de leur emploi qui détermine surtout le niveau de politesse (les employer beaucoup est à la fois le signe que l'on donne de l'importance à l'interlocuteur et un signe de jovialité, surtout avec les suffixes -ag et -ed, pas forcément compatible avec une nécessité de respect).

  2. Répondre poliment à une demande.

     L'un des deux seuls domaines dans lesquelles la politesse est importante en Azak est lorsqu'il faut répondre à une question par oui ou non. L'emploi des simples mots "grammaticaux" n-as et n-am est plutôt sèche, surtout s'il s'agit de refuser ou d'accepter de rendre un service par exemple. Dans ce cas, l'emploi de suffixes contextuels ajoute à la politesse plutôt qu'à la familiarité. Quand on accepte de rendre un service, plutôt que de répondre simplement n-as, on dira pluôt n-as-ed que l'on traduira généralement par Oui, avec joie. Pour refuser, plutôt que n-am trop abrupt, on dira plutôt n-am-ag, où l'on exprime le désagrèment que l'on a à être obligé de refuser. Suivant la question posée, on le traduit par Non merci ou par quelque chose comme Je suis désolé de ne pouvoir accéder à votre demande (quel compactage !).

  3. Désigner poliment une personne.

     Il est naturel en Azak de désigner les personnes uniquement par leur prénom. Cela n'a pas la connotation familière du français, et c'est dû à la structure particulière du nom en Azak. Ainsi, dire simplement Jon-oj peut se traduire aussi bien par Jean, monsieur Jean ou monsieur (nom de famille de Jean). On emploie cette forme même si l'on doit du respect à cette personne. Par contre, dès qu'il s'agit d'appeler cette personne, la forme normale qui consiste à utiliser le prénom seul ou avec le suffixe -es est trop abrupte. C'est le deuxième domaine où la politesse est importante. Pour rendre l'appel poli, on utilise le suffixe de demande -om qui adoucit l'appel en en faisant une simple demande, comme l'emploi de l'intonation interrogative en français. Appeler Jean par la formule Jon-om sera donc considéré comme poli.

     Si l'on ne connaît pas le prénom de la personne, il est courant d'employer tar : personne, ou les équivalents sexués tar.vom : homme et tar.nez : femme, de la même façon qu'un prénom. On les traduit alors en français par monsieur, madame ou mademoiselle seuls. Mais contrairement à ces équivalents français, on ne les emploie jamais avec les noms des gens.

  4. Le salut et les formules de politesse.

     La principale particularité de l'Azak est de ne pas avoir de forme spécifiquement utilisée pour dire "merci". Cela ne signifie pas que le locuteur d'Azak ne sait pas ce qu'est la reconnaissance, mais qu'il n'y a pas de mots spéciaux pour le remerciement. Saluer poliment quelqu'un après qu'il vous ait rendu un service est considéré comme suffisant. Ne recherchez donc pas parmi cette liste d'expression signifiant "merci", toutes les expressions polies servant à dire "au revoir" peuvent être considérées comme des remerciements.

    1. le salut.

       Il y a un terme général indiquant le salut qui est mikan : salutation, salut. Le salut, que celui-ci soit lors d'une rencontre ou d'une séparation, consiste à utiliser mikan comme le verbe saluer. Il est donc possible de l'utiliser seul, exactement de la même façon que "salut" en français, et dans le même registre de langue. On peut même augmenter la convivialité (ou au contraire la politesse) en accompagnant mikan de suffixes contextuels. Ainsi, mikan-ed s'utilise quand on rencontre quelqu'un dans le sens quelle joie de te revoir !, et mekan-ag s'emploie quand on quitte cette personne pour signifier Je suis désolé d'être obligé de partir (ne pas inverser leur utilisation si l'on veut garder ses amis !). De façon plus polie, on emploiera plutôt le suffixe -es d'exclamation simple. On peut aussi ajouter au salut les circonstances (rencontre ou départ) à l'aide des racines ag : déplacement, séparation et shib : déplacement, rapprochement respectivement pour le départ et la rencontre. Cela est considéré comme poli. On obtient alors :
      Mikan-es shib-ish : bonjour, bonsoir.
      Mikan-es ag-ish : au revoir.
       Comme on le voit, on utilise pour cela le contextuel.

       Quand on est présenté ou que l'on rencontre quelqu'un pour la première fois, on utilise généralement une formule de salutations un peu différente ("enchanté(e)" en français). En Azak, on fait de même mais la construction contient toujours mikan. La formule consacrée est : Mikan-oj-esh-ef-ed : Je suis heureux de vous saluer. Ce n'est rien d'autre que mikan complètement conjugué (le temporalisé montre la spécificité, et donc l'importance, de cet instant, et ajoute à la politesse).

    2. autres formules.

       Il a déjà été dit qu'il n'existe pas de termes de remerciement. De même, il n'existe pas de terme signifiant s'il vous plaît. En fait, il suffit pour cela d'utiliser le suffixe contextuel -om de demande polie. En le lexicalisant, on obtient une forme dont le sens se rapproche assez bien du s'il vous plaît français, mais qui ne s'emploie que s'il s'agit du seul terme de la phrase.

       Il reste maintenant à voir comment on peut s'excuser en Azak. Il n'y a pas de terme en Azak se rapprochant du sens de pardon ou de excusez-moi. Pour cela, le locuteur d'Azak utilise le terme purud qui signifie normalement punition ou punir. La forme habituelle servant à s'excuser est Purud-om qu'on pourrait traduire par "punissez(-moi) s'il vous plaît", mais qui s'emploie simplement dans le sens de pardon. Il n'est pas habituel d'employer d'autres formes (par exemple en ajoutant des suffixes personnels) même pour paraître plus poli.

  5. Le langage familier.

     Il y a peu de différences entre le langage poli et le langage familier, si ce n'est des différences d'ordre plutôt lexical (vocabulaire particulier, argot, etc.). Il y a cependant aussi quelques différences grammaticales qui sont souvent la signature de la langue familière, plus même qu'un changement de vocabulaire. La principale différence entre le langage poli et le langage familier est que ce dernier fait un usage extensif des suffixes contextuels, ce qui est ici le signe de la convivialité. Par contre, le langage familier oublie souvent les suffixes contextuels -ek et -es, laissant uniquement l'intonation pour indiquer une question ou une exclamation. L'autre principale particularité du langage familier est l'usage important de la forme de redondance de façon quasiment systématique. Cette façon de parler est considérée comme très relachée et incorrecte, même si elle ne l'est pas a priori du point du vue grammatical. Elle n'est employée dans le langage familier que parce qu'elle s'oppose au langage formel qui n'emploie que très peu les formes de redondance.


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