- Généralités.
Ces suffixes ne modifient pas le mot lui-même mais indiquent les relations entre ce mot et les autres mots de la phrase ou le contexte lui-même.
Ces suffixes se divisent en trois listes qui ne sont pas indépendantes (de nouveau, un suffixe n'a pas de fonction intrinsèque mais un sens intrinsèque).
Les suffixes externes peuvent être casuels, conjonctifs ou contextuels.
- Les suffixes casuels et la déclinaison.
On ajoute ces suffixes à des mots à valeur nominale pour indiquer leur fonction dans la phrase. Ces noms peuvent compléter des verbes ou d'autres noms.
Il y a 22 cas différents, mais comme cette langue est agglutinante, chaque cas est désigné par un seul suffixe qu'on peut considérer comme une "postposition".
Il n'est donc pas plus difficile d'apprendre la déclinaison des noms en Azak que d'apprendre l'ensemble des prépositions en français (c'est même plus facile car il
n'y a pas d'usages particuliers comme celui d'une préposition spéciale avec un certain verbe). L'ensemble des suffixes casuels est :
- suffixe zéro : absolutif :
- C'est le cas du sujet du verbe intransitif, mais du complément du verbe transitif. Comme toutes les langues ergatives, l'Azak utilise un autre cas pour le sujet du verbe
transitif. C'est aussi le cas de l'exclamation ou vocatif.
- -ak : ergatif :
- C'est le cas de l'agent, c'est-à-dire le réalisateur de l'action. C'est donc le sujet du verbe transitif et le sujet d'un verbe au
causatif.
- -ip : datif :
- Il indique le bénéficiaire de l'action. Ce peut être le complément d'attribution, mais c'est aussi une idée plus large que l'on peut traduire
par "à l'intention de".
- -osh : originel :
- Il indique l'origine d'un objet ou d'un concept (ce qui peut en faire le contraire du datif). Mais il indique aussi l'état, le matériau, la nature, le lieu et le temps
qui définissent le mot complété. On peut aussi le traduire par "grâce à".
- -ug : génitif absolutif :
- Un nom à ce cas ne peut compléter qu'un autre nom. Il s'emploie dans le même sens que les suffixes personnels absolutifs.
- -uzh : génitif ergatif :
- Un nom à ce cas ne peut compléter qu'un autre nom. Il s'emploie dans le même sens que les suffixes personnels ergatifs.
- -ev : inessif :
- C'est un cas spatial qui désigne le lieu où l'on est ou le lieu où se déroule le procès. Il possède aussi un sens temporel et
désigne la date, le moment.
- -of : illatif :
- Ce cas indique le lieu où l'on va, la destination spatiale. Il peut aussi indiquer la direction (vers).
- -il : délatif :
- C'est le cas du lieu d'où l'on vient, de l'origine spatiale (contrairement à l'originel qui indique une origine abstraite).
- -ok : perlatif :
- C'est le cas du lieu par où l'on passe, de l'intermédiaire spatial et en particulier des chemins et des routes. Il indique aussi la durée (pendant).
- -ilev : débutatif :
- Ce cas indique le point de départ (à partir de, depuis). Il peut être aussi bien spatial que temporel.
- -ofev : terminatif :
- C'est le cas du point d'arrivée (jusqu'à). Comme le précédent, il peut être aussi bien spatial que temporel.
- -ap : sociatif :
- Il indique l'accompagnement (avec). Pour indiquer l'absence (sans), on fait suivre -ap du suffixe négatif -am.
- -ad : collectif :
- Ce cas désigne un groupe, un intervalle, mais aussi une situation dans un groupe. Il possède donc tous les sens de "entre", "parmi" et "au milieu de".
- -uf : oppositif :
- On désigne ainsi, comme en français, l'opposition, l'hostilité, le sens contraire, mais aussi la juxtaposition spatiale. Ce suffixe a donc exactement le sens
de "contre".
- -on : complémentatif :
- Ce cas est assez particulier. Il indique que le concept du mot à ce cas est attribué au mot déterminé. Complétant un nom, on le traduit donc
souvent par un adjectif, et par un adverbe s'il complète un verbe (ce qui signifie que l'adjectif est un cas du nom !). L'originel fonctionne un peu de la même
façon, avec la différence que le complémentatif indique une simple qualité, tandis que l'originel désigne une caractéristique fondamentale
du concept déterminé. Le complémentatif se traduit aussi par la juxtaposition en français.
- -av : causatif :
- C'est le cas de la cause (à cause de) du procès.
- -ep : consécutif :
- C'est le cas de la conséquence de l'action.
- -em : final :
- C'est le cas du but du procès (pour, en vue de).
- -an : concessif :
- Ce cas indique une restriction à l'action exprimée (malgré).
- -ir : instrumental :
- C'est le cas du moyen, de l'instrument de l'action.
- -ish : contextuel :
- Ce cas indique le contexte de l'action. Cela recouvre la manière dont a été faite l'action, mais aussi le sujet du verbe transitif au causatif
(celui à qui on fait faire quelque chose), le lieu et le temps d'action (lieu ou temps où l'action se produit, car il est habituel de mettre le lieu ou le temps au contextuel
et non pas à l'inessif quand le verbe est un verbe d'action -ce qui ressemble à la dichotomie de : lieu d'action-ni : lieu stationnaire faite en japonais-)
et d'autres faits plus difficiles à expliquer.
Un point très important à savoir est que l'on peut ajouter des suffixes casuels les uns après les autres. Cela permet de préciser le sens de certains suffixes assez
abstraits. Il semble que les suffixes -ilev et -ofev soient issus de ce mécanisme, mais leur emploi important les a figés au point que chacun possède un symbole propre.
- Les suffixes conjonctifs et la subordination.
Ces suffixes lient des mots à d'autres mots. Ils peuvent compléter des noms mais complètent surtout des verbes, donc des propositions. Certains sont aussi des suffixes
casuels. Il faut remarquer que l'Azak ne différencie pas la coordination de la subordination.
- -ap : union :
- Ce suffixe indique l'union entre deux termes ou deux propositions (et). Il faut remarquer qu'on ne peut juxtaposer deux termes en Azak. Il faut donc au moins utiliser ce suffixe.
- -op : alternative :
- Il indique un choix entre deux (ou plusieurs) possibilités. Il se traduit donc par "ou" ou par "soit" s'il est répété dans tous les termes de la liste.
- -uf : opposition :
- Il sert à opposer deux termes, à indiquer une restriction ou le contraire. Il possède donc les sens de "or", "mais", "alors que", "et pourtant", "au contraire".
- -ezh : addition :
- Il indique un ajout à une liste de termes (ou un premier terme) possédant un certain point commun. On le traduit souvent par "aussi".
- -ev : moment :
- Ce suffixe sert à former des subordonnées temporelles indiquant le moment. Il signifie donc "quand", "lorsque", "au moment où".
- -ok : durée :
- Il sert lui aussi à former des subordonnées temporelles, mais qui indiquent la durée. Il signifie donc "pendant que".
- -ilev : début :
- Ce suffixe indique le point de départ temporel, le moment de départ d'une action (depuis que).
- -ofev : fin :
- Au contraire, celui-ci indique la fin de l'action, le moment de terminaison (jusqu'à ce que).
- -evut : antériorité* :
- Ce suffixe au sens uniquement temporel indique l'antériorité d'un procès par rapport au procès principal (avant).
- -evop : postériorité* :
- Il indique la postériorité d'un procès par rapport au procès principal (après) et a lui aussi un sens uniquement temporel.
- -on : relation :
- Ce suffixe sert à former les propositions subordonnées relatives mais n'a jamais le sens d'un pronom relatif. Il ne fait que relier une proposition à un nom.
- suffixe zéro : absolutivation :
- On forme ainsi les propositions indépendantes ou principales mais aussi les propositions sujets d'un verbe intransitif et objet d'un verbe transitif, donc le discours indirect.
- -ak : ergation :
- On forme ainsi les propositions subordonnées conjonctives sujets d'un verbe transitif.
- -av : cause :
- Ce suffixe indique la cause (car, parce que, puisque, comme, en effet).
- -ep : conséquence :
- Il indique la conséquence (de telle sorte que, si bien que, donc, c'est pourquoi).
- -em : but :
- Il sert à former les subordonnées finales (pour que, afin que).
- -an : concession :
- On indique ainsi la concession et l'opposition (bien que, quoique, alors que), mais il est moins fort que -uf.
- -iv : condition :
- Ce suffixe permet de former les subordonnées conditionnelles (si). C'est la modalité du verbe qui indique le degré de réalité. Le système de condition
est donc très différent du système français.
- -if : comparaison :
- Ce suffixe indique la comparaison. Son premier sens est donc "de même que", "ainsi que", "comme". Il se traduit aussi par "que" lorsqu'il forme le complèment d'un degré de comparaison.
* L'utilisation des suffixes -evut et -evop est assez déroutante par rapport au français, bien qu'elle soit tout à fait logique :
- Le terme suffixé par -evut se déroule avant l'action principale. -evut se traduit donc soit par l'adverbe avant, soit par la conjonction après que (car si
l'action principale se déroule après que l'action subordonnèe se soit déroulée, c'est que l'action subordonnée se déroule avant l'action principale).
- Pour la même raison, -evop se traduit soit par l'adverbe après, soit par la conjonction avant que.
Il est manifeste que la séparation des suffixes en suffixes casuels et conjonctifs est encore plus artificielle que la séparation entre suffixes internes et suffixes externes. La raison d'être de
ces deux listes est que l'une est plus axée sur l'aspect postpositionnel des suffixes, et l'autre plutôt sur l'aspect conjonctif, deux aspects qui ne sont pas différenciés en Azak. On peut ainsi,
comme les suffixes casuels et conjonctifs ne forment qu'une seule réalité, ajouter des suffixes conjonctifs les uns après les autres pour en préciser le sens.
Enfin, il est possible de former des "locutions" casuelles et conjonctives avec des noms ou des verbes, pour rendre les nuances qui ne sont vraiment pas rendues par ces suffixes (comme la position spatiale
précise).
- Les suffixes contextuels et la relation locuteur-interlocuteur.
Ces suffixes sont complètement indépendants des suffixes casuels et conjonctifs. Contrairement à ces derniers, ils n'ont pas du tout un sens grammatical mais servent à faire l'interlocuteur sur
ce que dit le locuteur. Ils s'attachent au mot sur lequel le locuteur veut faire réagir l'interlocuteur, au verbe si c'est sur une proposition, au verbe de la proposition principale si c'est sur toute la phrase.
- -ek : interrogation :
- Ce suffixe ne s'emploie que lorsqu'il n'y a pas de mot interrogatif (comportant le suffixe interne -ek). Il se place sur le mot sur lequel porte l'interrogation et
sert à former les questions dont la réponse est "oui" ou "non".
- -es : exclamation :
- Il s'emploie lorsqu'il n'y a pas de mot exclamatif, d'une manière parallèle à -ek.
- -og : explication :
- Par rapport à l'interrogation, ce suffixe sert à demander une explication sur le terme complété (plus qu'un simple "oui" ou "non", on demande ici une explication complète, plus longue).
- -or : approbation :
- Ce suffixe sert à demander l'approbation de l'interlocuteur sur ce que dit le locuteur. On peut la traduire par "n'est-ce pas ?" ou "d'accord ?".
- -om : demande :
- Ce suffixe sert à formuler une demande et s'emploie souvent avec l'impératif pour adoucir la brutalité de l'ordre.
- -uk : attirance :
- On emploie ce suffixe pour attirer l'attention de l'interlocuteur sur ce qui est dit (un peu comme le "c'est... que" français).
- -iz : suspension :
- Par ce suffixe, le locuteur invite l'interlocuteur à continuer sur ce qui a été dit.
- -as : certitude :
- Par rapport au suffixe interne -as, celui-ci dénote une certitude du locuteur et invite l'interlocuteur à réagir (souvent dans le but de le faire abonder dans
le même sens).
- -aj : insistance :
- Ce suffixe sert à insister sur l'énoncé, à informer ou à avertir l'interlocuteur.
- -ag : désagrément :
- Le locuteur exprime ici son irritation que lui a causé le procès décrit (à éviter avec la deuxième personne dans une conversation polie !).
- -ed : joie :
- Le locuteur exprime par ce suffixe la joie que lui inspire l'action décrite (comme -ag, il est à utiliser avec circonspection dans une conversation polie).
- -is : appaisement :
- Par ce suffixe, le locuteur invite l'interlocuteur à se calmer (si vous utilisez trop les deux suffixes précédents dans une conversation où ils ne sont pas de mise, vous risquez de l'entendre
souvent !).
Tous ces suffixes ont en commun une forte relation avec l'intonation de la phrase et l'appel à la réaction de l'interlocuteur. Ils sont beaucoup utilisés et donnent de la chaleur
à la conversation.