Les suffixes internes

  1. Généralités.

     Les suffixes internes sont les suffixes qui modifient la valeur d'une racine pour en faire un mot. Il ne s'agit pas d'une catégorie intrinsèque et de nombreux suffixes présentés ici servent aussi de suffixes externes. Les suffixes internes sont par exemple les suffixes de pluriel, de définition ou de conjugaison. De nouveau, ces catégories ne sont pas intrinsèques mais aident à la compréhension.

  2. L'indéfinition et la définition.

     Il s'agit ici de préciser la situation du concept traité. L'indéfinition totale ("un, une, des, du") est rendue par l'absence de suffixe. Pour bien montrer que cela a un sens, on appelle cela le suffixe zéro. La définition (on parle de quelque chose qui a déjà été évoqué ou qui est bien connu ou unique) se rend par le suffixe -oj. Celui-ci ne s'emploie cependant que si rien d'autre dans la phrase ne précise déjà le mot concerné (ce qui le rapproche de l'emploi du al- arabe). Il existe aussi d'autres suffixes qui, s'ils sont employés, interdisent l'emploi de -oj. Ils s'excluent aussi mutuellement. Ce sont :

  3. Le pluriel et le nombre.

    1. le singulier et le pluriel.

       Si rien n'est spécifié, cela signifie que le nombre est indifférent, ou qu'il est bien connu, ou que le locuteur ne veut pas le préciser. L'absence d'indication de nombre ne signifie pas que le mot est au singulier. Si on veut préciser qu'il n'y a qu'un objet, on utilise le suffixe -uv : un (nombre). Si de même on veut préciser qu'il y a plusieurs objets, sans préciser le nombre exact ni l'ordre de grandeur, on emploie -ar : plusieurs.

    2. les numéraux.

       Le nombre exact est rendu par des suffixes qui excluent l'emploi de -ar. Seuls les nombres cardinaux sont rendus par ce système (le reste ressort du lexique). Les nombres utilisent une base décimale qui semble avoir pour origine un système à base quinaire. Les suffixes numéraux sont des composés d'éléments simples suivants :
      Suffixe Nombre Suffixe Nombre Suffixe Nombre
      -uv un, 1 -ivud six, 6 -epas cent
      -ush deux, 2 -ishud sept, 7 -ipes mille
      -um trois, 3 -imud huit, 8 -egud dix mille
      -ul quatre, 4 -ilud neuf, 9
      -ud cinq, 5 -idud dix, 0
      On forme un nombre en composant (juxtaposant) ces différents suffixes selon un système de position inversé par rapport au français.

      exemple : -um-idud-ush-epas-ud-ipes : (trois-dix-deux-cent-cinq-mille) mille cinq cent vingt-trois.

       Les nombres sont des suffixes, ce qui signifie qu'on ne peut pas les employer seuls (voir les mots "grammaticaux" pour résoudre ce problème).

    3. l'écriture des nombres.

       Dans le tableau, on voit que certains suffixes sont associés à des chiffres arabes (avec la bizarre association dix-0). En fait, comme pour le français quand il utilise les chiffres arabes, l'Azak utilise des signes dans un système de position pour noter les nombres, surtout lorsque ceux-ci sont grands. Mais plutôt qu'inventer de nouveaux symboles pour cet usage, l'Azak utilise le caractère syllabique de ses suffixes et utilise les symboles des 10 premiers suffixes comme chiffres. Comme il n'y a cependant pas de zéro, on utilise le symbole signifiant dix dans ce sens (pour voir les symboles, regardez le syllabaire. Le système utilisé est un système de position comme en français. La différence est que le sens est exactement l'inverse du français (il rejoint le sens naturel de prononciation des nombres). Dans la transcription latine, on utilisera les chiffres arabes, mais dans le sens d'écriture de l'Azak : -425 signifie 524.

  4. Les suffixes personnels.

    1. liste des suffixes.

       Il existe deux séries de suffixes personnels : les suffixes absolutifs et les suffixes ergatifs (voir plus loin pour la signification de ces termes). Ces suffixes sont :
      Suffixes absolutifs Suffixes ergatifs Valeur
      -in -ef 1ère personne du singulier
      -esh -azh 2ème personne
      -ol -en 3ème personne
      -ub -ov 1ère personne du pluriel
      -od -at 3ème personne du pluriel

    2. valeur des suffixes.

       Les premières personnes ne posent pas de problème : elles ont le même sens qu'en français. La troisième personne du pluriel désigne un groupe, comme en français, mais sans indication de genre (aucun personnel ne l'indique d'ailleurs). Ce groupe peut être formé de personnes, d'animaux, de plantes ou d'objets indifféremment. La deuxième personne ne différencie pas le singulier du pluriel, comme l'anglais you. Seule la troisième personne peut poser des problèmes. Bien qu'il existe une troisième personne du pluriel, la troisième personne n'indique pas un singulier. A cette personne, le nombre est indéterminé, comme avec les mots qui ne possèdent pas de suffixes indiquant le nombre. La troisième personne s'emploie donc dans n'importe quel cas, la troisième personne du pluriel ne s'employant que dans le même cas que -ar.

    3. leur emploi.

       Suivant la fonction du mot qu'ils complètent, les suffixes personnels sont traduits de différentes manières :

      • ajoutés à des mots à valeur verbale, les suffixes absolutifs remplacent un nom à l'absolutif et les suffixes ergatifs un nom à l'ergatif.
      • ajoutés à des mots à valeur nominale, le rôle des suffixes personnels est un peu plus dur à expliquer. Les suffixes ergatifs servent de possessifs subjectifs (si le nom devient un verbe, le possesseur devient sujet du verbe), ce qui équivaut aux possessifs français. Les suffixes absolutifs servent, eux, de possessifs objectifs (si le nom devient un verbe, le possesseur devient objet du verbe). Cette valeur existait en ancien français (sa crainte : la crainte qu'il inspire), mais a disparu aujourd'hui. Elle est donc assez difficile à traduire. De plus, l'existence de deux valeurs montre qu'un nom peut avoir deux possessifs, l'un objectif, l'autre subjectif. Enfin, si le nom a une valeur clairement intransitive (on ne peut en faire qu'un verbe intransitif), il ne peut avoir qu'un possessif de type subjectif et on utilise pour cela les suffixes absolutifs (cela est du au sens de l'absolutif).

       Ces suffixes contiennent l'idée de définition. On n'emploie donc pas le suffixe -oj.

  5. L'affirmation et la négation.

     L'affirmation se rend généralement par le suffixe zéro. On peut cependant appuyer sur l'affirmation par le suffixe -as, que l'on peut traduire par certainement ou sans doute. On rend la négation par le suffixe -am qui a la propriété de modifier le sens du morphème qui le précède immédiatement, que ce soit une racine ou un suffixe.

  6. Les suffixes modaux et la conjugaison.

     Contrairement au français, le temps ne s'exprime pas indépendamment de la modalité. En fait, il n'existe pas en tant que tel (sauf par des mots signifiant hier, bientôt, etc...). Il n'existe que des modalités ou aspects, c'est-à-dire différentes manières de décrire le déroulement du procès (au sens large du terme). Différentes modalités peuvent se combiner entre elles, ce qui se traduit par l'addition de différents suffixes dont voici la liste :

     Il est très important de remarquer que l'aspect n'est pas spécifiquement verbal. On peut l'employer avec des mots à valeur nominale (c'est le cas de -oj par exemple).


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