La phrase

  1. Règles générales (zelimgo sumon).

     L'énoncé est subordonné à deux règles générales :

     Pour simplifier, voici différentes règles issues de ces deux règles :

     Cette dernière règle est plus complexe qu'il n'y paraît, parce que la conjugaison en Moten n'est formée que de formes composées. Il faut plutôt la voir à l'oeuvre pour la comprendre.

  2. La surdéclinaison (gilvono|zeme).

     La surdéclinaison désigne un ensemble de phénomènes très idiomatiques du Moten. Elle consiste à prendre une forme déjà fléchie comme un radical que l'on fléchit une deuxième fois. On peut aussi bien utiliser un substantif qu'un verbe et l'article défini infixé joue un rôle majeur.

    1. la traduction de "celui de" ('celui de' bim|ze).

       La règle est très simple, elle consiste à utiliser un génitif (ou pour un verbe une forme en -s) comme un radical et à la déterminer avec l'article défini infixé.

       Voici quelques exemples :

      • lineva|n mojesu : la patte de l'oiseau.
      • linevea|n : celui/celle de l'oiseau.
      • bvaj linean : ton oiseau.
      • bveaj : le tien/la tienne.
      • koga ipe|laj itos linean : l'oiseau que je vois.
      • koga ipe|laj iteos : celui/celle/ce que je vois.

    2. la dérivation nominale (teseb o|zemelugen).

       Il est très simple de transformer un complément de verbe en complément de nom. Il suffit de le surdécliner au génitif :

      • fuli : or.
      • kofuli : (fait) avec de l'or.
      • kofulvi zanej : une bague en or.

    3. les subordonnées spatiales et temporelles (pivufolg zunla opa dabolna).

       Les préfixes mo- et di- s'emploient pour spécifier le sens spatial ou temporel des cas. On peut aussi les utiliser avec des verbes pour former des subordonnées spatiales ou temporelles. Dans ce cas, il faut surdécliner le verbe au nominatif, accusatif ou génitif pour préciser le sens du préfixe :

      • koga ludosun ipe|laj djetok : quand je l'ai vu.
      • koga ludosun ipe|laj moetok : là où je l'ai vu.
      • koga ludosun ipe|laj (ou ipe|luda|n) djedokun : pendant que je le voyais.
      • koga ludosun ipe|laj djedvoki : toutes les fois, chaque fois que je l'ai vu.

  3. L'expression de la condition (pak-be|levegi sedati).

     Les subordonnées conditionnelles (be|sufolg pak-be|leg) ne se forment pas à l'aide d'un affixe, c'est la conjugaison qui permet de les former. C'est l'éventuel qui permet de les construire. Il suffit de juxtaposer une proposition à l'éventuel avec une autre proposition. Comme il s'agit de propositions juxtaposées, l'ordre a peu d'importance. Cependant, si les deux propositions sont à l'éventuel, c'est la première qui correspond à la subordonnée conditionnelle.

     Les nuances, assez différentes du français, sont rendues par le temps de l'autre proposition. Pour les comprendre, il faut savoir que le Moten ne possède que des conditionnelles hypothétiques. Il n'y a pas de conditionnelles de la forme "si + présent, principale au futur" (ce genre de nuance est plutôt rendu par une subordonnée temporelle). Le temps de la proposition qui correspond à la principale donne le sens de la phrase :

     Voici un exemple :

    Ga ludosun ipe|laj patok, ga |laba isej etok : si je l'avais vu, je te l'aurais dit.

     Comme les propositions sont des principales juxtaposées, on peut les coordonner par 'opa', 'u|nav' si la première est la conditionnelle, 'iz' si la deuxième est la conditionnelle, car la conditionnelle est la cause qui, si elle est réalisée, entraîne comme conséquence l'autre proposition. On obtient alors pour le même exemple :

    Koga ludosun ipe|laj patok u|nav ga |laba isej etok, ou
    Koga |laba isej etok iz ga ludosun ipe|laj patok.

  4. L'expression du temps (dabolnevaj sedati).

     Nous touchons ici à un aspect un peu particulier du Moten : les compteurs. Ces mots qui ont la particularité de se suffixer aux nombres cardinaux permettent de former la date et l'heure. Suffixés aux cardinaux, ils se fléchissent à l'indéterminé avec un sens déterminé. Une expression complète se forme en juxtaposant les différents éléments.

    1. l'expression de la date (sizapogevaj sedati).

      1. les jours (siza).

         Les sept jours de la semaine (negesizdan) se nomment ainsi :

        Jour Traduction Sens Jour Traduction Sens
        kelsiza lundi "jour de la lune" seno|ziza vendredi senod + siza : "jour de la terre"
        a|siza mardi at + siza : "jour du feu" apasiza samedi "jour de l'étoile"
        vonesiza mercredi "jour de l'eau" emesiza dimanche "jour du soleil"
        ibosiza jeudi "jour de l'air"

         Les trente-et-un jours du mois ont aussi chacun un nom :

        Nom Date Nom Date Nom Date
        susiza le 1er du mois |simsiza le 6 du mois gesusiza le 11 du mois
        egziza le 2 du mois negesiza le 7 du mois gegziza le 12 du mois
        imasiza le 3 du mois uzabziza le 8 du mois egenisiza le 20 du mois
        tolsiza le 4 du mois e|neksiza le 9 du mois imagenisiza le 30 du mois
        velziza le 5 du mois genisiza le 10 du mois imagesusiza le 31 du mois

         Quand on emploie à la fois le nom du jour dans la semaine et dans le mois, on utilise une autre construction : on juxtapose le numéro du jour (apposé) au nom du jour dans la semaine. Ainsi :

        • a|siza : le mardi.
        • gegziza : le 12.
        • geg a|siza, 12 a|siza : le mardi 12.

        Cet ordre me paraît le plus naturel.

      2. les mois (mune).

         L'ennui avec mon amnésie, c'est que des termes très culturellement connotés comme ceux permettant de donner la date sont restés dans ma mémoire, mais avec un sens assez flou. Ainsi, si le terme 'siza' était assez clair pour moi, il n'en va pas de même pour le terme 'mune'. Comme j'ai l'impression qu'il s'agit d'une période de temps faite pour d'écouper l'année, je l'ai attribuée au 'mois'. Comme pour les noms de la semaine, j'ai inventé des mots pour désigner les douze mois de l'année. En fait, chaque mois a deux noms :

        • un nom imagé que j'emploie assez rarement, sauf pour certains mois.
        • un nom formé d'un nombre suivi de 'mune' (sur l'exemple des jours).

         Généralement, le deuxième système est employé quasiment à l'exclusion du second, sauf dans certains cas, indiqués dans la liste suivante par une astérisque, où c'est justement le premier nom qui est employé à l'exclusion du second.

        Nom Traduction Sens du nom imagé
        Imagé Numéral
        ada|zaj* sumune janvier "début d'année"
        kelemune egmune février "mois d'hiver"
        zoba|saj imamune mars zobat + |zaj : "début de printemps"
        ibomune tolmune avril "mois d'air"
        zobatmune velmune mai "mois de printemps"
        emelogzaj |simune juin emelog + |zaj : "début d'été"
        ememune* negemune juillet "mois de soleil"
        atmune uzamune août "mois de feu"
        o|nigzaj e|nekmune septembre o|nig + |zaj : "début d'automne"
        senodmune genimune octobre "mois de terre"
        vonemune gesumune novembre "mois d'eau"
        adakun* gegmune décembre "fin d'année"

      3. les années (ada).

         Pour ce terme-ci, je suis aussi sûr que pour 'siza' de son sens. Les années se forment avec le nombre suivi de 'ada' : 'année', 'an' qui réagit comme le suffixe -af avec la lettre qui précède.

        sene|nekape|negezabada, 1998ada : l'année 1998.

      4. la formation de la date (sizapogevaj be|legneg).

         On la forme en juxtaposant simplement différents termes au nominatif (le préfixe di- est ici inutile).

        egeveld ibosiza imamune sene|nekapunegege|simada, 25 ibosiza imamune 1976ada, ibo. 25.3.1976 : le jeudi 25 mars 1976, jeu. 25/03/76.

         Lorsqu'on veut d'ésigner des durées, on met les termes à l'accusatif (c'est ainsi qu'ont été formés les substantifs désignant la semaine : 'negesizdan', le siècle : 'japujadan' et le millénaire : 'senadan', et on peut en former d'autres).

        egenimune opa genisizdan : vingt mois et dix jours.

    2. l'expression de l'heure (dajpogevaj sedati).

       L'heure s'exprime à l'aide de trois compteurs. On utilise uniquement le système 12 heures. Ces substantifs sont 'daj' : 'heure', 'pele' : 'minute' et 'funa' : 'seconde'. On obtient :

      Heures
      Nom Sens Nom Sens Nom Sens Nom Sens
      sudaj 1 heure toldaj 4 heures negedaj 7 heures genidaj 10 heures
      egdaj 2 heures veldaj 5 heures uzabdaj 8 heures gesudaj 11 heures
      imadaj 3 heures |simdaj 6 heures e|nektaj 9 heures gegdaj 12 heures

      Minutes
      Nom Sens Nom Sens Nom Sens
      supele 1 minute negepele 7 minutes egesupele 21 minutes
      egbele 2 minutes uzabele 8 minutes egegbele 22 minutes
      imapele 3 minutes e|nekpele 9 minutes imagenipele 30 minutes
      tolpele 4 minutes genipele 10 minutes tolgenipele 40 minutes
      velbele 5 minutes gesupele 11 minutes velgenipele 50 minutes
      |simpele 6 minutes egenipele 20 minutes |simgenipele 60 minutes

      Secondes
      Nom Sens Nom Sens
      sufuna 1 seconde velvuna 5 secondes
      egvuna 2 secondes uzavuna 8 secondes

      veldaj imagenipele, 5d30 : cinq heures et demie ("il est 5h30").

       Les durées se donnent bien entendu à l'accusatif.

  5. Les compteurs (bivolugen).

     Les compteurs sont des substantifs presque comme les autres. La seule différence entre eux et les substantifs habituels est qu'ils se suffixent auw nombres cardinaux. Dans cette position, ils se fléchissent à l'indéterminé singulier, avec un sens déterminé, et pluriel si le nombre est supérieur à 1. Parmi ces mots, on trouve bien entendu les compteurs du paragraphe précédent :

    siza : jour mune : mois ada : année, an
    daj : heure pele : minute funa : seconde

     Les autres compteurs les plus employés sont :

    gom : jour (du matin au soir) dod : soir, nuit fokez : personne
    tul : part, un... -ème (forme les fraction) jos : partie lugen : mot
    pav : chiffre zi|sun : degré, point (mesure) |nuba : lettre, caractère (d'écriture)

     Il faut aussi donner quelques exemples, car les modifications phonétiques ne sont ici pas régulières.

    Gom
    Nom Sens Nom Sens Nom Sens
    sugom 1 journée velgom 5 journées e|nekom 9 journées
    egom 2 journées |simgom 6 journées genigom 10 jornées
    imagom 3 journées negegom 7 journées japugom 100 journées
    tolgom 4 journées uzagom 8 journées sengom 1.000 journées
    Dod
    sudod 1 nuit veldod 5 nuits e|nektod 9 nuits
    egdod 2 nuits |simdod 6 nuits genidod 10 nuits
    imadod 3 nuits negedod 7 nuits japudod 100 nuits
    toldod 4 nuits uzabdod 8 nuits sendod 1.000 nuits
    Fokez
    sufokez 1 personne velvokez 5 personnes e|nekfokez 9 personnes
    egvokez 2 personnes |simfokez 6 personnes genifokez 10 personnes
    imafokez 3 personnes negefokez 7 personnes japufokez 100 personnes
    tolfokez 4 personnes uzavokez 8 personnes senfokez 1.000 personnes
    Tul*
    sutul la totalité, l'ensemble veldul 1/5 e|nektul 1/9
    egdul 1/2 |simtul 1/6 genitul 1/10
    imatul 1/3 negetul 1/7 japutul 1/100
    toltul 1/4 uzabdul 1/8 sentul 1/1.000
    Jos*
    sujos 1 partie veldos 5 parties e|nekos 9 parties
    egos 2 parties |simos 6 parties ge|nos 10 parties
    imajos 3 parties negejos 7 parties japujos 100 parties
    to|los 4 parties uzabos 8 parties se|nos 1.000 parties
    Lugen
    sulugen 1 mot velugen 5 mots e|neklugen 9 mots
    eglugen 2 mots |simlugen 6 mots genilugen 10 mots
    imalugen 3 mots negelugen 7 mots japulugen 100 mots
    tolugen 4 mots uzablugen 8 mots senlugen 1.000 mots
    Pav**
    supav 1 chiffre velbav 5 chiffres e|nekpav 9 chiffres
    egbav 2 chiffres |simpav 6 chiffres genipav 10 chiffres
    imapav 3 chiffres negepav 7 chiffres japupav 100 chiffres
    tolpav 4 chiffres uzabav 8 chiffres senpav 1.000 chiffres
    Zi|sun***
    suzi|sun 1 degré velzi|sun 5 degrés e|neksi|sun 9 degrés
    egzi|sun 2 degrés |simzi|sun 6 degrés genizi|sun 10 degrés
    imazi|sun 3 degrés negezi|sun 7 degrés japuzi|sun 100 degrés
    tolzi|sun 4 degrés uzabzi|sun 8 degrés senzi|sun 1.000 degrés
    |Nuba**
    su|nuba 1 lettre vel|nuba 5 lettres e|nek|nuba 9 lettres
    eg|nuba 2 lettres |sim|nuba 6 lettres geni|nuba 10 lettres
    ima|nuba 3 lettres nege|nuba 7 lettres japu|nuba 100 lettres
    tol|nuba 4 lettres uzab|nuba 8 lettres se|nuba 1.000 lettres
    * Seuls, 'tul' et 'jos' sont synonymes. Mais en position de compteur, 'jos' garde son sens tandis que 'tul' forme les fractions.
    ** 'Pav' permet de compter le nombre de chiffres dans un numéro, '|nuba' le nombre de caractères dans un mot ou dans un texte.
    *** 'Zi|sun' signifie normalement 'degré (de température)' ou 'point (de jeu)' mais on l'emploie aussi lorsqu'on fait une mesure sans préciser l'unité (parce qu'elle a déjà été nommée).

     Tous ces compteurs se suffixent à 'mun' pour former des mots interrogatifs :

    Nom Sens Nom Sens
    munsiza quel jour ? mu|nos combien de parties ?
    munmune quel mois ? munlugen combien de mots ?
    munada quelle année ? munpav combien de chiffres ?
    mundaj quelle heure ? munzi|sun combien (mesure) ?
    muntul quelle part ? munfokez combien de personnes ?
    mundod combien de nuits ? mu|nuba combien de lettres ?
    mungom combien de journées ?

  6. Les semi-suffixes (|numivulalugen).

     Le Moten forme très facilement des mots composés dont le terme le plus important est le dernier (par la règle antéposant le déterminant au déterminé). Dans cette optique, certains substantifs, de par leur sens, s'emploient sutout comme dernier terme de mots composés, et certains peuvent même ne plus pouvoir s'employer seuls. On appelle ces substantifs des semi-suffixes (|numivulalugen). L'ensemble des compteurs fait partie de ces semi-suffixes. D'autres semi-suffixes non compteurs (ne se suffixant pas aux nombres) sont :

    vu|z* : employé (de) go : emploi (de) bel : art (de)
    non* : ...-eur, ...-ien (artiste) sif* : ...-eur, ...-ien (autre) dati : façon (de)
    subo : magasin, restaurant (de) tina : pièce, salle (de) ipi : outil, objet, machine
    ku|lu : langue, langage

    * 'Vu|z', 'non' et 'sif' ne peuvent pas être employés seuls, contrairement aux autres semi-suffixes. Pour ces trois suffixes, si on veut employer leur sens seul, on doit dire :

    fokezvu|z : employé fokezif : personne qui a un titre fokeznon : artiste

     A partir d'un nom de pays, de ville, de région ou autre, on peut fabriquer différents substantifs avec 'fokez' et 'ku|lu' :

    Flans : la France Doj|slan : l'Allemagne
    Fluvansi : français (génitif traduit par un adjectif) Doj|sluva|n : allemand (idem)
    flansfokez : français (habitant) doj|slanfokez : allemand (habitant)
    flansku|lu : le français, la langue française doj|slanku|lu : l'allemand, la langue allemande

    Utilisé ainsi, 'ku|lu' a forcément un sens déterminé, même sans l'article défini infixé, contrairement à 'fokez'.

     : Il existe aussi des semi-préfixes (mo|zajvulalugen), mais leur emploi est plus restreint. Les plus importants sont :

    poga : numéro piv : bas son : précédent, dernier
    mabo : ancien be|s : moyen zek : suivant, prochain
    amla : nouveau fin : haut

    pogeg, p2 : numéro 2.
    u|s : fils. finu|s : fils aîné.

  7.  Les postpositions (|numjo|zemelugen).

     Les postpositions sont des substantifs fléchis complétés par des noms au génitif ou des propositions subordonnées relatives. Ils prennent alors le sens de prépositions ou de conjonctions (comme nos expressions du type "à l'intérieur de"). Suivant le cas et l'affixe employés, ils ont différents sens. Voici une liste des postpositions les plus employées :

    Mo|zaj : partie antérieure (mo)mo|zaj : devant dimo|zaj : avant (que)
    (mo)mo|zeaj : en face (de)
    |Numi : partie postérieure (mo)|numi : derrière di|numi : après (que)
    (mo)|numej : dans le dos (de)
    Gilvon : partie supérieure (mo)gilvon : au dessus (de)
    (mo)gilveon : sur
    Kozuv : partie inférieure (mo)kozuv : au dessous (de)
    (mo)kozejuv : sous
    Melag : intérieur (mo)melag : dans, dedans
    (mo)meleag : à l'intérieur (de)
    Sili : extérieur (mo)sili : hors (de), dehors
    (mo)silej : à l'extérieur (de)
    Difoj : milieu (mo)difoj : entre, parmi
    (mo)difeoj : au milieu (de)
    Ag : départ (mo)ag : depuis djag : depuis (que)
    (mo)eag : à partir de djeag : à partir de
    Monu : arrivée (mo)monu : jusqu'à dimonu : jusqu'à (ce que)
    dimoneju : à l'arrivée (de)
    Tajvo : traversée (mo)tajvo : par
    (mo)tajveo : à travers
    Piv : bas (mo)piv : en bas (de)
    (mo)pejv : au pied (de)
    Fin : haut (mo)fin : en haut (de)
    (mo)fejn : au sommet (de)
    Segabi : opposition kosegabi : malgré, bien que
    Kef : compagnie kokef* : avec (quelqu'un)

    * Dans un sens de moyen, "avec" se traduit par ko-. De plus, il n'y a pas de manière directe de traduire "sans" (dans les deux sens). Pour ce faire, j'utilise des tournures du type : "avec aucun" ('ko-... memun' ou 'memun ... kokef')

  8.   Le factitif (negbakme).

     L'infinitf nominatif suivi de 'agem' sert à rendre le factitif, souvent traduit par "faire" + verbe :

    jelej (infinitif) : dormir. jelej agem : faire dormir.

     Cependant, pour beacoup de verbes intransitifs, le factitif se traduit directement par un verbe transitif :

    ibutaj : s'asseoir. ibutaj agem : asseoir (quelqu'un ou quelque chose).

     J'appelle ça transitiver un verbe intransitif, et c'est un phénomène très fréquent en Moten ou presque tous les verbes sont intransitifs.

     Ce phénomène a une importance dans la façon de traduire les différents participants du procès. Le "provocateur" de l'action (celui qui fait faire quelque chose à quelqu'un) est un véritable agent volontaire. Il est donc au nominatif quel que soit le cas. Il n'en est pas de même pour l'agent de l'action de départ. Si le verbe était transitif à l'origine, l'agent accomplit réellement l'action, mais ne l'accomplit pas de façon volontaire, et on le marque par le préfixe ko- (il ne change donc pas s'il était participant involontaire de l'action). Mais si le verbe était intransitif à l'origine, l'agent devient objet de l'action transitive, et on le met donc à l'accusatif. Voici deux exemples montrant bien la différence entre ces deux cas :

    Kolos Ktelun ipe|laj ito : Il voit la Lune. Ga Ktelun kolos ipe|laj ige : Je lui fais voir la Lune, je lui montre la Lune.
    Los Ktelun ipe|laj ito : Il regarde la Lune.
    Los ibutaj ito : Il s'asseoit. Ga ludosun ibutaj ige : Je le fais s'asseoir, je l'asseois.

  9. Les mots interrogatifs (lugen fi|zon).

     Ce sont les différentes formes de 'mik' et surtout de 'mut' qui permettent de poser des questions sur les circonstances de l'action :

    momut : où (es-tu) ? dimut : quand (à quel moment) ?
    momdutun : où (vas-tu) ? dimdutun : (pendant) combien de temps ?
    momvuti : d'où (viens-tu) ? dimvuti : combien de fois ?
    komut : comment ? temut : pour quoi, dans quel but ?
    |zumut : pourquoi, pour quelle raison ?
    |lamik : à qui (donnes-tu) ? gomik : à qui (prends-tu), de qui ?
    muviki : à qui (est-ce) ? komik* : par qui ?
    temik : pour qui ? |zumik : à cause de qui ?
    momik : chez qui (es-tu) ? momdikun : chez qui (vas-tu) ?
    momviki : de chez qui (viens-tu) ?

    * N'oubliez pas que ko- désigne aussi souvent le sujet, y compris en question.

     Il n'y a pas de terme unique pour traduire "combien". L'une des manières et d'utiliser les compteurs. Il y a au moins trois autres expressions que j'emploie aussi fréquemment pour traduire "combien" :

    'Mun biveo' peut être complété par un substantif au génitif. Il s'emploie quand on veut une mesure sans unité ("un peu", "beaucoup', etc...) contrairement à 'munzi|sun' qui implique l'utilisation d'une unité de mesure (même si elle n'est pas précisée).

     Les interrogatifs ne se placent pas obligatoirement en début de phrase.

  10. Le discours indirect (se bu|ledu).

     Il se forme de la façon la plus simple qui soit : sans rien y changer, on met la proposition directe à la forme relationnelle (suffixe -s) suivie d'un verbe de déclaration. Même la personne ne change pas (ça peut paraître étrange, mais c'est ce que je fais naturellement) :

     L'interrogation indirecte avec mot interrogatif se forme de la même façon. Pour l'interrogation indirecte sans mot interrogatif, puisque le ton de la phrase ne permet plus de faire la distinction avec le discours simple, on remplace le suffixe -s par la locution 'kej mus' : 'si... ou non' :

     J'utilise aussi couramment 'kej mu' (sans -s) dans des questions sans mot interrogatif. Ça me paraît très proche de l'emploi de 'est-ce que' en français :

  11. L'expression de "on" ('on' sedati).

     Dans une langue où la troisième personne ne possède pas de pronom propre, l'expression de l'indéfini "on" peut sembler problématique. L'absence de passif rajoute à ce problème. En fait, j'ai plusieurs façons de traduire "on" suivant son sens :

     En Moten, il arrive souvent de ne pas indiquer le sujet de la phrase. Cela n'a cependant jamais lieu quand ce sujet est "on", mais seulement quand il est "il(s), elle(s)", et plus rarement "je (nous)" ou "tu (vous)".


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