La phrase
L'énoncé est subordonné à deux règles générales :
Pour simplifier, voici différentes règles issues de ces deux règles :
Cette dernière règle est plus complexe qu'il n'y paraît, parce que la conjugaison en Moten n'est formée que de formes composées. Il faut plutôt la voir à l'oeuvre pour la comprendre.
La surdéclinaison désigne un ensemble de phénomènes très idiomatiques du Moten. Elle consiste à prendre une forme déjà fléchie comme un radical que l'on fléchit une deuxième fois. On peut aussi bien utiliser un substantif qu'un verbe et l'article défini infixé joue un rôle majeur.
La règle est très simple, elle consiste à utiliser un génitif (ou pour un verbe une forme en -s) comme un radical et à la déterminer avec l'article défini infixé.
Voici quelques exemples :
Il est très simple de transformer un complément de verbe en complément de nom. Il suffit de le surdécliner au génitif :
Les préfixes mo- et di- s'emploient pour spécifier le sens spatial ou temporel des cas. On peut aussi les utiliser avec des verbes pour former des subordonnées spatiales ou temporelles. Dans ce cas, il faut surdécliner le verbe au nominatif, accusatif ou génitif pour préciser le sens du préfixe :
Les subordonnées conditionnelles (be|sufolg pak-be|leg) ne se forment pas à l'aide d'un affixe, c'est la conjugaison qui permet de les former. C'est l'éventuel qui permet de les construire. Il suffit de juxtaposer une proposition à l'éventuel avec une autre proposition. Comme il s'agit de propositions juxtaposées, l'ordre a peu d'importance. Cependant, si les deux propositions sont à l'éventuel, c'est la première qui correspond à la subordonnée conditionnelle.
Les nuances, assez différentes du français, sont rendues par le temps de l'autre proposition. Pour les comprendre, il faut savoir que le Moten ne possède que des conditionnelles hypothétiques. Il n'y a pas de conditionnelles de la forme "si + présent, principale au futur" (ce genre de nuance est plutôt rendu par une subordonnée temporelle). Le temps de la proposition qui correspond à la principale donne le sens de la phrase :
Voici un exemple :
Ga ludosun ipe|laj patok, ga |laba isej etok : si je l'avais vu, je te l'aurais dit.
Comme les propositions sont des principales juxtaposées, on peut les coordonner par 'opa', 'u|nav' si la première est la conditionnelle, 'iz' si la deuxième est la conditionnelle, car la conditionnelle est la cause qui, si elle est réalisée, entraîne comme conséquence l'autre proposition. On obtient alors pour le même exemple :
Koga ludosun ipe|laj patok u|nav ga |laba isej etok, ou
Koga |laba isej etok iz ga ludosun ipe|laj patok.
Nous touchons ici à un aspect un peu particulier du Moten : les compteurs. Ces mots qui ont la particularité de se suffixer aux nombres cardinaux permettent de former la date et l'heure. Suffixés aux cardinaux, ils se fléchissent à l'indéterminé avec un sens déterminé. Une expression complète se forme en juxtaposant les différents éléments.
Les sept jours de la semaine (negesizdan) se nomment ainsi :
Jour | Traduction | Sens | Jour | Traduction | Sens |
---|---|---|---|---|---|
kelsiza | lundi | "jour de la lune" | seno|ziza | vendredi | senod + siza : "jour de la terre" |
a|siza | mardi | at + siza : "jour du feu" | apasiza | samedi | "jour de l'étoile" |
vonesiza | mercredi | "jour de l'eau" | emesiza | dimanche | "jour du soleil" |
ibosiza | jeudi | "jour de l'air" | |||
Les trente-et-un jours du mois ont aussi chacun un nom :
Nom | Date | Nom | Date | Nom | Date |
---|---|---|---|---|---|
susiza | le 1er du mois | |simsiza | le 6 du mois | gesusiza | le 11 du mois |
egziza | le 2 du mois | negesiza | le 7 du mois | gegziza | le 12 du mois |
imasiza | le 3 du mois | uzabziza | le 8 du mois | egenisiza | le 20 du mois |
tolsiza | le 4 du mois | e|neksiza | le 9 du mois | imagenisiza | le 30 du mois |
velziza | le 5 du mois | genisiza | le 10 du mois | imagesusiza | le 31 du mois |
Quand on emploie à la fois le nom du jour dans la semaine et dans le mois, on utilise une autre construction : on juxtapose le numéro du jour (apposé) au nom du jour dans la semaine. Ainsi :
Cet ordre me paraît le plus naturel.
L'ennui avec mon amnésie, c'est que des termes très culturellement connotés comme ceux permettant de donner la date sont restés dans ma mémoire, mais avec un sens assez flou. Ainsi, si le terme 'siza' était assez clair pour moi, il n'en va pas de même pour le terme 'mune'. Comme j'ai l'impression qu'il s'agit d'une période de temps faite pour d'écouper l'année, je l'ai attribuée au 'mois'. Comme pour les noms de la semaine, j'ai inventé des mots pour désigner les douze mois de l'année. En fait, chaque mois a deux noms :
Généralement, le deuxième système est employé quasiment à l'exclusion du second, sauf dans certains cas, indiqués dans la liste suivante par une astérisque, où c'est justement le premier nom qui est employé à l'exclusion du second.
Nom | Traduction | Sens du nom imagé | |
---|---|---|---|
Imagé | Numéral | ||
ada|zaj* | sumune | janvier | "début d'année" |
kelemune | egmune | février | "mois d'hiver" |
zoba|saj | imamune | mars | zobat + |zaj : "début de printemps" |
ibomune | tolmune | avril | "mois d'air" |
zobatmune | velmune | mai | "mois de printemps" |
emelogzaj | |simune | juin | emelog + |zaj : "début d'été" |
ememune* | negemune | juillet | "mois de soleil" |
atmune | uzamune | août | "mois de feu" |
o|nigzaj | e|nekmune | septembre | o|nig + |zaj : "début d'automne" |
senodmune | genimune | octobre | "mois de terre" |
vonemune | gesumune | novembre | "mois d'eau" |
adakun* | gegmune | décembre | "fin d'année" |
Pour ce terme-ci, je suis aussi sûr que pour 'siza' de son sens. Les années se forment avec le nombre suivi de 'ada' : 'année', 'an' qui réagit comme le suffixe -af avec la lettre qui précède.
sene|nekape|negezabada, 1998ada : l'année 1998.
On la forme en juxtaposant simplement différents termes au nominatif (le préfixe di- est ici inutile).
egeveld ibosiza imamune sene|nekapunegege|simada, 25 ibosiza imamune 1976ada, ibo. 25.3.1976 : le jeudi 25 mars 1976, jeu. 25/03/76.
Lorsqu'on veut d'ésigner des durées, on met les termes à l'accusatif (c'est ainsi qu'ont été formés les substantifs désignant la semaine : 'negesizdan', le siècle : 'japujadan' et le millénaire : 'senadan', et on peut en former d'autres).
egenimune opa genisizdan : vingt mois et dix jours.
L'heure s'exprime à l'aide de trois compteurs. On utilise uniquement le système 12 heures. Ces substantifs sont 'daj' : 'heure', 'pele' : 'minute' et 'funa' : 'seconde'. On obtient :
Heures | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Nom | Sens | Nom | Sens | Nom | Sens | Nom | Sens |
sudaj | 1 heure | toldaj | 4 heures | negedaj | 7 heures | genidaj | 10 heures |
egdaj | 2 heures | veldaj | 5 heures | uzabdaj | 8 heures | gesudaj | 11 heures |
imadaj | 3 heures | |simdaj | 6 heures | e|nektaj | 9 heures | gegdaj | 12 heures |
Minutes | |||||
---|---|---|---|---|---|
Nom | Sens | Nom | Sens | Nom | Sens |
supele | 1 minute | negepele | 7 minutes | egesupele | 21 minutes |
egbele | 2 minutes | uzabele | 8 minutes | egegbele | 22 minutes |
imapele | 3 minutes | e|nekpele | 9 minutes | imagenipele | 30 minutes |
tolpele | 4 minutes | genipele | 10 minutes | tolgenipele | 40 minutes |
velbele | 5 minutes | gesupele | 11 minutes | velgenipele | 50 minutes |
|simpele | 6 minutes | egenipele | 20 minutes | |simgenipele | 60 minutes |
Secondes | |||
---|---|---|---|
Nom | Sens | Nom | Sens |
sufuna | 1 seconde | velvuna | 5 secondes |
egvuna | 2 secondes | uzavuna | 8 secondes |
veldaj imagenipele, 5d30 : cinq heures et demie ("il est 5h30").
Les durées se donnent bien entendu à l'accusatif.
Les compteurs sont des substantifs presque comme les autres. La seule différence entre eux et les substantifs habituels est qu'ils se suffixent auw nombres cardinaux. Dans cette position, ils se fléchissent à l'indéterminé singulier, avec un sens déterminé, et pluriel si le nombre est supérieur à 1. Parmi ces mots, on trouve bien entendu les compteurs du paragraphe précédent :
siza : jour | mune : mois | ada : année, an |
daj : heure | pele : minute | funa : seconde |
Les autres compteurs les plus employés sont :
gom : jour (du matin au soir) | dod : soir, nuit | fokez : personne |
tul : part, un... -ème (forme les fraction) | jos : partie | lugen : mot |
pav : chiffre | zi|sun : degré, point (mesure) | |nuba : lettre, caractère (d'écriture) |
Il faut aussi donner quelques exemples, car les modifications phonétiques ne sont ici pas régulières.
Gom | |||||
---|---|---|---|---|---|
Nom | Sens | Nom | Sens | Nom | Sens |
sugom | 1 journée | velgom | 5 journées | e|nekom | 9 journées |
egom | 2 journées | |simgom | 6 journées | genigom | 10 jornées |
imagom | 3 journées | negegom | 7 journées | japugom | 100 journées |
tolgom | 4 journées | uzagom | 8 journées | sengom | 1.000 journées |
Dod | |||||
sudod | 1 nuit | veldod | 5 nuits | e|nektod | 9 nuits |
egdod | 2 nuits | |simdod | 6 nuits | genidod | 10 nuits |
imadod | 3 nuits | negedod | 7 nuits | japudod | 100 nuits |
toldod | 4 nuits | uzabdod | 8 nuits | sendod | 1.000 nuits |
Fokez | |||||
sufokez | 1 personne | velvokez | 5 personnes | e|nekfokez | 9 personnes |
egvokez | 2 personnes | |simfokez | 6 personnes | genifokez | 10 personnes |
imafokez | 3 personnes | negefokez | 7 personnes | japufokez | 100 personnes |
tolfokez | 4 personnes | uzavokez | 8 personnes | senfokez | 1.000 personnes |
Tul* | |||||
sutul | la totalité, l'ensemble | veldul | 1/5 | e|nektul | 1/9 |
egdul | 1/2 | |simtul | 1/6 | genitul | 1/10 |
imatul | 1/3 | negetul | 1/7 | japutul | 1/100 |
toltul | 1/4 | uzabdul | 1/8 | sentul | 1/1.000 |
Jos* | |||||
sujos | 1 partie | veldos | 5 parties | e|nekos | 9 parties |
egos | 2 parties | |simos | 6 parties | ge|nos | 10 parties |
imajos | 3 parties | negejos | 7 parties | japujos | 100 parties |
to|los | 4 parties | uzabos | 8 parties | se|nos | 1.000 parties |
Lugen | |||||
sulugen | 1 mot | velugen | 5 mots | e|neklugen | 9 mots |
eglugen | 2 mots | |simlugen | 6 mots | genilugen | 10 mots |
imalugen | 3 mots | negelugen | 7 mots | japulugen | 100 mots |
tolugen | 4 mots | uzablugen | 8 mots | senlugen | 1.000 mots |
Pav** | |||||
supav | 1 chiffre | velbav | 5 chiffres | e|nekpav | 9 chiffres |
egbav | 2 chiffres | |simpav | 6 chiffres | genipav | 10 chiffres |
imapav | 3 chiffres | negepav | 7 chiffres | japupav | 100 chiffres |
tolpav | 4 chiffres | uzabav | 8 chiffres | senpav | 1.000 chiffres |
Zi|sun*** | |||||
suzi|sun | 1 degré | velzi|sun | 5 degrés | e|neksi|sun | 9 degrés |
egzi|sun | 2 degrés | |simzi|sun | 6 degrés | genizi|sun | 10 degrés |
imazi|sun | 3 degrés | negezi|sun | 7 degrés | japuzi|sun | 100 degrés |
tolzi|sun | 4 degrés | uzabzi|sun | 8 degrés | senzi|sun | 1.000 degrés |
|Nuba** | |||||
su|nuba | 1 lettre | vel|nuba | 5 lettres | e|nek|nuba | 9 lettres |
eg|nuba | 2 lettres | |sim|nuba | 6 lettres | geni|nuba | 10 lettres |
ima|nuba | 3 lettres | nege|nuba | 7 lettres | japu|nuba | 100 lettres |
tol|nuba | 4 lettres | uzab|nuba | 8 lettres | se|nuba | 1.000 lettres |
Tous ces compteurs se suffixent à 'mun' pour former des mots interrogatifs :
Nom | Sens | Nom | Sens |
---|---|---|---|
munsiza | quel jour ? | mu|nos | combien de parties ? |
munmune | quel mois ? | munlugen | combien de mots ? |
munada | quelle année ? | munpav | combien de chiffres ? |
mundaj | quelle heure ? | munzi|sun | combien (mesure) ? |
muntul | quelle part ? | munfokez | combien de personnes ? |
mundod | combien de nuits ? | mu|nuba | combien de lettres ? |
mungom | combien de journées ? |
Le Moten forme très facilement des mots composés dont le terme le plus important est le dernier (par la règle antéposant le déterminant au déterminé). Dans cette optique, certains substantifs, de par leur sens, s'emploient sutout comme dernier terme de mots composés, et certains peuvent même ne plus pouvoir s'employer seuls. On appelle ces substantifs des semi-suffixes (|numivulalugen). L'ensemble des compteurs fait partie de ces semi-suffixes. D'autres semi-suffixes non compteurs (ne se suffixant pas aux nombres) sont :
vu|z* : employé (de) | go : emploi (de) | bel : art (de) |
non* : ...-eur, ...-ien (artiste) | sif* : ...-eur, ...-ien (autre) | dati : façon (de) |
subo : magasin, restaurant (de) | tina : pièce, salle (de) | ipi : outil, objet, machine |
ku|lu : langue, langage |
* 'Vu|z', 'non' et 'sif' ne peuvent pas être employés seuls, contrairement aux autres semi-suffixes. Pour ces trois suffixes, si on veut employer leur sens seul, on doit dire :
fokezvu|z : employé | fokezif : personne qui a un titre | fokeznon : artiste |
A partir d'un nom de pays, de ville, de région ou autre, on peut fabriquer différents substantifs avec 'fokez' et 'ku|lu' :
Flans : la France | Doj|slan : l'Allemagne |
Fluvansi : français (génitif traduit par un adjectif) | Doj|sluva|n : allemand (idem) |
flansfokez : français (habitant) | doj|slanfokez : allemand (habitant) |
flansku|lu : le français, la langue française | doj|slanku|lu : l'allemand, la langue allemande |
Utilisé ainsi, 'ku|lu' a forcément un sens déterminé, même sans l'article défini infixé, contrairement à 'fokez'.
: Il existe aussi des semi-préfixes (mo|zajvulalugen), mais leur emploi est plus restreint. Les plus importants sont :
poga : numéro | piv : bas | son : précédent, dernier |
mabo : ancien | be|s : moyen | zek : suivant, prochain |
amla : nouveau | fin : haut |
pogeg, p2 : numéro 2. | |
u|s : fils. | finu|s : fils aîné. |
Les postpositions sont des substantifs fléchis complétés par des noms au génitif ou des propositions subordonnées relatives. Ils prennent alors le sens de prépositions ou de conjonctions (comme nos expressions du type "à l'intérieur de"). Suivant le cas et l'affixe employés, ils ont différents sens. Voici une liste des postpositions les plus employées :
Mo|zaj : partie antérieure | (mo)mo|zaj : devant | dimo|zaj : avant (que) |
---|---|---|
(mo)mo|zeaj : en face (de) | ||
|Numi : partie postérieure | (mo)|numi : derrière | di|numi : après (que) |
(mo)|numej : dans le dos (de) | ||
Gilvon : partie supérieure | (mo)gilvon : au dessus (de) | |
(mo)gilveon : sur | ||
Kozuv : partie inférieure | (mo)kozuv : au dessous (de) | |
(mo)kozejuv : sous | ||
Melag : intérieur | (mo)melag : dans, dedans | |
(mo)meleag : à l'intérieur (de) | ||
Sili : extérieur | (mo)sili : hors (de), dehors | |
(mo)silej : à l'extérieur (de) | ||
Difoj : milieu | (mo)difoj : entre, parmi | |
(mo)difeoj : au milieu (de) | ||
Ag : départ | (mo)ag : depuis | djag : depuis (que) |
(mo)eag : à partir de | djeag : à partir de | |
Monu : arrivée | (mo)monu : jusqu'à | dimonu : jusqu'à (ce que) |
dimoneju : à l'arrivée (de) | ||
Tajvo : traversée | (mo)tajvo : par | |
(mo)tajveo : à travers | ||
Piv : bas | (mo)piv : en bas (de) | |
(mo)pejv : au pied (de) | ||
Fin : haut | (mo)fin : en haut (de) | |
(mo)fejn : au sommet (de) | ||
Segabi : opposition | kosegabi : malgré, bien que | |
Kef : compagnie | kokef* : avec (quelqu'un) |
* Dans un sens de moyen, "avec" se traduit par ko-. De plus, il n'y a pas de manière directe de traduire "sans" (dans les deux sens). Pour ce faire, j'utilise des tournures du type : "avec aucun" ('ko-... memun' ou 'memun ... kokef')
L'infinitf nominatif suivi de 'agem' sert à rendre le factitif, souvent traduit par "faire" + verbe :
jelej (infinitif) : dormir. | jelej agem : faire dormir. |
Cependant, pour beacoup de verbes intransitifs, le factitif se traduit directement par un verbe transitif :
ibutaj : s'asseoir. | ibutaj agem : asseoir (quelqu'un ou quelque chose). |
J'appelle ça transitiver un verbe intransitif, et c'est un phénomène très fréquent en Moten ou presque tous les verbes sont intransitifs.
Ce phénomène a une importance dans la façon de traduire les différents participants du procès. Le "provocateur" de l'action (celui qui fait faire quelque chose à quelqu'un) est un véritable agent volontaire. Il est donc au nominatif quel que soit le cas. Il n'en est pas de même pour l'agent de l'action de départ. Si le verbe était transitif à l'origine, l'agent accomplit réellement l'action, mais ne l'accomplit pas de façon volontaire, et on le marque par le préfixe ko- (il ne change donc pas s'il était participant involontaire de l'action). Mais si le verbe était intransitif à l'origine, l'agent devient objet de l'action transitive, et on le met donc à l'accusatif. Voici deux exemples montrant bien la différence entre ces deux cas :
Kolos Ktelun ipe|laj ito : Il voit la Lune. | Ga Ktelun kolos ipe|laj ige : Je lui fais voir la Lune, je lui montre la Lune. |
Los Ktelun ipe|laj ito : Il regarde la Lune. | |
Los ibutaj ito : Il s'asseoit. | Ga ludosun ibutaj ige : Je le fais s'asseoir, je l'asseois. |
Ce sont les différentes formes de 'mik' et surtout de 'mut' qui permettent de poser des questions sur les circonstances de l'action :
momut : où (es-tu) ? | dimut : quand (à quel moment) ? |
momdutun : où (vas-tu) ? | dimdutun : (pendant) combien de temps ? |
momvuti : d'où (viens-tu) ? | dimvuti : combien de fois ? |
komut : comment ? | temut : pour quoi, dans quel but ? |
|zumut : pourquoi, pour quelle raison ? | |
|lamik : à qui (donnes-tu) ? | gomik : à qui (prends-tu), de qui ? |
muviki : à qui (est-ce) ? | komik* : par qui ? |
temik : pour qui ? | |zumik : à cause de qui ? |
momik : chez qui (es-tu) ? | momdikun : chez qui (vas-tu) ? |
momviki : de chez qui (viens-tu) ? |
* N'oubliez pas que ko- désigne aussi souvent le sujet, y compris en question.
Il n'y a pas de terme unique pour traduire "combien". L'une des manières et d'utiliser les compteurs. Il y a au moins trois autres expressions que j'emploie aussi fréquemment pour traduire "combien" :
'Mun biveo' peut être complété par un substantif au génitif. Il s'emploie quand on veut une mesure sans unité ("un peu", "beaucoup', etc...) contrairement à 'munzi|sun' qui implique l'utilisation d'une unité de mesure (même si elle n'est pas précisée).
Les interrogatifs ne se placent pas obligatoirement en début de phrase.
Il se forme de la façon la plus simple qui soit : sans rien y changer, on met la proposition directe à la forme relationnelle (suffixe -s) suivie d'un verbe de déclaration. Même la personne ne change pas (ça peut paraître étrange, mais c'est ce que je fais naturellement) :
L'interrogation indirecte avec mot interrogatif se forme de la même façon. Pour l'interrogation indirecte sans mot interrogatif, puisque le ton de la phrase ne permet plus de faire la distinction avec le discours simple, on remplace le suffixe -s par la locution 'kej mus' : 'si... ou non' :
J'utilise aussi couramment 'kej mu' (sans -s) dans des questions sans mot interrogatif. Ça me paraît très proche de l'emploi de 'est-ce que' en français :
Dans une langue où la troisième personne ne possède pas de pronom propre, l'expression de l'indéfini "on" peut sembler problématique. L'absence de passif rajoute à ce problème. En fait, j'ai plusieurs façons de traduire "on" suivant son sens :
En Moten, il arrive souvent de ne pas indiquer le sujet de la phrase. Cela n'a cependant jamais lieu quand ce sujet est "on", mais seulement quand il est "il(s), elle(s)", et plus rarement "je (nous)" ou "tu (vous)".