Ouf ! après tant de temps sans un moment à moi, j'ai pu enfin me remettre à l'écriture. Je sais que j'avais laissé les Combattants de l'Arc-en-Ciel en bien mauvaise posture, et certains d'entre vous ont dû en manquer de sommeil de ne pas savoir ce qui allait se passer (si seulement...). Eh bien votre patience va enfin être récompensée. Est-ce que les Combattants de l'Arc-en-Ciel vont parvenir à sauver les gens qu'ils aiment ? Vont-ils réussir à contrer le maître Esmeros dans ses projets de conquête ? L'auteur va-t-il enfin se taire et laisser la place à l'action ? C'est ce que vous saurez en lisant les nouveaux épisodes de Rainbow Fighters : les Combattants de l'Arc-en-Ciel ! ! !
Dans le Q.G., c'est la panique. Aniva est atterrée tandis que Niko tente de reprendre contact avec les Combattants. Evidemment, il n'y parvient pas :
- Rain Bow ! Red Bow ! Green Bown ! Blue Bow ! Yellow Bow ! ... Rien à faire, ils sont incontactables.
- Sais-tu au moins où ils se trouvent ? demande Aniva d'une voix tremblante.
- Oui, dit Niko, je peux détecter leurs énergies. Ils sont dans un grand entrepôt désaffecté en banlieue parisienne, assez loin les uns des autres, ajoute-t-il en regardant son écran où l'on voit cinq points lumineux clignoter sur une carte de cet entrepôt. Mais je n'arrive pas à les contacter ni à les retransposer. Il doit y avoir une espèce de champ de forces au-dessus de ce bâtiment qui doit bloquer les ondes. Nous ne pouvons qu'être spectateurs...
Aniva semble encore plus désolée devant ce constat d'échec. Elle joint ses mains en un geste de prière et dit :
- Combattants de l'Arc-en-Ciel, vous êtes seuls pour cette bataille. Je vous en prie, ne perdez pas espoir ! Ce n'est qu'ainsi que vous vaincrez Lotarh !
Dans un endroit sombre et délabré, Red Bow est allongé à même le sol, évanoui. Soudain il se réveille, et après un moment de flottement où il se demande où il est, il se rappelle soudain le message de Lotarh et se relève précipitamment. C'est alors qu'il se rend compte qu'il est tout seul.
- Rain Bow ? ! Les amis ? ! s'écrie-t-il.
Il attend un instant, mais seul l'écho lui répond.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ? se demande-t-il en se massant les tempes. On s'est transposés ensemble, on aurait dû réapparaître ensemble, et certainement pas évanouis... Qu'est-ce que Lotarh a encore fait ? ! Eh oh ! les amis ! vous êtes là ? !
Peine perdue, là encore seul l'écho lui répond. Red Bow regarde autour de lui. Il est dans ce qui semble être un grand couloir de béton haut de plafond et à moitié délabré.
- Mmmh... il se pourrait bien que les autres soient encore évanouis, quelque part dans ce bâtiment... en espérant qu'ils sont dans le même bâtiment que moi. En tout cas, ça ne sert à rien de rester ici à attendre, autant que j'aille les rechercher tout de suite.
Il commence à marcher en regardant autour de lui quand il voit quelque chose bouger dans la pénombre devant lui. Il s'arrête et se rend compte que c'est une silhouette humaine qui s'approche de lui. Son sang ne fait qu'un tour quand il reconnaît Lotarh qui s'avance vers lui en souriant de toutes ses dents.
- Lotarh ! qu'est-ce que tu fais là ? ! Et qu'est-ce que tu as fait de mes amis ? ! s'écrie-t-il.
Pour toute réponse, Lotarh se met à rire, ce qui rend Red Bow rouge de colère.
- Arrête de rire comme ça ! Et réponds-moi quand j'te parle !
Mais Red Bow s'époumone pour rien, cela ne fait qu'empirer les choses et Lotarh rit de plus belle. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et Red Bow devient si rouge qu'on croirait qu'il va éclater.
- Tu te crois malin hein ? ! Tu te crois si important que tu peux faire tourner les gens en bourrique comme ça ? ! Tu m'ignores peut-être mais je ne crois pas que tu puisses ignorer ça ! ! ! Boule de Feu !
Contre toute attente, Lotarh ne réagit pas, il ne bouge pas, il n'arrête même pas de rire, et quand la boule de feu l'atteint, elle le traverse sans dommage et vient s'écraser sur le mur du fond !
- Quoi ? ! s'écrie Red Bow qui n'en croit pas ses yeux.
Lotarh continue à rire mais s'arrête de marcher à deux mètres environ en face de Red Bow, quand ce dernier entend soudain un deuxième rire, identique au premier mais en légère dissonnance, et venant cette fois de derrière lui. Il se retourne et voit Lotarh s'avancer vers lui en riant ! Il se retourne de nouveau mais le premier Lotarh n'a pas bougé ! Deux Lotarh sont maintenant en train de lui rire au nez !
- Alors c'était ça ! dit Red Bow en s'adressant au deuxième Lotarh. Tu as voulu me berner avec une illusion ! Mais ça ne marchera pas avec moi ! Boule de Feu !
Mais la boule de feu traverse le deuxième Lotarh comme elle a traversé le premier. Ce deuxième Lotarh s'arrête aussi de marcher à deux mètres de Red Bow et ce dernier entend maintenant un troisième rire, là encore identique et pourtant lègèrement dissonnant, puis un quatrième, un cinquième, tandis que des Lotarh surgissent de partout. Finalement Martin se retrouve entouré d'une dizaine de Lotarh riant à gorge déployée dans une cacophonie qui est en train de le rendre fou. Il se met les mains aux oreilles pour ne plus entendre cette torture sonore mais celle-ci est trop forte.
- Arrêtez ! ! ! hurle-t-il. Arrête Lotarh !
Mais les rires continuent, et Red Bow les supporte de moins en moins. Il se retrouve maintenant un genou à terre et commence à perdre son sens de l'équilibre.
- Tu... tu vas me le payer Lotarh... Je vais te montrer de quoi je suis capable quand je suis hors de moi... Boule de Feu !
Il envoie une boule de feu tournoyer autour de lui à grande vitesse et frapper les doubles de Lotarh autour de lui. Cette fois-ci les illusions disparaissent quand elles sont frappées par la boule de feu mais la puissance de sa colère est telle que la boule s'enfle démesurément, et avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, elle frappe Red Bow lui-même qui hurle de douleur et de surprise. Quand le feu disparaît, On voit Red Bow à terre, légèrement brûlé et incapable de se relever. Au-dessus de lui apparaissent deux yeux rouges, puis Lotarh (le vrai cette fois) qui regarde Martin avec un air de dédain.
- Pauvre idiot ! dit-il à Red Bow qui le regarde avec des yeux remplis de douleur. Ignores-tu que la haine et la colère sont soeurs ? Comment espérais-tu vaincre l'une avec l'autre ? ! Il a été si facile de retourner ton pouvoir contre toi-même... Je n'ai quasiment eu aucun effort à faire. C'est une récolte facile cette fois !
Lotarh tend son Miroir de l'Ombre vers Red Bow qui n'a pas le temps ni la force de détourner les yeux de son reflet et perd son énergie, absorbée par le Miroir sous la forme d'une fumée rouge. Il finit par perdre conscience tandis que l'énergie disparaît.
- Et voilà ! triomphe Lotarh. Aux autres à présent !
Et la scène disparaît en fondu au noir.
Dans le Q.G., l'atmosphère est tendue, au point que Niko sursaute quand l'un des points clignotants sur son écran, le point rouge, disparaît soudainement.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande Aniva, inquiète.
- J'ai... j'ai perdu le contact avec Martin ! s'écrie Niko. Sa signature énergétique a disparu !
- Non ! ce n'est pas possible !
- Martin... dit Niko en tapant fébrilement sur le clavier d'ordinateur. Ca y est ! son énergie n'a pas disparu, mais elle a énormément baissé. Elle est à son niveau minimal maintenant. S'il ne reçoit pas d'aide rapidement, Martin va...
Mais Niko n'est pas capable de terminer sa phrase. Il n'en a d'ailleurs pas besoin : Aniva a bien compris le message.
Dans un autre couloir de l'entrepôt, lui aussi encombré de gravats, Green Bow est étendue à terre, sans connaissance. Mais son corps se met à frémir : elle se réveille. Doucement, elle s'accroupit et met une main à la tête.
- Ouh la la ! j'ai mal à la tête...
Elle passe sa main dans ses cheveux quand soudain elle s'arrête, comme troublée par quelque chose. Elle met sa main devant son visage et la contemple un moment.
- Mais... j'ai de la poussière dans les cheveux !
Elle commence à ébouriffer ses cheveux comme elle peut, levant ainsi un véritable nuage de poussière qui la fait tousser. Finalement elle se calme et le nuage retombe. Elle se relève doucement et ses cheveux se remettent en place, pas du tout décoiffés par le traitement qu'Alexandra leur a fait subir. Ce n'est que maintenant qu'elle regarde autour d'elle, et qu'elle remarque qu'elle est toute seule dans un couloir de béton à moitié délabré. Elle époussette son costume en marmonnnant :
- Qu'est-ce qui se passe ici ? Où est-ce qu'ils sont tous passés ?
Elle met ses mains en porte-voix et crie :
- Eh ! vous êtes où les amis ? !
Bien entendu, la seule chose qu'elle entend c'est sa propre voix qui s'atténue rapidement.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? se demande-t-elle en se grattant la tête avec l'index. Comment ça se fait fait que je sois pas avec les autres ?
Elle finit par hausser les épaules et soupirer.
- Pfff... J'comprends rien. Mais bon, c'est pas en restant sur place que ça va aider. Autant aller voir si je peux les retrouver.
Elle commence à marcher, puis s'arrête, se retourne, commence à marcher dans l'autre sens, puis s'arrête de nouveau et reporte sa main à la tête.
- Dans quel sens je vais aller moi ? Comment je peux savoir où ils sont tous ? Oh la la ! Je sais plus quoi faire moi ! C'est à Clémence qu'il faut laisser les trucs compliqués, pas à moi ! Bon, tant pis, on y va au hasard, dit Green Bow en haussant les épaules de nouveau.
Cette fois, elle part résolument dans la direction en face d'elle. Enfin, résolument, c'est beaucoup dire, car elle s'arrête de nouveau après une dizaine de pas.
- Et s'ils étaient dans l'autre sens ? se demande-t-elle. Ca serait vraiment bêta de m'éloigner d'eux sans le savoir. Mais ils peuvent très bien être dans la bonne direction aussi, et si je vais dans l'autre sens, je m'éloignerai d'eux encore. Qu'est-ce que je fais alors ?
Plongée dans ses pensées, Green Bow ne remarque pas l'ombre qui recouvre petit à petit son corps. Soudain, elle lève les yeux au-dessus d'elle et sursaute en voyant Lotarh à quelques centimètres d'elle. Elle recule rapidement à distance de sécurité, mais Lotarh ne fait même pas signe de l'en empêcher.
- Et alors ? ! fait-il d'un ton impatient. Qu'est-ce que tu attendais pour bouger ? ! J'avais préparé un superbe piège pour te voler ton énergie, mais au lieu de courir partout pour chercher tes amis et accessoirement tomber dans mon piège, tu restes là à faire les cents pas ! C'est pas agréable quand on sait le mal que je me suis donné !
Green Bow reste là sans vraiment comprendre de quoi Lotarh lui parle, mais elle se ressaisit et dit :
- Bon, je sais pas trop de quoi tu parles, mais est-ce que tu croyais vraiment que j'allais courir partout sans me demander d'abord si j'allais dans la bonne direction ou non ? Je savais pas par où commencer !
- Pfff... tellement frivole qu'elle est incapable de prendre une décision...
- Non mais... ! s'écrie Green Bow qui voit rouge. C'est pas une manière de parler à une fille !
- Quelle idiotie ! Tu ne vaux pas la peine que je me décarcasse pour toi ! Je vais te prendre ton énergie vite fait bien fait et on n'en parlera plus !
- Ah ça c'est ce qu'on va voir ! Barrière de Vent !
Le vent qu'elle crée lève toute la poussière répandue sur le sol de ce couloir. Cette poussière cache la vue à Green Bow et la fait tousser. Quand elle s'arrête, elle s'aperçoit avec horreur que Lotarh est juste devant elle, et avant d'avoir pu réagir elle plonge son regard dans le Miroir de l'Ombre, qui se met à absorber son énergie sous la forme d'une fumée verte. Quand l'absorption est finie, Lotarh regarde le corps inanimé de Green Bow avec un air de mépris.
- Quand je pense que c'est ça qui est censé protéger la race humaine de la puissante Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir... Quelle rigolade ! Allez, au suivant !
Et Lotarh disparaît, laissant une Green Bow bien mal en point.
Sur son écran, Niko voit le point vert s'éteindre.
- Oh non ! Alex !
- Niko ! Est-ce que... ? ! peine à demander Aniva.
- Oui, comme pour Martin, son niveau énergétique est minimum. Deux de nos Combattants sont hors-service, cela devient inquiétant. Et ce champ de forces qui ne veut pas céder...
- Combattants, je vous en prie ! Restez sur vos gardes, ne vous laissez pas avoir par les perfides tours de Lotarh !
Nous nous retrouvons de nouveau dans l'entrepôt désaffecté où, inconscient du sort de ses deux camarades, Yellow Bow se réveille doucement. Il regarde autour de lui d'un air distrait quand soudain il écarquille les yeux pour regarder de nouveau autour de lui.
- Mais... où est-ce que je suis ? !
Il se relève précipitamment, puis se tourne de tous côtés et porte ses mains à la bouche en porte-voix :
- Eh ! où êtes-vous ? ! Clémence ! Où est-ce que vous êtes tous passés ? !
Ne recevant aucune réponse, il choisit une direction au hasard et se met à courir dans les couloirs de l'entrepôt en appelant ses amis.
- Rain Bow ! Green Bow ! où est-ce que vous êtes ? Red Bow ! Blue Bow ! pourquoi je suis tout seul comme ça ?
Soudain il voit quelque chose en face de lui. Il accélère et son sourire s'agrandit au fur et à mesure qu'il se rapproche : les quatre Combattants de l'Arc-en-Ciel sont là, le regardant arriver. Mais Aurélien est si heureux de les avoir retrouvés qu'il ne remarque pas une chose : ce sont les visages fermés et durs de ses amis, au regard plein de mépris. Il finit par arriver à leur hauteur et s'arrête de courir en essayant de reprendre son souffle.
- Ouf... ouf... les amis... je me suis... retrouvé tout seul... Je ne savais pas... ce qui se passait... Mais je vous ai retrouvé... c'est le principal.
Il s'arrête, remarquant le silence des autres. Il les regarde tous d'un air interrogateur, et remarque soudain l'expression de leur visage.
- Qu'est-ce qui se passe les amis ? Il y a un problème ? Qu'est-ce qui s'est passé pendant que je n'étais pas là ?
- ...bécile...
- Hein ? fait Yellow Bow en se tournant vers Clémence de qui semble venir cette parole.
- Imbécile ! tu es vraiment nul ! lâche cette dernière.
- Pour quoi tu me dis ça Clémence ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
- Tout ce que tu fais, tu le fais mal ! s'écrie à son tour Red Bow.
- Tu es un vrai boulet dans notre équipe ! ajoute Green Bow.
- Mais... qu'est-ce qui vous prend ? demande Aurélien à qui les larmes montent aux yeux.
- Ils ont raison ! lance Rain Bow d'un ton décapant. Tu n'as rien à faire avec nous ! Tu es incapable de te battre correctement ! Tu ne fais que suivre Blue Bow comme un petit chien ! C'est pathétique !
- Rain Bow... sanglote Yellow Bow. C'est pas vrai, vous me faites une mauvaise blague...
- Non, nous avons simplement décidé que nous travaillerons mieux sans toi ! conclut Red Bow. A partir de maintenant, considère-toi comme exclu des Combattants de l'Arc-en-Ciel !
- Allez, venez ! On n'a pas de temps à perdre avec lui ! dit Rain Bow aux autres Combattants.
Yellow Bow tombe à genoux par terre, et regarde impuissant les autres Combattants se détourner de lui et partir, pour disparaître rapidement dans la pénombre de l'entrepôt. Le dernier regard que lui a lancé Blue Bow était si froid qu'il s'est effondré en larmes.
- Ne me laissez pas... articule-t-il avec peine entre deux sanglots. Sans vous je ne suis rien... Ne me laissez pas tomber... Ne faites pas comme mes parents...
Pendant ce temps, de la pénombre où ont disparu les Combattants, une silhouette apparaît et s'avance doucement, tandis que Yellow Bow pleure toutes les larmes de son corps. Cette silhouette, on le voit à mesure qu'il s'approche, c'est bien entendu Lotarh dont le sourire exprime une joie non dissimulée.
- Pauvre Yellow Bow. Tes soi-disants amis t'ont abandonné alors. A quoi bon donc continuer cette vie alors, sans personne qui ne fasse attention à toi...
Aurélien lève la tête vers Lotarh. Il est incapable de dire quoi que ce soit.
- Je vois ta peine, continue Lotarh, je vois ta solitude. Je vais adoucir tes souffrances. Regarde-toi simplement dans ce miroir, vois la seule personne qui s'est jamais intéressée à toi : toi-même. Echappe donc à cette solitude qui te pèse.
Complètement désespéré, Yellow Bow obéit à Lotarh et plonge son regard dans le Miroir de l'Ombre, qui absorbe son énergie sous la forme d'une fumée jaune. Il s'effondre alors aux pieds de Lotarh dont le sourire se mue en ricanement puis en rire diabolique.
- Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ! pauvre Yellow Bow au coeur si transparent ! Tu accordes tellement d'attention à ce que les gens pensent de toi que ton esprit est un livre ouvert pour qui a un peu de psychologie ! Il était facile de trouver le défaut de ton esprit enfantin, tu es tombé à pieds joints dans le piège de mon illusion ! Ha ha ha ha ha ha ha ha ha !
Et nous laissons Lotarh rire à sa victoire par un fondu en noir.
Nous nous retrouvons de nouveau dans le Q.G., où le coeur de Niko fait un bond quand il voit le point clignotant jaune disparaître de son écran.
- Aurélien ! oh non ! il a eu Aurélien !
Cette fois ce sont des larmes qui coulent sur les joues d'Aniva. Elle secoue la tête, comme pour nier ce qu'elle voit se passer, puis son visage prend une autre expression, comme une expression décidée. Elle commence à se tourner quand le cri de Niko l'arrête dans son mouvement.
- Ca y est ! J'ai trouvé un défaut dans le champs de forces de Lotarh. En recalibrant les capteurs pour une nouvelle modulation des ondes, je devrais pouvoir traverser cette barrière ! Dans quelques minutes, on pourra voir ce qui se passe là-bas comme si on y était, et peut-être que je pourrai alors faire fonctionner le transposeur.
- Alors fais vite ! dit Aniva. Ils ont besoin de notre aide, de toute urgence !
- Où suis-je ? se demande Rain Bow. Qu'est-ce que j'fais là ?
Angel vient de se réveiller. Il fait sombre autour de lui. Les murs sont en béton sale, et craquelés de partout. Des blocs de béton jonchent le sol, comme si ce bâtiment venait de subir un tremblement de terre ou quelque chose comme ça. Angel se fraie un chemin parmi les débris, essayant de voir quelque chose, mais il fait trop sombre, et il n'y a pas de fenêtres. Il se souvient soudain du message de Lotarh, de la transposition, et se rend compte que quelque chose a dû se passer pour qu'il se retrouve seul.
- Y'a quelqu'un ? ! ! Les amis, vous êtes là ? ! !
Seul l'écho lui répond. Rain Bow sent soudain une sorte d'angoisse l'envahir. Cette situation lui rappelle quelque chose, mais c'est trop imprécis pour qu'il sache quoi. Il commence à marcher un peu plus vite. Il ne sait pas où il va, mais il sent qu'il y a quelque chose là-bas. Il sent aussi qu'il ne devrait pas y aller, son angoisse ne fait qu'augmenter, mais il ne peut s'empêcher d'avancer. Soudain, il sent son pied toucher quelque chose de liquide. Il marche dans une flaque d'eau. D'eau ? le liquide paraît bien sombre. C'est alors que son cauchemar récurrent lui revient en mémoire.
- Qu'est-ce qui se passe ? Ce n'est pas vrai ? murmure-t-il, comme s'il avait peur des propres mots qu'il prononce.
Angel se baisse et touche la flaque du bout des doigts et les rapproche de son visage. La couleur, l'odeur... c'est du sang ! Il se met à courir dans cette mare, cette mare de sang qui s'étend dans tout le bâtiment, cette mare de sang identique à celle de son rêve. Et il ne veut pas continuer, car il sait ce qu'il va voir, mais il ne peut s'empêcher de courir, jusqu'à ce qu'un spectacle dévoilé par les ténèbres ne le glace d'horreur, un spectacle qu'il s'attendait à voir mais auquel il n'ose pas croire.
- Non... non... c'est pas possible... peine à articuler Rain Bow.
Devant lui sont étendus les corps sans vie des Combattants de l'Arc-en-Ciel, baignant dans cette mare de sang comme dans son cauchemar, cette mare dont ils sont l'origine ! Etendus sur le dos, chacun à un gros trou dans le ventre, et ils ont tous les yeux ouverts mais vitreux, et le visage immobile sur une expression de frayeur.
- Ma... Martin ! s'écrie Angel qui ne peut s'empêcher de répéter son propre cauchemar. Alex ! Clémence ! Aurélien ! c'est pas possible ? ! ! C'est pas vrai ? ! ! C'est encore un cauchemar ! !
Mais contrairement à son cauchemar, il ne se réveille pas à ce moment. Il reste devant les corps sans vie de ses amis, tombe à genoux dans la mare de sang, les larmes coulant sur ses joues.
- C'est ma faute... sanglote-t-il. Je l'avais déjà rêvé... J'aurais pas dû les entraîner dans cette histoire... Ils sont morts à cause de moi...
On entend alors des pas dans la mare de sang. Bientôt, Lotarh arrive devant Rain Bow.
- Oui, Rain Bow, c'est bien ça, dit ce dernier. C'est toi le coupable, c'est toi le responsable. Tu n'as fait que leur causer des problèmes, et maintenant tu as causé leur mort. Crois-tu avoir encore le droit de vivre après une telle faute ?
Rain Bow relève la tête vers Lotarh.
- Tu as gagné, Lotarh... Tue-moi, maintenant, laisse-moi au moins les rejoindre... De toute façon, je suis impuissant sans eux...
- Tu vas mourir, ne t'inquiète pas, acquiesce Lotarh. Mais avant, je veux que tu me donnes ton énergie.
- Tout ce que tu voudras, dit Angel entre deux sanglots, tandis que ses larmes continuent à couler sur son visage plissé par la douleur. Mais fais vite, s'il te plaît.
- Ce sera très rapide, je te l'assure, dit Lotarh en sortant doucement son Miroir de l'Ombre.
- Ruisseau Scintillant !
Un puissant jet d'eau frappe la main de Lotarh qui lâche le Miroir de l'Ombre.
- Quoi ? ! qui a fait ça ? !
Au fond du couloir apparaît une silhouette féminine, une silhouette à la chevelure courte et bleue.
- Tu as multiplié les actes répréhensibles : enlèvements, torture psychologique et physique. Ta monstruosité mérite une punition exemplaire. Je suis Blue Bow, l'arbitre de l'espoir, alors prépare-toi à subir ton châtiment !
- Blue Bow... murmure Rain Bow sans comprendre. Blue Bow ? ! !
Il regarde le corps sans vie de Blue Bow, puis se tourne vers sa version debout, bien vivante et en colère.
- Blue Bow ? ! répète-t-il. Mais... tu es vivante ? ! Mais alors...
Ceci rompt le charme : l'illusion de Lotarh disparaît. Les corps sans vie, la mare de sang, tout cela disparaît, ne laissant plus que le sol normal et couvert de poussière de l'entrepôt.
- Blue Bow, petite peste ! s'écrie Lotarh. Comment as-tu pu faire pour arriver jusqu'ici ? ! Je m'étais pourtant assuré que tu ne pourrais pas rejoindre les autres Combattants !
- Tu as compté sans l'intelligence humaine, aidée de petits gadgets technologiques, dit Blue Bow en souriant et en montrant son petit ordinateur. Grâce à cela, j'ai pu te suivre à la trace et éviter que tu accomplisses ton plan. Car ton plan était bien de nous séparer, pour nous attaquer l'un après l'autre et nous voler notre énergie, c'est bien ça ?
- Tu es futée, concède Lotarh. Mais pas très efficace : j'ai déjà pris l'énergie de trois Combattants. Regarde !
Les yeux de Lotarh brillent un court instant et dans le couloir apparaissent Red Bow, Green Bow et Yellow Bow, inconscients, ficelés par des cordes noires par lesquelles ils pendent au plafond.
- Les amis ! crie Rain Bow qui tente de se relever pour courir vers eux mais est frappé par Lotarh et retombe par terre.
- Ah ! fait-il en tombant. Lotarh, est-ce qu'ils sont vivants au moins ?
- Vivants ? bien sûr, répond ce dernier. Enfin, pour l'instant...
Les larmes remontent aux yeux de Rain Bow.
- Tu leur as volé leur énergie ! crie Blue Bow.
- En effet, c'était le but de ce piège après tout. Et il me reste encore un Combattant à dépouiller, ce que je compte faire tout de suite.
Il se baisse pour ramasser son Miroir de l'Ombre mais Blue Bow est plus rapide : elle court se placer entre Rain Bow et Lotarh et le repousse pour l'empêcher d'accéder au Miroir. La résistance de Blue Bow met Lotarh très en colère. Ses yeux se mettent à briller et une vague d'énergie noire frappe Blue Bow qui tombe à terre juste devant Rain Bow accroupi. Elle est durement touchée et ne peut se relever. Elle a tout juste la force de lever la tête vers Angel.
- Rain Bow, lui dit-elle avec effort, Rain Bow, il faut te battre. Tu dois retrouver l'espoir : ce n'est qu'avec lui que tu vaincras Lotarh.
- Quelle stupidité ! s'écrie Lotarh qui a ramassé le Miroir. Rien ne peut me vaincre ! et surtout pas votre minable espoir !
Lotarh part dans un rire dément tandis que Rain Bow regarde Blue Bow avec des larmes dans les yeux et en secouant la tête.
- Il a raison, dit Angel. Je ne peux rien faire contre lui. Sans vous, je n'ai aucun pouvoir, je suis impuissant. Je ne suis rien sans les Combattants de l'Arc-en-Ciel.
- Alors tu vas les rejoindre, assène Lotarh en s'approchant doucement.
- Pas tant que je serai vivante ! dit Blue Bow.
Devant un Rain Bow effaré et un Lotarh surpris, Clémence se relève lentement. Elle tremble et peut à peine tenir debout, mais elle finit par faire face à Lotarh.
- C'est impossible ! Tu ne devrais pas pouvoir tenir debout !
- Tant qu'il me restera un souffle de vie, je protégerai Rain Bow contre tout danger. J'en ai fait la promesse et je compte bien la tenir !
- Arrête Blue Bow ! crie Rain Bow. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur !
- C'est à toi qu'il ne doit pas arriver malheur, dit Blue Bow en se retournant vers Angel. Tu es le seul capable de nous donner de l'énergie, et tu es notre chef. C'est normal que tu doives être protégé.
- Vous avez dépassé les limites de ma patience ! s'écrie Lotarh. Cette fois c'en est trop !
Ses yeux brillent de nouveau et une vague d'énergie encore plus puissante balaie Blue Bow qui fait un vole plané et retombe lourdement derrière Rain Bow.
- Blue Bow ! ! !
Cette fois elle ne peut plus se relever. Rain Bow se retourne vers Lotarh, des larmes pleins les yeux.
- Arrête Lotarh ! Tu as gagné. Prends mon énergie, mais laisse mes amis saufs. Je t'en supplie, arrête de les faire souffrir.
- Tu échangerais ta vie contre celle de tes amis ?
- Oui, c'est ce que je te propose.
- ... C'est stupide, mais j'accepte. Je n'achèverai pas les Combattants de l'Arc-en-Ciel. Quand j'en aurai fini avec toi, je les libérerai.
- Merci... dit Angel.
- Tu remercies ton pire ennemi... Tu es encore plus stupide que je ne pensais. Ton énergie sera plus utile au maître Esmeros !
Et devant une Blue Bow impuissante, Lotarh commence à lever le Miroir de l'Ombre vers Rain Bow.
Dans le Q.G., Niko se met à sauter de joie.
- Ca y est ! Ca y est ! J'ai percé le champ de forces de Lotarh ! Nous devrions avoir une image des lieux dans quelques secondes.
- Vite, le presse Aniva, j'ai un mauvais pressentiment.
Quelques secondes s'écoulent, quand l'image apparaît enfin sur un grand écran. Aniva et Niko écarquillent les yeux en voyant la scène : Martin, Alex et Aurélien ficelés et pendus comme des saucissons, Clémence allongée par terre et bien mal en point, et Rain Bow à genou et en pleurs, en face de Lotarh qui lève doucement son Miroir vers lui. Niko est pétrifié devant cette scène, et ne remarque pas Aniva bouger puis son image disparaître. On entend alors comme un grondement lointain, qui se rapproche doucement, et Niko sent soudain que le sol commence à trembler sous ses pattes.
- Aniva ? appelle-t-il en se retournant. Aniva ? ! prêtresse ? ! s'écrie-t-il en voyant qu'elle a disparu.
- Aniva ! Aniva ! ! s'écrie Niko. Où... ?
Niko se tait en plein milieu de sa phrase quand il se rend compte que le sol commence à trembler sous ses pattes. Il commence aussi à entendre un grondement qui se fait de plus en plus fort.
- Qu'est-ce que... ?
Le grondement continue d'augmenter, tandis que l'amplitude des vibrations du sol se fait de plus en plus forte.
- Un... un tremblement de terre ? !
Des objets posés un peu partout tombent au sol. Niko est obligé de s'aggripper à son clavier d'ordinateur pour éviter de tomber lui aussi. Le grondement commence à être vraiment assourdissant. Les chaises sont renversées, puis des étincelles apparaissent au niveau des équipements électroniques qui semblent mis à rude épreuve. Des court-circuits semblent se produire un peu partout dans le Q.G., puis ce sont de véritables arcs électriques qui apparaissent le long des murs, heureusement assez loin de Niko. Des fissures apparaissent au plafond, un peu de plâtre tombe sur Niko. L'une des lampes explose, puis une autre. Soudain, les arcs électriques se concentrent sur une console dont l'écran explose, envoyant des débris dans tout le Q.G. ! Sous la violence de l'explosion le clavier de cet ordinateur est arraché et tombe à terre. Heureusement, tout ceci s'est passé assez loin de Niko qui n'a pas été touché. De plus, les vibrations semblent s'atténuer, le grondement qui était devenu insupportable semble diminuer d'intensité. En effet, lentement les vibrations diminuent jusqu'à disparaître. Niko reste quelques secondes encore prostré sur son clavier, puis se redresse en poussant un soupir de soulagement. Il jette un oeil sur le Q.G.
- Eh bien, le Q.G. est en bien piteux état, finit-il par dire. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Où est passée Aniva ? Et Rain Bow ! !
Il se retourne subitement vers son écran qui par chance fonctionne toujours, mais ce qu'il y voit le stupéfie tellement qu'il en reste paralysé pendant quelques secondes.
- Mais... comment ? !
Retournons maintenant dans l'entrepôt désaffecté, quelques minutes en arrière. Les Combattants de l'Arc-en-Ciel étaient plutôt mal en point : Red Bow, Green Bow et Yellow Bow inconscients et pendus au plafond comme des carcasses à l'abattoir, Blue Bow blessée par Lotarh et ne pouvant plus se relever, et Rain Bow qui avait abandonné tout espoir et se préparait à se sacrifier pour ses amis, en laissant Lotarh prendre son énergie. Lotarh avait d'ailleurs commencé à lever le Miroir de l'Ombre vers Rain Bow, lentement afin de faire durer le plaisir. Mais soudain Lotarh s'arrête en plein milieu de son geste. Quelque chose a attiré son attention. Il tourne un peu la tête, tendant l'oreille comme s'il tentait d'entendre quelque chose. Quelques secondes plus tard, un grondement commence à se faire entendre. Même Angel et Clémence l'entendent et leur visage montre qu'ils se demandent ce qu'il se passe. Lotarh a la même expression de surprise d'ailleurs. Le grondement s'amplifie, et le sol commence à trembler. Les gravats accumulés un peu partout sur le sol commencent à bouger et quelques pierres en équilibre tombent à terre, surprenant Lotarh qui tente de se maintenir debout alors que les mouvements du sol s'amplifient. Rain Bow pose les mains à terre pour ne pas basculer. Lotarh perd l'équilibre mais se rétablit avant de tomber. Le grondement et les vibrations atteignent leur paroxysme lorsqu'une lumière commence à briller devant Rain Bow qui la remarque et reste bouche bée devant.
- Quoi ? ! Que... ? s'écrie Lotarh qui remarque aussi la lumière.
Cette lumière commence par n'être qu'une simple boule de lumière blanche, mais elle grandit rapidement, et l'on voit que plutôt qu'être blanche, cette lumière est multicolore, faite de toutes les couleurs qui se mélangent et s'interpénètrent. Puis un arc-en-ciel apparaît autour de cette lumière qui commence à changer de forme. Elle s'allonge et s'affine, acquérant des courbes, prenant une forme humanoïde. Entre Lotarh et Rain Bow médusés, cette lumière prend forme humaine, et même forme humaine féminine, tandis que le tremblement de terre continue de faire vaciller l'entrepôt sur ses fondations. La forme semble gagner de la consistance, quand soudain elle explose en un gigantesque flash multicolore, qui coïncide avec l'arrêt immédiat des vibrations du sol et aveugle tout le monde. Quand la luminosité redevient normale, la surprise est grande : à la place de la lumière, entre Rain Bow et Lotarh, se tient la prêtresse Aniva, regard noir et main levée vers le spécialiste de la Haine, qui manque de lâcher le Miroir de l'Ombre quand il semble reconnaître la personne qui est en face de lui !
- T... toi ? ! ! balbutie-t-il, complètement déstabilisé.
- Oui, moi ! dit Aniva sur un ton décidé. Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel. Je t'ai déjà repoussé une fois, au prix de grands sacrifices, mais je n'hésiterai pas à recommencer pour protéger cet enfant !
Lotarh semble avoir perdu toute sa confiance en lui. Il commence à reculer, puis reprend une contenance, et dit, tandis que ses yeux se mettent à briller :
- Tu as de la chance Rain Bow, tu viens de gagner un sursis. Mais il sera très court, et quand je vais revenir, il en sera fini de toi !
Et il disparaît. Aniva reste là pendant un instant, puis se retourne et s'agenouille devant Rain Bow.
- Relève-toi, Angel.
Les yeux encore brillants de larmes, ce dernier demande :
- ... Aniva ? prêtresse Aniva ? C'est bien vous ?
- Oui, répond-elle en l'aidant à se relever. Je ne pouvais plus rester ainsi sans pouvoir rien faire. Je suis venue vous aider.
- Prêtresse Aniva... dit difficilement Blue Bow.
Aniva et Rain Bow se retournent vers elle. Lui court vers Clémence et s'agenouille à ses côtés.
- Ne parle pas, dit-il. Tu as été sérieusement touchée. C'est complètement de ma faute...
Mais Clémence secoue la tête et regarde Aniva.
- Aniva... comment... ?
- J'ai utilisé le Q.G. comme intermédiaire, pour obtenir suffisamment d'énergie pour une telle transposition. J'espère que la surcharge n'a pas provoqué trop de dégâts...
- Tout est de ma faute, se culpabilise Angel. J'ai tout fait de travers et j'ai fait courir des risques à tout le monde...
- Ce n'est pas vrai, dit doucement Aniva. Au contraire, tu es celui qui va pouvoir réparer les choses.
- Comment ? !
- Viens, continue-t-elle en le prenant par les mains et en le faisant se relever. Concentre-toi.
Loin d'être sûr de lui, Rain Bow s'exécute. Il ferme les yeux et se concentre. Aniva fait de même. Au niveau de leurs mains, un petit arc-en-ciel apparaît alors, qui grossit, puis s'enfle soudain démesurément en une vague d'énergie qui emplit tout l'endroit. Quand la vague disparaît, les Combattants ne sont plus pendus au plafond mais allongés au sol, et commencent à se réveiller. Blue Bow elle-même semble s'être rétablie et se relève, surprise de pouvoir faire ça. Angel rouvre les yeux, et voit ses amis sauvés, sans arriver à y croire. Mais ce sont Martin, Alex et Aurélien qui ont le plus grand choc, quand ils voient Aniva présente en chair et en os !
Après un fondu au noir, nous nous retrouvons dans ce lieu sombre, dont les ombres si noires ont commencé à se rassembler sous une forme pseudo-humanoïde déformée, dans ce lieu où flottent les douze Sages Noirs. Au milieu de leur cercle, deux yeux rouges apparaissent, suivis du corps de Lotarh.
- Alors Lotarh, commence un Sage Noir, obligeant ce dernier à se tourner vers lui, as-tu accompli la mission que t'a confié le maître Esmeros ?
- En partie, dit Lotarh. Mais je suis venu apporter ceci.
Il lève le Miroir de l'Ombre qui commence par libérer une boule de lumière rouge, puis une autre de lumière verte et enfin une troisième boule de lumière jaune, toutes trois éclatantes, vibrantes d'une énergie incomparable. Elles s'élèvent doucement, puis se transforment en de véritables comètes qui foncent dans les ténèbres. Ces dernières recommencent à changer de forme, se réorganisent. Des nuages noirs bougent très loin tout autour des Sages noirs, l'ensemble des ombres s'épaissit, la forme humanoïde se précise tout en restant floue, et bizarrement distordue. Des sortes de nuages sombres en forme de filaments apparaissent un peu partout, s'organisent en paquets, légèrement vibrants, pulsants. Puis, très haut, au niveau de ce qui ressemble à une tête déformée, deux yeux rouges gigantesques flamboient comme ils ne l'ont jamais fait, brûlant de tous les feux de l'enfer. Enfin la voix se fait entendre, si l'on peut appeler "voix" quelque chose qui ressemble plus à un millier de coups de tonnerre réunis.
- Cette énergie ! ! ! si pure, si dense ! Ces Combattants de l'Arc-en-Ciel recèlent plus d'énergie en eux que des foules entières ! ! ! Mais il y a quelque chose qui manque ! ! ! Où est l'énergie de Rain Bow ? !
- Il y a eu un petit contre-temps, s'excuse Lotarh en s'inclinant très bas. Je m'apprêtais à lui prendre son énergie quand quelqu'un est intervenu...
- Qui ! ! ! Hurle le maître Esmeros, visiblement peu content. Tu ne dois rien me cacher !
- C'était... la prêtresse Aniva ! L'une des grandes prêtresses de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, celle que j'ai combattue il y a si longtemps et qui est parvenue à repousser mon armée ! Elle est apparue devant Rain Bow pour le protéger !
- La prêtresse Aniva ? ! ! !
Ce cri a explosé comme un volcan en éruption. Le silence se fait, puis est suivi par un nouveau bruit, qui fait vibrer les ténèbres elles-même. Esmeros rit ! Il rit, d'un rire gigantesque, plein, et douloureux. Il finit par arrêter de rire et reprend la parole :
- Habiles petits vers de terre... Ils sont bien parvenus à sauver l'une des leurs, comme je l'avais toujours soupçonné. L'existence de ces Combattants de l'Arc-en-Ciel apparaît soudain sous un nouveau jour... Je n'aime pas laisser des choses en suspens ! Lotarh !
- Oui, maître Esmeros ?
- Tant que cette Aniva se mettra sur notre chemin, ma victoire sur la Confrérie de l'Arc-en-Ciel ne sera pas totale. Je ne peux pas le supporter ! Je te charge d'une nouvelle mission : capture Aniva et ramène-la moi ! Mais je la veux vivante !
- Bien maître, il en sera fait comme vous l'avez ordonné, répond Lotarh en s'inclinant.
Ses yeux se mettent à briller, puis il disparaît. Il réapparaît dans son antre de pierre, essouflé, comme après chaque entretien avec le maître Esmeros, puis s'assied sur son trône.
- Capturer Aniva vivante... Comment peut-il oser me demander cela, alors qu'elle m'a déjà humilié deux fois ? ... Oui je vais la capturer, mais je ne promets rien quant à son état...
Nous nous retrouvons dans l'entrepôt en ruines. Chacun a raconté aux autres ce qui lui est arrivé. Rain Bow a dû tout avouer, y compris ses cauchemars à moitié prémonitoires, ce qui a laissé une forte impression de malaise sur les autres Combattants. Aniva a terminé avec ce qu'elle a vu et sa décision d'intervenir malgré les risques. Au moment où elle termine, la voix de Niko se fait entendre :
- Prêtresse Aniva, Combattants de l'Arc-en-Ciel, vous m'entendez ?
- Parfaitement, dit Aniva. Comment vas-tu ?
- Je suis entier, répond Niko. J'ai eu de la chance de ne recevoir aucun débris. Votre transposition a fait quelques dégats ici.
- C'est bien ce que je craignais. Quelle est l'étendue des dégats ?
- A vue de bec, pas grand chose. Des fissures dans les murs, une console détruite, mais rien qui ne peut se réparer. Par contre, après le check-up interne, c'est moins réjouissant. Tous les systèmes fonctionnent, sauf le circuit de transposition qui a complètement grillé.
- Tu veux dire que tu ne peux plus nous transposer du tout ? demande Blue Bow.
- Exact, réplique l'oiseau. De plus, si je peux toujours vous voir sur mon écran, j'ai dû faire une dérivation de fortune pour pouvoir vous contacter. Ca tiendra pour l'instant, mais pour réparer vraiment, ça risque d'être aussi dur que le circuit de transposition. Vous êtes bloquée sur Terre pour un bon moment, prêtresse.
- Cela n'a pas d'importance. J'en avais assez de rester seule là-haut et de vous laisser prendre tous les risques, explique Aniva. C'est à mon tour de vous aider.
Tous restent sans voix devant la détermination d'Aniva. Finalement, Red Bow prend la parole :
- Il nous reste encore à trouver les otages. Niko, est-ce que tu arrives à les détecter ?
- Pas précisément, réplique ce dernier. Je détecte toutes leurs énergies, donc ils sont tous vivants, quelque part dans l'entrepôt. Mais même si la transposition de la prêtresse Aniva a brisé le champ de forces qui existait autour de l'entrepôt, il semble qu'ils soient sous un autre champ de forces qui m'empêche d'obtenir leur position. Clémence ?
- Oui Niko ?
- Ton ordinateur est toujours connecté au Q.G. Utilise-le pour essayer de détecter leur position. Vous êtes beaucoup plus proches que moi d'eux et ça devrait t'aider. Par contre, je vais être obligé de couper tous mes contacts avec vous. L'ordinateur me signale que mes réparations de fortune vont bientôt lâcher. Si je ne coupe pas, je risque de créer encore plus de dégats et de rendre le Q.G. irréparable. Je suis désolé.
- Ce n'est pas grave, dit la prêtresse. Nous comprenons parfaitement. Au revoir Niko.
- Bonne chance, dit Niko.
Ils sentent que la connexion est coupée et qu'ils se retrouvent vraiment seuls. Blue Bow fait apparaître son ordinateur et commence à l'utiliser.
- Ca marche, dit-elle sans lever les yeux de l'écran. J'ai un plan de l'entrepôt et j'arrive à détecter leurs énergies, mais de façon très imprécise. Ca va prendre un petit moment pour arriver à obtenir une position à peu près sûre.
- Dépêche-toi, dit Rain Bow d'une toute petite voix. Lotarh pourrait revenir...
- T'inquiète pas, dit Green Bow avec un grand sourire et en passant son bras autour des épaules d'Angel. Cette fois il ne nous aura pas !
- C'est vrai que nous sommes tous insensibles au Miroir de l'Ombre maintenant, dit Red Bow.
- Tous, sauf Rain Bow, corrige la prêtresse Aniva.
Angel baisse un peu la tête.
- Mais on le protègera ! s'écrie Green Bow qui décidément ne veut pas perdre sa bonne humeur.
- A ce propos, dit Blue Bow sans lever la tête de son ordinateur, Lotarh a fait plusieurs fois allusion à son "maître" pour qui il vole l'énergie. Or juste avant que vous apparaissiez, il a donné un nom à ce "maître". Il l'a appelé "maître Esmeros". Ca vous dit quelque chose, prêtresse Aniva ?
Aux mots de "maître Esmeros", Aniva est devenue blanche comme un linge, stupéfiant les Combattants de l'Arc-en-Ciel, sauf Blue Bow qui continue à taper sur son ordi jusqu'au moment où elle se rend compte du silence qui règne tout d'un coup. Elle relève la tête et est surprise aussi par le visage décomposé de la prêtresse.
- Prêtresse... Aniva... ça va ? finit par demander Aurélien.
- Je... je suis désolée d'avoir été... si brusque, continue Clémence.
Aniva a un faible sourire.
- C'est moi qui suis désolée, dit-elle doucement. J'aurais dû tout vous dire depuis le début. Mais je craignais que vous rendre compte de l'ampleur de la tâche ne vous ôte toute force.
- De quoi parlez-vous ? demande Martin.
- Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez mentionné le nom de Lotarh ?
- Oui, dit Blue Bow. Vous avez eu une réaction à peu près similaire.
- Exactement. Je vous ai raconté que j'avais combattu Lotarh dans un lointain passé, et que j'étais l'un des douze grands prêtres et grandes prêtresses qui dirigeaient la Confrérie de l'Arc-en-Ciel à cette époque.
- Vous aviez eu une drôle de réaction à ce moment, dit Martin.
- Parce que j'avais omis un détail, que je ne voulais pas divulguer, peut-être par superstition, par peur de déclencher ce qui s'est déclenché de toute façon.
- De quoi parlez-vous ?
- De la mythique fondatrice de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, véritable dirigeante de l'organisation et en même temps demi-déesse qui protégeait et chérissait la Voie Lactée de son pouvoir, de celle qui portait le titre de Reine Galactique et qui pourtant souhaitait se faire appeler simplement par son nom : Esmera.
- Esm... ? ! ! ! s'écrie Red Bow.
- Oui, Esmera, continue la prêtresse. Il y a de cela très longtemps, bien avant que la vie intelligente n'apparaisse sur Terre, la Galaxie était un chaos où la loi du plus fort régnait. Les peuples se livraient à des guerres sans merci et des planètes entières étaient détruites, pour le plus grand plaisir d'entités maléfiques qui se nourrissaient du malheur des autres. Puis un jour apparut Esmera, femme mais en même temps déesse, qui de son pouvoir et de sa bonté infinie parvint à pacifier la Voie Lactée et à repousser les entités démoniaques. Elle créa ensuite la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, dirigée par six grands prêtres et six grandes prêtresses, dans le but de maintenir cette paix. Les entités maléfiques continuaient à revenir, à recruter des personnes égarées, pour tenter de faire retomber la Galaxie dans son état primitif. Mais la puissance de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel et l'influence d'Esmera parvenaient toujours à repousser ces attaques. Un équilibre se créa, dans lequel les habitants de la Galaxie pouvaient se développer harmonieusement, malgré les attaques, rares et toujours repoussées, des entités maléfiques. Parmi elles, une entité était particulièrement active. Il se faisait appeler Esmeros et prétendait être le jumeau noir d'Esmera. C'était une créature de cauchemar, pas réellement formée de matière, mais pas vraiment spirituelle non plus. C'était un monstre qui se nourrissait des énergies de vie des êtres vivants, et qui avait donc besoin de détruire pour vivre. Il possédait le plus grand nombre de suivants de toutes les entités maléfiques, qu'il avait regroupés en une armée qu'il avait nommé la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir, dirigée par trois généraux aussi cruels les uns que les autres : Atarh, le spécialiste du Vide, Nitarh, le spécialiste de l'Ombre, et le plus puissant et le plus monstrueux d'entre tous, Lotarh, le spécialiste de la Haine. Leurs armées étaient composées de monstres, des êtres qui avaient vendu leur âme à ce diable pour un peu de pouvoir, et qui obéissaient aveuglément à Esmeros et à ses douze Sages Noirs, ses intermédiaires, car il était dangereux, même pour ses suivants, de converser avec Esmeros lui-même. Néanmoins, malgré toute cette puissance, la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, et Esmera, parvenaient à contenir les attaques de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir, jusqu'au jour où...
- Jusqu'au jour où quoi ? ! demande un Aurélien impatient, plongé dans l'histoire.
- Nul ne sait exactement ce qui s'est passé. Je parle d'un temps où je n'étais pas même née. Ce que je raconte, c'est ce que j'ai appris moi-même quand j'ai décidé de faire partie de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel. Un jour, l'impensable se produisit. Esmera disparut.
- Comment ? demande Martin.
- Je ne le sais pas. Personne ne le sait. A-t-elle été vaincue par une des entités maléfiques, ou par Esmeros lui-même ? Est-elle morte de mort naturelle ? Nul ne le sait. Toujours est-il que son influence disparut de la Galaxie. Cet événement brisa l'équilibre qui s'était crée. Les entités maléfiques eurent rapidement vent de la disparition d'Esmera et décidèrent de redoubler d'efforts pour reprendre le contrôle de la Voie Lactée. Ils finirent par s'associer tous à la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir et envoyèrent de nouvelles attaques. Au début, la Confrérie de l'Arc-en-Ciel put les repousser comme elle l'avait toujours fait, mais sans l'influence bénéfique d'Esmera, elle avait perdu beaucoup de sa puissance, et il n'existait nulle part une personne capable de reprendre le flambeau. Les attaques répétées affaiblissaient la Confrérie qui avait de plus en plus de mal à accomplir sa mission. C'est dans ce contexte que je suis née, que j'ai grandi, et que je suis finalement devenue grande prêtresse de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel. A mon époque, j'étais la plus jeune des douze, et même la plus jeune personne à être jamais devenue grand prêtre. Malheureusement, je devais aussi être la dernière à jamais devenir grand prêtre...
- Ca va ? demande Alexandra.
- Oui, ne t'inquiète pas Green Bow, répond Aniva. Après tant de temps d'amnésie, mes souvenirs sont tellement frais dans ma mémoire... Peu après que je sois devenue grande prêtresse, les entités maléfiques, Esmeros en tête, décidèrent de frapper un grand coup en envoyant toutes leurs forces dans la bataille. Ce fut un horrible massacre. Le front de bataille avançait lentement de la périphérie de la Galaxie vers l'intérieur. Des planètes entières étaient détruites, des systèmes solaires se sacrifiaient pour détruire les armées ennemies. La Confrérie de l'Arc-en-Ciel mit toutes ses forces dans la bataille. Je fus moi-même envoyée au front pour diriger nos armées. De toutes les batailles, c'étaient celles impliquant la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir qui étaient les plus meurtrières. Les trois spécialistes ne reculaient devant rien pour tout détruire, et Esmeros lui-même était présent, flottant au dessus du champ de bataille et absorbant les énergies des mourants, qu'ils fassent partie de son camp ou du camp adverse. Durant l'une des dernières batailles, j'ai été confrontée à Lotarh lui-même. Je l'ai combattu pendant que nos armées s'entre-déchiraient. J'ai finalement réussi à le repousser, et à détruire une partie de son armée, mais cela a coûté une planète entière...
Les larmes d'Aniva alertent Angel, qui essaie de réconforter la prêtresse.
- Prêtresse, si vous voulez, on peut continuer plus tard, dit-il.
- Ca va, réplique Aniva en séchant ses larmes. C'est simplement très difficile pour moi d'avoir été épargnée lors de ce sacrifice. J'ai été sauvée par la mort de millions de personnes... Après cette bataille, je fus rappelée sur Planète-Mère, la planète d'origine d'Esmera et siège de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, qui se situait en plein coeur de la Galaxie. Quand j'arrivai dans la salle de réunions solennelle, les onze autres grands prêtres et prêtresses étaient déjà là. Ils me dévisageaient en silence, ce qui me mit plutôt mal à l'aise. Ce fut notre doyen qui prit la parole. Il m'expliqua que lors de mon initiation de grande prêtresse, une chose m'avait été cachée, un secret qui ne devait m'être révélé qu'au moment opportun. Malheureusement, me dit-il, le moment était venu. Il me rappela la puissance et la bonté d'Esmera, et me révéla quelque chose que je ne savais pas : les dons de prescience d'Esmera. Esmera était capable de lire l'avenir ! C'est grâce à ses prophéties que la Confrérie de l'Arc-en-Ciel était parvenue à maintenir un semblant de paix jusqu'ici. Même disparue, Esmera continuait à nous protéger ! Quant à sa dernière prophétie, elle me concernait directement, et il était temps que j'en prenne connaissance. Le doyen fit apparaître une image au-dessus de la table. Je la reconnus tout de suite pour avoir vu cette image des milliers de fois : c'était Esmera, reconnaissable entre mille par ses yeux remplis d'amour, par ce visage reflétant une sérénité sans bornes. Mais cette fois il ne s'agissait ni d'un portrait ni d'une image statique, c'était un film holographique ! Pour la première fois, je voyais Esmera bouger, vivre, et je la vis commencer à me parler ! Je n'oublierai jamais ses mots : "Toi, jeune fille née dans une période de troubles et de violence, jeune prêtresse aux cheveux de feu et au coeur de la même couleur, toi qui porte le poids du sacrifice d'un monde, toi que je ne rencontrerai jamais, je te parle à travers les âges et je sais que tu m'entends. Je sais que la Galaxie est à feu et à sang, je sais que je ne suis plus là pour la protéger, et que ma disparition est en partie responsable de cet état. Il est malheureusement parfois impossible de contrer les voies du destin... Je sais aussi que votre combat est sans espoir, qu'il faudra sacrifier la Confrérie de l'Arc-en-Ciel et ma planète natale pour ramener la paix. Mais je sais que cela ne durera qu'un temps, et qu'il faut absolument qu'une braise du feu sacré de l'Arc-en-Ciel survive. Cette braise, c'est toi ! Tu dois quitter Planète-Mère, partir rejoindre mon ami et confident dans le sanctuaire où il dort depuis longtemps. Ce sanctuaire se situe sur le satellite d'une petite planète bleue, dans un bras situé à la périphérie de la Voie Lactée, dans un système solaire actuellement insignifiant, mais qui deviendra un jour le centre de la Galaxie. Tu dois t'y rendre et t'y endormir, car dans des éons d'ici, le mal réapparaîtra, et la paix dans la Galaxie sera de nouveau mise en péril. A ce moment, tu te réveilleras, et quand tu découvriras le danger qui guette, tu sauras quoi faire. Tu es le seul espoir de la Galaxie. Crois en toi, et tu réussiras tout ce que tu feras." (NdlA : Hé hé, maintenant, vous avez appris quelque chose. Eh oui, Aniva est rousse !)
Un silence de plomb s'est installé dans l'entrepôt. Même Blue Bow a cessé de taper sur son ordinateur de poche. La prêtresse reprend la parole.
- Peu après que le message se soit terminé, l'alarme se déclencha. Planète-Mère était attaquée ! Une porte s'ouvrit et un soldat apparut. Le doyen m'ordonna de le suivre. Il allait me conduire à un vaisseau dont le pilotage automatique était programmé pour m'amener à la base de repli, le sanctuaire dont parlait Esmera. Je voulus protester, mais les autres prêtres et prêtresses m'en empêchèrent. Le soldat me prit par le bras et me força à partir avec lui. Je n'oublierai jamais la sérénité des grands prêtres quand je les ai quittés. Je suivis le soldat dans les couloirs du siège de la Confrérie. Plusieurs fois, nous fûmes bousculés par les ondes de choc d'explosions qui se produisaient un peu partout sur Planète-Mère. Je sentais que c'étais la fin, le sacrifice qu'Esmera avait prévu. Malgré tout, mon esprit se révoltait à cette idée. Nous arrivâmes fnalement à un hangar où un vaisseau unique attendait. Le soldat m'y fit monter. Je lui demandai de me suivre mais il me sourit en me disant qu'on avait besoin de lui ailleurs. Ses yeux montraient qu'il savait qu'il allait mourir, et qu'il acceptait cette mort. Il y avait plus de sagesse dans les yeux de ce simple soldat que dans mon coeur à ce moment-là ! Je me sentais comme une petite fille capricieuse et gâtée. Je refermai la porte du vaisseau et me mis aux commandes. Rapidement, le vaisseau quitta le hangar et s'éleva dans le ciel de Planète-Mère rougi par les combats qui s'y déchainaient. J'y vis aussi une ombre noire menaçante. Esmeros lui-même ! Je parvins à m'échapper de l'atmosphère de Planète-Mère sans me faire repérer. J'enclenchai le pilote automatique et me postai à l'arrière pour voir encore un peu la planète. Soudain, une lueur gigantesque m'aveugla, puis une forte secousse ébranla le vaisseau : Planète-Mère venait d'exploser ! Elle avait explosé, emportant tout avec elle, la Confrérie de l'Arc-en-Ciel avec celle de l'Arc-en-Ciel Noir, Esmeros y compris, du moins je l'espérais. Soudain, le vaisseau se transposa dans le monde supra-luminique et je ne vis plus rien. Dans ce monde, il pouvait voyager à des vitesses gigantesques dépassant de loin celle de la lumière, ce qui me permettrait de rejoindre la base de repli en quelques jours. Mais à ce moment je ne pensais pas à ça. Je pleurais. Je pleurais la fin des milliards de gens, la destruction de l'idéal dans lequel j'avais vécu, la perte de tous mes amis les plus chers. J'ai pleuré longtemps, puis il semble que je me sois endormie. J'ai très peu de souvenirs des jours suivants, jusqu'à ce que j'arrive à la base de repli, sur la face caché du satellite naturel d'une petite planète bleue qui un jour prendrait le nom de Terre. Une fois arrivée, je découvris que tout avait déjà été préparé. Il y avait deux capsules d'hibernation, l'une vide pour moi, l'autre déjà occupée. Je découvris enfin qui était le confident d'Esmera : Niko, l'oiseau Arc-en-Ciel. L'ordinateur était prêt à me mettre en hibernation, aussi me mis-je dans ma capsule sans tarder. Je m'endormis rapidement. Vous connaissez la suite...
Le silence règne dans la salle. Les Combattants de l'Arc-en-Ciel ne savent pas quoi dire, quand on entend soudain un lent claquement de mains. Tout le monde est surpris et tressaute, et se tourne vers l'endroit d'où vient ce bruit. Deux yeux rouges apparaissent, puis sont suivis par le corps de Lotarh, qui arbore un grand sourire.
- Merci, chère prêtresse. Très charmante histoire... Je sais enfin ce qui s'est passé sur Planète-Mère. Pour compléter ton petit conte, sache que nous spécialistes n'étions pas sur Planète-Mère au moment de sa destruction. Maître Esmeros nous avait envoyés en hibernation, avec une partie de notre armée, sur une petite planète bleue que vous connaissez bien. N'est-ce pas une merveilleuse coïncidence ? !
- Grrr... vous avez tué des milliards de gens, s'insurge Martin. Tu vas me le payer !
- Parce que tu crois que tu m'impressionnes avec tes petits feux de paille ? Cette histoire aurait dû vous montrer que la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir est indestructible.
- Ce n'est pas vrai ! s'écrie Aniva. Vous avez été vaincus et vous le serez encore !
- Vaincus ? Non... juste retardés. Et comment espères-tu nous vaincre sans tes précieux petits Combattants de l'Arc-en-Ciel ? !
Les yeux de Lotarh se mettent à briller. Il fait apparaître un cristal noir en forme de pointe et le jette... sur Rain Bow !
- Non ! crie Green Bow.
Angel n'a pas le temps de réagir et ferme les yeux avant de recevoir le coup... qu'il ne reçoit pas. Le silence est grand. Rain Bow rouvre les yeux, et découvre devant lui Aniva ! Elle chancelle et tombe dans ses bras.
- Aniva ! s'écrie-t-il.
Il s'agenouille pour lui permettre de s'allonger, et découvre qu'elle a le cristal noir enfoncé en plein coeur !
- Aniva... pourquoi ? ! demande Angel avec les larmes aux yeux.
La prêtresse ouvre les yeux et regarde tendrement Rain Bow.
- Tu... tu es Rain Bow, le seul qui puisse sauver la Terre de ces monstres. J'ai accompli mon rôle en t'apportant tes pouvoirs... Ma tâche étant terminée, plus rien ne me retenait ici. Par contre, ta tâche ne fait que commencer. C'est pour ça que tu dois vivre... Ah ! ... Tu dois le faire pour moi, et pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour que la paix règne... Je suis heureuse... de t'avoir connu... adieu...
Elle referme les yeux, puis son corps se détend complètement.
- Aniva, répondez ! crie Rain Bow entre deux sanglots. Aniva, NON ! ! ! ! ! !
Avec son cri, ses cheveux se mettent à briller d'une lumière multicolore presque insoutenable. Puis son aura apparaît, et se déploie partout, grandit jusqu'à atteindre Lotarh qui est repoussé par la puissance de Rain Bow. Il tente de résister, mais la pression est trop forte.
- Qu'est-ce qui se passe ? ! s'écrie-t-il.
Il est projeté contre le mur et tombe à terre. L'aura continue à briller pendant quelques instants puis disparaît soudain. Les cheveux de Rain Bow cessent de briller et ce dernier tombe sur le sol, inanimé. Les autres Combattants se ruent vers lui.
- Rain Bow ! s'écrie Yellow Bow.
Pendant ce temps, Lotarh s'est relevé. Les Combattants se retournent vers lui.
- Vous ne perdez rien pour attendre, dit Lotarh qui passe sa main sur une égratignure à la joue. En attendant, je vais accomplir la mission que m'a confié le maître Esmeros.
Ses yeux brillent, puis il jette une boule d'énergie noire sur Aniva qui est soulevée et emmenée par Lotarh avant que le Combattants ne réagissent. Ils disparaissent tous les deux.
- Lotarh ! Aniva ! s'écrie Red Bow. Merde ! on l'a laissé s'échapper !
- Laisse, Martin, dit Blue Bow. Il y a plus important pour l'instant.
- Comment va Angel ? demande Alexandra, inquiète.
- Ca va, il est juste évanoui, répond Clémence en lui prenant le pouls. Dis-moi, Martin, est-ce que tu penses pouvoir porter Angel ?
- Angel ? bien sûr ! il est aussi léger qu'une plume ce gars-là ! Mais pourquoi tu me demandes ça ? Tu as trouvé où sont les otages ?
- Oui, ils ne sont pas loin d'ici. En plus, ils sont près de la sortie.
- Alors allons-y !
Les Combattants se relèvent pendant que Red bow charge Rain Bow sur son dos.
- Et Aniva ? demande Yellow Bow.
- Si elle est encore vivante, alors on la sauvera ! promet Martin. Et si elle est morte, alors je la vengerai de mes propres mains !
- Allons-y, dit Clémence, c'est par ici.
Elle ouvre la marche en regardant sur son ordinateur et les autres la suivent.
- Vous avez vu ce qu'a fait Angel ? demande Alex.
- Il a projeté Lotarh comme un fétu de paille, dit Clémence.
- Oui, dit Martin, il a encore augmenté ses pouvoirs, et pourtant il n'arrête pas de perdre confiance en lui.
- Souvenez-vous de ce qu'Aniva disait, continue Clémence. Elle disait que nous étions là pour protéger Rain Bow, et que protéger la Terre était sa mission exclusive. Quand je vois l'étendue de ses pouvoirs, je le crois sans peine. Je me rends aussi mieux compte de ce qu'implique notre mission...
Personne ne relève ces derniers mots. Ils ont tous le visage grave en pensant au geste d'Aniva.
Au milieu du cercle des Sages Noirs, deux yeux rouges apparaissent, suivis de leur propriétaire.
- Alors, Lotarh, commence un des Sages Noirs, as-tu accompli la mission que t'avait confiée le maître ?
- Oui, répond le spécialiste de la Haine. Voici celle qu'il voulait.
Ses yeux brillent, puis Aniva apparaît, allongée en lévitation, sans vie. Le cristal noir a disparu mais sa robe est tachée de sang. Soudain, les yeux rouges de feu d'Esmeros apparaissent loin au-dessus des Sages noirs, puis sa voix tonne avec une colère véritablement divine !
- Quoi ? ! ! ! je t'avais demandé de me la ramener vivante !
Sous les pieds de Lotarh se forme un cercle lumineux, qui émet une colonne ascendante d'une sorte de vent noir autour du spécialiste. Ce dernier se crispe et crie de douleur.
- Je... je voulais la ramener vivante, dit Lotarh avec effort. Mais cette idiote... s'est interposée... quand j'ai voulu me débarasser une bonne... ah ! ... fois pour toutes... de Rain Bow.
La colonne devient encore plus puissante. Lotarh, paralysé, est lentement soulevé.
- Te débarasser de Rain Bow, alors que tu ne m'as pas encore apporté son énergie ? ! ! ! Tu savais pourtant que je voulais l'énergie de l'Arc-en-Ciel ! Tu vas voir ce qu'il en coûte de me désobéir !
- Je... n'allais pas vous désobéir... J'aurais... pris... son énergie... avant qu'il rende son... dernier soupir... comme vous le faisiez...
A ces mots, la colonne disparaît, et Lotarh retombe, à genoux entre les Sages Noirs, à côté du corps inanimé d'Aniva. Esmeros semble réfléchir :
- Je vais te laisser une dernière chance de prendre l'énergie de Rain Bow. Mais je la veux maintenant, elle m'est nécessaire pour que mon réveil soit total ! Alors n'échoue pas cette fois ! C'est la dernière fois que je ferai preuve de pitié !
- Bien maître, je vous remercie, dit Lotarh en se relevant difficilement.
Il parvient à s'incliner, puis disparaît. Les gigantesques yeux rouges semblent contempler le corps de la prêtresse.
- J'ai enfin en ma possession la braise du feu sacré de l'Arc-en-Ciel, se dit Esmeros. Il est dommage que Lotarh l'ait abîmée. Mais peut-être pourrais-je tourner cette situation à mon avantage...
Nous nous retrouvons de nouveau dans les couloirs poussiéreux de l'entrepôt désaffecté, où les Combattants de l'Arc-en-Ciel marchent pour retrouver les otages de Lotarh.
- C'est encore loin ? demande Aurélien. Je commence à avoir mal aux pieds.
- Pff... c'est moi qui suis chargé comme un mulet et c'est lui qui se plaint, réplique Martin.
- Je croyais qu'Angel était léger comme une plume ? demande Alexandra, d'humeur taquine.
- Nous arrivons, dit Clémence qui ne relève pas les yeux de son ordi.
- Tiens, y en a un qui se réveille d'ailleurs, dit Red Bow.
En effet, Angel commence à bouger. Il finit par ouvrir les yeux.
- ... A... Aniva ?
- Calme-toi, dit Green Bow après s'être rapproché de lui. Tu crois que tu vas pouvoir tenir debout ?
- On va le savoir tout de suite, dit Martin qui semble en avoir assez de son fardeau. Allez hop !
Angel se retrouve debout. Il regarde les Combattants tour à tour puis demande :
- Aniva ? où est Aniva ? Est-ce qu'elle est... ?
- On ne sait pas, dit Clémence. Tu es parvenu à repousser Lotarh, mais il a disparu en emmenant Aniva avec lui.
- T'inquiète pas ! dit Alex avec un grand sourire. On va la retrouver !
- V'nez voir ! J'les ai tous retrouvés ! s'écrie soudain Yellow Bow, d'un endroit où le couloir fait un coude.
Tout le monde se dépêche, et en effet, après avoir passé le coude ils se retrouvent dans une grande salle au fond de laquelle sont attachées toutes les victimes du Miroir de l'Ombre, Lydia, grand-père, mademoiselle Galian, le majordome d'Aurélien, etc... Ils semblent tous sans connaissance. En voyant Lydia, Angel court vers elle, mais quelques mètres avant de l'atteindre, il y a un flash de lumière et il est projeté en arrière. Il retombe lourdement à côté des Combattants.
- Ca va Angel ? demande Green Bow en l'aidant à se relever.
- Ca va... Aïe ! répond ce dernier en amenant la main à sa tête.
- Qu'est-ce que c'est ? demande Martin à Clémence.
- Un champ de forces, répond-elle en consultant son ordinateur de poche. Il les entoure tous. Si on veut pouvoir les secourir, il va falloir le briser.
- Je m'en charge ! s'écrie Red Bow. J'ai besoin d'un peu d'action ! Boule de Feu !
Blue Bow tente de faire un geste pour l'en empêcher, mais c'est trop tard. La boule de feu fonce vers les otages, mais il y a un flash lumineux, qui prend la forme d'un dôme autour d'eux, et elle est renvoyée à l'expéditeur.
- Barrière de Vent !
Grâce à la présence d'esprit de Green Bow, le pire a été évité. Blue Bow gronde Red Bow :
- Tu sais pourtant qu'à chaque fois que tu te précipites, tu crées une catastrophe ! Il faut réfléchir et trouver le bon moyen d'agir !
- C'est inutile...
- Hein ? !
Tout le monde se retourne vers Rain Bow.
- C'est inutile, continue ce dernier. Tout est inutile. On arrivera jamais à les vaincre... J'abandonne...
- Quoi ?
- J'ai dit "j'abandonne" ! répète Angel en levant les yeux vers les Combattants. Depuis que je suis devenu Rain Bow, il n'y a eu que des souffrances. Lydia a souffert, vous avez souffert, des innocents ont souffert. J'en ai assez des souffrances ! Je ne veux plus voir de souffrances ! Je ne veux plus me battre !
Angel a dit ces derniers mots avec des larmes dans les yeux. Martin s'approche de lui. Ils se regardent un instant, puis vlan ! Martin gifle Angel tellement fort que ce dernier tombe à terre.
- ... Martin, pourquoi t'es toujours méchant comme ça ? Oh ?
En relevant les yeux, il se rend compte que des larmes coulent sur les joues de Martin.
- Tu n'as vraiment rien compris, dit ce dernier d'un ton méprisant. Quand je pense qu'Aniva s'est peut-être sacrifiée pour te sauver ! Et toi tu l'insultes en te comportant comme un lâche ! Tu ne sais donc pas que tu es le seul espoir de la Terre, le seul à pouvoir faire cesser toutes ces souffrances ? ! Nous avons tous promis à Aniva que nous te protégerions jusqu'au bout, mais je refuse de protéger un lâche et un pleurnichard ! Alors soit tu nous montres qu'Aniva ne s'est pas sacrifiée en vain, soit tu disparais, et je ne veux plus jamais te revoir ! ! !
- Martin... murmure Angel.
- Tiens tiens, y aurait-il de l'eau dans le gaz chez les Combattants de l'Arc-en-Ciel ?
Ces derniers se retournent. Lotarh apparaît entre eux et le champ de forces. Il a un grand sourire.
- Lotarh ! s'écrie Rain Bow. Où est Aniva ? !
- Elle est actuellement aux mains du maître Esmeros, répond-il. Mais si tu consens enfin à me donner ton énergie, peut-être que je te la ramènerai... elle ou son cadavre ! Ha ha ha ha ha ! ! !
- Lotarh, tu es ignoble ! dit Green Bow avec dégoût. Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ? !
- Parce que vous croyez peut-être que j'ai le choix ? ! réplique Lotarh en riant. N'oubliez pas que si votre Esmera était la reine de la Vérité, Esmeros est le roi du Mensonge ! Il nous avait promis monts et merveilles de pouvoir pour nous séduire, mais nous nous sommes retrouvés avec des miettes !
- Alors pourquoi rester ? ! s'insurge Yellow Bow.
- Il n'est pas bon désobéir au maître, regardez Atarh et Nitarh. Et puis, des miettes de pouvoir, c'est du pouvoir quand même ! Mais trève de parlotes inutiles, je suis venu pour prendre l'énergie de Rain Bow, et je compte bien y arriver cette fois.
Il sort le Miroir de l'Ombre, mais se rend compte en relevant les yeux que les Combattants de l'Arc-en-Ciel se sont interposés entre lui et sa cible.
- Je pense que tu n'as pas très bien compris, commence Red Bow. Nous sommes les Combattants de l'Arc-en-Ciel, et notre mission est de protéger Rain Bow contre toute attaque.
- Nous avons promis à la prêtresse Aniva d'accomplir cette mission au péril de nos vies, et nous comptons bien tenir cette promesse, continue Blue Bow.
- Nous avons confiance en Rain Bow. Nous mettons nos vies en jeu pour qu'il puisse protéger la Terre, ajoute Green Bow.
- Tant qu'il nous restera un souffle de vie, tu nous trouveras sur ton chemin. Jamais tu ne toucheras à un cheveu de notre ami ! ! conclue Yellow Bow.
- Vous êtes d'un ennuyeux, soupire Lotarh. Enfin...
Ses yeux se mettent à briller, puis d'un geste ample il envoie une vague d'énergie noire sur les Combattants. Ceux-ci résistent du mieux qu'ils peuvent à la vague et tentent de la repousser, mais en vain. Ils tombent l'un après l'autre, terrassés par l'attaque de Lotarh.
- Et voilà ! se complimente Lotarh devant les Combattants qui essaient de se relever sans réussir. Plus rien ne peut m'empêcher de gagner maintenant.
- N'en sois pas si sûr !
- Hein ? !
Rain Bow se relève. Ses yeux sont noirs de colère. Il avance doucement, passant à côté de chacun des Combattants, pour se retrouver finalement bien en face de Lotarh.
- Tu as blessé mes amis. Tu as fait souffrir des innocents. Pire, tu as détruit des mondes entiers ! Tu dis ne pas pouvoir faire autrement, mais en fait tu aimes ce que tu fais ! Tu es impardonnable ! Je suis le messager de l'espoir, et jusqu'à présent je n'avais pas compris ce que cela voulait dire. Mais maintenant j'ai compris. Je ne douterai plus ! Ma mission est de protéger cette planète, et je la mènerai à bien ! J'ai la confiance de mes amis, et je ne veux pas la décevoir ! Jamais, tu m'entends ? Jamais toi et ta clique ne parviendrez à vos fins, jamais ! ! !
Rain Bow met la main à son amulette.
- Et comment comptes-tu t'y prendre ? demande Lotarh. Avec ta Toile Arc-en-Ciel ? Mais tu devrais savoir que je ne suis pas un de mes soldats, tu ne risques pas de me faire quoi que ce soit avec cette attaque ridi... Hein, qu'est-ce qui se passe ? !
Lotarh a raison d'être surpris : derrière sa main, l'Amulette Arc-en-Ciel de Rain Bow s'est mise à briller de mille feux, envoyant de véritables pinceaux de lumière dans l'air. Puis cette lumière entoure sa main pendant qu'il la lève au-dessus de sa tête. Il la baisse légèrement, formant ainsi un bout d'arc-en-ciel, quand des rayons multicolores viennent la frapper, augmentant encore la concentration d'énergie. Il tend alors violemment son bras, montrant Lotarh du doigt, en hurlant : " Toile Arc-en-Ciel, action ! " La toile se déploie, emprisonnant Lotarh dont le visage devient blême.
- Je... je n'arrive pas à me libérer !
Puis du bout de son doigt, une concentration d'énergie pure se forme, qui finit par envoyer des boules d'énergie blanche vers Lotarh !
- Non, je ne veux pas finir comme ça ! Pas maintenant ! ! !
Ses yeux rouges se mettent à briller, et il parvient à disparaître peu avant que les boules d'énergie le touchent. Celles-ci continuent alors leur chemin et viennent frapper le champ de forces qui devient visible sous l'impact, mais ne résiste pas longtemps à la puissance de Rain Bow et se brise ! L'énergie de Rain Bow continue de se répandre. Nous voyons maintenant l'entrepôt de l'extérieur. De chacune de ses ouvertures une lumière blanche s'échappe. Les faisceaux de lumière gagnent en puissance. Des fissures se forment, laissant échapper encore plus d'énergie, quand toutes les lumières se rejoignent et tout devient blanc. Quand la lumière s'éteint, il ne reste plus rien de l'entrepôt désaffecté que quelques portions de murs encore debout, des poutres métalliques tordues et des gravats. Au milieu de ces ruines, Rain Bow, ses amis et les otages (dont les liens ont disparu) sont indemnes. Les Combattants se relèvent doucement tandis que les ex-otages commencent à bouger. Rain Bow se tourne vers ses amis.
- Merci, merci d'avoir cru en moi. Vous m'avez aidé à reprendre confiance en moi-même. Maintenant, je me battrai à fond. Je veux être digne de votre confiance.
- On sera toujours à tes côtés, dit Red Bow avec un grand sourire. Nous sommes tous fiers de toi.
Tous acquiescent.
- Nous sortirons Aniva de leurs griffes, puis nous les vaincrons définitivement, dit Green Bow d'un air décidé.
Angel hoche la tête. Ils se tournent vers le soleil couchant (NdlA : eh oui ! il est déjà si tard !). Chacun regarde ce soleil, symbole d'espoir, qui baigne l'endroit d'une lumière dorée, avec un air serein. Malgré la difficulté, ils savent qu'ils sont maintenant prêts à se battre jusqu'au bout. Ils ont l'espoir, et savent que ce dernier peut réaliser des miracles !
Le debriefing qui a eu lieu après ce si long combat a été presque aussi rocambolesque que le combat lui-même, et surtout un peu trop riche en émotions pour Niko. Dans le Q.G. à moitié détruit, nos amis lui ont tout raconté. Ils ont commencé par ce que leur avait dit Aniva (le nom d'Esmera a provoqué une crise de retour de souvenirs chez Niko, un peu comme le nom de Lotarh avait provoqué chez la prêtresse), puis ont dû lui expliquer ce qui lui était arrivé. Ca a été un moment très dur, mais qu'Angel a réussi à faire surmonter à Niko. Finalement, tout le monde a décidé qu'un peu de repos leur ferait du bien, et ils ont décidé de se retrouver tous ensemble le samedi suivant pour une nouvelle réunion, qu'ils espèrent plus calme. C'est ainsi qu'on retrouve Niko et Martin dans un Q.G. nettoyé, dont la console détruite a été enlevée, et les dégâts semble-t-il réparés. D'ailleurs Martin semble s'en féliciter :
- On a fait du bon travail tu ne trouves pas ?
- Oui, même si malheureusement tout n'a pas pu être réparé. Sans l'accès à la technologie de la base de la face cachée de la Lune...
- Haut les coeurs Niko ! On sauvera Aniva, je te le promets !
- Je sais, réplique Niko. Mais je suis inquiet.
- Nous aussi, dit Clémence en entrant dans le Q.G., suivie par les trois autres Combattants de l'Arc-en-Ciel. Il faut agir et la retrouver rapidement, j'ai peur pour sa vie.
- C'est de ma faute, dit Angel d'un air sombre. Je vous ai tous laissé tomber et...
- Stop ! dit Alexandra avec un grand sourire. On t'a dit de ne plus broyer du noir tu te souviens ? On a tous bien compris ce que tu avais traversé et on ne t'en veut pas. Alors cesse de te faire du souci pour ce qui est déjà derrière nous. Je suis sûre qu'Aniva serait d'accord avec moi.
Tous acquiescent, ce qui rend le sourire à Angel.
- Tiens, vous avez réparé le Q.G. ? demande Aurélien qui saute toujours du coq à l'âne.
- Oui, dit Martin. J'ai fait les gros travaux pendant que Niko et Clémence se sont occupé de l'électronique.
- On a fait ce qu'on a pu avec la technologie terrestre, continue Clémence. Le Q.G. n'a plus toutes ses capacités mais au moins il ne risque plus de griller. On n'a rien pu faire pour le système de transposition par contre.
- Et comment on va faire pour se rendre aux endroits où Lotarh va attaquer ?
- Il faudra compter de nouveau sur la chance, comme on le faisait avant d'avoir le Q.G., dit Niko. Et s'il y a vraiment urgence, il reste toujours un moyen...
- Lequel ? ! lequel ? ! demande Angel à moitié hystérique.
- Angel, calme-toi ! Je ne vous en ai jamais parlé car c'est un moyen assez dangereux. Il consiste à vous mettre en cercle et à en appeler aux pouvoirs sacrés de vos couleurs respectives. En les fusionnant, vous créez une concentration d'énergie suffisante pour faire de nombreuses choses, comme vous transposer par exemple. Cela s'appelle la "transposition Arc-en-Ciel". Mais en appeler aux pouvoirs sacrés est quelque chose de dangereux, qui peut se retourner contre vous si vous n'avez pas un assez bon contrôle. C'est pour ça que je vous conseille de ne pas y avoir recours, du moins pour l'instant.
- Et pour Aniva ? demande Alex. On ne peut pas la laisser comme ça, il faut la trouver et la sortir de là !
- Lotarh nous a dit qu'elle était aux mains d'Esmeros, dit Clémence. Cela veut dire qu'elle doit se trouver là où se terre cette monstruosité, là où se trouve la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir elle-même ! Si nous pouvions suivre Lotarh jusqu'à son repaire, nous pourrions les débusquer.
- Malheureusement, je perds toujours la trace de Lotarh quand il se transpose. Il doit suivre un chemin assez complexe pour y parvenir. Je vais utiliser toutes les ressources du Q.G. pour trouver ce chemin, c'est la seule chose à faire. Je vais programmer l'ordinateur pour qu'il suive la trace de Lotarh lors de ses apparitions, et de conserver en mémoire sa dernière position connue lorsqu'il se transpose. cela nous aidera peut-être...
Niko semble un peu abattu.
- Ca va Niko ? Tu as un problème ? demande Aurélien.
- Non, dit Niko, ça va. Ce sont juste les souvenirs d'Esmera qui me rendent nostalgique.
- C'est vrai que la prêtresse Aniva nous a dit que tu étais son confident, dit Martin. Tu sais pourquoi elle a disparu ?
- Non, pas du tout. Je ne me souviens même pas de ma mise en hibernation, bien que je sois sûr qu'Esmera était encore vivante quand c'est advenu. Ce dont je me souviens, ce sont nos promenades dans les forêts de Planète-Mère, nos discussions à batons rompus, et même parfois nos disputes, car bien qu'ayant un pouvoir gigantesque et une bonté sans limites, Esmera avait un vrai caractère de gamin.
- Tiens, ça me rappelle quelqu'un, dit Martin en regardant Angel.
- Qui ça ? demande ce dernier en regardant autour de lui.
BLONG ! (bruit de quatre personnes et un oiseau tombant par terre de surprise)
- ... Pas possible, il est pas possible, grommelle Martin en se relevant, tandis qu'Angel continue à regarder autour de lui avec un air ahuri.
Dans ce lieu fait d'ombres presque solides, organisées en filaments vibrant et pulsant, sous une forme bizarrement humanoïde et gigantesque, les douze Sages Noirs flottent en cercle, immobiles comme à l'accoûtumée. Au milieu de ce cercle, deux petits yeux rouges apparaissent, suivis d'un corps, celui de Lotarh. Celui-ci s'incline devant le Sage Noir qui se trouve en face de lui.
- Tu n'es pas parvenu à prendre l'énergie de Rain Bow ! dit un autre Sage Noir.
- Veuillez me pardonner, réplique Lotarh en se tournant vers lui. Il a augmenté son pouvoir d'une façon remarquable. J'ai dû battre en retraite, mais c'est pour mieux l'attaquer la prochaine fois.
Deux gigantesques yeux rouges apparaissent loin au-dessus de Lotarh, puis la voix écrasante d'Esmeros se fait entendre :
- Tu n'as dit cela que trop souvent, et tu as abusé de ma patience ! Je devrais te châtier pour ton incompétence, mais j'ai trouvé une meilleure punition. Je te retire ta mission ! Et je te mets sous les ordres de ma nouvelle protégée !
- Nouvelle protégée ? !
A côté de Lotarh se forme une tornade de ce qui semble être une fumée noire. Elle a une taille à peu près humaine. A l'intérieur de cette tornade, une silhouette apparaît, puis la tornade disparaît. La surprise est alors grande, pour Lotarh comme pour nous : Aniva se tient à côté de Lotarh, le regardant d'un air mauvais ! Mais est-ce bien Aniva, avec sa robe noire, ses cheveux rouges aux reflets métalliques, et ses yeux uniformément gris ? !
- Mais qu'est-ce que... ? balbutie Lotarh en se reculant doucement.
- Présente-toi, dit le maître à la nouvelle venue.
- Bien, maître Esmeros, fait cette dernière en s'inclinant. Je suis Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir et spécialiste du Mensonge !
- Mais...
- Lotarh, tu seras désormais sous ses ordres, et tu lui obéiras sans discuter ! Maintenant, tu vas lui donner le Miroir de l'Ombre, qui ne te sert plus à rien !
- Mais...
- C'est un ordre ! ! !
Ce cri a sonné comme un million de coups de tonnerre. Lotarh est presque terrassé. Il sort le Miroir de l'Ombre en tremblant, puis le remet à Aniva (NdlA : bizarre d'utiliser ce nom dans cette situation, non ?) qui l'amène contre elle, tout en continuant à regarder Lotarh avec un sourire narquois.
- Maintenant Aniva, je te charge de cette mission : retrouver Rain Bow, et me rapporter son énergie Arc-en-Ciel ! Je la veux !
- Je vous obéis, dit Aniva en s'inclinant. J'ai maintenant le seul élément qui me manquait pour mettre mon plan en marche.
- Alors va !
Une tornade noire se forme autour d'Aniva qui disparaît en quelques secondes. Lotarh la regarde partir puis se tourne vers Esmeros (si l'on peut dire).
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Ai-je besoin de me justifier devant toi ? ! résonne la voix d'Esmeros. N'oublie pas que c'est moi qui t'ai appris comment transformer les êtres vivants en soldats de mon armée ! A cause de tes agissements irréfléchis, l'Aniva que tu m'as rapportée était à l'article de la mort. Ne pouvant faire avec elle ce que j'avais prévu, j'ai décidé de changer mes plans et d'en faire une des nôtres.
- Mais ne craignez-vous pas que sa véritable personnalité reprenne le dessus ?
- Douterais-tu de mon pouvoir ? ! ! ! hurle le maître Esmeros, très en colère.
- Non, maître, dit Lotarh en s'inclinant pour bien montrer sa soumission.
- Alors laisse-moi, et tiens-toi à disposition d'Aniva ! N'oublie pas que tu lui es maintenant subordonné !
- Bien, maître.
Ses yeux se mettent à briller, puis il disparaît. Dans les ténèbres, Esmeros pense pour lui-même :
- Lotarh devient de plus en plus insubordonné et prompt à discuter mes ordres. Maintenant qu'il a retrouvé la mémoire, cela risque d'être encore pire. Je ferais mieux de m'en méfier...
Dans une ruelle vide de Paris, une petite tornade noire se forme, laissant apparaître Aniva. Celle-ci regarde autour d'elle.
- Donc voici Paris... Commençons par nous fondre dans le paysage.
Une nouvelle tornade se forme autour d'elle, et quand elle disparaît Aniva a complètement changé ! Sa robe noire est devenue un T-shirt et un pantalon noirs moulants, et ses cheveux ont repris une couleur rousse normale. Seuls ses yeux ont gardé leur forme originelle et restent uniformément gris. Avec une petite tornade dans sa main, elle fait apparaître une paire de lunettes noires qu'elle met immédiatement, puis un sac à main. elle ressemble maintenant à une star de cinéma qui voudrait aller faire ses courses incognito (NdlA : genre "Comment ? je suis partie à St-Trop' pour prendre des vacances et ces mufles de paparazzi osent encore me photographier !"). Elle a un sourire mauvais.
- Bon, maintenant, allons mettre en place le piège qui se refermera sur Rain Bow.
Elle sort de la ruelle pour se retrouver dans la foule des grands boulevards et s'y fond rapidement.
Nous retrouvons nos amis qui sortent du magasin de jouets (qui soit dit en passant est toujours fermé. Il semble que les candidats ne se bousculent pas pour y devenir vendeur). Niko est sur l'épaule d'Angel.
- Au fait, demande-t-il, comment vont les ex-otages ?
- D'après Lydia, tout le monde va bien, dit Angel. Ils sont restés en observation une demi-journée à l'hôpital, ils ont vu un psychologue, mais personne ne semble avoir de séquelles. Lydia est rentrée chez elle et reviendra à l'école lundi.
- C'est pareil pour grand-père et la copine de papa, ajoute Alexandra. Ils sont rentrés chez eux.
- Alphonse aussi, dit Aurélien avec un grand sourire. Heureusement, parce que je ne sais pas comment j'aurais fait pour dîner sans lui
- Tu serais allé au McDo, soupire Clémence. Tu préfères ça aux superbes plats mitonnés d'Alphonse de toute façon.
- C'est une bonne idée ça ! s'écrie Aurélien. Et si on allait tous au McDo ce soir ? !
- Non ! ! se met à hurler Clémence. Tu n'as pas compris que c'était un reproche que je te faisais ? !
Elle se met à le pourchasser tandis que nos trois autres compères, ainsi qu'un certain oiseau, les regardent faire, atterrés. Soudain, quelque chose attire l'attention au coin de l'oeil d'Angel. Il se tourne brusquement mais la personne a disparu dans la foule. On aurait dit une personne avec des lunettes noires et une chevelure rousse. "Non, j'ai dû rêver" se dit Angel. "Je dois trop vouloir la retrouver rapidement."
Le lendemain, nous retrouvons Angel et Lydia en train de se promener au parc. La tête d'Angel quand il regarde son amie montre qu'il est assez inquiet pour elle. Elle finit par le remarquer et lui demande d'un air amusé :
- Alors quoi ? j'ai un bouton sur le nez ?
- Euh, non ! non ! pas du tout ! s'écrie Angel en battant des bras, se sentant pris en faute.
- Ca va bien, dit Lydia, pas besoin de me regarder comme ça. Je vais bien.
- C'est ce que tu dis, mais tu admettras que c'est assez flippant ce que tu as vécu.
- C'est vrai, admet Lydia. Et pourtant je me sens parfaitement bien. Le psychologue était assez surpris. Il m'a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi on n'avait pas les symptômes normaux des ex-otages. On aurait tous dû être en état de choc. Remarque, c'est pas que je regrette de ne pas avoir les symptômes classiques, ajoute-t-elle en riant.
- Et t'as une idée de pourquoi tu te sens si bien ?
- J'sais pas... Peut-être que c'est parce que je suis restée inconsciente tout le temps. J'ai à peine aperçu cet homme bizarre avec son uniforme étrange, et tout de suite après je me suis retrouvée dans cet entrepôt en compagnie d'autres gens et des Combattants de l'Arc-en-Ciel. Pas de quoi être choquée, non ?
- En tout cas je suis content que tu ailles bien. J'étais tellement inquiet...
- Il fallait pas. T'aurais dû te douter que les Combattants de l'Arc-en-Ciel allaient intervenir. Ils sont toujours là quand il faut.
Angel ne réplique pas. Il a encore honte du comportement qu'il a eu durant cette longue bataille.
- Tiens, tu veux une glace ? demande Lydia.
- C'est une bonne idée ça ! répond Angel avec un grand sourire. Tu veux que j'aille en chercher ?
- Ah non ! c'est moi qui t'invite ! Il faut bousculer un peu les conventions ! Ne bouge pas, je vais aller voir le marchand de glaces.
- Tu veux pas que je t'accompagne ?
- Non, je veux t'offrir une glace surprise.
- OK. Mais alors reviens vite.
Lydia lui fait un clin d'oeil et s'en va pendant qu'il s'assied sur un banc. "Elle est bizarre", se dit-il. "Je me demande si elle n'a vraiment pas eu de séquelles." Mais il n'a pas le temps de réfléchir à ça car à quelques mètres devant lui passe une silhouette qui le fait presque bondir de sur son banc. C'est une femme rousse, habillée tout en noir et portant des lunettes noires, et qui ressemble à s'y méprendre à Aniva ! Il se frotte les yeux, croyant à une hallucination, mais non, la silhouette est toujours là, s'éloignant lentement. Angel veut ouvrir son communicateur mais il arrête soudain son mouvement. "Non, je dois en avoir le coeur net !" Il se lève et décide de suivre la femme à distance. Essayant de paraître le plus naturel possible (mains dans les poches et le regard vers le ciel, peut mieux faire du point de vue de la discrétion !), il la suit ainsi pendant cinq minutes, loin derrière elle, quand au détour d'un virage entre deux buissons il la perd de vue. Il regarde autour de lui, surpris, quand il entend un cri. Il court dans la direction du cri et soudain retrouve la femme, qui tient dans sa main un objet qu'il reconnaît comme étant le Miroir de l'Ombre ! Devant elle, un jeune garçon d'à peu près l'âge d'Angel est paralysé au milieu d'un cercle lumineux et est en train de se faire voler son énergie ! Tout autour, des gens courent dans tous les sens pour s'enfuir, mais la femme ne semble pas s'en préoccuper. Elle regarde le garçon d'un air dégoûté.
- Tu n'es pas celui que je cherchais, tu m'as fait perdre mon temps ! Enfin, comme je ne pensais pas réussir du premier coup, je ne suis pas déçue. Heureusement pour toi !
- Relâche-le immédiatement !
- Qui ose ? ! s'écrie la femme en se retournant.
Devant elle se dresse Rain Bow, qui la pointe du doigt avec un regard dur.
- Toi, je ne sais pas qui tu es, mais tu possèdes le Miroir de l'Ombre. Tu fais donc partie de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir. Alors prends garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !
- Rain Bow ! c'est toi que je cherchais ! dit la femme.
- Qui es-tu ? !
Elle jette ses lunettes, révélant ses yeux uniformément gris. Une tornade noire se forme autour d'elle et elle réapparaît, les cheveux rouge métallique, vêtue de sa robe noire. Angel est décontenancé par sa ressemblance avec Aniva.
- Aniva, c'est vous ?
Il commence à s'avancer vers elle mais le ton de cette dernière le fait s'arrêter.
- Quoi ? ! comment connais-tu mon nom ? ! Je suis Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir, et spécialiste du Mensonge !
- Mais...
Rain Bow n'a pas le temps de continuer sa phrase car Aniva lance une tornade noire sur lui et il se retrouve par terre, sonné.
- C'est ton énergie que j'étais venue prendre. Aussi vais-je le faire maintenant !
- Barrière de Vent !
Elle est repoussée par un mur de vent qui s'est formé entre Rain Bow et elle. Elle se retourne. Autour du garçon toujours paralysé se tiennent les Combattants de l'Arc-en-Ciel. Quand ils la voient, le choc est rude.
- Prêtresse ? ! demande Blue Bow.
- Aniva, vous êtes vivante ! dit Yellow Bow avec un grand sourire. Je suis si content !
- Silence ! s'écrie Aniva d'un ton si dur que le sourire de Yellow Bow disparaît immédiatement. Je ne vous connais pas ! Je suis Aniva, spécialiste du Mensonge, et j'ai promis au maître Esmeros de lui ramener l'énergie de l'Arc-en-Ciel. C'est ce que je compte faire ! Et si vous voulez m'en empêcher, vous allez devoir en découdre avec ma Créature du Mensonge !
Le cercle lumineux autour du garçon est remplacé par une tornade noire qui le cache complètement à la vue des Combattants de l'Arc-en-Ciel. Ils se reculent un peu, puis la tornade diminue et disparaît. A la place du jeune garçon se tient une créature à la peau métallique et aux yeux rouges, dont le vêtement semble n'être que des centaines de rubans pendant sur son corps.
- Ainsi c'était ça le secret que tu cachais et pour lequel tu disais tous ces mensonges, dit Aniva. Remarque, je te comprends : vouloir devenir costumier quand ton père te destine au métier de pompier, ce ne doit pas être facile à gérer. En tout cas, tu es très bien Rubantrex ! Maintenant, occupe-toi de ces petits Combattants de rien du tout, je n'ai pas envie de me fatiguer.
Le monstre acquiesce et se ramasse sur lui-même, puis s'ouvre complètement ! Une multitude de rubans partent dans tous les sens et attrapent les quatre Combattants, les emprisonnant et les serrant progressivement.
- J'étouffe ! parvient à articuler Green Bow.
- Ah non ! crie Rain bow. Les rubans, c'est ma spécialité ! Je n'aime pas les copieurs ! Rubans Arc-en-Ciel !
Il projette ses rubans qui parviennent à trancher les rubans de Rubantrex et libère ainsi ses amis. Le monstre semble peu apprécier ce genre de performances et se retourne vers Rain Bow en grognant.
- Eh, me regarde pas comme ça ! dit Rain Bow qui ne se sent soudain pas de taille.
Rubantrex s'apprête à charger mais Blue Bow l'en empêche.
- Ruisseau Scintillant !
Le jet d'eau frappe Rubantrex de plein fouet et l'envoie valdinguer à quelques mètres.
- Vas-y Rain Bow ! crie Blue Bow. Libère-le maintenant !
- D'accord ! Toile Arc-en-Ciel, action !
Le nouveau pouvoir de Rain Bow se met en marche. La toile emprisonne le monstre tandis que des boules d'énergie foncent sur lui et le recouvrent de leur énergie bénéfique. Il disparaît dans un hurlement qui devient un cri de soulagement :
- Je suis liiiiiibre ! ! !
Le garçon, libéré, tombe évanoui.
- Ah non ! s'écrie Aniva. D'accord, tu as gagné pour cette fois, Rain Bow de malheur. Mais ceci n'était qu'un coup d'essai. La prochaine fois, je te prendrai ton énergie, et vous ne pourrez rien faire pour m'en empêcher !
Elle disparaît dans une tornade noire qui disparaît à son tour. Il y a un silence gêné qui finit par être brisé par Red Bow :
- J'ai rêvé, ou Aniva nous a combattus ?
- Elle lui ressemble, et porte le même nom, dit Rain Bow. Mais ce n'est pas possible, elle ne ferait pas ça...
- A moins que... commence Blue Bow.
- A moins que quoi ? ! s'écrie Rain Bow en sursautant.
- Je ne sais pas trop, continue Clémence. Il faudrait mieux demander conseil à Niko.
- D'accord, dit Rain Bow, allons-y tout de suite !
- Attends, dit Red Bow, tu n'étais pas censé être avec Lydia aujourd'hui ?
- Oh merde, Lydia ! J'lai complètement oubliée ! il faut que j'y retourne ou elle va s'inquiéter. Allez voir Niko, je vous rejoindrai !
Il se met à courir tellement vite qu'il en soulève un nuage de poussière, et laisse ses amis en plan.
- Pfff... espérons simplement qu'il pensera à se changer avant de voir Lydia, soupire Red Bow. Quelle tête en l'air...
- Allez, on va voir Niko ? demande Green Bow.
- Oui, dès qu'on aura trouvé un endroit tranquille pour nous changer, acquiesce Clémence.
Dans une ruelle déserte de Paris, Aniva réapparaît dans une tornade noire, en tenue "civile" avec ses lunettes de soleil.
- Vous êtes puissants, Combattants de l'Arc-en-Ciel. Mais moi aussi. La prochaine fois sera la bonne.
- En es-tu si sûre ? demande Lotarh en apparaissant devant elle.
- Lotarh ! qu'est-ce que tu viens faire ? !
- Te demander comment avait été ta première attaque. A ce que je vois, ça n'était pas brillant.
- Comment oses-tu me critiquer, toi qui as eu plus que suffisamment de chances et n'es arrivé à rien ? !
Lotarh grimace mais ne réplique rien.
- Et n'oublie pas que tu es sous mes ordres, lui rappelle Aniva. Alors tiens-toi à ma disposition !
- Bien, prêtresse, dit Lotarh en s'inclinant, mais avec un sourire narquois.
Ses yeux se mettent à briller et il disparaît, laissant Aniva seule dans la ruelle.
Dans le Q.G., nos quatre amis finissent de raconter toute l'histoire à Niko. Celui-ci est atterré.
- Aniva... je n'arrive pas à le croire...
- Moi non plus, dit Martin. Mais elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Elle avait même son nom.
- Elle s'est nommée elle-même "spécialiste du Mensonge", dit Clémence. Mais comment... ?
A ce moment, Angel arrive.
- Salut tout le monde, fait-il d'un air grave. Tout va bien ?
- Comme tu le vois, dit Martin. Lydia n'a pas fait trop d'histoires ?
- Non. Quand je lui ai dit que les Combattants de l'Arc-en-Ciel avaient combattu dans le parc, elle en a presque oublié les deux glaces qui fondaient dans ses mains. On est finalement rentrés et je suis venu tout de suite après. Alors, c'était bien Aniva ?
- J'en ai peur, dit sombrement Niko.
Tous se tournent vers lui.
- Esmeros l'a probablement envoûtée pendant qu'elle était trop faible pour se défendre. Elle lui est maintenant dévouée corps et âme. Elle a probablement perdu tout souvenir de son passé et doit croire qu'elle a toujours fait partie de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir.
- Non, ce n'est pas vrai ! s'écrie Alex. Il doit bien y avoir un moyen de la sauver !
- Comment pourrait-on la désenvoûter ? se demande Clémence.
- P'têt en essayant de faire en sorte qu'elle retrouve la mémoire, dit Aurélien.
Tout le monde se retourne tout d'un coup vers lui.
- Heu... ça va, dit-il, gêné. C'était juste une idée en l'air.
- Mais une bonne idée, dit Niko. Si c'est vraiment Aniva, sa véritable personnalité doit être cachée quelque part. Il faudrait la faire remonter à la surface.
- Comme chez les amnésiques, en lui parlant de son passé, en la confrontant à lui ? demande Clémence.
- Peut-être, dit Niko. En attendant, vous allez devoir vous battre contre elle.
- Ca va être dur, dit Martin, mais il ne faut pas flancher. La véritable Aniva aurait voulu que nous soyons forts !
- D'accord ! acquiescent-ils tous en coeur.
"Prêtresse", pense Angel, "c'est de ma faute si vous êtes maintenant dans cette situation. Je vous sortirai de là, je vous le promets !"
Nous sommes le lundi 31 mai, dans la cantine du lycée d'Angel. Nous y retrouvons Angel justement, ainsi que Lydia et Martin en train de manger. Clémence n'est pas là ? Eh bien non. Dans une semaine c'est le baccalauréat, et les terminales ont droit à une semaine libre pour réviser chez eux, semaine dont Clémence a décidé de profiter à fond pour se préparer (NdlA : comme si elle avait du souci à se faire avec sa moyenne...). D'ailleurs nos trois amis sont en train de parler de ça.
- Vous vous rendez compte, plus qu'une semaine avant le bac, dit Lydia.
- C'est super ! s'exclame Angel, ça veut dire que les vacances d'été arrivent !
- Tu penses qu'aux vacances ou quoi ? lui reproche Martin.
- Ben quoi ? tu vas pas me dire que t'aimes pas ça ? Et puis en plus on passe tous en première, c'est pas génial ?
- C'est sûr que pour toi, c'était pas gagné d'avance, dit Martin.
- Pourquoi t'es méchant avec moi ? ! geint Angel comme un enfant, ce qui fait rire Lydia.
- Moi j'espère que ça va aller pour Clémence, dit cette dernière. Le bac S c'est pas n'importe quoi.
- T'inquiète pas, dit Martin, notre génie local va n'en faire qu'une bouchée ! Ca m'étonnerait pas qu'elle atteigne des sommets !
- C'est vrai qu'avec son niveau, on n'a pas de souci à se faire, continue Angel.
- C'est pas comme toi, assène Martin.
Le choc est rude pour Angel qui rentre la tête dans les épaules.
- Ca va aller, dit Lydia. On va bien le faire travailler en première, et il aura pas de problème.
- Merci de me remonter le moral Lydia, soupire Angel qui se sent fatigué au simple mot de travail. Autre chose, vous pensez que Clémence acceptera de faire une pause dans ses révisions samedi prochain ?
- Pourquoi ? demande Martin.
- C'est l'anniversaire d'Alexandra samedi. Je pensais qu'on pourrait lui faire une petite surprise.
- Alexandra ? la tête de linotte ? demande Lydia.
- Ca va, dit Angel, elle est gentille non ?
- On va dire ça, réplique Lydia, peu convaincue.
- Tu viendras quand même ? demande Angel.
- Bien sûr, j'ai raté l'anniversaire de Martin alors je vais faire un effort.
- J'appellerai Clémence ce soir pour savoir si elle peut se libérer, dit Martin. Et si vous voulez, on n'a qu'à se retrouver mercredi après-midi chez moi pour organiser ça. J'organise un barbecue. Je vous y invite si vous voulez. J'inviterai Aurélien aussi, histoire de le mettre au courant.
- Un barbecue ? c'est super ça ! s'écrit Angel. C'est vrai que t'habites en maison et que t'as un jardin, c'est vachement pratique !
- En contrepartie, on doit vivre en banlieue et je passe des heures dans le RER. C'est un peu cher payé je trouve.
- Te plains pas, c'est toujours mieux que vivre en appartement, dit Lydia. C'est pas demain la veille que je pourrai faire un barbecue chez mes parents.
- En fait, c'est pas vraiment moi qui l'organise. Tous les mois, l'un des joueurs de mon équipe invite tous les autres et l'entraîneur chez lui, pour un repas. Comme justement on est onze joueurs, avec l'entraîneur ça fait douze et chacun invite une fois par an. Ce mois-ci ça devait être Lucas qui devait recevoir, mais ses parents font des travaux dans leur appart. Alors je me suis proposé pour que ça ait lieu chez moi, même si c'est toujours Lucas qui organise.
- Lucas... je vois pas qui c'est, se dit Lydia.
- Il est arrivé en cours d'année, en février si je me souviens bien, explique Martin. Un vrai cadeau du ciel : il nous manquait un bon deuxième meneur de jeu, et Lucas est excellent dans ce domaine !
- Meneur de jeu ? c'est quoi ça ? demande innocemment Angel, pour qui le sport c'est souvent de l'hébreu.
De surprise, Martin et Lydia manquent de s'étouffer avec leur nourriture. Ils se mettent à tousser à mort et se ruent sur la carafe d'eau. Angel n'y comprend rien :
- Quoi ? qu'est-ce que j'ai dit ? Qu'est-ce que j'ai dit ? !
Nous nous retrouvons comme d'habitude dans ce lieu fait d'ombres filamenteuses, formant une silhouette gigantesque vaguement humanoïde. Au milieu de cette ombre, la seule source de lumière est formée par le cercle des douze Sages Noirs, et ce n'est pas le genre de lumière qui vous réchauffe le coeur. Au centre du cercle, une tornade de fumée noire se forme, puis se disperse en laissant apparaître Aniva, avec sa robe noire et ses yeux uniformément gris. Un des Sages Noirs prend la parole, l'obligeant à se tourner vers lui.
- Alors Aniva, vas-tu enfin nous exposer ton plan ?
- Oui Sages Noirs. Je voulais d'abord m'assurer de son bon fonctionnement. Le but de mon plan est de trouver derrière qui se cache Rain Bow, le démasquer, et lui voler son énergie.
- Et comment comptes-tu faire ? demande un autre Sage Noir.
- Nous connaissons déjà plusieurs choses à propos de Rain Bow, explique Aniva en se tournant vers ce Sage Noir. Nous savons qu'il s'agit d'un jeune garçon, probablement de l'âge d'aller au lycée, en seconde comme disent les humains. Cela diminue déjà énormément le champ des recherches. Nous savons aussi qu'il a un grand coeur, prêt à aider les autres, ce que le Miroir de l'Ombre reconnaît facilement. Enfin, nous savons qu'il cache sa double identité, probablement pour protéger ses amis et sa famille. Cela l'oblige à mentir souvent, au moins à chaque fois que Rain Bow apparaît quelque part. En tant que spécialiste du Mensonge, je suis capable de ressentir lorsque quelqu'un cache un lourd secret dans son coeur par des mensonges. Il me suffit maintenant de trouver des garçons qui correspondent à ces trois critères. Ceux-ci sont suffisamment sélectifs pour que peu de personnes correspondent à ces critères. Il me suffit donc de trouver ces personnes, de les surprendre et de les confronter au Miroir de l'Ombre. S'il s'agit bien de Rain Bow, j'obtiendrai l'énergie tant désirée par le maître Esmeros. Dans le cas contraire, j'obtiendrai tout de même une dose d'énergie, ainsi qu'un nouveau soldat pour notre armée. De plus, il y aura beaucoup de chances que Rain Bow intervienne, ce qui me donnera une deuxième chance de voler son énergie. Dans tous les cas, nous sommes gagnants.
- Sauf si ton monstre est vaincu !
Aniva se tourne vers l'apparition aux yeux rouges, Lotarh évidemment.
- J'ai vu comment tu t'es débrouillée pour ta première attaque, dit ce dernier. Et ce n'était pas brillant. Les Combattants de l'Arc-en-Ciel n'ont pas eu de difficultés à vaincre ton monstre.
- De quel droit me critiques-tu ainsi ? ! s'insurge Aniva. Crois-tu avoir été plus efficace que moi ? Tu as largement eu ta chance et tu l'as laissée filer, alors ne t'en prends qu'à toi-même et cesse de me critiquer à tort et à travers ! !
- Tu n'es qu'une débutante ! Comment crois-tu réussir là où nous avons échoué !
- Cela suffit ! ! ! tonne la voix explosive d'Esmeros, tandis que ses yeux gigantesques apparaissent loin au-dessus des deux spécialistes. Lotarh, tes critiques sont encore une preuve de ton insubordination à l'égard d'Aniva, et donc de ton insubordination envers moi ! ! ! J'exige que cela s'arrête ! ! ! Je t'ai ordonné d'obéir à Aniva, et j'entends que tu répondes favorablement à cet ordre ! Je te somme aussi de taire tes critiques envers Aniva. Elles sont plutôt malvenues de ta part ! N'oublie pas quelle punition je réserve à ceux qui me désobéissent !
- Oui, maître, dit Lotarh en s'inclinant, tremblant comme une feuille. Je vous obéirai sans discuter.
- Bien ! Aniva, retourne chercher une nouvelle victime. Et essaie de réussir cette fois. J'exige que me soit apportée l'énergie de Rain Bow, et je commence à perdre patience !
- Ne vous inquiétez pas, dit Aniva en s'inclinant, cette fois sera la bonne.
Une tornade noire se forme autour d'elle et elle finit par disparaître. Lotarh tente de prendre la parole :
- Maître, êtes-vous sûr que...
- Lotarh ! ! ! l'interrompt Esmeros, je t'ai ordonné de taire tes critiques ! ! ! Oserais-tu déjà me désobéir ? ! !
- Non, maître Esmeros.
- Alors disparais de ma vue, et tiens-toi à la disposition d'Aniva ! !
- Bien, maître Esmeros.
Il s'incline très bas, puis ses yeux se mettent à briller et il disparaît.
- Lotarh devient incontrôlable, pense pour elle-même l'entité qu'est le maître Esmeros. Le retour de ses souvenirs ne l'a rendu que plus méfiant, et l'obliger à collaborer avec le seul être devant qui il a jamais perdu la face, à part moi, ne fait qu'accentuer sa défiance. Il vaudrait mieux le surveiller...
C'est à ce moment que nous quittons le maître Esmeros et les douze Sages Noirs.
Mercredi après-midi, Angel et Lydia arrivent devant la maison de Martin. Il y a déjà beaucoup de monde dans le jardin à ce qu'ils voient.
- Tu vois, je t'avais dit qu'on serait les derniers si tu te dépêchais pas, reproche gentiment Lydia.
- Ca va, dit Angel, le barbecue a même pas l'air commencé.
Ils rentrent directement dans le jardin et se fraient un chemin, saluant au passage les amis basketteurs de Martin. Ils finissent par le retrouver devant le barbecue, suant à grosses gouttes pour essayer de mettre le feu au charbon de bois sans provoquer d'incendie. Il est aidé par un autre garçon pas très grand (le plus petit de l'équipe il semble, il fait à peine quelques centimètres de plus qu'Angel).
- Salut Martin, ça va ?
- Tiens, salut Angel, salut Lydia, dit Martin en relevant la tête, montrant son visage plein de charbon, ce qui fait éclater de rire Angel.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Ah, ça... Au lieu de rigoler, t'as qu'à essayer un peu de m'aider, on verra si tu es plus doué que moi.
- Surtout pas, dit Lydia. Angel avec des allumettes, c'est un danger public !
- C'est pas vrai, dit Angel, c'était un accident !
Martin les regarde avec un air surpris. Il se tourne vers l'autre garçon et lui dit :
- Je fais une pause, Lucas. Ca t'ennuie pas de me remplacer ?
- Pas du tout, répond ce dernier, vas-y.
Il prend l'alcool à brûler et les alumettes et se met au travail.
- Venez avec moi, dit Martin en se dirigeant vers la maison, je vais me passer un coup sur le visage.
- C'est lui Lucas ? demande Lydia.
- En effet.
- Il a pas vraiment la taille pour un joueur de basket, non ?
- C'est pas faux, répond Martin. Mais c'est un super meneur de jeu, et dans ce poste la taille compte moins. En fait, c'est presque un avantage de ne pas être trop grand.
- Aurélien n'est pas là ? demande Angel en rentrant dans la maison.
- Pas encore, dit Martin. Il m'a dit qu'il ne pourra pas être là avant 4 heures. D'ici là, on aura peut-être enfin réussi à faire marcher ce barbecue.
- Tu veux que je t'aide ? propose Lydia.
- Non merci, dit Martin qui arrive à la salle de bain. Lucas et moi on se débrouille bien. Par contre, après, j'aurai besoin de monde pour transporter la bouffe. La table est mise mais la viande est toujours dans le frigo.
- On t'aidera, t'inquiète pas.
- On ? se demande Angel.
- Merci, dit Martin en s'essuyant le visage. Allez, retournons voir tout le monde, ils vont se demander ce qu'on complote.
- Ton frère et ta soeur sont pas là ? demande Angel.
- Non, ils sont au centre aéré, comme tous les mercredis après-midi. Ca m'arrange, j'avais vraiment pas envie de m'occuper de ces deux petits monstres aujourd'hui.
Ils retournent dehors jusqu'au barbecue. De grandes flammes s'en dégagent.
- Ah, Martin, te voilà, dit Lucas. Ca y est, le feu a pris et j'ai rajouté du charbon. Maintenant y'a plus qu'à attendre et à surveiller.
- Je m'en occupe, dit Martin. Va te reposer un peu. Tiens, Angel, Lydia, allez à la table vous servir un verre.
- Bonne idée ! s'écrie Angel qui se rue sur la table, laissant les trois autres personnes complètement bouche bée.
La fête bat son plein. Martin, Angel et Lydia discutent à la table de la surprise qu'ils préparent à Alexandra.
- Clémence va venir aussi samedi, dit Martin. Il faut que je la rappelle ce soir pour lui dire ce qu'on a décidé.
- Je pense que le mieux serait de l'attendre chez elle samedi après-midi pour lui faire la surprise quand elle rentrera. Il suffit de s'organiser avec sa mère, dit Angel.
- C'est classique mais c'est pas mal, dit Lydia. Vous avez pensé aux cadeaux ?
- J'ai pensé qu'on pourrait tous se mettre ensemble pour lui offrir quelque chose qui lui ferait vraiment plaisir, dit Martin. Je sais pas trop quoi par contre.
- Faudra demander à Clémence, c'est elle la forte en idée du groupe, estime Angel. Au fait, on pourrait aussi inviter le frère d'Alex, non ?
- Bien sûr ! dit Martin, je pense qu'il ne raterait ça pour rien au monde. Sauf qu'on le connaît pas.
- T'as qu'à appeler la mère d'Alexandra, dit Lydia. Elle s'en occupera.
- Qu'est-ce que vous complotez tous les trois ? demande Lucas qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
- On prépare une surprise pour une copine, explique Angel. C'est son anniversaire samedi.
- C'est super ça ! Elle a de la chance d'avoir des copains comme vous. C'est pas à moi que ça arriverait ça, ajoute-t-il en murmurant si doucement que seul Martin l'entend.
- Martin nous a dit que ton appart' était en travaux, et que c'est pour ça que tu organisais la fête ici, dit Lydia.
- C'est ça oui, réplique Lucas après un moment d'hésitation.
- Tu pouvais pas simplement organiser le repas un autre jour ? demande innocemment Angel.
- Euh... non... balbutie-t-il. Mes parents font vraiment de gros travaux, ça va durer un moment. Et puis, c'est bien plus agréable dehors au soleil ! ajoute-t-il avec tant de véhémence que Martin flaire quelque chose de louche. Bon, je reviens tout de suite.
Lucas les laisse là, tandis que Martin et Lydia font une moue suspicieuse.
- Il est bizarre, dit Martin. A chaque fois qu'on parle de son appartement ou de ses parents, il se met à hésiter et à chercher ses mots. Ils sont même jamais venus le voir aux matches.
- C'est vrai que j'ai remarqué ça aussi, dit Lydia. On dirait qu'il cache quelque chose.
- Vous trouvez ? demande Angel qui n'est pas psychologue pour deux sous. Moi j'ai rien remarqué.
Affaissement d'épaules des deux côtés.
- Evidemment, toi, pour te faire remarquer quelque chose, il faut vraiment s'y prendre à l'avance ! critique Martin.
Angel hausse les épaules en faisant la moue.
Lucas s'est retranché dans un coin du jardin, tout seul. Il s'appuie sur un arbre, front contre son avant-bras. Il soupire bruyamment.
- ... Ca peut pas continuer comme ça, se dit-il. Je peux pas continuer à leur mentir ainsi...
- A ce que j'entends, je ne me suis pas trompée de cible !
Lucas se retourne brusquement, dos contre l'arbre, pour se retrouver en face d'une femme portant des lunettes noires et un ensemble noir très près du corps.
- Que... quoi ? ! balbutie-t-il.
- Je sens dans ton coeur la présence d'un grand mensonge qui empoisonne ton existence. Et pourtant tu as un grand coeur. Et tu as le bon âge. Tu es Rain Bow !
- Hein ? !
- De toute façon, c'est quelque chose de très facile à vérifier. Il suffit que tu te regardes dans le Miroir de l'Ombre !
A ces mots, Aniva sort le Miroir et Lucas y plonge son regard. Un cercle se forme à ses pieds tandis que son énergie est absorbée sous la forme d'une vapeur blanche.
- Tiens, finalement tu n'es pas Rain Bow, dit Aniva en faisant la moue. Ce n'est pas grave, tu m'as quand même donné pas mal d'énergie.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? !
Aniva se retourne. C'est un des joueurs de basket qui a crié comme ça en la voyant s'attaquer à Lucas. Le cri a ameuté tout le monde, et rapidement Aniva se retrouve face à plus d'une dizaine de personnes. Angel et Martin se regardent d'un air entendu et commencent à reculer, doucement pour ne pas alerter les autres.
- Pfff... je suppose que vous êtes ses amis, dit Aniva d'un air dégoûté. Voulez-vous savoir ce que ce garçon cachait dans son coeur ? Maintenant que j'ai pris son énergie, j'y lis comme dans un livre ouvert. Il vous a menti en vous disant qu'il ne pouvait pas organiser cette petite fête chez lui parce que ses parents faisaient des travaux. Il ne voulait pas que vous veniez chez lui car vous auriez alors découvert qu'il vivait avec son père... et le petit ami de ce dernier !
C'est le choc et la consternation parmi les joueurs. Martin en reste bouche bée, et c'est Angel qui doit le tirer dans un coin du jardin. Une fois hors de vue de tout le monde, Martin se met à grogner :
- C'était ça alors ! Il nous a menti !
- Attends un peu avant de le juger comme ça, dit Angel. Essaie de comprendre sa situation avant. Ca doit pas être facile pour lui, et vous n'avez pas forcément aidé les choses.
Martin est surpris par la maturité de ce discours dans la bouche d'Angel. Décidément, il l'étonnera toujours.
- En attendant, il faut intervenir, continue Angel.
Comme pour appuyer ses dires, des cris se font entendre de l'autre côté de la maison.
- Tu as raison, dit Martin qui sort de son étonnement. Amulette Rouge, métamorphose !
- Amulette Arc-en-Ciel, métamorphose !
Une fois transformés, ils retournent vers leurs amis. Ils sont surpris de la voir tous à terre, Lydia y compris. Aniva a enlevé ses lunettes et remis sa robe noire, tandis qu'à la place de Lucas se tient un monstre très grand et longiligne, presque squelettique, chauve à la peau bleue et aux oreilles pointues, vêtu de ce qui ressemble à s'y méprendre à un short et un maillot de basket.
- Ca suffit !
- Qui a osé ? ! crie Aniva en se retournant vers celui qui a parlé.
- Aniva, tu es notre amie, et nous ferons tout pour te sauver. Mais tant que ce démon te contrôlera, nous serons sur ton chemin pour t'empêcher de faire du mal. Prends garde, car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !
- Et moi Red Bow, le guerrier de l'espoir !
- Combattants de l'Arc-en-Ciel, ricane Aniva. Je suis contente de vous voir. J'avais peur d'avoir fait tout ce travail pour rien. Baskettrex, voici tes adversaires. A toi de gagner la partie !
A ces mots, le monstre se tourne vers les Combattants en les regardant d'un air mauvais, ce qui a tendance à faire reculer Rain Bow. Mais Red Bow n'en a cure et reste stoïque. Baskettrex avance les mains vers eux, fait apparaître une grosse boule d'énergie, de la taille d'un ballon de basket, puis la lance sur ses adversaires, qui l'évitent sans problème, Red Bow avec plus d'élégance que Rain Bow comme d'habitude.
- Le coup du monstre basketteur, on nous l'a déjà fait ! reproche Martin. J'aime pas qu'on me serve du réchauffé ! Boule de Feu !
Il lance sa boule de feu vers la créature qui réplique avec un de ses ballons de basket énergétiques. Les deux boules se rencontrent et explosent au contact l'une de l'autre, faisant tomber Red Bow et le monstre. Rain Bow s'adresse à Aniva :
- Aniva, pourquoi tu fais ça ? Rappelle-toi, tu es notre amie ! Tu m'as donné mes pouvoirs, tu as même risqué ta vie pour me sauver ! ! Me dis pas que tu as oublié ? !
Aniva le regarde. Après un moment de flottement, elle explose :
- Qui es-tu pour me parler ainsi ? ! ! Je ne te connais pas ! Tu es mon ennemi, celui à qui je dois prendre l'énergie pour la donner au maître Esmeros ! Tes mensonges ne m'atteindront pas ! Baskettrex ! ! donne-lui une bonne leçon ! ! !
Baskettrex se relève et lance une rafale de ballons d'énergie sur Rain Bow qui les évite tant bien que mal, tandis que Red Bow essaie de se relever. Soudain, un ballon plus rapide que les autres parvient à atteindre Angel qui tombe à la renverse.
- Parfait, jubile Aniva en se rapprochant. Je vais maintenant pouvoir prendre ton énergie. Je savais bien que j'y parviendrais facilement.
- Action Lumineuse !
Une boule de lumière explose, aveuglant Baskettrex et Aniva. Cette dernière recouvre rapidement la vue et découvre Yellow Bow en train de la toiser depuis la barrière du jardin.
- Je suis Yellow Bow, la lumière de l'espoir, et je n'aime pas qu'on s'attaque ainsi à mes amis. Alors va-t-en, ou prépare-toi à affronter mon courroux !
- Yellow Bow, enfin ! soupire Red Bow.
- Il est 4H, se justifie ce dernier, je suis pas en retard pour une fois. Rain Bow, continue-t-il en s'adressant à ce dernier qui vient de se relever, à toi de jouer, il est encore sonné.
- Okay ! Toile Arc-en-Ciel, action !
La toile paralyse le monstre tandis que les boules d'énergie libèrent Lucas de l'emprise du Miroir de l'Ombre.
- Je suis liiiiiiiibre ! ! !
Aniva ne peut que constater sa défaite.
- Vous êtes forts, dit-elle, je l'admets. Mais je suis loin d'avoir dit mon dernier mot. La prochaine fois, je vous aurai !
Une tornade de fumée apparaît autour d'elle et elle y disparaît. Yellow Bow rejoint ses amis.
- C'est difficile de se battre contre elle, dit-il.
- Elle a eu un instant d'hésitation quand je lui ai parlé, dit Rain Bow, j'en suis sûr !
- Tu es sûr que tu ne l'as pas imaginé ? demande Red Bow. C'est normal qu'on souhaite la sauver, mais ça ne sera pas si facile...
Les jeunes gens à terre commencent à remuer.
- Oh ! pas le temps de discuter maintenant, dit Martin. Allons nous changer chez moi.
Et ils courent se réfugier dans la maison avant que quelqu'un les voie.
La fête semble avoir repris, mais l'atmosphère semble lourde. Les gens ne parlent pas mais murmurent, même Angel et Aurélien ont un air sérieux. De plus, Martin et Lucas ne sont pas là. On les retrouve dans la chambre du premier, où une conversation sérieuse s'est engagée.
- Je te comprends pas, reproche Martin. Pourquoi nous avoir menti ?
- J'aimerais bien t'y voir, réplique Lucas au bord des larmes. Qu'est-ce que t'aurais fait dans cette situation ? J'arrive dans un nouveau lycée et dans une nouvelle équipe en cours d'année, je connais personne, et il aurait fallu que j'explique tout, que je justifie tout...
- Que tu expliques quoi ? demande Martin.
- Enfin, tu connais la situation maintenant...
- Et alors ! ton père vit avec son ami, c'est ça ?
- Oui...
- Et il est heureux ainsi ? !
- Oui...
- Et toi tu as honte de lui ?
- Mais non !
- Alors pourquoi tu te comportes comme si tu en avais honte ? !
- J'avais peur de votre réaction ! Et si vous m'aviez rejeté...
- C'est qu'on aurait pas été dignes de ton amitié ! On t'a peut-être pas aidé, t'as peut-être entendu une fois ou deux des blagues blessantes dans ton cas, mais ça n'était pas une raison pour mentir, au contraire. Tu devrais être fier de ton père et de son courage, et lui montrer que tu en as autant ! On est pas les derniers à qui tu auras affaire, et souvent tu devras assumer le fait que ton père est gay. Mais il faudra bien le faire, ou tu couperas ta famille du reste de ta vie. C'est ce que tu veux ? !
- Non !
- Alors assume ! Montre que tu es fier de ton père et que tu te fous de ce que les autres pensent ! Il y en aura toujours des cons qui utiliseront ça pour te rendre la vie difficile, mais si c'était pas ça ils auraient trouvé un autre moyen !
- Qu'est-ce que je dois faire alors ?
- Invite ton père et son copain aux matches, et avant ça reviens avec moi à la fête que tu as organisée, dit Martin avec un grand sourire et en lui tendant la main.
En voyant ce sourire, Lucas est étonné.
- Tu m'en veux pas ?
- Bien sûr que non. Personne ne va t'en vouloir. L'erreur est humaine. Tu fais partie de notre équipe quoi qu'il arrive, et jamais on te rejettera pour quelque raison que ce soit. Tu es notre ami...
A ces mots, les larmes de Lucas deviennent des larmes de joie. Il se lève et serre la main de Martin. Il vont vers la sortie puis, après une lègère hésitation de Lucas, sortent dans le jardin. Là tout le monde les regarde. Il y a d'abord un instant de silence, puis l'un des joueurs de l'équipe s'approche de Lucas en souriant et lui dit :
- Enfin là. On a besoin de ton aide, on a un problème de tactique...
Les conversations reprennent comme avant l'intervention d'Aniva. Enfin presque, car maintenant, Lucas se sent véritablement inclus dans le groupe. Le mensonge qui empoisonnait ses relations avec les autres disparu, il peut enfin leur montrer sa véritable image, et est accepté ainsi par ses amis.
Nous sommes dans la rue, où nous trouvons Alexandra en train de sautiller gaiement sur le chemin de chez elle. C'est une belle journée de juin et c'est un samedi, mais même ces deux circonstances ne suffisent pas à expliquer l'extrême gaité de cette dernière. Non, il y a autre chose qui rend Alexandra joyeuse : c'est son anniversaire aujourd'hui ! Elle revient d'un déjeuner dans un restaurant indien qu'elle a adoré, une surprise que lui ont concocté ses copines de classe. Elle arrive devant son immeuble, fait le code de l'interphone et rentre dans le couloir. Trois étages montés à pied et la voilà devant chez elle. Elle rentre avec sa clef et se retrouve dans l'appartement où elle vit avec sa mère.
- Salut M'man ! J'suis rentrée !
Pas de réponse. Alex ne s'en formalise pas. On est samedi après-midi, sa mère a dû sortir. Elle ouvre la porte du salon mais le trouve plongé dans le noir. Bizarre, pourquoi sa mère y aurait-elle fermé les volets ? Soudain la lumière se fait et tout un groupe formé d'Angel, Martin, Clémence, Aurélien, Lydia, Thomas le frère d'Alex et sa mère se lève d'un seul coup en criant :
- Surprise ! ! !
Ils se mettent à chanter "Joyeux Anniversaire" plus ou moins faux, tandis que la mère d'Alex lui apporte un gâteau surmonté de seize bougies allumées. Alex est complètement prise au dépourvu, et après un instant de surprise elle éclate de rire, si heureuse de la surprise qui lui est faite, et finalement souffle toutes les bougies de son gâteau à la fin de la chanson, sous les applaudissements nourris de ses amis.
- Merci les amis, finit-elle par dire avec un léger tremblement dans la voix, vous m'avez fait une surprise géniale !
- C'est Angel qu'il faut remercier en premier, dit Martin, c'est lui qui en a eu l'idée.
- Ca va, réplique l'intéressé en rougissant, sans vous tous j'aurais rien pu organiser.
- Et la surprise n'est pas finie ! ajoute Thomas.
- T'es là aussi ? ! dit Alex en sautant dans les bras de son frère.
- Bien sûr, répond-il en rougissant légèrement, t'es quand même ma petite soeur préférée. Allez, viens voir la surprise qu'on t'as réservée.
Il prend sa soeur par la main et la conduit dans le couloir, suivi des autres. Ils s'arrêtent devant la porte du plus grand placard de l'appartement. Alex regarde son frère d'un air interrogateur quand celui-ci ouvre la porte puis allume la lumière dans le placard. Les yeux d'Alex s'agrandissent de surprise, puis se mouillent de larmes.
- Allons... fait son frère en la prenant dans ses bras, c'est pas la peine de te mettre dans un état comme ça...
- C'est... snif... c'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait...
En effet, le placard a été transformé en studio de développement photo ! Tout y est : la lampe rouge, les bacs pour les produits chimiques et les bouteilles de produits en dessous, un fil pour accrocher les photos à sécher et l'appareil qui permet de transférer la photo de la pellicule au papier photo.
- Là il faut remercier Clémence, dit Angel. C'est elle qui en a eu l'idée et qui a réussi à organiser les choses à la dernière minute.
A ces mots, Alex saute dans les bras de Clémence qui ne sait plus où se mettre.
- Merci Clémence, c'est le plus beau cadeau qu'on pouvait me faire. T'es une vraie amie.
- Euh... bah... merci... balbutie Clémence.
- Dites les jeunes, si vous voulez manger le gâteau, il faut revenir dans le salon, dit la mère d'Alex.
- Oh oui, le gâteau ! s'écrie Aurélien qui se met à courir vers le salon, suivi bientôt par tous les autres.
Cinq minutes plus tard, tout le monde a sa part de gâteau et mange plus ou moins proprement. En effet, Angel et Aurélien semblent se livrer à un concours de goinfrerie, ce qui rend Lydia et Clémence très mal à l'aise.
- Y'en a pas un pour rattraper l'autre, soupire Lydia.
- Et encore, tu as de la chance, dit Clémence, Angel est quand même beaucoup plus supportable qu'Aurélien.
- Ca va, dit Alexandra en haussant les épaules, ils me dérangent pas moi.
- C'est vrai que pour parvenir à t'enlever ta bonne humeur, il faut y mettre le paquet ! dit Thomas en rigolant.
- Ca veut dire quoi ça ? lui demande Alex d'un ton suspicieux.
- Tiens, Thomas. Tu tombes bien, dit Lydia. Il y a quelques jours, on se disait justement qu'on te connaissait pas assez.
- C'est vrai ça, dit Clémence, ça fait bientôt trois mois que je connais Alexandra et je t'avais jamais vu auparavant.
- Eh bah... euh... balbutie Thomas en mettant la main derrière la nuque, gêné par l'intérêt que lui portent ces deux jeunes filles. C'est vrai que comme j'habite pas avec ma soeur... euh... ses copines ne me voient pas souvent.
- C'est vrai, et c'est bien dommage, dit Alex. Tu devrais venir plus souvent ici, que je puisse te présenter à toutes mes copines. Je suis sûre que tu leur plairais !
- Euh... bah... tu sais... réplique-t-il en rougissant.
- Allons, fais pas ton timide, se moque gentiment Alex en le prenant par le bras. Je suis fière de mon grand frère. Vous devinerez jamais ce qu'il fait dans la vie, ajoute-t-elle à l'attention de Lydia et Clémence.
- Non, répondent ces dernières en secouant la tête.
- Il rentre en deuxième année de médecine ! annonce-t-elle fièrement.
- Ouaah ! fait Clémence, sincèrement impressionnée. Le concours d'entrée en deuxième année de médecine est un des plus durs qui soient. Toutes mes félicitations !
- Ca alors ! tu as mes félicitations aussi, ajoute Lydia.
- Merci, dit Thomas en devenant rouge comme une tomate.
- En plus, il est arrivé deuxième à ce concours dans son université, dit Alex.
- Ca va, fait Thomas qui ne sait plus où se mettre. N'en fais pas trop, ça devient gênant. En plus, je suis pas encore médecin, loin de là. Pour l'instant, mon seul vrai boulot c'est vendre des hot-dogs et des gaufres.
- Hot-dogs ? ! s'écrie Aurélien.
- Gaufres ? ! s'écrie Angel.
Ils accourent pour se joindre à la conversation, tandis que Clémence, Lydia et Martin qui venait de rejoindre ses amis se prennent la tête entre les mains en la secouant d'incrédulité, et qu'Alex et Thomas ont un sourire gêné.
- Oui, continue Thomas qui veut sortir de cette situation embarassante. Je fais ça dans une petite fête foraine qui est là pour deux mois. Ca me fait un peu d'argent de poche. Normalement je devais travailler aujourd'hui mais pour l'anniversaire de ma soeur ils ont fait un effort. Tiens, ça me rappelle...
Il quitte soudain nos amis, surpris, pour aller dans le couloir, puis revient avec six tickets à la main. Il s'explique :
- Le gérant de la fête m'a donné ça. Ce sont des tickets réservés aux personnes de moins de seize ans. Ils donnent le droit à un tour de manège gratuit pour chaque manège de la foire, ainsi qu'un essai gratuit pour chaque loterie et autre attraction dans la fête.
- C'est génial ! ! ! hurle Angel.
- Ca vous intéresse ? demande Thomas.
- Et comment ! dit Alex qui s'empare des tickets et les distribue à ses amis pour en garder un pour elle.
- Comment est-ce qu'ils peuvent se permettre ça dans cette fête foraine ? demande Clémence.
- Le gérant nous a expliqué qu'un "bienfaiteur anonyme" a payé pour tous ces tickets. Probablement un riche amoureux des fêtes foraines qui veut en faire profiter les enfants.
- J'espère que ce "bienfaiteur anonyme" a aussi l'intention d'aider d'autres causes, dit Lydia. Si il peut se permettre une lubie pareille, il pourrait faire beaucoup de bien aux associations caritatives.
- Est-ce que les tickets donnent aussi droit aux friandises gratuites ? demande Aurélien en contemplant le sien comme un talisman protecteur.
- Non mais c'est pas vrai ! ! ! se met à lui hurler Clémence. Tu es pas capable de penser à autre chose qu'à ton estomac ? !
- C'est juste pour savoir, dit Aurélien d'un air penaud.
- Euh... non, répond Thomas, décidément troublé par le comportement des copains de sa soeur. Mais si vous venez à la roulotte où je travaille, je vous ferai un truc spécial.
- C'est super gentil ! Merci ! merci ! dit Angel avec beaucoup d'empressement.
- Ah, juste une chose, ces tickets ne sont valables que la semaine prochaine, jusqu'au dimanche.
- Oh ! je ne vais pas pouvoir y aller alors, dit Clémence. J'ai le bac la semaine prochaine.
- Pourquoi on irait pas tous ensemble samedi prochain, ou même dimanche ? demande Martin. T'as quand même pas d'épreuves la semaine d'après ?
- Si, les options, explique Clémence. Mais tu as raison, je peux bien me reposer le samedi après-midi. Je viens avec vous finalement.
- Super ! s'écrie Alex. On va aller à la foire !
Elle se met à danser de joie, suivie rapidement par Angel et Aurélien, tandis que les autres les regardent en soupirant de dépit.
Nous nous retrouvons dans ce lieu obscur, dont les ombres glaçantes forment une silhouette humanoïde déformée mais gigantesque. A peu près au centre de cette silhouette se trouve le cercle des douze Sages Noirs, ces horreurs qui parodient les douze grands prêtres de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel. Au milieu de ce cercle, une petite tornade noire se forme, puis se dissipe en laissant apparaître Aniva, dans sa robe noire et avec ses cheveux rouge métallique. L'un des Sages Noirs (naturellement pas celui qui est en face d'elle, ils n'ont pas changé leurs habitudes) s'adresse à elle, l'obligeant à se tourner vers lui.
- Cela fait deux échecs, dit-il. Qu'as-tu à dire pour ta défense ?
- Je ne cherche pas à me justifier, répond Aniva. Il semble que la tactique que j'avais choisie ne porte pas ses fruits. Je me rends compte de mon erreur. Ces Combattants de l'Arc-en-Ciel ont des ressources insoupçonnées et semblent se tirer de toutes les situations.
- Je croyais que tu ne cherchais pas à te justifier ! s'écrie un autre Sage Noir.
- Excusez-moi, dit Aniva en se tournant vers lui. Je vais réparer mon erreur.
- Et comment comptes-tu faire ? demande un troisième Sage.
- Les trois autres spécialistes ont commis l'erreur de garder la même approche alors même que celle-ci s'était avérée inefficace. Je ne ferai pas l'erreur de m'entêter. Je vais changer de tactique.
- Explique-nous cela, dit un quatrième... pff, ça devient lassant à force !
- Malgré les critères restrictifs que j'avais choisis, il semble qu'un trop grand nombre de jeunes gens correspondent à ces critères. Les tester un à un est lent et contre-productif. Aussi j'ai décidé qu'au lieu de venir à eux, ce sont eux qui viendraient à moi, et en nombre ! Ainsi, je pourrai faire ma sélection beaucoup plus rapidement.
- Et comment comptes-tu les attirer ?
- Rain Bow a la réputation d'avoir un caractère très enfantin. J'ai donc converti par le Miroir de l'Ombre le gérant d'une fête foraine, et lui ai fait distribuer des tickets gratuits réservés aux enfants de moins de seize ans. Je n'ai aucun doute que cela va attirer Rain Bow comme un aimant ! Lotarh supervise l'opération en faisant une présélection. Il a beaucoup combattu Rain Bow et je veux utiliser son expérience en plus de mes pouvoirs. Je suis ainsi pratiquement certaine d'atteindre mon but !
- Alors va ! Le maître Esmeros a faim !
- Je vous apporterai l'énergie de Rain Bow, assure Aniva en s'inclinant.
Une tornade noire entoure Aniva, puis disparaît en l'emportant avec elle. Après un fondu enchaîné, elle réapparaît dans une grande pièce, où Lotarh est assis devant une console et une dizaine d'écrans de télé, par lesquels on peut voir différentes vues sur une fête foraine. Ce dernier se retourne vers elle.
- Alors, comment cela se présente ? lui demande-t-elle.
- Très bien, répond Lotarh avec un sourire mauvais. J'ai déjà trouvé plusieurs candidats parmi les jeunes garçons qui sont venus dans cette foire.
- Parfait, samedi prochain, Rain Bow sera à nous ! ! Ah ah ah ah ah !
Pendant qu'Aniva rit de bon coeur, Lotarh pense : "ris tant que tu le peux, profite de ta position. Quand tu auras enfin pris l'énergie de Rain Bow, je te supprimerai et je reprendrai le Miroir de l'Ombre. Tu n'aurais jamais dû devenir la favorite du maître."
- Et un toast pour le futur succès de Clémence !
Nous sommes à la terrasse d'un café, où Angel et ses amis se sont réunis avant d'aller à la fête foraine. Ils sont en train de fêter (aux jus de fruits et autres sodas !) la réussite certaine de Clémence au baccalauréat.
- Attendez un peu, dit Clémence en rougissant légèrement. Il faut attendre les résultats, et je n'ai même pas encore passé les épreuves d'options.
- Sois pas modeste, dit Martin, tu es la meilleure élève de tout le lycée, et même sûrement de tout Paris ! Me dis pas que tu doutes de tes résultats ? !
- Je préfère attendre les résultats, on ne sait jamais...
Martin se rassied en soupirant.
- Bon, alors si on finissait de boire et qu'on allait tout de suite à la foire ? demande Alexandra sur un ton impatient.
- Oh oui ! oh oui ! s'écrie Aurélien.
Les autres en manquent de tomber par terre de surprise.
- Eh, qu'est-ce qu'y a ? demande Alex qui ne comprend pas leur réaction.
- Ils sont aussi impossibles l'un que l'autre, grommelle Martin. Bon, OK, on va y aller, ajoute-t-il tout haut. Mais on a tout le temps, il est que trois heures de l'après-midi.
- OK, OK... soupirent ensemble Alex et Aurélien en baissant la tête.
Nous retrouvons tout le monde à l'entrée de la fête foraine. Ils se regardent, étonnés. En effet, la foire est noire de monde, et surtout de jeunes de leur âge.
- J'l'avais dit qu'il fallait y aller tôt, reproche Alex. Si on m'avait écoutée...
- Quel monde ! Ils ont inondé Paris de leurs tickets gratuits ou quoi ? se demande Lydia.
- Ca va, on a toute la journée pour s'amuser, dit Angel. Et puis, il y a pas l'air d'y avoir tant de queue que ça aux manèges.
- Bon, on y va ? fait Aurélien.
Tous acquiescent et entrent dans la foire. Ils sont immédiatement émerveillés par toutes les attractions.
- Waouh ! eh, Lydia ! tu veux faire la maison hantée avec moi ?
- Bien sûr ! réplique-t-elle avec un grand sourire.
- Clémence, tu veux aller au grand huit ? demande Aurélien.
- Euh... c'est pas mon truc, répond-elle. Martin, tu veux faire un tour de grande roue avec moi ?
- Avec plaisir !
- T'inquiète pas Aurélien, j'vais l'faire avec toi ton tour de grand huit, dit Alexandra en riant. Eh ! et si on se retrouvait tous dans une heure devant la roulotte de mon frère ?
- Bonne idée, dit Clémence.
- OK, à tout de suite ! dit Angel en tirant Lydia par la main.
Ils se séparent donc. Nous voyons Angel et Lydia monter dans l'un des wagons de la maison hantée, qui les emporte dans cette maison bizarre d'où sortent toutes sortes de bruits étranges. Une petite minute plus tard, leur wagon réapparaît. Lydia rit de bon coeur, mais Angel est tétanisé à côté d'elle, les cheveux dressés sur la tête.
- Ils sont vraiment mal foutus leurs automates, hein Angel ?
- ... C'est fini ? demande ce dernier avec un tremblement dans la voix, ce qui fait éclater de rire Lydia.
Nous voyons ensuite Alex et Aurélien faire un tour de grand huit, puis les montagnes russes, toujours dans le premier wagon, les mains en l'air, et jouant à celui qui criera le plus fort. Ils aiment les sensations fortes !
- C'est génial ! crie Alex entre deux éclats de rire.
- Et c'est pas fini ! crie Aurélien. Regarde le manège là-bas.
- Waouh ! ! vite, allons-y ! ! !
Enfin, nous retrouvons Martin et Clémence, loin au-dessus du tumulte ambiant, seuls dans l'une des nacelles de la grande roue. Cette dernière s'arrête d'ailleurs alors qu'ils sont au sommet. Clémence soupire fortement.
- Fatiguée ? demande Martin.
- Pas trop, dit Clémence. Je suis un peu tendue, c'est tout.
- C'est le bac qui te fait ça ? Voyons, t'as pas de soucis à te faire !
- C'est pas le bac qui m'inquiète, répond-elle de manière évasive.
- Quoi alors ? demande Martin dont le sourire disparaît.
- Je trouve cette histoire de tickets gratuits bizarre.
- Comment ça ?
- As-tu remarqué que tous les jeunes ont à peu près notre âge ?
- Oui, et alors ?
- Esmeros veut l'énergie de Rain Bow. Et Aniva s'est déjà attaquée deux fois à des garçons du même âge qu'Angel...
- Tu crois que c'est un piège pour attirer Rain Bow ?
- Je ne sais pas. J'espère que non. Mais ouvrons toujours l'oeil. Après tout, c'est notre mission de protéger Angel.
- D'accord, mais j'espère que tu te fais du souci pour rien.
- Moi aussi...
L'heure est passée et nous retrouvons nos six amis devant la roulotte où Thomas travaille. D'ailleurs, il est en train de leur préparer le "truc spécial" qu'il leur avait promis.
- Et voilà ! c'est prêt ! dit soudain ce dernier d'une voix triomphante. Et c'est moi qui vous l'offre !
Il leur amène six gaufres recouvertes de chantilly mais aussi d'une poudre noire, marron et rouge.
- Qu'est-ce que c'est ? demande Angel.
- Goûtez, et je vous le dirai.
Ils prennent chacun leur gaufre, se regardent, puis mordent dedans tous en même temps. Mais tandis qu'Alexandra et Aurélien semblent très heureux du goût de leur gaufre, les quatre autres restent immobiles, ont les yeux qui s'écarquillent, les joues qui rougissent, puis après avoir difficilement avalé, ils se mettent à souffler de toutes leurs forces, comme s'ils recrachaient du feu !
- Vous aimez ? demande Thomas avec un grand sourire. Ce sont mes gaufres spéciales à la Thomas : chantilly, chocolat en poudre et cannelle.
- Et... et la poudre rouge ? parvient à demander Angel avec les larmes aux yeux.
- Ah ça ? juste un peu de paprika pour la couleur et pour relever un peu le goût.
- Super bon ! dit Alex avant de mordre un grand coup dans sa gaufre.
Aurélien acquiesce, tandis que les quatre autres tombent à terre.
- OK, j'ai peut-être un peu forcé sur le paprika cette fois-ci, avoue Thomas.
- Un peu ? se demande Martin en se relevant.
Soudain, on entend un peu plus loin des cris de joie encore plus sonores qu'ailleurs.
- Qu'est-ce que c'est ? demande Aurélien.
- Ca c'est le stand tenu par le gérant : le tir à l'arc, explique Thomas. Ceux qui parviennent à mettre trois flèches au centre de la cible gagnent un ticket pour la grande tombola de ce soir. Il y a plein de cadeaux à gagner, dont un voyage. On a déjà eu quelques gagnants cette semaine. Celui-là c'est le premier de la journée.
- Eh ! si on essayait ? ! demande Angel.
- C'est vrai qu'on peut le faire gratuitement, on a rien à perdre, dit Martin. Dommage que le tir à l'arc ne soit pas le sport où je suis le meilleur...
- Parce qu'il demande de garder son calme ? demande Clémence.
Martin a un sourire gêné.
- On y va ! s'écrie Alexandra. Merci pour la gaufre, Thomas, c'était super bon !
Aurélien remercie aussi chaleureusement, les autres un peu plus froidement. Ils se rendent au stand du gérant. Celui-ci est un quinquagénaire bedonnant qui arrangue la foule pour les faire jouer.
- Tiens, les p'tits jeunes, vous voulez essayer le tir à l'arc ?
- On vient pour ça, dit Alexandra.
- Ah, c'est la tombola qui vous intéresse, n'est-ce pas ? Et je suppose que vous avez des tickets gratuits.
- Oui ! disent-ils tous en coeur, en montrant leurs tickets.
- D'accord. Qui veut commencer alors ? demande le gérant.
- Moi, dit Martin.
- Viens donc ici, grand jeune homme.
Il l'amène devant une des cibles et commence à lui préparer un arc et des flèches. Sans transition, on voit cette même scène d'un écran de télé, derrière lequel Lotarh examine la scène.
- Tiens, ils ont tous à peu près l'âge de Rain Bow. Surveillons cela de près. Bon, j'élimine d'emblée les trois filles, il ne reste plus que les trois garçons.
- Tu as cinq flèches, dit le gérant. Si tu parviens à en mettre au moins trois au centre, tu gagnes un ticket de participation à la grande tombola de ce soir.
- C'est parti alors, dit Martin, sûr de lui.
Il met sa première flèche, vise, et après quelques secondes, lâche la corde. La flèche part se ficher en plein centre de la cible.
- Bravo mon garçon, plus que deux, dit le gérant.
- Il est doué, dit Lotarh dans sa salle. Mais il est bien trop grand pour être Rain Bow. A éliminer.
Sur un écran à côté de l'écran où on voit Martin, un autre écran montre la cible, ainsi qu'un point représentant l'endroit visé par l'archer.
- Pratiques ces flèches spéciales, dit Lotarh en mettant la main sur un joystick.
Au moment où Martin tire, Lotarh voit que sa flèche va se planter en plein milieu de la cible. Il actionne le joystick qui dévie alors légèrement la cible, trop peu pour que Martin s'en aperçoive, mais suffisamment pour que la flèche n'atteigne pas le centre.
- Dommage, dit le gérant, mais tu as encore trois possibilités. Concentre-toi.
Pour la troisième flèche, Lotarh doit encore dévier la cible. Mais pour les deux dernières, Martin perd son sang froid, se met à grogner et ne parvient plus à se concentrer. Ses flèches ratent le centre de la cible sans intervention de Lotarh.
- Dommage, dit le gérant, une sur cinq. Mais comme tu as été plutôt doué, voici un lot de consolation.
Il lui donne un Tigrou en peluche. Voir un si grand gaillard avec une peluche fait éclater de rire Lydia, suivie de près par Angel.
- Euh... merci, fait Martin, gêné.
- A qui le tour ? demande le gérant.
- A moi, dit Clémence. Ca a l'air pas mal ce jeu.
Elle prend l'arc et les flèches, tandis que le gérant enlève les flèches de Martin de la cible. Elle se concentre, mais Lotarh n'a pas à intervenir. Ses flèches sont toutes proches du centre, mais aucune ne l'atteint.
- Tant pis, soupire-t-elle. On ne peut pas être bon partout.
C'est au tour d'Aurélien. "Ce pourrait être lui", se dit Lotarh. Mais il se ravise en voyant le manque de précision d'Aurélien, qui atteint toujours la cible mais loin du centre. "Non, je ne peux quand même pas dévier autant la cible." Puis c'est au tour de Lydia, mais elle est à peine meilleure qu'Aurélien. Vient ensuite Angel.
- Vous avez un arc pour gaucher ? demande-t-il.
- Bien sûr, voilà mon garçon.
Il prend sa première flèche, mais ne parvient même pas à la faire tenir sur l'arc ! Elle tombe, et c'est Lydia qui est obligée de l'aider à tirer ses flèches. "Non, j'ai déjà vu Rain Bow maladroit, mais à ce point ça dépasse l'entendement. Eliminé", se dit Lotarh. D'ailleurs, il n'a rien à faire, seule une des cinq flèches d'Angel a atteint la cible, et encore, bien loin du centre. Ce dernier s'écarte, les épaules basses.
- C'est pas grave, dit Martin, t'es pas doué au tir à l'arc, c'est tout.
- J'suis doué dans aucun sport, soupire Angel.
C'est enfin au tour d'Alexandra de jouer. Elle prend l'arc d'un air nonchalant, puis tire une première flèche loin du centre de la cible, puis une deuxième de la même façon. Lotarh s'écarte un peu de la console.
- Aucun problème, se dit-il. Elle va s'éliminer toute seule.
Alex se retourne vers ses amis avec un grand sourire.
- Qu'est-ce qu'y a ? demande Martin.
- J'vous ai bien eus ! dit-elle avec un grand sourire.
Soudain son visage devient sérieux, elle fronce les sourcils, attrape une flèche, vise et tire, puis recommence avec les deux autres flèches avant que Lotarh ait eu le temps de faire autre chose que de se redresser sur son siège. Les trois flèches ont atteint le centre de la cible en quelques secondes ! Les amis d'Alex et le gérant en restent bouche bée.
- Je fais du tir à l'arc depuis que j'ai cinq ans, leur explique Alex. J'ai été championne régionale d'Ile-de-France il y a deux ans, mais j'ai arrêté la compétition parce que ça me prenait trop de temps sur la photographie. En tout cas j'suis contente, j'vais participer à la tombola ce soir !
Elle se retourne vers le gérant qui ne sait pas trop quoi faire. Après tout, seuls des garçons sont censés gagner. Il reçoit soudain une transmission télépathique de Lotarh : "Donne-lui un ticket de tombola. Il faut éviter de se faire remarquer."
- Alors, et mon prix ? j'ai gagné pourtant ! s'impatiente Alex.
- Euh... oui... voilà, balbutie le gérant en fouillant derrière son comptoir.
Il lui tend un billet qu'elle attrape tout de suite.
- Le tirage est à huit heures sous le chapiteau. Seuls les gagnants y sont invités, pour des raisons de sécurité.
- D'accord. Merci beaucoup !
Elle se retourne vers ses amis qui se mettent à l'applaudir de bon coeur, même Lydia qui ne s'attendait pas à cela de la part de "tête de linotte".
- Bon, on continue ? demande Lydia après avoir cessé d'applaudir. Je dois être rentrée pour sept heures ce soir.
- Tu restes pas pour la tombola ? demande Angel.
- Je peux pas, mes parents ont des invités ce soir. Il faut que je sois là avant qu'ils arrivent.
- Ah ! dommage...
- C'est pas grave, vous me raconterez, continue-t-elle avec un grand sourire.
Et tandis qu'ils repartent Lotarh les suit sur son écran de contrôle.
- Je n'aime pas qu'on me prenne par surprise, dit-il.
- Ce n'est pas grave, dit Aniva en apparaissant derrière lui. Sa présence évitera les soupçons.
- Si tu le dis, réplique-il avec les lèvres pincées.
Il est bientôt huit heures. Lydia est rentrée chez elle, ce qui fait que seuls Alexandra et les autres Combattants sont présents devant l'entrée du chapiteau monté à l'occasion de la grande tombola. Ils ont déjà croisé quelques gagnants (uniquement des garçons) entrer dans la tente, mais Alex ne s'est pas encore décidée à y entrer.
- Tu devrais y aller, dit Martin, il est bientôt l'heure. On t'attend dehors.
- D'accord, dit Alex. J'espère que ça durera pas trop longtemps. Mais quand je reviendrai, ce sera avec le voyage !
- Euh... c'est une loterie, explique Angel. Tu ne peux compter que sur la chance pour gagner.
- Et alors ? je suis tellement mignonne que je vais gagner sans problème !
BLOINK ! (bruit de quatre personnes tombant à terre de surprise)
- Euh... je ne crois pas qu'une étude scientifique ait été faite à ce propos, mais à mon avis il n'y a aucune corrélation entre la beauté physique et les chances de gagner à une tombola, dit Clémence en se relevant.
- C'est pas grave, c'est une question de confiance ! s'écrie Alex en se rendant à l'entrée du chapiteau. A tout de suite !
Elle montre son ticket gagnant au gardien devant l'entrée qui la laisse passer en lui faisant un signe de tête. Les autres Combattants la regardent partir sans trop savoir comment réagir. Alexandra passe la première entrée, puis un deuxième rideau à l'intérieur du chapiteau, pour se retrouver dans une salle où une dizaine de garçons sont déjà assis.
- Ah ! notre dernière gagnante, dit le gérant en s'approchant d'elle. Assieds-toi, le tirage ne va pas tarder.
- Merci, dit-elle avec un grand sourire en prenant une chaise.
Devant les gagnants, une machine contenant des boules numérotées est installée. Derrière cette machine se trouve un rideau, et derrière ce rideau, regardant à travers des petits trous, Lotarh et Aniva examinent les garçons choisis par Lotarh.
- Je suis sûr que l'un d'entre eux est Rain Bow. Qu'en dis-tu ?
- Je le sens, dit Aniva. Je sens que l'un d'entre eux possède un grand coeur cachant un mensonge. Je l'ai trouvé !
Dans la salle, le gérant se met à parler :
- Puisque tout le monde est là, nous allons commencer. Et pour donner le plus de chances à chacun d'entre vous, nous allons directement commencer par le tirage du voyage, qui je vous le rappelle est un voyage de quinze jours pour deux personnes dans les îles Canaries !
Murmure d'émerveillement dans la salle.
- Et c'est parti !
Le gérant appuie sur un bouton, et la boule contenant les boules numérotées se met à tourner, mélangeant ces dernières. Il maintient le suspense en lançant sur une chaîne hifi l'enregistrement d'un roulement de tambour.
- Alors, qui va gagner le voyage pour deux personnes dans les superbes îles Canaries ?
Il appuie alors sur un bouton, déclenchant l'ouverture du trou par lequel passera la boule gagnante. Une boule commence à s'y engager. Alors derrière le rideau, Aniva fait un geste rapide et le numéro sur la boule gagnante change ! Alexandra fronce les sourcils. Elle a cru voir quelque chose sur la boule, mais finalement hausse les épaules en se disant que c'était peut-être un reflet. Finalement, la boule gagnante tombe au fond d'un tube tandis que l'enregistrement s'arrête avec un bruit de symbales. Le gérant annonce :
- Et le gagnant du voyage pour deux personnes est le numéro... six !
Un garçon aux cheveux blonds coiffé un peu comme Angel se lève avec une expression de surprise.
- Mais... mais... c'est le numéro de mon ticket ! !
Les autres garçons se mettent à applaudir. Alex a une moue de désappointement, mais rapidement elle se remet à sourire et se met à applaudir aussi. Le gagnant s'approche du gérant qui lui remet une enveloppe en lui serrant la main.
- Bravo mon garçon, voilà ton superbe prix. Cette enveloppe contient les deux billets d'avion ainsi que le guide pour ton séjour.
Le jeune homme s'apprête à ouvrir l'enveloppe sous les applaudissements nourris des autres participants qui ne sont pas mauvais joueurs, quand soudain un tourbillon noir apparaît autour de l'enveloppe, la faisant disparaître. Les applaudissements cessent immédiatement, c'est la surprise dans la salle. Quand le tourbillon disparaît, un miroir a remplacé l'enveloppe : le Miroir de l'Ombre ! Le garçon n'a pas le temps de bouger. Son regard plonge dans le Miroir et il se retrouve paralysé. Un cercle se forme à ses pieds tandis que son énergie est absorbée sous la forme d'une fumée blanche. C'est la panique. Seule Alexandra, qui a compris ce qui se passait, garde son calme, et regarde autour d'elle pour trouver un moyen de s'en aller, quand elle est bousculée par un des participants, et tombe à terre près de l'entrée. Après avoir retrouvé ses esprits, elle en profite pour se glisser hors de la salle sans qu'on la remarque. Elle se relève et passe le deuxième rideau, se retrouvant devant ses amis qui l'attendaient à l'extérieur. En la voyant, Clémence comprend tout de suite que quelque chose ne va pas.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-elle.
- Le prix ! le voyage ! balbutie Alex en lui tombant dans les bras. C'était un piège !
- Trouvons un endroit pour nous transformer, dit Clémence. Ca va aller ?
- Oui, dit Alex, ils vont me le payer !
- Par ici ! dit Martin.
Il les conduit dans un coin sombre derrière le chapiteau. Là, ils décrochent leurs amulettes et les lèvent au ciel :
- Amulette Rouge, ...
- Amulette Verte, ...
- Amulette Bleue, ...
- Amulette Jaune, ...
- Amulette Arc-en-Ciel, ...
- ... métamorphose !
Dans le chapiteau, c'est la désolation. Tous les participants sont à terre, évanouis, sauf le gagnant qui est toujours paralysé au milieu du cercle de lumière. Le rideau derrière la machine est tombé, et Aniva est devant le garçon, récupérant le Miroir de l'Ombre.
- Encore raté, dit-elle. Mais quelle récolte ! ce jeune garçon contenait une gigantesque quantité d'énergie !
- Mais ce n'est pas Rain Bow ! reproche Lotarh. Tu as encore échoué !
- C'est toi qui a échoué ! réplique Aniva. Je t'avais confié la sélection des candidats, et c'est le seul que tu as choisi qui avait un grand coeur et un grand mensonge en lui ! C'est ton échec !
- Arrêtez tout de suite !
- Qui est là ? ! demandent en même temps Lotarh et Aniva en se tournant vers l'entrée.
Les Combattants de l'Arc-en-Ciel se tiennent à l'entrée.
- Utiliser la féerie de la fête foraine et l'espoir des gens pour les attirer dans un piège est tout simplement dégoûtant ! Prenez garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !
- Et moi le guerrier de l'espoir, Red Bow !
- Le défenseur de l'espoir, Green Bow !
- L'arbitre de l'espoir, Blue Bow !
- Et la lumière de l'espoir, Yellow Bow, à la rescousse !
- Ah, vous voilà ! dit Aniva. Je vous attendais. Vous allez pouvoir faire joujou avec mes Créatures du Mensonge !
A ces mots, le gérant et le garçon paralysé disparaissent dans une tornade noire. Quand celles-ci se dissipent, le gérant est devenu un monstre corpulent, dont les membres semblent faits de poutres entrecroisées, et la tête est une tête d'automate, dont seule la bouche peut bouger. Le garçon, lui, est devenu une sorte de squelette, mais dont les articulations sont visiblement mécaniques, avec des écrous visibles, un peu comme les automates des maisons hantées.
- Ah ah ah ! ! ! d'un côté nous avons Foiratrex, un homme qui n'avait pas de mensonge en lui, mais qui m'a servi pour ce piège. De l'autre nous avons Squelettrex, un garçon dont le mensonge qui alourdissait son coeur est un amour immodéré des fêtes foraines qui l'oblige à mentir constamment à ses parents à propos de ses dépenses et de ses sorties. Stupide ! enfin, ce n'est pas grave, ils seront plus utiles en soldats de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir. Foiratrex, Sqelettrex, occupez-vous d'eux, je veux pouvoir m'emparer de l'énergie de Rain Bow.
- Arrête Aniva ! s'écrie Green Bow. Rappelle-toi, Rain Bow est ton ami, nous sommes tes amis, tu ne voudrais pas nous attaquer tout de même ?
- Vous avez bientôt fini avec vos mensonges ? ! ! hurle Aniva. Foiratrex, Squelettrex, qu'est-ce que vous attendez ? !
A ces mots, Foiratrex prend une énorme inspiration, puis souffle fortement une énergie qui semble prendre la forme d'un wagon de montagnes russes. Les Combattants sautent hors de portée du wagon, et ont bien fait, car ce dernier explose quand il arrive là où ils se tenaient. C'est au tour de Squelettrex qui fait apparaître une dizaine d'os tournoyants et les envoie vers les Combattants.
- Barrière de Vent !
Un mur de vent se forme devant les Combattants pour les protéger. Les os tournoyants le frappent et explosent. Mais leur puissance a été telle que le mur de vent disparaît et que Green Bow met un genou à terre, essoufflée.
- Ca va ? ! demande Blue Bow.
- Ils sont forts, dit Green Bow. Non, pas encore ! Barrière de Vent !
Foiratrex vient de lancer un autre de ses wagons d'énergie, qui explose en touchant le mur de vent. Mais l'explosion est si forte qu'elle se répercute sur Green Bow qui tombe à terre, sonnée.
- Green Bow ! s'écrie Clémence qui s'agenouille vers elle et la prend dans ses bras. Green Bow, ça va ? Réponds !
- Ca va, répond faiblement Alex en ouvrant les yeux. Tant que vous n'êtes pas blessés, tout va bien...
- Pfff... quelle idiote ! rit Aniva. Protéger d'autres gens au péril de sa vie, quelle stupidité !
- Ca n'a rien de stupide ! lui crie Blue Bow en la regardant avec des yeux noirs de colère. C'est la force de notre amitié, qui fait que n'importe lequel d'entre nous serait prêt à se sacrifier pour protéger les autres ! C'est cette force de l'amitié qui a fait que toi-même, tu t'es sacrifiée pour sauver Rain Bow. Ne me dis pas que tu as oublié ça ? !
Le visage d'Aniva a changé d'expression. Le sourire a fait place à l'étonnement, puis une expression de compréhension. Lotarh s'en est aperçu et se met à crier :
- Tais-toi ! N'essaie pas de nous embrouiller avec tes histoires !
Le visage d'Aniva reprend son expression dure.
- Il a raison, je ne vous écouterai pas ! Foiratrex, Squelettrex, terminez votre travail !
- Pas question ! s'écrie Red Bow. Boule de Feu !
La boule de feu atteint Foiratrex avant qu'il puisse prendre une grande inspiration. Elle le frappe durement et il tombe à terre, sérieusement amoché. Squelettrex fait apparaître des os tournoyants mais Blue Bow ne l'entend pas de cette manière.
- Ruisseau Scintillant !
Le jet d'eau frappe les os qui explosent, projetant Squelettrex contre Foiratrex.
- A toi de jouer, Rain Bow ! crie Clémence.
- Tout de suite ! Toile Arc-en-Ciel, action !
Les deux monstres sont emprisonnés dans la Toile Arc-en-Ciel et les boules d'énergie leur rendent leur forme humaine :
- Nous sommes... liiiiiibres ! ! !
Le gérant et le garçon tombent à terre, évanouis.
- Merde ! vous avez encore gagné, mais on se retrouvera ! Viens, Lotarh, on s'en va !
Une tornade noire apparaît autour d'Aniva tandis que les yeux de Lotarh s'illuminent, et ils disparaissent tous les deux. Il y a un instant de silence, jusqu'au moment où Green Bow commence à se relever, la main à la tête.
- Ouille ouille ouille ! ! prononce-t-elle.
- Ca va Alex ? ! demandent les autres Combattants en même temps.
- Oui, répond-elle, enfin debout. Mais si vous avez une aspirine, je vous serai très reconnaissante.
- On va te trouver ça, dit Clémence, soulagée. En attendant, sortons d'ici.
Tous acquiescent, et quittent le chapiteau pendant que tout le monde commence à se réveiller.
Nous retrouvons nos amis en civil, à la sortie de la foire.
- Aniva a réagi à tes paroles, dit Martin à Clémence. Si Lotarh n'était pas intervenu, Aniva aurait peut-être retrouvé la mémoire.
- Est-ce que ça veut dire qu'il y a un espoir de la sauver ? demande Angel.
- Oui, maintenant j'en suis sûre, dit Clémence d'un air décidé. Il faut juste trouver un moyen de lui donner un choc suffisamment fort pour vaincre le sortilège dont elle est victime.
- Tu as une idée du choc qu'il faudrait ? demande Martin.
- ... Non, dit Clémence après une petite hésitation.
- En tous cas, moi, je regrette qu'une chose, dit Alex.
- Quoi ?
- C'est dommage que la tombola n'ait été qu'un piège. Même si j'avais pas gagné le voyage, j'aurais pu avoir un beau prix quand même !
Les quatre autres jeunes gens tombent à terre de surprise, tandis qu'Alex les regarde sans comprendre, avec un grand sourire.
- Elle est folle, grommelle Martin en se relevant.
La conversation repart sur des sujets moins sérieux, tandis que Clémence reste pensive : "un choc suffisamment fort... non, j'espère qu'il ne faudra pas en arriver là..."