- Salut Damien, dit Philippe quand j’entre chez lui.

- Salut Philippe, réponds-je. Comment ça va ?

- Bien, bien. Le labo marche bien et la vie suit son cours. Rien de très excitant. Et toi ?

- Moi, ce serait plutôt le contraire. Depuis un an, je suis constamment sur les nerfs.

- Toujours cette affaire, hein ? Ca fait bien deux mois que je n’ai pas eu de nouvelles. Il y a du nouveau ?

- En effet, dis-je. Tu as du temps devant toi ?

- J’ai libéré mon après-midi. J’ai tout mon temps.

- Okay. Alors voilà…

Je lui raconte les derniers événements, chez Maya, à PC, jusqu’à l’arrivée du petit Pélops. Quand j’ai fini, Philippe reste silencieux pendant quelques instants.

- … J’ai du mal à te croire, finit-il par dire.

- Je m’en doute, répliqué-je. Mais tu sais bien que je ne suis pas du genre à inventer ce genre d’histoires. Mon boulot, c’est de les résoudre, pas de les inventer.

- Je sais. Mais je suis un scientifique avant tout, et il est assez difficile de se défaire de son matérialisme scientifique, même quand on a les preuves devant soi.

- Tu parles de la poudre noire ?

- Exactement. J’ai eu beaucoup de boulot ces six derniers mois. J’ai donc eu assez peu de temps pour m’occuper d’étudier la poudre noire. J’ai quand même découvert quelques choses.

- Raconte…

- C’est pas grand chose, mais c’est déjà pas mal, vu l’étrangeté de cette matière. Les propriétés de cette poudre sont assez contradictoires. Elle paraît noire, mais tu as vu comme moi qu’elle était totalement transparente aux UV et à la lumière visible. En fait, en refaisant des spectres infrarouges, UV-visible, rayons X et autres, j’ai découvert que cette poudre noire est totalement transparente à tout rayonnement électromagnétique. Elle ne se dissout dans aucun solvant et est complètement inerte du point de vue chimique. Impossible de trouver sa composition. J’ai essayé d’étudier les grains au microscope optique, puis électronique, mais je n’ai rien trouvé, si ce n’est que ses grains sont extrêmement fins. Sa granulométrie est de l’ordre de la dizaine de nanomètres. Mais à part le fait d’être solide et de se présenter sous forme de poudre…

- Et sa réaction à la chaleur ?

- J’ai essayé de l’étudier, mais la seule chose que je suis arrivé à faire, c’est à casser plusieurs thermocouples, fours et autres supports. Quand on expose cette poudre à une chaleur quelconque, que ce soit une flamme, une résistance chauffante ou un souffle brûlant, la réponse est la même : glaciation totale de l’environnement de la poudre, tandis que la poudre elle-même n’a aucune réaction.

- Tu veux dire que la poudre elle-même n’a pas de réaction, c’est ce qu’il y a autour d’elle qui gèle ?

- Exactement ! Tout cela est en contradiction avec le principe de causalité je sais, mais au point où on en est… Cette poudre noire viole tous les principes de la physique et de la chimie modernes.

- Est-ce que tu as étudié sa réaction à la voix ? lui demandé-je.

- A la voix ? ! s’écrie Philippe.

- Bah oui, rappelle-toi ce que je t’ai dit. L’homme au tatouage utilisait de la poudre noire dans une fiole. En utilisant la signature de l’Entité Noire, même incomplète, il est parvenu à créer quelque chose de liquide et de semi-vivant à partir de poudre noire. Avec un simple mot et en jetant de la poudre noire sur un mur, il a pu le traverser. Cette poudre n’est pas aussi inerte que ça.

- En tout cas, elle est inerte du point de vue physique.

- Mais vu tes résultats, je crois que le point de vue physique n’est pas le meilleur à employer dans ce cas-ci.

- Et qu’est-ce que tu veux faire alors ? T’asseoir devant un flacon de poudre noire et lui demander comment il va ?

- Pas exactement. Tu as l’échantillon de poudre noire que je t’avais donné ?

- Toujours, répond Philippe. J’ai toujours tout récupéré après mes expériences, rien que pour essayer de savoir si j’avais pu en détruire un peu au moins. Mais comme je ne peux pas la peser, j’ai toujours dû faire ça à l’œil. En tout cas, à mon avis, aucun traitement que je lui ai fait subir n’a eu d’effet. J’ai toujours récupéré la même quantité que j’avais au départ, du moins à vue de nez.

- Tu l’as ici ou à ton labo ?

- Il est en sécurité au labo, dans un coffre dans mon bureau. Si tu veux vraiment, on ira au labo ce soir, quand les autres laborantins seront partis, me propose-t-il.

- Si ça ne te dérange pas, je veux bien.

- C’est décidé alors. En attendant, tu es mon invité cet après-midi, et tu restes manger chez moi !

 

 Nous arrivons enfin dans le bureau de Philippe. Il est 22h. Il est tard, mais au moins il n’y a personne d’autre que nous dans ce labo (à part le gardien, mais il dormait quand nous sommes passés par la porte. Heureusement que le système d’alarme est du dernier cri car ce gardien n’est pas très efficace !).

- Assieds-toi, me dit Philippe. Je vais chercher le flacon de poudre noire.

- J’attends, dis-je en m’asseyant sur la chaise la plus proche.

Philippe disparaît dans une pièce juste à côté et revient au bout de deux minutes avec un flacon à la main. Il le pose sur un coin de son bureau.

- Voilà, me dit-il. C’est la poudre noire que tu m’as donnée. Maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? Lui parler ?

- Pas vraiment, dis-je. Je vais essayer quelques mots pour voir sa réaction.

- Pourquoi ne pas carrément dire toute la signature de cette Entité Noire ?

- Ca va pas ? ! Tu n’as pas vu ce qu’on a dû combattre ! La chose que nous avons combattu n’était pas terminée et pourtant il a fallu s’y mettre à trois pour la vaincre. Je n’ose pas imaginer ce que ç’aurait été si la formule avait été dite complètement !

- Tu as raison, excuse-moi. Je n’y avais pas pensé comme ça.

- Non, je vais simplement dire deux ou trois mots de la signature de l’Entité Noire, mais dans le désordre. Ca devrait faire un effet, mais pas quelque chose de dangereux. En attendant, je préférerais que tu t’éloignes, on ne sait jamais.

- D’accord, dit-il.

Il va s’asseoir dans un des fauteuils situés derrière moi. Je regarde un peu cette poudre noire en silence. Elle n’a vraiment rien de particulier, elle ressemble un peu à de la suie, ou des cendres broyées. Mais j’ai vu ce qu’il était possible de faire avec elle. J’ai vu sa réaction à la chaleur. Il faut que je reste sur mes gardes. Bon, il faut quand même que j’essaie. Quel mot vais-je utiliser ? Si j’emploie le premier de la formule, je risque de provoquer le début d’un processus. Je n’ai qu’à utiliser un mot au milieu de la formule, c’est là que je risque le moins de choses. Alors, doucement, encore un peu hésitant, je dis à voix haute :

- Geb

La poudre noire a bougé ! Elle s’est soulevée de quelques centimètres dans le flacon avant de retomber ! Philippe s’est levé sous l’effet de la surprise.

- Tu… tu as vu ? me demande-t-il.

- Bien sûr que j’ai vu, dis-je en essayant de ralentir les battements de mon cœur. C’est pire que je le pensais. Cette poudre noire a beau être totalement inerte physiquement et chimiquement, elle est extrêmement réactive " magiquement ". Le mot que j’ai utilisé se trouvait au milieu de la signature de l’Entité Noire. Normalement, il n’aurait dû y avoir aucune réaction.

- Qu’est-ce que ça veut dire ?

- Que cette poudre est une sorte d’amplificateur. Elle est à la fois le support de formules magiques et un amplificateur qui augmente leur effet. Reste à savoir une chose. Je vais essayer autre chose. Sheliman

La poudre noire se met à tournoyer dans le flacon, sans pour autant déborder, puis semble s’éclaircir… Oui, elle vire au gris sombre, puis au gris de plus en plus clair, quand soudain elle semble exploser, sort du flacon et retombe dedans, tandis que le souffle de l’explosion me renverse et fait tomber ma chaise. Philippe a couru à moi pour m’aider à me relever.

- Ca va ? me demande-t-il.

- Pas de problèmes, dis-je. J’ai juste été soufflé par l’explosion.

En me relevant, je regarde le flacon. La poudre a repris sa couleur noire. Et le plus étrange dans tout ça, c’est qu’il semble ne pas y avoir un grain de poudre noire qui soit tombé à côté du flacon ! Tout est retourné dedans !

- Remets le flacon dans ton coffre, dis-je. J’ai vu ce que je voulais voir.

- Vraiment ? mais…

- Fais-moi confiance, dis-je. Je sais maintenant ce qu’il y a à savoir sur cette poudre noire. Maintenant, il faut que je voie Christophe. Le livre qu’il essaie de déchiffrer devrait m’apporter une aide précieuse. Quant à toi, fais bien attention que personne ne réussisse à atteindre la poudre noire à part toi. C’est une arme dangereuse.

- Ne t’inquiète pas. Après ce que j’ai vu, je vais redoubler de vigilance. Bon, je range ce flacon et je te ramène chez toi. Attends-moi un instant.

Philippe retourne dans la pièce d’à côté pendant que je réfléchis au livre. Pourvu que Christophe parvienne à le déchiffrer.

 

 Allô ? dit une voix ensommeillée.

- Christophe, c’est toi ? demandé-je à la voix au téléphone.

- C’est moi… Qui est là ?

- Damien.

- Damien ? ! crie la voix un peu plus réveillée. Mais, il est six heures du matin et on est samedi ! Pourquoi tu m’appelles comme ça ?

- Je sais qu’il est un peu tôt mais je n’arrivais pas à dormir. J’ai besoin de te voir tout de suite mais j’ai préféré t’appeler avant pour te réveiller. Je suis désolé, mais quand je t’aurai expliqué ce que j’ai fait hier soir, tu comprendras tout de suite.

- Bon, si tu penses que c’est si important, je t’attends. Tu en as pour combien de temps à venir ici ?

- Une demi-heure, dis-je, si je pars tout de suite. J’arrive.

- D’accord, dit la voix en baillant. A tout de suite.

- A tout de suite.

Je raccroche. Je déteste faire ça mais je ne pouvais pas dormir. J’ai un mauvais pressentiment. Pélops ne semble pas en être affecté. Il dort, enroulé en boule sur mon lit. Il a un peu grandi mais c’est encore un chaton. Je le caresse. Il ouvre un peu les yeux, me regarde, puis doit penser que son sommeil est plus important et les referme en se remettant en position de sommeil. Je mets mes chaussures et mon manteau et je pars de chez moi.

 J’arrive enfin devant sa porte. Je frappe et Christophe m’ouvre rapidement. Il n’a pas l’air si fatigué que ça.

- Entre, dit-il. Assieds-toi.

J’arrive dans la chambre et m’assieds sur le canapé. Il prend une chaise et s’assied devant moi.

- Alors Damien. Qu’est-ce qui t’amène de si bon matin ?

- Voilà, dis-je…

Je lui raconte ce qui est arrivé dans le labo de Philippe. Il n’a pas l’air autrement surpris.

- Ca concorde, finit-il par dire.

- Ca concorde avec quoi ? demandé-je.

- Ca concorde avec ce que j’ai lu dans le livre.

- Le livre ! tu as réussi à traduire le livre ? !

- Je commence, dit-il.

Il se lève, va ouvrir un tiroir et sort le fameux livre, ce livre impossible, datant d’avant la naissance de l’écriture et pourtant en si bon état. Il vient s’asseoir à côté de moi puis ouvre le livre.

- Regarde, dit-il. Qu’est-ce que tu vois ?

Je regarde la page qu’il me montre. Je ne vois qu’un charabia de symboles incompréhensibles, avec de temps en temps quelques symboles connus, surtout planétaires ou zodiacaux.

- Pareil que quand je l’avais feuilleté la première fois, dis-je. Quelques symboles planétaires noyés dans un magma incompréhensible.

- Ca m’a fait pareil au début. J’ai cherché des informations sur les différentes écritures connues sur le Web, mais je n’ai rien trouvé qui corresponde à ce qu’on avait dans ce livre. Il y avait quand même quelque chose qui clochait…

- Les symboles connus.

- Exactement. J’ai parcouru tout le livre. On retrouve tous les symboles planétaires et zodiacaux utilisés par les alchimistes, les symboles des métaux et autres matériaux qu’ils utilisaient. Le problème est que ça ne correspond pas du tout à l’âge supposé de ce livre, si on fait confiance à la datation au carbone 14. Je n’ai pas calculé la probabilité qu’une écriture, quelle qu’elle soit, utilise les mêmes symboles que les alchimistes du Moyen-Age, uniquement par simple coïncidence, mais elle doit être très faible, si ce n’est infinitésimale.

- Et alors ?

- Alors ? De deux choses l’une. Soit la ou les personnes qui ont écrit ce livre ont utilisé les notations des alchimistes, soit…

- … Les alchimistes ont utilisé les notations de ce livre, terminé-je.

- Exactement ! dit-il.

- Mais, ça ne colle pas ! dis-je. Les notations des alchimistes sont en fait les notations des Anciens, comme les Pythagoriciens et autres Aristotes. Et les notations des planètes extérieures ! Elles n’ont pas été inventées par des alchimistes mais par des astrologues modernes !

- Je sais, dit Christophe. Aucune de ces alternatives ne marche. Il en faut donc une troisième.

- Mais laquelle ?

- J’ai longuement réfléchi là-dessus. Et finalement j’ai trouvé. Nous sommes obnubilés par la signification astrologique des symboles utilisés. J’ai vérifié. Les symboles des planètes extérieures ne sont pas des inventions. Ce sont des reprises.

- Mais des reprises de quoi ?

- Des symboles utilisés pour abréger les noms des dieux ! J’ai retrouvé d’anciens textes de la Grèce Antique qui utilisent par exemple le trident comme symbole pour Poséïdon. Contrairement à ce que l’on croit, les symboles astrologiques sont très anciens. Leur usage a seulement un peu changé.

- D’accord, dis-je. Ces symboles sont donc des noms de dieux.

- Mais non, justement ! Tu oublies l’âge de ce livre. Il y a 8000 ans, je ne sais même pas si les tribus indo-européennes étaient arrivées en Grèce. Pour découvrir leur usage, il faut d’abord trouver une origine plausible de ce livre, puis imaginer comment leur usage aurait pu évoluer pour arriver à cet usage de nom de dieu en Grèce Antique.

- Et c’est ce que tu as fait je suppose.

- En tout cas, j’ai essayé. Pour cela, j’ai dû supposer l’existence d’une civilisation préhellénique très évoluée, pour expliquer l’âge de ce livre. Je suis alors arrivé à une conclusion logique.

- Laquelle ?

- Que ces symboles représentaient des personnes ! Qu’il s’agissait simplement de leur nom. Ces gens devaient être suffisamment évolués pour avoir pu crée un livre de ce genre, c’est-à-dire très évolués. Il n’est donc pas étonnant que les tribus qui devaient plus tard constituer la Grèce les aient pris pour des dieux.

- Donc, Poséïdon, Zeus et toute leur clique seraient en fait des hommes qui auraient réellement existé ?

- Des hommes, ou autre chose, je ne sais pas. En tout cas, ils ont réellement existé et les légendes que nous connaissons à leur propos ne sont que la déformation d’une vérité historique. En tout cas c’est mon hypothèse. Et c’est elle qui m’a permis de commencer à traduire le livre. Ce serait un peu long à t’expliquer, mais en gros, en comptant le nombre de symboles différents qui apparaissent dans le livre, j’en ai conclu que le livre est écrit avec un syllabaire ainsi que des symboles qui servent d’abréviations, comme on en trouve dans toutes les langues. J’ai ensuite retrouvé les symboles qui correspondent aux chiffres (ça n’a pas été sans mal). Les gens qui ont écrit ce livre comptent en base 14 soit dit en passant. Mais j’ai surtout été aidé par une découverte que j’ai faite par hasard. Regarde.

Il cherche une page particulière dans le livre, puis semble la retrouver et me la montre.

- Regarde cette double page.

Je regarde. Je ne vois rien de spécial.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demandé-je. Je ne vois rien d’extraordinaire. Elle est comme les autres.

- Tu as à la fois raison et tort, réplique Christophe. Maintenant, regarde comme ça.

Il se lève, le livre à la main, puis me présente la double page de biais, presque verticalement, quand soudain je vois… !

- Mais… ! C’est… ! j’en bégaie de surprise.

- Le dessin d’une fiole de poudre noire, exactement comme celle qu’a utilisé l’homme au tatouage.

Je me lève pour voir ça de plus près mais le dessin disparaît !

- Je ne vois plus rien ! m’écrie-je.

- C’est normal, dit-il. Retourne à ta place et tu le reverras.

En effet. Je me rassieds et le dessin apparaît de nouveau.

- J’ai découvert ça par hasard en faisant tomber le livre, m’explique Christophe en se rasseyant. Quand j’ai voulu le ramasser, j’ai regardé le livre dans une orientation particulière et un dessin m’est apparu. D’après ce que je pense, ce livre est écrit de telle façon que dans une orientation très précise, le texte devient dessin pour nos yeux. Pour l’instant, je n’ai trouvé la bonne orientation que pour quelques pages. Mais j’ai de bonnes raisons de penser que le dessin et le texte ont un rapport. Par exemple, regarde cette page.

Il me montre une autre page, et dans une orientation un peu tordue, le dessin d’un Talisman de Chaleur Solaire apparaît !

- En comparant le texte en grec dont tu m’as donné une copie et le texte de cette page, j’ai remarqué des ressemblances dans l’organisation des phrases. Je pense que cette page décrit la manière de fabriquer les Talismans. Je suis en train de l’utiliser pour essayer de comprendre cette écriture et la langue qui lui correspond. Mais comme j’ai du mal à relier le texte en grec avec la traduction que tu m’as donnée, ça prend du temps.

- Et cette histoire, comme quoi ça concorderait avec ce que tu sais ? demandé-je.

- Ah oui ! C’est dans la double page qui suit celle à la fiole de poudre noire. Je n’ai vu le dessin de cette page qu’une fois, par hasard. Je n’ai jamais réussi depuis à retrouver la bonne orientation. En tout cas, le dessin représente un pentagramme, avec à chaque pointe le dessin d’un Talisman de Chaleur Solaire et d’une fiole remplie d’une poudre. La fiole est identique à celle contenant de la poudre noire, mais celle-ci contient une poudre blanche.

- Blanche ? !

- Oui, acquiesce-t-il. Après l’Entité Noire et l’Entité Blanche, voici une poudre noire et une poudre blanche.

- Je vois, dis-je, pris d’une inspiration subite. C’est pour ça que la poudre noire a failli devenir blanche quand j’ai prononcé le premier mot de la signature de l’Entité Blanche. Cette poudre doit être une sorte de matériau magique, une sorte d’accumulateur, qui peut recevoir une certaine forme d’énergie. Dans ce sens, elle n’est ni bonne ni mauvaise, mais suivant que c’est l’Entité Blanche ou l’Entité Noire qui l’utilise, son apparence est différente car son contenu est différent. Donc en transformant l’échantillon de poudre noire que nous possédons en poudre blanche, on tiendra peut-être une nouvelle arme contre l’Entité Noire.

- Mais tu m’as dit toi-même que la réaction de la poudre noire avait été violente, et que finalement le changement n’avait pas eu lieu.

- Parce que je n’avais pas prononcé la formule en entier ! Pour remplacer l’énergie noire par l’énergie blanche, il doit falloir une certaine force. Il faut déloger une énergie pour la remplacer par une autre.

- Je comprends, dit Christophe. Et comme l’homme au tatouage a pu utiliser la poudre noire comme arme, puis comme moyen de fuite, nous pourrions alors aussi utiliser cette poudre blanche !

- Peut-être, dis-je, si tu arrives à traduire ce livre. Je pense que c’est la clé de tout.

- Je vais redoubler d’efforts alors ! Cette page doit décrire l’utilisation de ce pentacle, et comme nous sommes justement cinq à avoir un Talisman… !

Nous nous regardons soudain. Nous avons dû avoir la même idée !

- Tu penses comme moi ? lui demandé-je.

- C’est trop de coïncidences, dit-il. Nous possédons de la poudre noire que nous pouvons transformer en poudre blanche, nous sommes cinq, ton ami Maya a crée un Talisman de plus que ce qu’elle aurait dû faire…

- Il n’y a qu’un seul moyen de savoir le fin mot de l’histoire : il faut appeler l’Entité Blanche !

- Dans ce cas, il va falloir nous réunir tous les cinq. Ce week-end risque d’être impossible, surtout avec Eric qui n’est plus sur Paris.

- On verra. On continue les rondes dans PC, tu continues d’essayer de traduire ce livre, et moi je vais récupérer la poudre noire pour en faire de la poudre blanche.

- Et les études que faisait Philippe dessus ?

- Je crois qu’elles ne mèneront plus à rien. Nous n’avons pas les moyens d’étudier une telle matière. L’étude de ce livre amènera sans doutes plus de réponses.

- Bon, je m’y remets alors. Mais pour pouvoir travailler, il vaudrait mieux que je sois en forme, alors…

- D’accord, je te laisse, dis-je. Je t’ai assez dérangé comme ça. Dors bien !

 

 - Tu es sûr qu’il peut enfin venir, demandé-je à Christophe au téléphone.

- Oui, répond-il. Il m’a promis de venir ce week-end. On se retrouve donc tous demain à ton bureau ?

- Comme ça a été décidé, oui. A part ça, ta traduction avance ?

- Doucement. Le texte en grec m’aide un peu, mais ça n’est tout de même pas facile. Mais on m’aide, alors ça avance doucement. Une fois que tu as compris le truc, c’est presque comme décoder un texte secret. Bon, j’ai du boulot. Je te laisse. Salut.

- Salut Christophe. A demain.

Je raccroche. Bon, encore quelques papiers à remplir, et je file chez Philippe. Ca va être l’enfer ! J’ai la clim dans mon bureau, mais dehors il fait une chaleur de plomb. Ca ne m’étonnerait pas qu’il y ait de l’orage un de ces jours. Enfin, c’est normal. Après tout, on est bientôt en juin. Bon, les papiers sont remplis, et maintenant, chez Philippe.

 - Salut Damien. Installe-toi, dit Philippe.

- Merci. Bon, je vais droit au but : tu as ramené la fiole ?

- Oui, dit-il, je vais la chercher.

Il sort du salon, puis revient après quelques minutes, la fiole de poudre noire à la main, et quatre autres fioles vides dans l’autre.

- J’ai aussi ramené des fioles vides, comme tu me l’as demandé.

- Merci, lui dis-je.

- Fais-y gaffe quand même. C’est pas qu’elles coûtent cher, mais j’aimerai les récupérer.

- T’inquiète. Si tout marche bien, avec ce qu’il y aura dedans, on fera très attention. D’ailleurs tu vois, j’ai ramené une petite valise. Elle est bourrée de boules de polystyrène expansé.

- Tu penses vraiment pouvoir transformer cette poudre noire en poudre blanche ?

- On va bien voir, dis-je.

- C’est marrant. Malgré tout ce que j’ai déjà fait pour toi, je suis toujours resté matérialiste, cartésien, scientifique quoi. Et voilà que je me mets à parler sérieusement de magie alors que j’aurais hurlé sur le premier qui aurait fait ainsi il y a encore un an.

- Je te comprends, dis-je. Mais rien ne vaut une preuve directe pour convaincre même le plus réticent, pourvu que son esprit reste ouvert.

- Tu n’as jamais pensé, même une seule fois, que tout cela pourrait n’être que des hallucinations collectives ? me demande-t-il.

- Tu y crois vraiment, toi, à cette histoire d’hallucinations collectives ? Pour moi, dire qu’un phénomène n’a pas eu lieu, qu’il s’agit juste d’une hallucination vécue par des dizaines de personnes qui ne se connaissent parfois même pas de vue, c’est remplacer une explication incroyable par une autre encore plus incroyable. J’ai autant de mal à croire en la possibilité d’hallucinations collectives que d’autres ont de croire en des phénomènes dits " surnaturels ". Mais bon. Pose la fiole sur la table, et éloigne-toi. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Je ne suis qu’un magicien débutant !

- Okay.

Il pose la fiole remplie de poudre noire et s’éloigne, derrière moi. Je regarde un peu cette fiole, tout en me concentrant. Pourvu que ça marche ! Mais si j’en crois ce que j’ai déjà lu, et ce que j’ai déjà fait, il faut croire en ce qu’on fait pour que ça marche. Bon, je prends une profonde inspiration, puis je dis les mots :

- Sheliman… Sayem… Tanuyarim !

L’atmosphère s’assombrit soudain dans la pièce ! Le noir se fait, puis un sifflement aigu se fait entendre, comme chez Maya. Puis des étincelles blanches apparaissent autour de la fiole remplie de poudre noire, tandis que je sens une chaleur sur ma poitrine. Le Talisman ! Je le sors de sous mon tee-shirt. Il émet une légère lumière, entre le jaune et le blanc, qui éclaire la fiole. Dans cette fiole, je vois la poudre noire qui se met à bouger. Elle tourne dans la fiole. Les étincelles blanches continuent d’apparaître, et quand certaines tombent dans la fiole, elles touchent la poudre noire et l’éclaircissent ! Je sens soudain comme une résistance, quelque chose en moi qui veut me pomper mon énergie, pour arrêter le processus. Mais j’ai décidé de changer cette poudre, et je le ferai ! Je concentre toute ma force mentale dans le phénomène qui se fait, et qui prend de l’ampleur. Maintenant, c’est une vraie cataracte d’étincelles qui entre dans la fiole et transforme la poudre noire en poudre blanche, tandis que la résistance diminue. Soudain, la gerbe d’étincelles disparaît, tandis que la poudre se met à briller d’une lumière blanche intense. Elle est éjectée de la fiole, flotte quelques instants dans l’air, comme un nuage scintillant, puis retombe brusquement dans la fiole, tandis que le sifflement disparaît et que la lumière revient. Je tombe dans le premier fauteuil venu. Je me sens vidé.

- Ca va Damien ? me demande Philippe.

- Je suis épuisé, dis-je. Mais ça a marché.

- Et comment ! s’écrie-t-il. Je n’ai jamais rien vu de pareil ! Quand tu parlais de preuve, en voilà une sacrée !

J’essaie de me relever, mais mes muscles refusent de m’obéir. Je ne me suis jamais senti aussi fatigué.

- Reste assis, me dit Philippe. Repose-toi. Pendant ce temps, je vais transvaser un peu de poudre blanche dans chaque flacon.

- Fais-y attention, le préviens-je.

- T’inquiètes. Après ce que j’ai vu, tu parles si je vais faire attention.

Je regarde Philippe faire pendant quelques instants, puis soudain je sens quelqu’un me secouer et j’ouvre les yeux.

- Damien ! il est temps de te réveiller ! s’écrie Philippe.

Je me sens complètement désorienté.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Tu as dormi pendant 2 heures ! m’explique-t-il. Je t’ai laissé faire mais là il faut que je m’en aille.

- Quoi ! J’ai dormi ? ! Je m’en suis même pas rendu compte !

Je me lève. Je me sens encore un peu fatigué mais au moins je peux marcher sans problème.

- Merci de m’avoir laissé dormir ici, Philippe, désolé pour le dérangement. Je te laisse.

- Y’a pas de quoi. C’était normal. Tiens ! n’oublie pas ta valise. J’y ai mis les fioles. Elles sont bouchées avec un petit bouchon de liège.

- Merci. J’y vais. Salut !

- Rentre bien, me dit Philippe pendant que je passe sa porte.

Bon, je rentre et je me repose encore un peu. Cette expérience m’a vidé !

 

 Christophe arrive enfin.

- Alors Christophe, dit Eric, tu me demande d’être bien à l’heure et tu arrives avec une demi-heure de retard !

- Désolé, répond-il. C’est pas mon habitude d’être en retard mais j’étais en train de traduire le livre, ajoute-t-il en le sortant de sa mallette.

- Tu as réussi à traduire la page du pentacle ? lui demandé-je.

- Presque. C’est bizarre. Je bloquais sur plusieurs problèmes grammaticaux, mais cette nuit j’ai fait un rêve où tous ces problèmes se sont trouvés résolus !

- Comment ça ?

- Je ne comprends pas. Dans ce rêve, il y avait mon ancien prof d’espagnol de prépa qui faisait son cours au tableau, mais la langue qu’il m’apprenait était celle du livre !

- Quoi ? ! s’écrie Delphine.

- Je sais que c’est incroyable mais c’est vrai ! nous assure-t-il. D’autant plus que ce que j’ai appris dans mon rêve marche très bien ! La traduction avance maintenant rapidement ! Je connais même la prononciation des signes syllabiques !

- Mais c’est pas possible, dit Ivan.

- Je sais, réplique Christophe. Il n’empêche que c’est vrai. Tu y comprends quelque chose Damien ?

- Peut-être, dis-je. Mais d’abord, regardez ce que j’ai pour vous.

Je sors les fioles d’un tiroir du bureau.

- Tu as réussi ! s’écrie Christophe.

- Oui, dis-je.

Je leur raconte ce qui s’est passé hier chez Philippe.

- Ca ne m’étonne pas que tu aies dormi après ça, me dit Christophe. La magie est quelque chose d’épuisant.

- Tu sembles bien au courant, lui dis-je.

- J’ai lu quelques petites choses là-dessus, c’est tout.

- En tout cas, nous avons maintenant la poudre blanche dont tu nous as parlé, dit Eric. Mais à quoi elle va nous servir ?

- Peut-être à détruire l’Entité Noire, dit Christophe.

- Hein ? ! nous écrions-nous tous en même temps.

- Cette page que je suis en train de traduire, elle parle d’une manière de faire disparaître le mauvais.

- Le mauvais ? demande Delphine.

- C’est le terme employé par le livre. Il faut être cinq, posséder chacun un Talisman de Chaleur Solaire en or et un peu de poudre blanche.

Nous nous regardons. C’est trop de coïncidences !

- Je sais ensuite qu’il faut se placer autour du mauvais, pour former un pentacle dont nous serions les pointes, puis jeter un peu de poudre blanche devant nous. Je ne sais pas trop pour après parce que je n’ai pas fini de traduire. Mais si ma lecture du texte est bonne, on y retrouve la formule Sheliman Sayem Tayunarim.

Le noir se fait soudain dans le bureau, tandis que le sifflement aigu se fait de nouveau entendre ! Puis une sphère de lumière blanche éclatante apparaît, suivie d’une musique douce et agréable à l’oreille. Soudain la sphère de lumière semble grandir, puis prend une forme indiscutablement humaine. C’est une silhouette blanche. L’Entité Blanche ! Comme chez Maya, une voix douce et féminine se fait entendre :

- Mes amis, vous êtes particulièrement doués. J’ai vraiment bien fait de vous choisir.

- De… de nous choisir ? balbuties-je.

- Les choses qui vous arrivent ne sont pas dues au hasard. Pourquoi l’Entité Noire a-t-elle attaqué Delphine ? Pourquoi avez-vous récupéré de la poudre noire ? Pourquoi Eric vous a-t-il rejoint ? Et pourquoi Maya a-t-elle fabriqué un Talisman de plus que prévu ?

- C’est vous qui faites ça ! s’écrie Christophe. Et mon rêve… vous vous servez de nous ! Vous nous contrôlez !

- Ne dis pas ça Christophe, dit la voix. Je sais que cela peut vous paraître ainsi, mais faites-moi confiance. Je ne vous contrôle pas. Je n’en ai pas le pouvoir. Disons plutôt que je vous guide, que j’essaie de vous aider du mieux que je peux.

- Alors mon rêve… ?

- Je te l’ai insufflé pour que vous puissiez apprendre cette pratique. J’attends ce moment depuis tellement longtemps. Trouver et former les Elus est si difficile.

- Les Elus ? demande Ivan.

Soudain l’atmosphère de la pièce se fait plus oppressante.

- Nous avons trop parlé, dit la voix. Des gens sont en danger. L’Entité Noire essaie de revenir.

- Quoi ? !

- Votre école, rejoignez-la vite ! Ca se passe à l’entrée du souterrain où vous avez recueilli Pélops ! Vite !

La silhouette blanche enfle soudain, et avant que nous ayons pu réagir, nous sommes tous pris dans sa lumière ! Puis la lumière disparaît et nous nous retrouvons dans la cour de PC !

- Mais… ? ! s’écrie Ivan.

Pas le temps de se poser de questions.

- Allons-y vite ! dis-je aux autres.

Mais mon regard est attiré par quelque chose par terre. Quoi ? !

- Christophe ! lui dis-je. Regarde ! le livre !

- Hein ? ! il nous a rejoints ? !

- Prends-le, et ne tardons pas !

- D’accord, dit-il en ramassant le livre.

Nous commençons alors à courir jusqu’à l’entrée de ce fameux couloir souterrain. Ca s’est passé si vite ! de la téléportation ! Nous pénétrons dans ce couloir, passons le premier virage, quand le spectacle que nous voyons nous cloue sur place ! L’homme au tatouage ! Il se trouve dans un cercle de poudre noire, les mains au-dessus de la tête… d’une jeune femme ! Une jeune femme agenouillée devant l’homme au tatouage, les yeux fermés, en position de prière !

- Marie ? dit soudain Eric.

La jeune femme ouvre les yeux et tourne lentement la tête vers nous, mais son regard me glace le sang ! Quelle haine dans ce regard ! L’homme au tatouage nous regarde avec cette même haine, accompagnée d’un sourire sardonique, tandis que cette Marie reprend sa position de départ, puis l’homme au tatouage se met à hurler :

- … Qwem Yog Tutyk !

La fin de la signature de l’Entité Noire ! Le cercle de poudre noire se transforme en une fumée noire, qui rapidement monte et forme une tornade au-dessus de ces deux personnes, puis se solidifie en une forme que je ne reconnais que trop bien ! Marie et l’homme au tatouage nous regardent avec un air de triomphe, quand la douleur frappe !

- Je suis de retour ! Comme cela me fait plaisir de vous voir !

Cette voix, cette voix aussi brûlante que la glace. L’Entité Noire ! Non, il ne faut pas ! Le Talisman !

- Talisman de Chaleur Solaire, aide-moi !

Je sors le Talisman qui se met à briller et émet de nouveau ce faisceau de lumière dorée qui vient frapper l’Entité Noire. Celle-ci est immobilisée mais je ne résisterai pas longtemps. Soudain l’homme au tatouage se met à hurler comme une bête et se rue sur moi, mais Delphine réagit en brandissant elle aussi son Talisman ! Le rayon frappe l’homme au tatouage qui est projeté au fond du couloir. Il se relève en titubant et s’enfuit dans le souterrain ! Marie le regarde s’enfuir, puis tente de se relever en nous jetant un regard furieux, mais sa tête rencontre mon faisceau de lumière et elle s’effondre ! Mon faisceau s’éteint, je n’arrive plus à contenir cette résistance. Heureusement, Ivan et Eric me remplacent. A deux, ils devraient tenir plus longtemps que moi.

- Christophe ! m’écrie-je. Il faut mettre en pratique ce que tu as découvert.

- D’accord ! Vite, tous autour de l’Entité Noire !

Nous obéissons promptement. Ivan et Eric mettent un peu plus de temps car ils restent concentrés sur leur rayon, mais nous nous retrouvons finalement en pentacle autour de l’Entité Noire qui flotte au-dessus du corps inanimé de cette fille qui s’appelle Marie.

- Il faut que vous arrêtiez vos faisceaux !

- Mais… ! L’Entité Noire va pouvoir attaquer !

- Il va falloir faire vite ! … Attendez ! Nous n’avons pas la poudre blanche !

Au moment où il dit ça, les fioles de poudre blanche apparaissent en flottant devant nous, tandis qu’une voix douce se fait entendre :

- Ma présence paralyse l’Entité Noire. Faites vite !

Les faisceaux de lumière disparaissent tandis que nous attrapons chacun notre fiole.

- Jetez un peu de poudre blanche devant vous, dit Christophe en lisant le livre. En lisant le livre ? !

Pas le temps de se poser de questions. Nous jetons tous un peu de poudre blanche.

- Prenez votre Talisman et portez-le au-dessus de vos têtes, à bout de bras.

Ce que nous faisons tout de suite. Christophe tient le livre au creux de son bras tandis qu’avec l’autre il prend son Talisman.

- Maintenant, attention ! Il faut dire la formule en même temps. Cette formule, c’est Sheliman Sayem Tayunarim Draviklar. Il faut la dire mot à mot.

Qu’est-ce que c’est que ce nouveau mot ? ! Bon, allons-y !

- Sheliman !

La poudre blanche que nous avons jetée se soulève et forme une sorte de spirale tournante autour de chacun d’entre nous.

- Sayem !

La poudre blanche semble pénétrer dans chacun de nos talismans qui se mettent à briller d’une lumière vive.

- Tayunarim !

Un pentacle formé de lignes lumineuses, dont nous sommes les pointes, apparaît sur le sol. Nous entendons un hurlement. Mon crâne va exploser ! Tiens bon ! C’est passé. Je regarde les autres. Ils ont tenu le coup. L’Entité Noire semble descendre doucement, vers le corps de cette fille. Elle n’aura pas le temps de l’atteindre !

- Draviklar !

Le pentacle se met à briller encore plus fort, tandis qu’un faisceau de lumière blanche se dégage de chaque Talisman et frappe l’Entité Noire qui se cabre, comme sous l’effet d’une douleur intense ! Une colonne de lumière intense apparaît alors au centre du pentacle, englobant l’Entité Noire et la fille. On voit encore l’Entité Noire, hurlant de douleur et de rage, bougeant dans tous les sens, mais celle-ci semble être progressivement dissoute par cette lumière, tandis que les hurlements se font plus faibles, jusqu’à disparaître complètement. La colonne s’étend alors, nous englobant, puis disparaît soudain.

 Nous tombons par terre en même temps. Mes jambes ne me supportent plus. La douce voix parle encore :

- Bravo, mes amis. Vous avez réussi.

Puis la présence de l’Entité Blanche semble disparaître. Je regarde les autres. Ils ont l’air aussi épuisés que moi.

- On a réussi ? me demande Delphine.

- J’ai l’impression, répond Ivan à ma place.

- Je ne peux plus me lever, dit Eric.

- Moi non plus, dit Christophe. Je suis épuisé comme je ne l’ai jamais été.

- Attendez un peu, dis-je. C’est tout à fait normal d’être vidé après ce que nous venons de faire.

Je me traîne jusqu’au corps de cette fille et je lui prends le poux au poignet.

- Elle vit, dis-je. Son cœur bat calmement.

- Qu’est-ce qu’elle faisait là ? demande Christophe.

- Je n’en sais rien, dis-je. Tu la connais ?

- Oui, c’est une 117, une de celles qui travaillent au Bekk.

- Vous croyez vraiment qu’on l'a détruite ? se demande Delphine.

- Je n’arrive pas à y croire non plus, dis-je. Mais tout porte à penser que c’est le cas.

- Mais on ne sait encore rien ! s’insurge Ivan. Tous ces mystères, comment on va les résoudre ?

- Parfois, il faut accepter de ne pas avoir de réponses, dis-je, philosophe. C’est surtout vrai dans ce domaine.

Nous nous taisons, trop épuisés même pour continuer à parler. Est-ce que je crois vraiment ce que j’ai dit ? Est-ce que l’Entité Noire est bien morte ? Je n’arrive pas à y croire. Ca m’a paru presque trop facile. Et puis tous ces mystères… L’homme au tatouage qui s’enfuit, cette fille qui est venue là pour une raison que j’ignore. Même le comportement de Christophe est étrange. Comment a-t-il pu lire cette page, il nous a dit lui-même qu’il n’avait pas fini la traduction ? Ca fait trop d’inconnues. Beaucoup trop à mon goût. Nous ne savons toujours pas la nature ni la raison de la présence de cette Entité Noire que nous avons peut-être vaincue définitivement. Pourquoi ne parviens-je pas à y croire ?

 

 

 

 Et voilà. L’OPEN semble avoir vaincu l’Entité Noire. Définitivement ? Mais beaucoup trop de questions restent sans réponses. Alors, est-ce vraiment la

FIN ?

 

Tsela Jemufan Atlinan C.G.


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