Episodes 36 à 40

 Vous pensiez que je vous avais oubliés ? Bien sûr que non ! Malgré un emploi du temps très chargé, je continue vaillamment l'écriture de Rainbow Fighters : le retour de l'Arc-en-Ciel, la deuxième saison de la série. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps à y consacrer, mais pour patienter, vous pouvez toujours lire l'épisode 190 de Sailor Moon la version québécoise, où apparaissent deux des Combattants de l'Arc-en-Ciel ! Comme l'histoire se passe là-bas dans un lointain futur, ne lisez que si ça ne vous dérange pas d'en apprendre un peu sur le futur des Combattants de l'Arc-en-Ciel. Et quand vous aurez fini, n'oubliez pas de revenir me voir ! Mais maintenant place à l'histoire. Qu'est-ce donc que cette Galaxie Sombre, que veulent-ils vraiment ? A quoi peut bien être dû le comportement étrange de Clémence ? Et Angel finira-t-il par utiliser son sceptre un jour ? ! C'est ce que vous saurez (peut-être) en lisant les nouveaux épisodes de Rainbow Fighters : les Combattants de l'Arc-en-Ciel !


Episode 36 : Le retour d'une amie

 

 C'est le soir, dans la chambre d'Angel. Ce dernier est allongé sur le lit et semble regarder le plafond. Par la fenêtre grande ouverte, entre rapidement une petite silhouette. Niko se pose sur son perchoir. Angel tourne les yeux vers ce dernier, mais ne bouge pas plus que ça.

- Salut Niko, dit-il doucement. Tu rentres tard.

- Je discutais avec Aniva. On essaie de comprendre ce que veulent ceux de la Galaxie Sombre. J'ai trouvé un moyen de rentrer dans le magasin même quand il est fermé. Il y a quelques ouvertures dans le toit de l'immeuble où je peux me faufiler. Mais je n'ai pas l'impression que ce que je te dis t'intéresse vraiment.

- Désolé, fait Angel en relevant les yeux au plafond. J'ai la tête ailleurs.

- Tu m'as l'air bien préoccupé, oui, dit Niko. Tu veux en parler ?

- Oh, il y a pas grand chose à dire, réplique Angel en fixant le plafond. Je me sens un peu... inutile.

- Hein ? ! mais qu'est-ce qui te fait penser ça ?

- Dans les derniers combats, je n'ai absolument servi à rien. Les autres se sont découverts des pouvoirs largement suffisants pour vaincre les monstres. J'ai même pas eu l'occasion d'utiliser mon sceptre...

- Mais voyons Angel ! Tu sais bien que tu es le centre des Combattants de l'Arc-en-Ciel ! Tes pouvoirs sont différents, mais tout aussi importants. N'oublie pas que tu as vaincu Esmeros. Nul autre que toi aurait pu accomplir ce miracle.

- Mais justement, ce pouvoir que j'avais et qui m'a permis de vaincre Esmeros, je ne le ressens plus ! Je peux me transformer, mais j'ai l'impression d'être une coquille vide. Je ne ressens pas de pouvoir en moi, alors que les autres ont pu découvrir de nouveaux pouvoirs en eux-mêmes.

- J'ai l'impression que tu dramatises un peu la situation, dit Niko. Tu ne peux pas vraiment te comparer aux autres Combattants. J'ai plutôt l'impression que comme tu n'as pas encore pu utiliser ton sceptre, tu doutes de toi. Tu sais bien que le doute est destructeur, tu en as déjà eu l'expérience ! Et puis, tu ne serais pas un peu jaloux des autres Combattants ?

- Peut-être, acquiesce Angel avec un léger sourire. J'étais habitué à toujours donner le coup final... Tu as peut-être raison. Je me fais du souci pour rien.

Il se redresse et fait face à Niko avec un sourire.

- Voilà, je préfère ça, fait Niko. Et puis tu as une autre raison de sourire.

- Ah bon ?

- Bien sûr ! si je ne me trompe pas Lydia est de retour demain !

- C'est vrai ! s'écrie Angel. J'avais failli oublier ! On va se voir demain après-midi, c'est ce qu'on avait décidé avant qu'elle parte en vacances.

- Alors tu vois bien, ça ne vaut rien de broyer du noir.

Angel hoche la tête avec un sourire.

 

 Dans l'espace, le vaisseau tétraèdre orbite autour de la Terre, protégé contre toute détection. Dans la boule du sommet se trouve la salle circulaire centrée sur la table à la géométrie bizarre. Netoy est devant cette table, la touchant en de multiples endroits qui émettent un peu de lumière après avoir été touchés. Au-dessus la table, une image indistincte et sombre se tord dans tous les sens, tandis qu'un léger son, comme un sifflement modulé, s'entend un peu partout. Derrière Netoy, Nezayo est debout, immobile, tandis que Nemina fait les cent pas en fulminant.

- Ca va venir oui ? ! Je commence à en avoir assez d'attendre ! !

- Je fais ce que je peux, réplique sèchement Netoy. Ils sont à la limite de la zone accessible par le transmetteur. C'est déjà bien que j'aie pu établir une liaison. Maintenant, il reste encore à la stabiliser ou on va avoir du mal à se parler.

- Et que fait Nespi ? ! Il devrait déjà être là !

- S'il n'est pas là quand la communication sera établie, ce n'est pas notre problème, dit Nezayo. Il sera le seul à être puni. Nous ne sommes pas responsables de ses actes après tout !

Soudain l'une des portes s'illumine et disparaît, laissant passer Nespi qui court à toute vitesse et ne peut s'arrêter à temps ! Il heurte Netoy qui s'étale sur la table !

- Nespi ! s'écrie ce dernier en se retournant. Combien de fois ai-je dit qu'il ne faut pas courir dans cette salle ? ! !

Nespi, qui est tombé à terre, se recule doucement, apeuré, quand Nezayo se met à crier :

- Regardez ! L'image !

Netoy se retourne, laissant Nespi qui parvient à se relever et courir derrière Nemina qui s'est immobilisé. En effet, l'image torturée s'est stabilisée. Elle ressemble maintenant à une version en trois dimensions de ce qu'on voit sur un écran de télévision : de la neige sur fond noir. Le son est lui aussi feutré, comme entre deux stations de radio. Netoy, étonné, examine la table, et effleure certains endroits.

- Oui, la connexion est stable ! On l'aura en audio seulement, ils sont encore trop loin pour que l'image apparaisse. Est-ce que c'est le choc qui... ? Attention ! en place, la communication arrive !

Il se recule jusqu'à Nezayo, et tous deux mettent un genou au sol, les yeux baissés. Nemina en fait de même. Nespi les regarde sans comprendre, mais il est attrapé à l'épaule par Nemina qui le force à se baisser aussi.

- A genoux ! fait-il. On ne peut pas recevoir une communication de leur part sans montrer un peu de respect !

- Mais, s'ils nous voient pas ?

- Silence ! crie Netoy.

Après quelques instants, une voix apparemment masculine se fait entendre, plus ou moins distinctement au-dessus de la neige.

- Maîtres des énergies ! bien qu'à portée de transmetteur, nous sommes encore loin. Nous n'arriverons pas avant... krrr... voyage.

- Qu'est-ce qu'il a dit ? demande Nespi.

- Chut ! fait Nemina, énervé.

- Quelles sont vos observations pour l'instant ? demande la voix.

- Comme nous le pensions, commence Netoy, il s'agit d'une planète primitive dont les habitants n'ont même pas atteint le stade du gouvernement planétaire. Leur technologie est fondée sur la combustion de matériaux et une primitive forme d'énergie nucléaire plus productrice de déchets que d'énergie. De plus, ils sont séparés en une mosaïque d'ethnies et de nations différentes qui passent leur temps à se battre entre elles.

- Ce tableau... krrr... tout à fait réjouissant, dit la voix. Et l'énergie ?

- Malgré la pollution et les guerres, cette planète possède un réseau de méridiens d'énergie étonnamment dense et trois points sacrées d'une puissance phénoménale pour une planète aussi peu avancée.

- Avez-vous commencé l'annexion ?

- Nous avons essayé, explique Netoy, en nous concentrant sur les points de force du point sacré le plus puissant. Malheureusement, il semble que ce point sacré soit protégé par des gens de cette planète qui possèdent des pouvoirs suffisants pour nous résister jusqu'à présent. Ils se présentent comme étant les Combattants de l'Arc-en-Ciel...

- Quoi ? ! Vous me dites que vous... krrr... échoué ? !

- Non ! non ! nous avons seulement été légèrement retardés. Mais ne vous inquiétez pas, le point sacré sera annexé avant votre arrivée.

- Il y a intérêt ! Vous savez comment nous traitons les incompétents !

- Oui, fait Netoy avec un tremblement dans la voix.

- Alors voici vos ordres : annexez le point sacré aussi vite que possible, et débarrassez-nous... krr... battants de l'Arc-en-Ciel !

- A vos ordres ! crient les quatre maîtres en même temps.

Le volume de bruit dans la communication augmente soudain, puis s'éteint complètement, avec l'image au-dessus de la table. Les maîtres se relèvent.

- Et voilà ! commente Nemina. Comme je le pensais, on s'est fait passer un savon ! On voit bien qu'ils n'ont jamais été à notre place !

- Nemina ! arrête de blasphémer ainsi ! s'écrie Netoy. Tu oublies que nous leur avons prêté allégeance !

- "Prêter" est le mot juste ! continue Nemina, énervé. J'ai bien envie de la reprendre, mon allégeance !

- Tu oublies une petite chose, intervient Nezayo, dont la voix monte vers l'aigu, tu sais que ce que tu es en train de dire n'est ni plus ni moins que de la trahison à leurs yeux. Et tu sais ce qu'ils font des traîtres...

Ces mots font comme l'effet d'une douche froide sur Nemina. Netoy le regarde dans les yeux, mais Nemina se détourne. Satisfait, Netoy reprend la parole :

- En tout cas, il faut quand même l'accomplir cette annexion. Il en va de notre honneur à tous les quatre. Je vais donc y retourner.

- Tu as trouvé un autre point de force tellurique ? demande Nezayo.

- Oui, et j'ai l'intention de l'annexer immédiatement. Avec le vaisseau-monde qui s'approche doucement mais sûrement, mieux vaut ne pas perdre de temps. Nespi ! tu viens avec moi !

- Pourquoi ? demande ce dernier.

- Ta prestation de l'autre fois était minable, et tu ne t'es même pas rappelé des renforts que j'avais prévus pour toi ! On ne peut pas se permettre d'avoir une tête de linotte dans notre équipe ! Aussi tu vas venir avec moi, pour que je te montre ce que c'est vraiment que notre travail.

- Euh... j'ai le choix ?

- C'est un ordre ! crie Netoy.

Nespi se raidit immédiatement, comme au garde-à-vous.

- C'est mieux ! Allons-y !

Netoy passe sous l'une des arches et Nespi lui emboite le pas. Derrière eux la porte réapparaît en brillant.

- Tu crois que ça va changer quelque chose ? demande Nemina.

- Je ne sais pas, réplique Nezayo, mais un peu de discipline ne peut que faire du bien à Nespi. Moi, je suis plutôt curieuse de savoir quel point Netoy a choisi.

Comme pour lui répondre, la carte de Paris apparaît au-dessus de la table centrale, et un des points rouges clignotants s'illumine plus fortement, tandis qu'apparaît en surimpression l'image d'un magasin dont le rideau de fer est baissé.

 

 Le lendemain, nous retrouvons Angel marchant dans la rue avec Niko sur l'épaule. Ils s'approchent d'un endroit qui n'est autre que le magasin de l'image dans le vaisseau-tétraèdre, mais avec le rideau levé ! Angel est plutôt étonné.

- Ils ont quand même pas rouvert aujourd'hui ? ! Ils viennent de rentrer la nuit dernière...

- Ils sont peut-être en train de dépoussiérer, explique Niko. Après tout, s'ils rouvrent lundi ils n'ont peut-être pas envie de tout préparer un dimanche.

- Peut-être, fait Angel en haussant les épaules. Euh... c'est maintenant qu'on se quitte Niko, ta présence paraîtrait bizarre aux parents de Lydia.

- D'accord, réplique l'oiseau multicolore. On se revoit ce soir !

- Entendu. Salut !

Niko s'envole, et Angel force le pas pour arriver devant le magasin. Effectivement, comme Niko l'avait deviné, quand Angel arrive au niveau de la vitrine il y voit la mère de Lydia y installer des vêtements sur les mannequins. A côté, son mari colle des affiches marquées "Soldes" sur la vitre. Ils remarquent Angel et lui font un grand sourire, puis la mère de Lydia lui fait signe de passer par la porte du magasin. Angel acquiesce et se retrouve devant la porte tandis que la femme sort ses clefs de l'autre côté. Finalement Angel rentre.

- Bonjour madame ! lui dit-il en lui faisant la bise. Comment ça va ?

- Très bien ! répond-elle en refermant la porte à clef. On a eu du beau temps pendant toutes les vacances.

- Bonjour jeune homme ! fait le père de Lydia. Tu viens voir Lydia je présume.

- Oui, réplique Angel. On en avait décidé ainsi avant que vous partiez.

- Tu n'as qu'à passer par l'escalier de derrière. Lydia est levée et devrait maintenant être prête. Désolé de ne pas t'accompagner là-haut mais on a beaucoup de travail.

- Je comprends, et de toute façon je connais le chemin. Merci !

Angel passe derrière la caisse et ouvre la porte, se retrouvant dans l'arrière-boutique. Là il choisit son chemin sans hésitation. On voit qu'il en a l'habitude. Finalement il monte des escaliers et ouvre la porte en haut pour se retrouver directement dans l'appartement de Lydia.

- Coucou ! c'est moi ! T'es là Lydia ? s'écrie-t-il.

Lydia arrive en courant de sa chambre.

- Salut moi ! fait-elle en souriant. Dis donc, tu aurais dû crier plus fort, je crois qu'ils t'on pas bien entendu à Tombouctou !

Ils se jettent dans les bras l'un de l'autre.

- Désolé, dit Angel, mais j'étais impatient de te revoir, et tu sais comment je suis...

- Une boule de nerfs, je sais. Mais tu es passé par l'entrée de service à ce que je vois. Tu as rencontré mes parents donc.

- Oui, j'les ai vus. Ils sont déjà en train de préparer le magasin !

- Il faut pas manquer le premier jour des soldes. Dans le commerce et surtout dans la confection, c'est un des moments les plus importants de l'année.

- Je sais, tu me dis ça à chaque solde. Mais cette année elles sont pas un peu tard les soldes ? D'habitude elles terminent vers le 15 août. Cette année elles commence à ce moment. En plus, le magasin de jouets avait ses soldes bien avant. Ils ont séparé les dates de soldes des magasins de vêtements d'avec les autres magasins ?

- C'est le gouvernement qui décide des dates, explique Lydia. Qu'est-ce qui leur est passé par la tête cette année je sais pas. En fait ça m'arrange : pour la première fois de ma vie j'ai pu avoir des vacances qui commencent en juillet ! C'est vraiment quelque chose de neuf pour moi !

- Alors raconte ! fait Angel qui meurt d'impatience. Qu'est-ce que t'as fait de beau ? !

- Okay, Okay, j'vais tout t'raconter ! Alors voilà...

Et nous laissons nos deux amis en pleine discussion, par un fondu au noir tandis qu'ils entrent dans le salon.

 

 La nuit est tombée. Nous sommes dans un endroit très sombre, mais reconnaissable : l'arrière-boutique du magasin des parents de Lydia. Au milieu de cette pièce apparaissent soudain deux sources de lumière, l'une rouge et l'autre jaune. La lumière rouge prend la forme du symbole de Netoy, puis de Netoy lui-même, tandis que la lumière jaune devient le symbole de Nespi, puis Nespi en personne. Ce dernier regarde autour de lui.

- Brr... c'est sombre comme endroit. T'es sûr qu'il faut faire ça ici ?

Netoy baisse les yeux de dépit.

- Quand je pense qu'il est censé être l'un des maîtres des énergies, l'élite de la Galaxie Sombre... Oui ! c'est ici et pas ailleurs. Si tu veux devenir un vrai maître tu as intérêt à apprendre à supporter le noir !

- Ca va ! fait Nespi tout penaud, j'ai bien compris. Pas la peine de me crier dessus...

- Arrête de poser des questions idiotes alors. Tu énerves tout le monde et tu nous fais perdre notre temps ! Tu me fais perdre le mien d'ailleurs, j'aurais déjà dû apposer ma marque sur ce point.

A ces mots, Netoy enlève son gant de la main droite, révélant ainsi son symbole, s'agenouille, puis serre le poing et frappe le sol. Son symbole rouge apparaît autour du point qu'il a frappé, et semble émettre une sorte de fumée noire qui donne aux vêtements entreposés ici un aspect vieux et défraîchi. Mais l'impression est passagère et les lieux reprennent une allure normale quand le symbole disparaît. Netoy se relève et remet son gant. Nespi le regarde avec des grands yeux.

- Tu t'es pas fait mal à frapper le sol comme ça ? ! Comment t'as fait ?

Netoy en manque de tomber par terre de surprise.

- Il est encore pire que je ne pensais, et pourtant j'ai l'imagination fertile, marmonne-t-il, dépité.

- Bon, tu as marqué ton point. On peut rentrer maintenant ? demande Nespi qui visiblement ne l'a pas entendu.

- Tu n'oublies pas quelque chose là ?

- Euh... voyons voir... reconnaissance des lieux, marquage du point de force... ah oui ! J'avais failli oublier le gardien !

- C'en est étonnant qu'il y ait pensé lorsqu'il a tenté d'annexer un point de force, fait Netoy en secouant la tête. Oui ! le gardien ! il est temps de le faire venir. Monstre tellurique, viens à moi !

Dans un coin sombre de la pièce, une sorte d'énergie semble être émise du sol et se solidifie en une forme humanoïde mais indistincte dans la pénombre. La forme lève la tête vers les maîtres.

- A votre service, dit-elle d'une voix masculine tellement cassée qu'elle en paraît rocailleuse.

- Nous allons garder ce point ensemble jusqu'à ce qu'il soit définitivement annexé. Avec toi à nos côtés, nous n'avons rien à craindre de ces petits Combattants de rien du tout. Et il nous reste toujours le renfort qui attend encore d'être utilisé au cas où...

- N'ayez crainte, dit le monstre, je me chargerai des intrus.

- Parfait... allez, viens Nespi ! On rentre !

- Hein ? déjà ? eh ! ! attends-moi !

Netoy a déjà disparu. Nespi devient rapidement une silhouette jaune puis son symbole et disparaît aussi. Le monstre s'efface aussi. Au bout de quelques instants, la pièce est éclairée. La mère de Lydia se tient en haut des escaliers, la main sur l'interrupteur.

- Tiens non, personne... se dit-elle. J'aurais pourtant juré entendre des bruits...

Elle regarde autour d'elle un instant, puis hausse les épaules, éteint la lumière et ferme la porte.

 

 Quelques jours plus tard nous retrouvons les cinq Combattants en civil, marchant dans la rue.

- C'est encore loin ? se plaint Aurélien. J'ai mal aux jambes...

- Quel bébé ! lui reproche Clémence. On est sortis du métro il y a à peine deux minutes !

- On arrive, dit Angel. Lydia habite pas très loin.

- J'ai hâte de voir le magasin ! s'écrie Alexandra. J'espère qu'il va y avoir des bonnes affaires ! !

- On est pas venus pour faire les boutiques mais pour aller chercher Lydia, rappelle Martin. On a pas trop le temps sinon on va rater la séance.

- On aura qu'à aller au cinéma d'à côté, réplique Alex. Ils y jouent aussi Matrix...

- Mais on y aura pas le tarif réduit !

- Si y'a un problème je vous paierai les places, propose Aurélien. Après tout j'en ai les moyens.

- C'est cela oui, étale-nous ta fortune... fait Clémence en secouant la tête.

- C'est là ! dit Angel.

Il montre du doigt le magasin des parents de Lydia, et tout le monde s'étonne du monde qui s'y serre, dans un brouhaha de voix la plupart féminines, qui s'étend loin dans la rue devant le magasin.

- Vite ! allons-y avant qu'elles aient tout dévalisé ! fait Alex. A ce train-là il va plus rien me rester !

Elles quitte le groupe et se met à courir vers le magasin avant que quelqu'un ait pu l'arrêter. Ses amis en sont restés bouche bée.

- Incroyable ! dit enfin Martin. Eh Angel ! tu crois que Lydia va pouvoir venir avec tout ce monde dans le magasin ? Elle doit pas aider ses parents ?

- Pas cette fois, explique Angel. Lydia m'a dit qu'ils avaient engagé des extras pendant la période des soldes.

- Ils doivent être efficaces, dit Clémence. Même pendant la période des soldes tant de monde dans un seul magasin c'est pas banal !

Ils arrivent finalement devant le magasin, et essaient de se frayer un chemin pour retrouver Alex, mais elle semble avoir disparu dans une foule si compacte qu'ils en ont de la peine à avancer. De plus, personne ne semble faire attention à eux, et toutes les femmes venues chercher la bonne affaire continuent à fouiller dans les vêtements sans se préoccuper le moins du monde des gens qu'elles bousculent. Clémence surprend même dans un coin deux femmes en train de se battre sur un chemisier qui vu comment il est tiré de part et d'autre va certainement prendre deux tailles ! Après avoir bataillé ferme, nos amis se retrouvent finalement dans le magasin (eh oui ! tout ce capharnaüm se déroulait encore à l'extérieur !). Là-dedans c'est encore pire qu'à l'extérieur : le magasin est plein à craquer, on n'en voit même pas le fond. La caisse est invisible tant il y a de monde devant. Nos amis cherchent Alex. Martin, de par sa taille qui le place en moyenne une tête au-dessus de tout le monde, l'aperçoit. Par un miracle incroyable, elle a réussi à trouver une cabine d'essayage libre et en sort, vêtue d'une mini-jupe et d'un joli T-shirt à bretelles. Nos amis parviennent à la rejoindre non sans mal.

- Coucou tout le monde ! comment vous trouvez ?

- C'est tout ce que tu trouves à dire après nous avoir laissés comme ça ? ! s'insurge Martin.

- Bah quoi ? vous alliez bien au magasin aussi. Deux minutes de plus ou de moins...

Martin devient rouge comme une tomate, à côté de Clémence qui essaie de le calmer. Aurélien s'exclame :

- T'es superbe !

- J'suis d'accord, ajoute Angel, t'es magnifique habillée comme ça !

- Alors j'achète ! A ce prix-là c'est donné ! ajoute-t-elle en regardant l'étiquette du T-shirt. Bon, je vais aller à la caisse tout de suite, avec ce monde c'est même pas la peine de chercher plus. J'reviens tout de suite !

Et elle rentre dans la cabine pour se changer.

- OK, vous restez avec Alex ? demande Angel en se tournant vers ses amis. Moi je vais chercher Lydia.

- D'accord, dit Martin. On t'attendra dehors, ici on respire quasiment plus tellement c'est plein.

- A tout de suite !

Angel se fraye un chemin dans la foule, et parvient enfin près de la caisse. Il y voit la mère de Lydia, de dos, tandis que derrière la caisse se tient un grand homme aux cheveux très roux. Il s'agit évidemment de Netoy, mais Angel ne le reconnaît pas. Il s'apprête à passer derrière la caisse quand il est arrêté par une main sur son épaule. Il se retourne et tombe contre le torse d'une montagne de muscles qui le toise d'un air peu aimable. Angel en fait un saut en arrière.

- On ne passe pas derrière les caisses, dit l'homme d'une voix extrêmement cassée. Pour qui est-ce que tu te prends ? !

- Euh... je... balbutie Angel, paralysé de peur.

- Dehors tout de suite avant que je me fâche !

- M... mais...

L'homme lève la main vers lui en le regardant d'un air mauvais quand soudain :

- Attendez ! Laissez-le !

L'homme s'arrête. Angel se retourne. La mère de Lydia se tient devant lui.

- Ce garçon est le meilleur ami de ma fille, explique-t-elle. Laissez-le passer.

L'homme la regarde avec une étincelle malsaine dans le regard, mais il s'adoucit.

- Excusez-moi, dit-il. Je ne savais pas.

- Retournez donc au travail alors.

- Bien madame.

Et la montagne de muscles se retourne et s'éloigne. La mère de Lydia se retourne vers Angel qui tremble comme une feuille.

- Ca va ? lui demande-t-elle. Ne t'inquiète pas. Il est impressionnant mais innofensif.

- Vous... vous êtes sûre ?

- Bien sûr ! fait-elle avec un sourire. Tu es venu chercher Lydia il me semble.

- Oui...

- Elle est dans l'arrière-boutique, en train d'aider son père à préparer d'autres vêtements. On n'a jamais eu autant de succès, ajoute-t-elle avec un grand sourire.

- Je vois ça. J'y vais alors. Merci madame.

- Il n'y a pas de quoi.

Angel passe dans l'arrière-boutique et se retrouve dans un chaos de vêtements, certains sur des cintres, les autres pliés sur des tables de fortune ou des cartons, mais la plupart par terre. Angel voit le père de Lydia en train de ramasser des pantalons avec un jeune garçon aux cheveux blonds en bataille (oui, c'est bien Nespi, mais évidemment Angel ne le reconnaît pas).

- J'suis désolé, dit le jeune garçon au père de Lydia, j'suis vraiment confus, j'en ai pas fait exprès...

- Je sais bien, le coupe le père de Lydia. Ca arrive à tout le monde de tomber comme ça avec une pile de vêtements dans les mains. Bon, d'accord cela t'arrive tous les jours, mais on ne va pas te punir pour un peu de maladresse.

Il lève soudain la tête et voit Angel.

- Tiens, salut Angel. Tu es venu chercher Lydia je suppose.

- Oui. Elle est ici ?

- Dans l'autre pièce. Elle repasse des vêtements qu'on va mettre dans le magasin.

- Vous avez besoin d'aide ?

- Non, merci Angel. Va voir Lydia.

- D'accord, dit ce dernier en souriant.

Il passe dans l'autre pièce et se retrouve dans un nuage de vapeur chaude.

- Lydia ? ! où est-ce que t'es, je te vois pas ? !

- Angel ? Je suis ici ! répond la voix de Lydia.

En se guidant sur celle-ci, Angel arrive rapidement devant Lydia, qui a un fer à repasser à la main et des piles de vêtements plus grandes qu'elle autour.

- C'est toi qui fait tout ça ? demande Angel, étonné par la taille des piles.

- On peut quand même pas installer des vêtements froissés sur les présentoirs, explique Lydia. On a beaucoup plus de succès que ce qu'on attendait et on est un peu débordés.

- Ca veut dire que tu vas pas pouvoir venir avec nous au ciné ?

- Malheureusement non, répond Lydia avec un air triste. Je peux pas laisser mes parents tout seuls, même avec les extras ils s'en sortiraient pas.

Soudain on entend un bruit sourd suivi de plusieurs petits bruits lèger.

- J'm'excuse ! dit la voix du jeune garçon derrière la porte. J'suis vraiment désolé !

- Ca va, ça va... réplique la voix du père de Lydia, qui laisse quand même passer une pointe d'exaspération.

- Certains nous donnent même plus de travail que prévu... soupire Lydia.

- C'est quand même dommage que tu puisses pas venir, insiste Angel. Tu es sûre que tu peux pas te libérer ?

- Tu as vu le magasin. C'est noir de monde. Je peux quand même pas laisser mes parents comme ça.

- Il doit bien y avoir un moyen... J'ai une idée ! Si on allait à la prochaine séance, tu crois que tu pourrais te libérer à ce moment-là ? On viendrait te chercher dans à peu près deux heures...

- Voyons voir... pense tout haut Lydia tout en continuant à repasser. Si je me dépêche, je peux toujours terminer ce qu'on a prévu pour aujourd'hui... Je devrais pouvoir y arriver. D'accord Angel ! on fait comme ça alors !

Elle a un grand sourire.

- Super ! fait Angel qui en saute de joie, glisse sur le sol rendu humide par la vapeur et tombe sur les fesses.

Lydia en éclate de rire.

- Pourquoi ça arrive toujours à moi ces trucs-là, grommelle Angel en se relevant.

 

 Nous retrouvons les amis d'Angel en train de l'attendre dehors, à une certaine distance du magasin qui continue à être assailli par des chasseurs de soldes, surtout de sexe féminin.

- Il en met un temps, grogne Martin.

- Peut-être que Lydia était pas prête, suppose Alexandra.

- Ca m'étonnerait, dit Clémence, c'est une fille sérieuse. Elle n'a pas l'habitude de faire attendre les gens, contrairement à certains.

- Qui ? demande Alex qui ne s'est même pas rendu compte que cette remarque s'adressait à elle.

- Personne, soupire Clémence en secouant la tête.

- Hé ! voilà Angel ! s'écrie Aurélien. Tiens, c'est bizarre, Lydia est pas avec lui.

En effet, Angel parvient à s'extraire de la foule, voit ses amis et les rejoint.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Martin.

- Lydia peut pas venir maintenant, explique Angel. Ils sont débordés dans le magasin et elle veut pas les laisser tomber.

- C'est compréhensible, fait Clémence.

- Mais c'est vraiment dommage ! dit Alex. Elle peut vraiment pas venir avec nous ?

- Pas pour la séance de tout de suite, dit Angel. Par contre, elle doit pouvoir se libérer dans deux heures, donc elle pourrait venir à la prochaine séance. Je lui ai donc dit qu'on ferait comme ça. Ca vous dérange pas d'attendre la prochaine séance au moins ?

- Pas moi, dit Alex, je préfère ça qu'y aller sans Lydia.

- Ca me dérange pas non plus, fait Aurélien.

- On est encore en vacances, explique Clémence, y'a donc pas d'problème.

- Euh... moi j'suis pas sûr... commence Martin.

Les autres le regardent d'un air surpris, le rendant mal-à-l'aise.

- Je plaisantais ! C'était une blague ! Bien sûr que ça me dérange pas ! crie-t-il en battant des bras.

- En attendant, qu'est-ce qu'on fait ? demande Aurélien.

- Les boutiques ! s'écrie Alex.

- J'avais peur qu'elle dise quelque chose comme ça, soupire Martin.

Il regarde Clémence qui est restée plantée à côté de lui alors que les autres ont déjà commencé à marcher. Ils se regardent un instant dans les yeux puis soupirent ensemble de dépit.

 

 Nous nous retrouvons de nouveau dans l'arrière-boutique du magasin. Lydia sort de la pièce où elle repassait, complètement en sueur. Elle arrive devant son père.

- J'ai fini, dit-elle en s'épongeant le front. Tous les vêtements sont repassés.

- Merci Lydia, tu es un ange, répond son père. Tu as suffisamment travaillé pour aujourd'hui. Va donc te préparer. Tes amis viennent te chercher bientôt non ?

- Si, j'ai juste le temps de prendre une douche et de me changer. J'y vais papa !

Elle monte l'escalier et disparaît dans l'appartement. Son père prend plusieurs piles de vêtements et rentre dans le magasin lui-même. Quelques instants après, Netoy rentre dans l'arrière-boutique, et y retrouve Nespi qui, à cause de sa maladresse, à été interdit de faire quoi que ce soit.

- La tension dans le magasin arrive à son maximum, lui explique Netoy. De plus, ce sont des centaines de personnes qui ont achetés les vêtements de ce magasin et les ont disséminés dans tout Paris. La concentration d'énergie sombre va bientôt être suffisante pour complètement annexer ce point de force.

- Enfin ! fait Nespi. Je commençais à en avoir marre de ce boulot ! C'est que c'est hyper dur !

- Arrêtre de te plaindre ! lui reproche Netoy. Les maîtres des énergies ne se plaignent jamais !

- Mais c'est dur ! crie Nespi, les larmes aux yeux. J'suis nouveau dans ce job moi !

- C'est pour ça qu'il faut que tu te mettes sérieusement à apprendre ! Mais je n'ai pas le temps de discuter avec toi, nous avons du travail !

Il claque des doigts et son symbole apparaît à l'endroit où il l'avait posé. L'atmosphère s'assombrit dans l'arrière-boutique, tandis que des cris commencent à se faire entendre du côté du magasin.

 Pendant ce temps, dans la rue, Angel et ses amis marchent côte à côte, se dirigeant doucement vers le magasin des parents de Lydia.

- Pff... presque deux heures de lèche-vitrine et mademoiselle n'a même pas acheté un simple bracelet ! Qu'est-ce que c'est sinon une perte de temps ? ! grogne Martin.

- Bah quoi ? on est pas obligé d'acheter quand on fait du shopping, explique Alexandra.

- Ca je crois qu'on a bien compris, dit Clémence avec un sourire.

- De toute façon y'avait rien de mieux que le T-shirt et la jupe que j'ai trouvés au magasin de Lydia, ajoute-t-elle en regardant dans son sac. Mais... ! qu'est-ce que c'est qu'ça ? !

Surpris, ils se sont arrêté de marcher. Alex sort ses vêtements de son sac, mais au lieu d'un T-shirt à bretelles et d'une mini-jupe, elle tient à la main des haillons en lambeaux qui donnent l'impression d'être vieux de plusieurs siècles.

- Mais... ! d'où ça vient ça ? ! s'écrie Angel.

- C'était dans le sac ! à la place des vêtements que j'ai achetés !

Les haillons commencent à émettre une espèce de fumée noire.

- Lâche ça ! s'écrie Martin, alarmé.

Il s'élance vers Alex et parvient à lui arracher les vêtements des mains et les jette par terre. Ils continuent d'émettre cette espèce de fumée noire.

- Mais qu'est-ce que c'est ? ! se demande Aurélien, effrayé.

- C'est l'énergie sombre ! fait la voix de Niko, qui fait sursauter tout le monde.

Niko se pose sur l'épaule d'Angel.

- Tu nous as fait peur, dit Clémence.

- Désolé, je ne voulais pas vous effrayer. D'où viennent ces vêtements ? La Galaxie Sombre doit être derrière tout ça !

Angel devient blême.

- Ils viennent... du magasin de Lydia !

Ils comprennent tout de suite ce que ça veut dire et s'élancent vers le magasin.

- Il faut trouver un endroit pour vous transformer ! fait Niko.

- Par ici ! appelle Martin.

Il les conduit dans un cul de sac désert.

- Allez, les amis, on y va ! s'exclame Angel.

- D'accord !

- Amulette du Feu, ...

- Amulette de l'Air, ...

- Amulette de l'Eau, ...

- Amulette de la Lumière, ...

- Talisman Arc-en-Ciel, ...

- ... métamorphose !

 Dans le magasin de vêtements, le sol est jonché de corps inanimés. La mère de Lydia est affalée sur le comptoir de la caisse, inconsciente, tandis que son père est évanoui sur une pile de haillons. Tous les vêtements dans le magasin sont devenus des loques en décomposition. A l'extérieur, c'est la même hécatombe. Seuls sont restés debouts Netoy et Nespi (qui ont repris leurs costumes habituels) ainsi que le vendeur à la voix si cassée.

- Tu vois Nespi ! triomphe Netoy. C'est ainsi qu'il faut s'y prendre pour annexer un point de force. Rien ne peut plus nous arrêter !

- N'en sois pas si sûr !

- Hein ? !

En effet, les Combattants de l'Arc-en-Ciel se tiennent à l'entrée du magasin, les bras croisés et le regard sérieux.

- Utiliser la passion des gens pour les soldes pour accomplir vos desseins ténébreux est un acte impardonnable. Prenez garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !

- Vous vous êtes attaqués à des gens sans défense qui ne soupçonnaient rien. Cela ne peut rester impuni. Je suis Red Bow, le guerrier de l'espoir, et mon feu intérieur vous le fera payer !

- En tant que défenseur de l'espoir, je ne peux accepter que vous envoûtiez les gens avec des haillons sales que vous faites passer pour des vêtements à la mode. Aussi moi, Green Bow, je vais vous punir !

- Vous avez bafoué toutes les lois du commerce de ce pays et de tous les autres. Je suis Blue Bow, l'arbitre de l'espoir, alors préparez-vous à subir votre châtiment !

- Je suis Yellow Bow, la lumière de l'espoir, et je ne supporte pas qu'on s'attaque aux gens de cette façon. Alors allez-vous-en, ou préparez-vous à affronter mon courroux !

- Nous sommes les Combattants de l'Arc-en-Ciel au complet, termine Rain Bow. Alors prenez garde !

Netoy, Nespi et l'homme restent interdits devant le long discours des Combattants. Mais Netoy reprend vite sa contenance.

- Donc vous êtes tous là, dit-il. Tant mieux, ça n'en sera que plus de plaisir pour mon monstre tellurique !

A ces mots, l'homme au thorax hyperdéveloppé bondit sur les Combattants, qui s'écartent de la porte d'entrée en urgence. Pendant son saut, l'homme change de forme, grandit encore, tandis que ses muscles se développent au point de déchirer ses vêtements, et que sa peau prend une couleur orangée et se craquèle. Le monstre atterrit dans la rue (elle aussi jonchée de corps inanimés). Il ressemble maintenant à une sorte de tas de briques avec pour tout vêtement un simple slip (NdlA : il ressemble pas mal à la Chose des Quatre Fantastiques). Il se met à gronder de sa voix rocailleuse et balance ses poings en l'air, puis se jette sur Rain Bow.

- Eh  ! non ! hurle ce dernier qui parvient à éviter l'attaque d'un bond impressionnant mais maladroit, qui le fait atterrir sur les fesses une dizaine de mètres plus loin.

- Hé machin ! attaque-toi plutôt à quelqu'un de ta taille ! s'écrie Red Bow. Triangle de Feu, brûle !

Son triangle de flammes se dirige en tournoyant vers le monstre, mais ce dernier se protège de ses avant-bras et le triangle se brise et disparaît à son contact !

- Quoi ? ! fait Martin.

- Son corps est fait d'une pierre aussi dure que le diamant, explique Blue Bow qui est en train d'analyser le monstre avec son ordinateur de poche. Le feu ne pourra pas l'atteindre.

- Un diamant, ça se brise ! s'exclame Green Bow. Souffle de l'Ouragan, mugis !

Deux coups de vents contradictoires frappent le monstre et parviennent à le faire trébucher. Mais il se relève vite et frappe le sol devant lui de ses deux poings joints. Le coup crée un véritable tremblement de terre qui fait tomber les Combattants. Le monstre court alors vers Green Bow qui n'a pas le temps de se relever et s'apprête à l'écraser de son poing gigantesque, mais Red Bow s'est relevé à temps pour se jeter sur lui et le faire tomber. Mais le monstre, bien qu'à terre, se défait facilement de l'étreinte de Martin et l'envoie d'une main valdinguer contre un mur. Martin retombe durement au sol. Le monstre fait alors un grand mouvement du haut vers le bas avec ses deux mains et une vague d'énergie fonce sur Red Bow et le frappe ! Maintenant ce dernier se retrouve vêtu d'une camisole de force !

- Red Bow ! s'écrie Yellow Bow. Toi, tu vas payer ! Anneaux Eclatants, brillez !

Aurélien envoie une série d'anneaux qui emprisonnent la créature.

- Voilà ! vois un peu ce que ça fait de se retrouver enchaîné !

Le monstre se débat pour se défaire des anneaux, et au moment où ils se seraient brisés les anneaux explosent en une colonne de lumière et il se retrouve projeté au sol, plusieurs mètres plus loin. Cette fois, il a l'air assez touché.

- Ton monstre est en train de perdre l'avantage, dit Nespi qui est sorti du magasin avec Netoy.

- Non, ça ne va pas se passer comme ça ! réplique ce dernier.

Il frappe deux coups de ses mains, et après quelques instants plusieurs petites lumières apparaissent dans le ciel.

- Attention ! s'écrie Clémence. Ce sont des météorites !

En effet, une série de météorites frappe le sol près des Combattants. Rain Bow a failli s'en prendre une sur la tête, mais il est parvenu à sauter hors de sa portée d'un bond très disgrâcieux. Rapidement, les galets brillants se déploient et forment une vingtaine de poupées de la Galaxie Sombre. Ses dernières se mettent à pourchasser les Combattants de l'Arc-en-Ciel qui se défendent du mieux qu'ils peuvent dans ce combat à cinq contre un.

- Torrents Impétueux, déferlez !

L'attaque de Blue Bow réussit à submerger quelques poupées, mais plusieurs s'attaquent à elle par derrière et la projettent contre un mur. Pendant ce temps, Aurélien est en mauvaise posture contre trois poupées. Mais Red Bow est parvenu à se défaire de sa camisole et les envoie au tapis.

- Toi, tu commences à m'énerver ! crie Netoy. Il est temps que tu goûtes à un vrai pouvoir, à la Punitions des Volcans !

Netoy met un genou à terre, puis frappe le sol de son poing, qui s'y enfonce jusqu'au poignet ! On entend alors un grondement, puis à sa gauche et à sa droite sortent deux boules d'énergie orange du sol, laissant un trou ressemblant à un volcan miniature. Les boules s'arrêtent à mi-hauteur, puis foncent sur Red Bow et Yellow Bow qui n'ont pas le temps de les éviter et se les prennent de plein fouet ! Ils se retrouvent projetés près de Blue Bow.

- On peut utiliser nos pouvoirs ? se demande Nespi avec un grand sourire. C'est super ! Alors c'est à mon tour, et à la Punition des Etoiles !

Il lève les deux mains paumes vers le ciel, puis loin au-dessus de lui apparaissent une multitude de petites lumières scintillantes jaunes, ressemblant à des petites étoiles, mais bougeant comme un essaim de moucheron. L'essaim de lumière descend rapidement puis Nespi dirige ses mains d'un coup vers Alexandra, qui le regarde sans réagir. L'essaim de lumières fonce sur elle et se met à lui tournoyer autour. Green Bow se débat comme elle ferait contre un essaim de moucherons, et recule maladroitement. Elle ne remarque pas les deux poupées qui foncent sur elle et la projette finalement contre ses amis, tandis que les petites étoiles disparaissent.

- Les amis ! s'écrie Angel les larmes aux yeux, tandis qu'il évite tant bien que mal les coups des poupées.

- T'inquiète pas, fait Red Bow en se relevant difficilement, on est loin d'être finis !

En effet, ils se relèvent doucement, même s'ils ont l'air mal en point.. Mais depuis ce temps le monstre tellurique a réussi à se relever et leur envoie une vague d'énergie qui les emprisonne dans des camisoles de force.

- Non ! crie Rain Bow, toujours occupé par les poupées.

- Cette fois c'en est fini des Combattants de l'Arc-en-Ciel, dit Netoy, satisfait, tandis que le monstre s'approche doucement d'eux.

- Hein ! qu'est-ce que c'est que tout ça !

Angel tourne vers l'entrée du magasin, d'où cette voix paniquée est venue. Tout le monde s'est arrêté de bouger. Lydia se tient à l'entrée, visiblement paralysée par la peur.

- Lydia ! ne reste pas ici ! va-t-en ! s'exclame Rain Bow.

Mais elle n'a pas le temps de réagir car le monstre tellurique lui envoie une vague d'énergie qui la recouvre d'une camisole de force et la projette à l'intérieur du magasin.

- NOOOOOOOOOON !

Le hurlement d'Angel en déchire presque l'atmosphère. Ses cheveux se mettent à briller de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, tandis que des grosses larmes coulent le long de ses joues. Angel a la tête baissée.

- Vous vous attaquez toujours aux gens qui me sont le plus cher. Vous apportez la mort et la désolation. Je n'en supporterai pas plus ! Vous allez me le payer ! ! ! s'écrie Rain Bow en relevant la tête, révélant des yeux pleins de larmes et noirs de haine !

Ses cheveux s'arrêtent de briller et il se retourne d'un coup contre la poupée qui s'apprêtait à lui sauter dessus par derrière. Il la frappe des deux poings contre le visage et le traverse ! Elle disparaît en une petite explosion de lumière ! Deux autres poupées lui foncent dessus, mais il les évite en leur sautant au-dessus d'une pirouette magnifique. Il atterrit juste derrière elles et frappe la plus proche de lui si fort qu'elle en emporte l'autre, et elles s'écrasent contre le mur, dix mètres plus loin, et disparaissent. Il s'attaque à plusieurs poupées une par une, et les fait disparaître d'un coup de poing ou de pied. Sa rapidité et sa souplesse sont incompréhensibles pour ses amis qui le regardent bouche bée. Une autre série de poupées lui courent après, mais il est beaucoup plus rapide qu'elles, si rapide qu'il atteint un mur et se met à courir dessus, complètement penché à l'horizontale, puis saute et les traverse toutes d'un coup de pied ! ! Il fait encore disparaître plusieurs poupées qui l'attaquaient d'une manière assez désordonnée, devant un Netoy et un Nespi qui n'arrivent pas à en croire leurs yeux. Il ne reste finalement que deux poupées qui tentent de l'avoir en le prenant de deux côtés opposés. Mais il fait un bond majestueux, semble flotter en l'air pendant un instant, et frappe les deux poupées en même temps d'un coup de pied ! Elles disparaissent immédiatement. Il redescend et se tourne finalement vers le monstre, qui devant son regard décidé a un mouvement de recul. D'un geste, Rain Bow fait apparaître le Sceptre Arc-en-Ciel et le tient des deux mains, les bras tendus, le Sceptre bien vertical tourné vers le monstre tellurique. Il reste ainsi immobile pendant quelques secondes, puis soudain se met une main derrière la nuque et sourit d'un air gêné.

- Euh... je viens d'me rendre compte... Je connais pas la formule pour utiliser mon Sceptre...

BLOOOOINK ! ! !

Netoy, Nespi et le monstre en sont tombés par terre de surprise. Niko, qui était perché non loin, en perd l'équilibre. Et les Combattants regardent Rain Bow en soupirant de dépit.

- Euh... j'suis désolé, s'excuse Angel en regardant ses amis avec un sourire gêné.

- Attention ! crie Green Bow.

Rain Bow se retourne. En effet, le monstre tellurique s'est relevé et court maintenant vers lui, bien décidé à en finir. Niko vole à toute vitesse vers Rain Bow et lui dit :

- La formule d'activation du Sceptre est : " Superbe Eclipse Arc-en-Ciel, action ! "

- Merci Niko ! Superbe Eclipse Arc-en-Ciel, action !

Le monstre est arrêté par un souffle qui l'entoure de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il essaie de se protéger, mais en vain, et perd complètement ses couleurs, devenant une silhouette blanche frappée en plusieurs points par de petits disques d'énergie semblables au symbole de l'Eclipse Arc-en-Ciel. A chacun de ces points, la silhouette commence à se craqueler, puis les cassures se rejoignent et la silhouette se brise comme une statue de verre filé, dont les morceaux étincelants disparaissent dans l'air. Il ne reste plus qu'une bulle contenant le symbole de Netoy, qui s'y désagrège, et finalement la bulle disparaît aussi. Dans l'arrière-boutique, le symbole de Netoy sur le sol se met à scintiller, puis disparaît aussi en se désagrégeant. Dans le magasin, l'atmosphère paraît s'éclaircir et les loques miteuses redeviennnent des vêtements neufs. Dehors, les camisoles de force qui entravaient les Combattants disparaissent, et ces derniers se relèvent. Netoy est presque violet de colère.

- Vous me le paierez, Combattants de l'Arc-en-Ciel ! Je vous jure que je vous aurai un jour ! Viens Nespi ! On s'en va !

Son corps devient complètement rouge, puis prend la forme de son symbole et disparaît.

- Hé ! attends-moi ! s'écrie Nespi qui disparaît aussi après avoir pris la forme de son symbole jaune.

Les Combattants rejoignent Angel qui regarde son Sceptre, encore étonné lui-même par son nouveau pouvoir.

- C'était... c'était magnifique, balbutie Clémence.

- Comment est-ce que tu as fait ça ? demande Red Bow, incrédule. Tu as pris des cours d'arts martiaux ou quoi ?

- Je suis fier de toi, dit Niko. Tu vois que tu n'avais pas de raison de t'inquiéter pour ton avenir de Combattant.

Angel ne dit rien, mais lui sourit en retour en hochant la tête. On commence à entendre des gémissements.

- Les gens commencent à se réveiller, dit Aurélien.

- Lydia ! crie Rain Bow. Vite, transformons-nous !

Les Combattants acquiescent et courent tous ensemble dans le magasin de vêtements. Ils ne se rendent pas compte qu'un peu plus loin, derrière une colonne dont l'ombre lui cache les traits, une silhouette féminine les épie.

 

 Nous retrouvons Angel et ses amis dans la chambre de Lydia. Cette dernière est allongée dans son lit. Elle commence enfin à frémir, pour la plus grande joie d'Angel. Lydia ouvre enfin les yeux, et regarde ses amis sans comprendre.

- Que... qu'est-ce que j'fais là? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu t'es pris un sacré coup sur la tête, explique Martin.

- Oui, on était vraiment inquiets, ajoute Angel les larmes aux yeux.

- Je me rappelle pas bien. J'ai cru voir... les Combattants de l'Arc-en-Ciel ?

- C'est une longue histoire. Repose-toi d'abord, on t'expliquera ensuite, dit Clémence.

- Mais, et le film ? On a manqué cette séance aussi ! s'écrie Aurélien.

- Pour l'instant il y a plus important que le film ! lui hurle-t-elle en retour.

- Et puis, ce qu'on a vu vaut bien tous les effets spéciaux de Matrix, dit Alexandra.

- Quoi ? qu'est-ce que vous avez vu ? ! demande Lydia qui se redresse d'un coup.

- Alors voilà... commence Alex.

Et elle commence à lui raconter le combat que Rain Bow a mené, devant un Angel qui les regarde d'un air gêné. Et c'est sur cette image que nous quittons nos amis en un fondu au noir.


Episode 37 : Un étrange nouveau-venu

 

 Le lendemain de l'attaque dans le magasin de vêtements, Angel se promène dans son parc habituel (oui, celui où il a reçu ses pouvoirs) avec Niko sur son épaule. Le temps est toujours magnifique et les gens en profitent (surtout les jeunes qui sont encore en vacances), et le parc est rempli de gens en maillot de bain, en train de se faire dorer au soleil ou de jouer entre eux. Personne ne semble faire attention qu'Angel parle à l'oiseau sur son épaule et que ce dernier lui répond. Ce qui est remarquable, c'est le grand sourire qui illumine le visage d'Angel.

- Dis donc, commente Niko, tu es bien joyeux aujourd'hui. Tu n'as pas cessé de sourire depuis que tu t'es levé. Qu'est-ce qu'il y a de si bien aujourd'hui pour que tu sois comme ça ?

- Rien de spécial, répond Angel sans cesser de sourire. Il fait beau, la vie est belle, je suis heureux quoi !

- Ca n'aurait pas à voir avec le fait que tu as vaincu le monstre de Netoy hier ?

- Peut-être, admet-il. C'est vrai que j'ai enfin pu utiliser mon Sceptre, et c'était franchement génial !

- Chh... ne crie pas si fort, les gens risqueraient de se poser des questions.

- Laisse-les donc faire, rien ne pourra m'enlever ma bonne humeur aujourd'hui.

- Même le fait que tu sois tout seul aujourd'hui ? Où sont les autres d'ailleurs ?

- Ils étaient tous occupés, explique Angel sans s'arrêter de sourire. Lydia est obligée de rester aider ses parents vu que les extras ont "mystérieusement" disparu. Martin est à un stage de basket, Alex est chez son père pour la journée et Aurélien répète. Quant à Clémence, elle m'a dit au téléphone qu'elle avait déjà quelque chose de prévu aujourd'hui mais elle m'a pas dit quoi... En tout cas, ça veut dire qu'on est tous seuls aujourd'hui.

- D'accord... soupire Niko qui se demande si c'est une si bonne idée.

- Tu peux soupirer autant que tu veux, ça m'empêchera pas d'être de bonne humeur !

A peine a-t-il dit ça qu'il s'immobilise et son sourire disparaît. Il regarde devant lui d'un air surpris.

- Qu'est-ce... ? commence Niko, qui n'a pas le temps de continuer car Angel lui attrape le bec.

Il se calme et regarde dans la direction d'Angel. Il ne voit rien de spécial quand il se rend compte qu'un enfant est planté devant eux à quelques mètres, et les regarde d'un air soupçonneux, les mains sur les hanches. Il reste tellement immobile que Niko a largement le temps de remarquer tous les détails de sa physionomie. C'est un garçon d'une dizaine d'années, aux cheveux mi-longs tellement noirs qu'ils en ont des reflets bleutés, et aux grands yeux tout aussi noirs. Il porte un simple short bleu et un T-shirt blanc. Angel est mal à l'aise devant ce garçon au regard si perçant et aux sourcils froncés. Ils restent ainsi immobiles pendant ce qui semble être une éternité, quand finalement le garçon commence à bouger et s'approche doucement d'Angel, le regard toujours aussi soupçonneux. Angel ne sait pas trop quoi faire et reste immobile. Finalement le gamin arrive à moins de cinquante centimètres d'Angel, et bien que ne lui arrivant qu'en dessous de la poitrine, il continue à le regarder dans les yeux, rendant Angel de plus en plus mal-à-l'aise.

- T'es Angel, c'est ça ? demande soudain l'enfant.

Angel en sursaute à moitié et bégaie :

- M... mais... comment... tu connais... mon nom ?

- T'es bien Angel donc, continue le garçon d'un ton décidé. Pfff... j'm'attendais à mieux que ça !

- Hein ? mais...

Angel ne peut pas continuer car le gamin lui a envoyé un coup de poing dans le ventre ! Il en tombe à genoux, le souffle coupé.

- Tu m'as... Attends voir... sale gosse, halète-t-il.

Mais quand il relève la tête, le garçon a disparu ! Angel tourne la tête, ébahi, mais il ne le voit nulle part.

- Mais qu'est-ce que c'était ?

- Je... je sais pas, répond Niko. Tu ne le connais pas ?

- Je l'ai jamais vu de ma vie ! assure Angel.

- C'est bizarre ça...

Angel finit par se relever, puis regarde autour de lui, sans trouver une seule trace de l'enfant qui était devant lui il y a moins d'une minute. Il finit par recommencer à marcher, non sans se retourner de temps en temps, l'air inquiet. Il ne remarque pas la silhouette féminine indistincte qui le surveille depuis l'ombre d'un arbre.

 

 Une bonne heure plus tard, Angel arrive devant chez lui. L'incident de toute à l'heure a quasiment disparu de sa mémoire et il arbore de nouveau son grand sourire.

- Salut tata ! j'suis rentré ! s'écrie-t-il en ouvrant la porte.

- Ah ! viens par ici Angel, je voudrais te parler, dit la voix de sa tante provenant du salon.

- Je mets mes chaussons et j'arrive tout de suite !

Il retire ses chaussures et ouvre le meuble à chaussures pour les y mettre mais s'arrête, étonné : à côté de ses chaussons se trouve une paire de chaussures de sport de petite pointure, des chaussures d'enfant. Un peu surpris, il retire quand même ses chaussons et les remplace par ses chaussures. Il murmure à Niko, qui est toujours sur son épaule :

- C'est bizarre ça. Qu'est-ce que fait cette paire de chaussures ici ? Ce sont pas les miennes en tout cas...

Après avoir enfilé ses chaussons il court vers le salon, mais s'arrête dans l'embrasure de la porte. Il secoue la tête, pensant avoir une hallucination, mais non, il ne rêve pas. Le garçon qu'il a rencontré une heure auparavant, ce gamin qui l'a frappé dans le ventre, est assis sur le canapé en train de siroter un coca ! Ce dernier se tourne vers lui et lui lance un regard soupçonneux, mais reste silencieux.

- Te voilà, dit Patricia qui est assise sur un fauteuil. Viens t'asseoir avec nous, je vais t'expliquer ce qui se passe.

Angel acquiesce, trop embarassé par le regard de l'enfant pour parler. Il s'assied finalement sur l'autre fauteuil.

- Lucas, je te présente Angel, mon neveu dont j'ai la garde. Angel, je te présente Lucas. Les services sociaux me l'ont confié et il va rester chez nous pendant quelques temps.

- Hein ? !

Angel est tellement surpris qu'il en fait presque tomber Niko de son épaule.

- Qu'est-ce qu'il y a Angel ? demande sa tante. Tu sais bien que je suis famille d'accueil, et que c'est pour ça que j'ai une chambre d'enfant supplémentaire. Lucas est orphelin et de famille inconnue. L'assistante sociale qui l'a amené il y a un quart d'heure m'a expliqué que c'est un enfant très farouche qui a besoin de la douceur d'une famille pour s'ouvrir un peu. Donc sois gentil avec lui, d'accord ? Je ne connais pas les détails mais d'après l'assistante il n'a pas eu une vie facile jusque là.

Angel est bouche bée, quand il se rend compte que Lucas se tient juste à côté de lui, le bras tendus vers Niko.

- Il est mignon ton oiseau, dit Lucas. je peux le prendre ?

- Hein ? ! mais non ! ! c'est pas un jouet ! réplique Angel qui met Niko hors de portée du gamin et le laisse s'envoler et se poser sur le lustre.

- T'es méchant ! Tiens !

- Aïe !

Lucas vient de donner à Angel un coup de pied dans le tibia et court se réfugier dans sa chambre.

- Angel ! qu'est-ce que j't'ai dit ? ! lui dit sa tante en se relevant d'un coup et en le regardant d'un air pas content. C'est comme ça que tu es gentil avec lui ?

- C'est pas moi... qui l'ai frappé... fait Angel en serrant les dents de douleur et en se tenant la jambe.

Sur le lustre, Niko regarde le garçon courir vers sa chambre sans se préoccuper de ce qui se passe juste sous lui. "Qu'est-ce qui se passe ?" se demande-t-il.

 

 Après un dîner plutôt chaotique (Lucas et Angel n'ont quasiment pas arrêtée de se disputer et Lucas a même fait tomber Angel de sa chaise !), Angel se retrouve enfin seul dans sa chambre avec Niko. Il referme la porte derrière lui et soupire :

- Enfin ! c'est une vraie peste ce gamin ! On dirait qu'il en fait exprès de m'emmerder.

- Angel, surveille ton langage ! l'admoneste Niko. Cet enfant fait peut-être tout pour te provoquer, mais c'est pas une raison pour jouer son jeu !

- J'aimerais t'y voir toi ! réplique Angel en se laissant tomber sur son lit. C'est pas toi qui te prends les coups de pied dans le tibia. Ca fait mal !

- Moi ce que je trouve étrange c'est que l'enfant qui t'a abordé dans le parc cet après-midi soit aussi celui que ta tante doit maintenant garder. C'est une drôle de coïncidence. Et comment est-ce qu'il connaît ton nom ?

- T'as raison, c'est bizarre, dit Angel en se tournant vers l'oiseau. Et tu sais c'qu'est bizarre aussi ? C'est ses yeux. Plusieurs fois il m'a décoché un de ces regards, on aurait dit qu'il essayait de regarder derrière mes yeux, comme s'il voulait fouiller dans ma tête. Je m'demande ce que... ? ! !

Angel se tait soudain. Niko est surpris par son comportement et ouvre le bec mais Angel met un doigt sur ses lèvres, lui signifiant de se taire. Il se relève, avance sur la pointe des pieds vers sa porte, met la main sur la poignée, attend quelque secondes, puis l'ouvre violemment ! Dans l'ouverture, Lucas est déséquilibré et tombe par terre !

- Alors comme ça on écoute aux portes ! s'écrie Angel qui le surmonte de toute sa hauteur. Qu'est-ce que tu faisais là ? ! Qu'est-ce que tu me veux en fait ? !

Lucas, allongé sur le ventre, lève la tête vers Angel, qui est surpris en voyant les larmes dans ses yeux ! Lucas se met à pleurer comme une madeleine.

- Mais... fait Angel en s'agenouillant, tu t'es fait mal ? Allons, pleure pas comme ça !

Il approche sa main de Lucas mais ce dernier la frappe tout en continuant à pleurer.

- Qu'est-ce qui se passe ici ? ! demande Patricia qui est arrivée sur les lieux.

- Angel est méchant ! hurle Lucas.

- Hein ? ! mais j'ai rien fait moi ! C'est lui qui est tombé tout seul ! !

- C'est pas vrai ! C'est pas vrai ! C'est pas vrai ! !

- Arrête de mentir comme ça ! J't'ai surpris en train d'écouter à ma porte et t'es tombé tout seul !

- Angel, tu aurais pu faire un peu plus attention ! lui dit sa tante en prenant Lucas dans les bras.

- Mais...

- Je t'ai bien dit que Lucas a un passé difficile. Tu pourrais faire quelques efforts !

- Mais, c'est lui qui... c'est lui qui arrête pas d'm'embêter ! fait Angel qui se met à pleurer.

- Angel, allons... A 16 ans, il est temps que tu te comportes un peu moins comme un enfant gâté. J'emmène Lucas dans sa chambre. Demain, je veux que tout ça soit fini !

Angel rouvre les yeux tandis que sa tante se retourne, et est surpris de voir Lucas déjà les yeux fermés, s'endormant dans les bras de Patricia. "Quel enfant étrange", se dit Niko. "Il y a un secret là-dessous, et je me demande bien ce que ça peut être... En tout cas, je dois réunir les Combattants de toute urgence. Cela pourrait être le début d'une nouvelle crise..."

 

 Dans l'espace, nous retrouvons le vaisseau tétraèdre en orbite autour de la Terre. Après un rapide zoom vers la sphère du sommet, nous nous retrouvons dans la salle circulaire habituelle. Dans cette salle, nous retrouvons Netoy, Nezayo et Nespi devant la table aux formes bizarres, au-dessus de laquelle une image indistincte, remplie de parasites comme un écran de télé entre deux canaux, vibre et tressaute. Nespi semble presque dormir debout, mais les deux autres maîtres sont bien réveillés et attendent, un peu inquiets. Une des portes disparaît soudain en lumière et Nemina entre dans la salle.

- Qu'est-ce qui se passe Netoy ? Pourquoi cette réunion ?

- Nous sommes sur le point de recevoir une communication du vaisseau-mère, explique Netoy.

- A cette heure ? ! fait Nemina en baillant. On ne devait pas recevoir d'autre communication avant une dizaine de tours de cette planète ! Qu'est-ce qui se passe ?

- Je n'en sais rien... répond Netoy.

Il s'interrompt en voyant que l'image s'est stabilisée, même si cette dernière ne contient toujours que de la neige.

- ... mais on va le savoir tout de suite. A genoux !

Tout le monde s'éxécute et se met un genoux à terre devant la table et l'image. Après quelques secondes, une voix se fait entendre, la même que nous avons entendu la dernière fois, mais cette fois-ci un peu plus clairement. Le niveau de parasites a beaucoup diminué.

- Maîtres des énergies !

- Nous sommes tous présents, répond Netoy, et curieux de la raison de cette communication surprise.

- Un événement fâcheux s'est produit il y a peu de temps, quelque chose d'incompréhensible : le Petit Joyau s'est échappé !

- Hein ? ! !

C'est la réaction commune de tous les maîtres, sauf Nespi qui regarde ses compagnons et demande :

- Qui ?

Netoy et Nezayo en manquent de tomber par terre, mais Nemina semble plus fâché que surpris et lui décoche un tel regard que Nespi se tait immédiatement. Espérant que Nespi n'a pas été entendu de l'autre côté, Netoy reprend la parole :

- Comment est-ce possible ? Je croyais que le Joyau était maintenu en animation suspendue pour éviter tout problème...

- Il semble que même cette précaution se soit avérée insuffisante, réplique la voix. D'une manière ou d'une autre, le Petit Joyau est parvenu à s'échapper du vaisseau-mère sans être détecté, et quand finalement nous sommes parvenus à retrouver sa position il était déjà trop loin pour le poursuivre.

- Et en quoi pouvons-nous vous aider alors ? demande Nezayo.

- Nous avons pu détecter son énergie jusqu'à sa destination. Par chance pour nous, elle est très proche de vous. En fait, il semble que le Petit Joyau se soit réfugié sur cette même planète autour de laquelle vous orbitez en ce moment !

Les maîtres sont surpris par la coïncidence.

- C'est étrange, fait Netoy. Pourquoi le Petit Joyau aurait-il intérêt à se réfugier sur cette planète rurale ?

- Nous l'ignorons. Peut-être cela a-t-il à voir avec l'extraordinaire énergie que cette planète semble cacher. En tout cas, votre présence est une chance. A partir de maintenant, votre mission est élargie : en plus de préparer l'annexion de cette planète pour la Galaxie Sombre, vous avez pour ordre de retrouver le Petit Joyau. Vous connaissez son signe distinctif, n'est-ce pas ?

- Oui ! s'écrient en même temps Netoy, Nemina et Nezayo.

Seul Nespi est resté silencieux, ne comprenant toujours pas ce qui se passe.

- Que devons-nous faire lorsque nous auront retrouvé le Joyau ? demande Nemina.

- L'incident a largement prouvé que garder le Petit Joyau vivant était une erreur, répond la voix. Aucune mesure de contention ne semble suffisante pour le retenir. Vos ordres sont simples : retrouvez le Petit Joyau, et détruisez-le.

- A vos ordres ! fait Netoy en baissant la tête.

- J'espère que vous serez à la hauteur de votre tâche. Nous ne pouvons laisser le Petit Joyau vivant. Son existence est une menace pour toute la Galaxie Sombre. Un échec sera puni très sévèrement.

- Nous comprenons, majesté. Nous accomplirons notre mission sans faillir, assure Netoy.

- Je l'espère, pour vous, dit la voix d'un ton sinistre.

Le niveau de parasites augmente soudain, et finalement l'image disparaît. La communication est terminée. Les maîtres se relèvent.

- Retrouver le Joyau et le détruire, rien que ça ! grogne Nemina. Pourquoi c'est toujours à nous de faire le sale boulot ? !

- Tu oublies ton rang, et le leur ! réplique Netoy.

Il s'approche de la table et la touche en plusieurs endroits. Une image en trois dimensions de la Terre apparaît, avec les trois points sacrés clignotants. Soudain, le point correspondant à Paris s'illumine encore plus.

- Tiens, c'est étrange...

- Que se passe-t-il ? demande Nezayo.

- J'ai détecté l'énergie du Petit Joyau. Il est bien sur cette planète. Mais bizarrement, il se trouve dans le point sacré que nous essayons d'annexer.

- Hein ? ! ! Il se trouve sur notre champ de bataille ? ! !

Netoy acquiesce. Nemina se met à hurler de rire.

- Ca va être du gâteau alors ! finit-il par dire. Peux-tu me donner sa position ? Je vais aller le chercher et le tuer moi-même.

- Malheureusement, avec l'équipement que j'ai je ne peux pas être plus précis que ça. Mais si tu veux descendre le chercher, ne te gêne pas. Il se trouve maintenant dans un environnement inconnu et cela va le stresser. Et tu sais ce qui se passe quand il craque...

- Evidemment que je sais ! Bon, j'y vais alors !

Nemina passe sous une des arches qui se referme derrière lui. C'est à ce moment que Nespi reprend la parole :

- Est-ce que quelqu'un va m'expliquer maintenant ? ! Qui c'est ce "Petit Joyau" ?

Netoy se frappe la tête avec la main tandis que Nezayo regarde Nespi d'un air incrédule.

- Quand je pense que c'est un maître comme nous, fait Netoy. Quelle honte... Allez, viens par ici, je vais t'expliquer ce que tu devrais déjà savoir !

Et c'est sur ces paroles que nous les quittons par un fondu au noir.

 

 Le lendemain, nous retrouvons les Combattants dans le parc, assis dans l'herbe et profitant du soleil. Quelques mètres plus loin, Lucas joue avec quelques jouets que Patricia a retrouvé parmi les anciens jouets d'Angel, sous la surveillance affectueuse de cette dernière. Au moment où nous arrivons, Angel vient de finir le résumé de la veille.

- Voilà, vous savez tout, conclut-il. Ce petit monstre est maintenant installé chez nous, et c'est pas vraiment marrant.

- C'est vrai que c'est une drôle de coïncidence, dit Martin, mais de là à le trouver suspect... C'est qu'un gamin après tout !

- Je sens quelque chose d'étrange, explique Niko. Je ne sais pas ce que c'est, mais cet enfant cache un secret. Ce n'est pas forcément un ennemi, mais il y a quelque chose qui cloche.

- Moi j'aime pas son comportement ! dit Angel. J'ai pas l'intention d'être son souffre-douleur ! Il arrête pas de me chercher des noises, et en plus il m'espionne. Je l'ai encore surpris ce matin à écouter derrière la porte de la salle de bains pendant que je prenais ma douche !

- Lui ? demande Alexandra en désignant Lucas du doigt. Il a l'air innoffensif ! Et puis il est si mignon !

- Il est pas si innoffensif que ça ! J'en ai encore les tibias qui m'font mal.

- Moi, il y a une chose que je ne comprends pas... commence Clémence.

Les autres la regardent pendant son silence.

- ... Comment se fait-il que ta tante, bien que vivant seule, soit famille d'accueil ?

BLOOOOING ! (bruit de 4 personnes et un oiseau tombant à terre de surprise)

- La curiosité administrative de Clémence... se dit Martin en se relevant et en secouant la tête.

- Tu devrais demander directement à tata, explique Angel en se rasseyant normalement. Je crois que ça a à voir avec le fait qu'elle travaille à la DDASS. D'ailleurs elle est maintenant en congé prolongé pour s'occuper de Lucas.Il est soi-disant un enfant avec un passé difficile. Moi j'trouve au contraire qu'il se conduit vraiment comme un enfant gâté.

- C'est l'hôpital qui s'moque de l'infirmerie ! s'exclame Martin.

- Hein ? ! t'es méchant de dire ça ! pleurniche Angel, tandis que les autres secouent la tête de dépit.

- Allons, calme-toi, dit Aurélien. Tu sais bien qu'on t'aime comme tu es, même pleurnichard et paresseux.

- Ca, tu ne peux pas trop le critiquer, l'interrompt Clémence. Tu es exactement pareil !

- Clémence ! pourquoi t'es toujours si méchante avec moi ! s'écrie Aurélien qui se met à imiter Angel en se mettant aussi à pleurnicher.

Maintenant, c'est Angel et Aurélien qui pleurent tous les deux.

- Merci Clémence, maintenant il va falloir les consoler tous les deux.

- Désolé Martin, réplique cette dernière, j'ai pas pu m'en empêcher.

- Lucas ? ... Lucas ! !

Angel et Aurélien s'arrêtent instantanément de pleurer et relèvent la tête, regardant Patricia qui vient de crier. Cette dernière est debout et semble chercher autour d'elle.

- Lucas ? ! où es-tu ? ! Lucas ! ! continue-t-elle.

En effet, on ne voit Lucas nulle part !

- Qu'est-ce qu'y a tata ? lui demande Angel en se relevant, suivi immédiatement par ses amis.

- Lucas ! Je l'ai quitté des yeux à peine quelques secondes, et il était plus là ! répond-elle, affolée. Il a disparu !

- Quoi ? ! (réaction collective)

- C'est pas possible... fait Angel en serrant le poing et les dents. Ce gamin est vraiment insupportable !

- Angel, c'est pas l'moment ! crie Martin. Il faut le retrouver. Il lui est peut-être arrivé quelque chose.

- Restez ici, madame, dit Clémence. On va s'en occuper. S'il revient, il faut quand même qu'il y ait quelqu'un pour l'attendre. S'il vient de disparaître, il ne peut pas être loin. Il doit être quelque part dans le parc. Allez les amis, on se sépare !

- Oui !

Et nos cinq amis partent tous dans des directions différentes pour explorer tout le parc, laissant au milieu la tante d'Angel, inquiète.

 - Lucas ! ! où es-tu ? ! crie Martin d'un côté du plan d'eau au milieu du parc.

- Lucas ! ! montre-toi ! ! crie Clémence de l'autre côté du même plan d'eau.

Ils se retournent l'un vers l'autre et se regardent.

- On devrait peut-être se séparer un peu plus pour couvrir plus de terrain ! s'écrie Clémence.

- Sans blague ? ! ironise Martin.

Et ils partent dans des directions opposées.

 Pendant ce temps, Aurélien explore les buissons, mais ne réussit qu'à déranger quelques moineaux. Un peu plus loin, Alexandra accoste tout le monde :

- Dites, vous auriez pas vu un p'tit gamin, cheveux noirs, yeux noirs, en short bleu et T-shirt blanc, une dizaine d'années ? Non ?

Malheureusement, elle ne reçoit que des réponses négatives.

 On retrouve finalement Angel, seul dans un coin peu fréquenté du parc, un chemin de terre bordé d'un côté par un mur et de l'autre par une série de buissons et d'arbres. Tout en marchant sur le chemin, Angel grommelle :

- Quelle petite peste ce gamin ! J'ai autre chose à faire que courir après ce p'tit monstre, surtout vu comment il se comporte avec moi ! Hé ! mais c'est lui !

En effet, à une vingtaine de mètres devant lui, Lucas se promène tranquillement. Angel s'approche rapidement puis l'appelle :

- Lucas ! Qu'est-ce que tu fous ici ? !

Ce dernier se retourne brusquement, surpris, mais l'expression de son visage se durcit dès qu'il voit Angel.

- C'est pas la peine de m'regarder comme ça ! fait ce dernier. Tu vas répondre à ma question !

- J'ai rien à t'dire ! réplique Lucas en détournant la tête.

- Grrr.... t'as vraiment aucun respect ou quoi ? ! s'écrie Angel en serrant le point, tout en arrivant juste devant l'enfant. On est tous partis à ta recherche, tata Patricia est morte d'inquiétude, et c'est tout ce que tu trouves à dire ! T'es gonflé ! !

- J'ai pas d'comptes à rendre. J'fais c'que j'veux, quand j'veux !

- Et tata alors ? ! Et nous ? ! ça te dérange pas de nous faire chercher dans tout le parc ? !

- M'en fous ! ! !

- Alors là c'en est trop ! ! !

Vert de rage, Angel attrape Lucas par le col et le soulève. Lucas se débat, mais Angel tient bon.

- Lâche-moi ! Lâche-moi ! T'as pas l'droit !

- Oh que si ! réplique Angel. Ton comportement est innacceptable et tu mérites une bonne punition !

Il le retourne et lui administre une bonne fessée !

- Aïe ! fait Lucas, les larmes aux yeux.

- Arrête de geindre ! Ca t'apprendra à te foutre de la gueule des gens comme ça !

Angel continue de le fesser, et Lucas se met à pleurer à grosses gouttes.

- Aïe ! arrête ! Non ! Aïe ! ! Noooooon ! ! !

A la grande surprise d'Angel, le dernier hurlement de Lucas est accompagné par ses cheveux noirs devenant lumineux de la racine à la pointe ! Puis ils se mettent à briller de mille feux et une gigantesque énergie se dégage, formant une colonne de lumière centrée sur l'enfant.

- Hein ? qu'est-ce qui se passe ? s'interroge Angel qui en lâche Lucas de surprise.

Après quelques secondes, la colonne d'énergie disparaît, mais les cheveux de Lucas, maintenant à quatre pattes, restent lumineux. Angel regarde sans comprendre, quand soudain une ombre recouvre Lucas, qui relève la tête. Angel et Lucas sont ébahis : Nemina est devant Lucas, et le contemple de toute sa hauteur.

- Ah ! te voilà enfin, Petit Joyau, dit ce dernier. Tu sais que tu nous causes bien des soucis ?

- Mais... c'est... la Galaxie Sombre ! se dit Angel.

Lucas essaie de reculer, mais il semble paralysé par la peur.

- Pas la peine de faire cette tête, continue Nemina. Je ne suis pas venu te recapturer. Je suis juste là pour en finir avec toi !

- Quoi ? ! pas question ! !

- Hein ? fait Nemina en relevant la tête.

Angel s'est relevé et court vers Nemina, mais ce dernier est plus rapide et l'envoie valser dans les buissons d'une seule main. Angel retombe durement, mais parvient à se relever et à se cacher un peu plus loin. Il attrape son Talisman. "Il veut tuer Lucas !" pense Angel. "Je peux pas laisser faire ça !"

- Talisman Arc-en-Ciel, métamorphose !

 Nous retrouvons de nouveau Nemina et Lucas, qui regarde son futur bourreau d'un air désespéré. Ce dernier dit :

- Bon, où en étais-je ? Ah oui ! je me préparais à terminer le Petit Joyau.

Il se retourne vers Lucas et s'approche de lui.

- Tu ne feras rien !

- Hein ? crie Nemina en se retournant.

Rain Bow est debout devant les buissons, toisant Nemina du regard.

- Vouloir la mort d'un enfant sans défense est une acte abominable et impardonnable. Prends-en-toi plutôt à quelqu'un de ta taille. Prends garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !

- Rain... Bow... murmure Lucas, qui s'évanouit à ce moment, tandis que ses cheveux reprennent leur couleur normale.

- Rain Bow ! quelle surprise ! s'écrie Nemina. Je suppose que tu as l'intention de m'empêcher de détruire le Joyau.

- En effet, répond Rain Bow. Tu ne toucheras pas à un seul de ses cheveux tant que je serai vivant !

- On devrait pouvoir s'arranger alors...

- Hein ?

Nemina décroche sa cape, et la tient maintenant pendante de la main droite.

- Je vais d'abord m'occuper de toi, et ensuite du Petit Joyau. Ils seront contents de savoir que je me suis débarassé de vous deux. Ca me vaudra surement une promotion ! Mais en attendant, goûte donc à la Punition des Cieux !

Nemina donne de grands coups avec sa cape, créant ainsi une série d'ondes de choc qui se propagent vers Angel. Ce dernier les évite d'un bond, puis évite de nouveau la deuxième salve, mais la troisième l'envoie valdinguer contre le mur si fortement qu'il en crée un trou dedans. Rain Bow semble avoir son compte.

- Bon, dit Nemina en remettant sa cape autour du cou, maintenant que la pause est finie, revenons aux choses sérieuses.

Il commence à s'approcher doucement de Lucas. Du côté du mur, Angel reprend ses esprits et voit Nemina s'approcher de Lucas.

- Non... il ne faut pas... fait-il en serrant les dents.

Il se relève, et regarde soudain le mur. Il saute dessus et se met à courir en direction de Nemina. Ce dernier à est arrivé devant le Petit Joyau et a défait sa cape de nouveau.

- A cette distance, les ondes de chocs de la Punition des Cieux devraient te déchiqueter. Ce sera intéressant à voir.

- J'ai dit : pas tant que je serai vivant ! ! hurle Rain Bow.

- Encore là ? ! tu n'en as pas eu assez peut-être ? ! Alors reprends un peu de la Punition des Cieux !

Nemina lui envoie une nouvelle salve d'ondes de choc, mais Angel saute avant qu'elles ne l'atteignent et elles ne font que détruire une partie du mur.

- Hein ? ! Non ! !

Grâce à son élan, Rain Bow parvient à donner un coup de pied magnifique à Nemina, qui en lâche sa cape et est soulevé de terre, retombant durement contre un arbre un peu plus loin. Rain Bow atterrit, et d'un geste fait apparaître son Sceptre.

- Maintenant c'est à mon tour de te montrer de quoi je suis capable ! Superbe Eclipse Arc-en-Ciel, action !

Nemina reprend ses esprits juste à temps pour voir les couleurs de l'arc-en-ciel l'entourer et les disques d'énergie se diriger vers lui.

- Aaaaaaah !

- Ca y est ! J'l'ai eu ! s'écrie Rain Bow.

Mais une seconde plus tard, le symbole vert de Nemina apparaît une dizaine de mètres plus loin et se mue en Nemina lui-même. Ce dernier est couvert d'hématomes et se tient le bras, mais il est vivant.

- Tu as gagné pour l'instant, dit Nemina en serrant les dents de douleur. Mais ce n'est que partie remise. Je vous détruirai tous les deux, toi et le Petit Joyau !

Sa silhouette redevient verte, ainsi que sa cape qui devient une boule d'énergie verte qui rejoint la silhouette, puis elle reprend la forme de son symbole et finalement disparaît.

- Je l'ai raté... soupire Rain Bow. Enfin... Lucas ! !

Il court vers ce dernier, s'agenouille devant lui et le prend dans ses bras. Lucas respire tranquillement. Angel est soulagé de savoir qu'il n'est qu'évanoui.

- Lucas... qu'est-ce qui s'est passé ? Et qui es-tu réellement ? Un "Petit Joyau" ?

- Rain Bow ! on est là !

Ce sont les amis Combattants d'Angel, qui arrivent cependant un peu tard. Mais Angel a un grand sourire en les voyant arriver. Ensemble, ils trouveront bien un moyen de comprendre ce qui s'est passé !


Episode 38 : La gourmandise est un vilain défaut

 

 Il fait nuit noire dehors. Paris est silencieuse (pour autant que Paris puisse être silencieuse), abrutie par la chaleur de cette nuit d'août. Mais derrière l'hologramme solide qui sépare le magasin de jouets du Q.G. des Combattants de l'Arc-en-Ciel, on se préoccupe de bien d'autres choses que de la chaleur. Tous les Combattants sont rassemblés, ainsi que Niko et Aniva (par l'intermédiaire d'un hologramme bien sûr), et écoutent Angel leur raconter l'attaque de Nemina sur Lucas, qui a eu lieu juste quelques heures auparavant.

- ... Et Nemina a disparu, un peu avant que vous arriviez à la rescousse, termine Angel.

- Grrr... pourquoi je suis pas arrivé plus tôt ? ! s'exclame Martin en frappant le mur du poing. Je lui aurais fait passer un sale quart d'heure à ce Nemina !

- Angel a quand même réussi à le malmener suffisamment pour qu'il prenne la fuite, rappelle Clémence.

- C'est vrai ça ! Bravo Angel ! le félicite Alexandra.

- Ouaips ! bravo ! ajoute Aurélien.

- Merci, réplique Angel, mais je le mérite pas. Il a quand même évité mon attaque.

- Tu es parvenu à sauver Lucas, qui serait mort sans ton intervention. C'est le plus important, dit soudain Aniva.

- C'est vrai, ajoute Niko, tu n'as pas échoué.

- ... Merci, fait Angel avec un sourire gêné.

- A propos, comment va Lucas ? demande Clémence.

- Il a l'air d'aller bien, répond Angel. Il est resté plutôt silencieux après s'être réveillé. Je sais pas trop s'il est choqué ou s'il se souvient de rien. En tout cas, il ne m'a pas adressé la parole de toute la soirée. Tata Patricia est plutôt inquiète, mais elle attribue son comportement aux problèmes qu'il aurait eus dans sa famille d'origine. Personellement, je crois pas qu'il a vraiment une famille d'origine, en tout cas pas sur Terre.

- C'est vraiment lui la cause de cette colonne d'énergie ? demande Martin. J'ai peine à y croire.

- C'est vrai, fait Aurélien. C'est qu'un petit garçon...

- Ca venait bien de lui, assure Angel. J'y étais dedans...

- Tu dis que ses cheveux se sont mis à briller avant que son énergie ne se libère, dit Clémence. Tu crois qu'il pourrait avoir un rapport avec nous ? Aniva, est-ce qu'il pourrait avoir quelque chose à voir avec la Confrérie de l'Arc-en-Ciel ?

- Mmm... j'en doute, répond cette dernière après un moment de réflexion. L'énergie qu'il a dégagée était si grande que j'ai pu la détecter depuis la face cachée de la Lune, et j'ai pu analyser sa signature. Elle a bien une ressemblance avec vos énergies, mais elle n'est que superficielle. Il s'agit d'un pouvoir profondément étranger et inconnu dans cette Galaxie. Angel, comment as-tu dit que Nemina avait appelé Lucas ?

- "Petit Joyau"... et il a précisé qu'il n'était pas venu le REcapturer, mais en finir avec lui.

- Je crois que c'est assez clair dans ce cas, continue Aniva. Lucas était prisonnier de la Galaxie Sombre, et a réussi à s'en échapper d'une manière ou d'une autre, et à se réfugier sur Terre.

- Je me demande bien comment il a fait, dit Clémence, reflétant ainsi les penséees de tout le monde.

- En tout cas, la Galaxie Sombre semble le considérer comme une menace et veut le tuer.

- Mais c'est qu'un gamin ! s'insurge Alexandra. Comment est-ce qu'il pourrait être une menace pour qui que ce soit ? !

- Tu n'as pas encore vu son comportement d'enfant gâté ! réplique Angel.

- Angel ! s'écrie Martin. Mais c'est vrai qu'avec une telle énergie enfermée en lui, je comprends qu'ils puissent le considérer comme une menace. Imaginez s'il parvenait à contrôler toute cette puissance...

Les Combattants comprennent tout de suite ce que veut dire Martin.

- Une chose est sûre, dit Aniva, il nous faut protéger Lucas. Nous ne pouvons tolérer que la Galaxie Sombre lève la main sur qui que ce soit, et spécialement pas sur un enfant ! Combattants de l'Arc-en-Ciel, je compte sur vous pour protéger Lucas.

Martin, Alex, Clémence et Aurélien acquiescent. Angel soupire :

- Pff... j'savais qu'vous alliez dire ça. Maintenant je dois protéger cette petite peste ! Enfin, vous avez raison, je peux pas laisser la Galaxie Sombre s'en prendre à lui, même s'il est insupportable.

- T'inquiète pas Angel, on t'aidera du mieux qu'on pourra, fait Alex.

- Merci, réplique-t-il. Si vous pouviez me fournir un fouet et une cage pour commencer...

- Angel ! ! ! crie tout le monde à la fois.

- Bon ! bon ! c'était qu'une suggestion ! fait ce dernier en se faisant tout petit.

 

 Dans l'espace, protégé de toute détection, le vaisseau-tétraèdre orbite en silence autour de la Terre. A l'intérieur, c'est une autre histoire, et les maîtres se font passer un sacré savon ! Ils sont agenouillés devant la table étrange, au-dessus de laquelle flotte cette image indistincte de parasites. Mais la voix qui lui est associée est très claire :

- Incapables ! ! ! comment avez-vous pu laisser échapper un enfant sans défense ? ! Il n'a aucun contrôle de sa puissance et est la cible la plus facile qui soit ! !

- Les Combattants de l'Arc-en-Ciel se sont interposés... essaie de se justifier Nemina.

- SILENCE ! ! ! hurle la voix que la remarque semble avoir accentué la colère. Nous ne voulons pas d'excuses ! ! Nous voulons des actes ! ! ! N'oubliez pas ce qui vous arrivera si vous n'accomplissez pas votre mission avant notre arrivée !

A ces mots, les maîtres tremblent de peur.

- Vous avez de la chance que nous soyons encore trop loin. Alors profitez-en ! ! Mais n'espérez pas de pitié de notre part ! Et n'oubliez pas que votre mission principale est toujours d'asservir cette planète !

La transmission devient soudain beaucoup plus distordue et finalement est coupée. Les maîtres se relèvent lentement, évidemment choqués par ce qu'ils viennent d'entendre. Un silence de plomb s'est abattu dans la salle. Nespi est le premier à briser ce silence, timidement :

- Euh... il a voulu dire... ce que j'ai compris qu'il a voulu dire ?

Les autres le regardent. Nespi n'a plus l'air joyeux qui le caractérise normalement.

- J'en ai bien peur, finit par répondre Netoy. Bon sang ! j'l'ai jamais vu comme ça ! Ce ne sont pas des menaces en l'air cette fois-ci.

- Et tout ça parce que Nemina est un incapable ! s'écrie Nezayo. Pas même capable de nous débarasser d'un gamin de rien du tout !

- J'ai déjà expliqué que j'ai été interrompu par les Combattants de l'Arc-en-Ciel ! ! se défend Nemina. Ce n'est qu'un repli stratégique. La prochaine fois...

- Mais qui crois-tu convaincre avec ton baratin ? ! le coupe Nezayo dont la voix est rendue suraigüe par la colère. D'abord, il n'y avait qu'un seul Combattant contre toi ! Ensuite, tu t'es enfui plutôt que te battre jusqu'au bout ! Tu n'es qu'un lâche ! !

- Si tu crois pouvoir faire mieux que moi, pourquoi tu n'essaies pas toi-même ? !

- Parce que tu crois que j'ai attendu ta permission ? ! s'esclaffe-t-elle. Mon plan est déjà en route si tu veux tout savoir !

- De quel plan il s'agit ? demande Netoy calmement.

Nezayo s'avance entre la table et les maîtres, et se tourne vers ces derniers.

- D'un plan qui réconcilie nos deux objectifs : annexer cette planète et tuer le Petit Joyau. Et je vais accomplir cela en annexant un point de force marine auquel un enfant ne pourra pas résister.

Derrière elle, apparaît au-dessus de la table l'image d'un magasin peint tout en jaune et en couleurs criardes, au coin d'une rue et d'une place. C'est sur cette image que nous quittons la scène dans un fondu au noir.

 

 Le lendemain matin, nous retrouvons Angel, profondément endormi dans son lit. Son réveil-matin indique qu'il est neuf heures et demie. Niko dort lui aussi, sur son perchoir. Soudain, les rideaux de la fenêtre sont ouverts en grand, laissant la lumière du jour inonder la chambre, tandis que Patricia dit d'une voix joyeuse :

- Allez, debout ! Il est l'heure de s'lever !

Angel plisse les yeux, grogne, et se retourne pour s'enfouir la tête dans son oreiller. Mais sa tante n'a pas dit son dernier mot et lui enlève sa couverture. Angel sursaute et essaie de la récupérer.

- Tata ! grogne-t-il. On est encore en vacances ! Je veux encore dormir !

- Par le beau temps qu'il fait ? ! Pas question ! Et n'oublie pas que tu es censé sortir avec Lucas aujourd'hui. Il est déjà levé.

- Quoi ? ! s'écrie Angel en s'agenouillant sur son lit tout d'un coup. Je dois emmener cette petite peste ? ! Mais j'avais prévu d'aller avec mes copains...

- Ca ne t'empêche pas de l'emmener. Et moi je dois aller au bureau aujourd'hui. Je suis peut-être en congé, mais je dois aller récupérer quelques papiers. Et je ne peux quand même pas emmener Lucas avec moi ! Alors tu vas être gentil et t'occuper de Lucas pour la journée. Allez, maintenant lève-toi et viens prendre ton petit-déjeuner.

Patricia sort de la chambre, laissant Angel encore agenouillé sur son lit, et baillant de sommeil. Niko, que tout ce remue-ménage a réveillé aussi, vole près de lui.

- Allez, debout ! De toute façon, c'est bon pour toi de te lever un peu plus tôt le matin. Tu as 16 ans maintenant, il est temps que tu commences à te comporter d'une manière un peu plus adulte.

- Mais je me suis couché si tard... fait Angel d'une voix ensommeillée, et en retombant doucement sur son lit.

- Grr... Angel ! ! !

 Finalement, Angel s'est levé, et entre dans la cuisine avec un air de somnambule. Assis sur une chaise, Lucas, le regarde d'un air méprisant, tout en buvant son jus d'orange. Finalement, Angel s'assied à la table, avec Niko sur l'épaule.

- Tiens ! fait sa tante en lui apportant un verre de jus d'orange et un chocolat chaud. Ca devrait te réveiller.

- Merci tata... répond Angel d'une voix empâtée.

- Et viens ici, petit oiseau, continue-t-elle. J'ai un peu de pain et des graines pour toi.

Niko s'envole, et se pose à côté de l'assiette que Patricia lui a préparé. Il commence à picorer avec appétit.

- Tu devrais prendre exemple sur ton oiseau, dit soudain Lucas en direction d'Angel. Prends un bon petit déjeuner. C'est le repas le plus important de la journée.

- T'en sais des choses, dit Patricia, sincèrement impressionnée.

- Grrr... de quoi j'me mêle ? fait Angel entre ses dents.

Mais la faim lui fait suivre sans pouvoir s'en empêcher le conseil de Lucas, et il se prépare une montagne de tartines qu'il engloutit en quelques minutes. Lucas le regarde faire avec des yeux ronds. Quand Angel a finit, il s'exclame :

- Ouaouh ! j'ai jamais vu ça !

- Comment ça ? demande Angel.

- Si tu manges comme ça tout le temps, tu vas finir par être plus facile à rouler qu'à faire marcher ! !

- Lucas ! s'écrie Patricia, qui ne peut s'empêcher de rire à moitié.

- Qu'est-ce que tu insinues ? ! Que j'suis gros, p'têt ? !

- Non, je disais ça comme ça, répond Lucas d'une petite voix.

- Bien sûr ! et maintenant, tu vas prétendre que tu as dit ça pour être gentil ! Ca marche pas avec moi !

- Angel, arrête !

- Mais, tata...

- Y'a pas d'mais ! Regarde un peu ce que tu fais !

Angel regarde Lucas, et voit que les yeux de ce dernier sont humides, comme s'il était prêt à pleurer.

- Mais je fais que m'défendre ! explique Angel.

- Angel, s'il te plaît !

- Bon... je vais prendre ma douche, dit-il en se levant.

Il s'approche de la porte de la cuisine, se retourne, et voit sa tante de dos, tandis que Lucas le regarde et lui tire la langue.

- Sale gamin ! murmure Angel.

Il serre les poings, mais se retourne et part vers la salle de bains. Là, il frappe le lavabo du poing et se regarde dans le miroir.

- Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça ! Il en fait exprès de me pousser à bout, et c'est comme si tata voyait rien !

Angel prend une grande inspiration, puis expire doucement.

- Enfin, fait-il, subitement calme, je vais pas être tout seul avec lui. Avec les copains autour, ça devrait être supportable...

Il sourit légèrement à sa propre réflexion dans le miroir, puis attrape sa brosse à dents et son dentifrice. Et c'est à ce moment que nous le quittons dans un fondu enchaîné.

 

 Nous nous retrouvons à l'entrée de l'appartement. Patricia se prépare à sortir. Elle finit de mettre ses chaussures quand on frappe à la porte. Elle va ouvrir : c'est Martin qui vient chercher Angel.

- Bonjour Martin, dit Patricia. Angel et Lucas sont presque prêts. Entre donc.

- Lucas vient aussi ? demande Martin en entrant.

- Oui, je dois passer au bureau et je ne peux pas l'emmener. Ca ne vous dérange pas trop j'espère.

- Pas du tout ! En fait ça tombe bien. J'ai dû emmener mon frère et ma soeur. Ils ont le même âge que Lucas.

- C'est parfait ! Bien, je n'aurai donc pas de regrets à laisser vous occuper de Lucas, dit la tante d'Angel. Angel ! Lucas ! vous êtes prêts ou quoi ?

- J'arrive ! crie Angel depuis sa chambre.

On entend un bruit de pas lourds, puis Angel arrive.

- Salut Martin ! Ca va ?

- Pas d'problème ! Où est Lucas ?

- Tata t'a dit, fait Angel avec un soupir. Il doit encore être dans sa chambre. Je sais pas ce qu'il y fait, il a fermé sa porte.

- Je vais aller le chercher, dit Patricia.

- Ne vous dérangez pas, dit Martin. On va aller le chercher. Hein Angel ?

- Si tu insistes...

- Merci beaucoup Martin. Il faut que j'y aille, je vais être en retard. Angel tu as tes clefs ?

- Oui tata, j'les ai sur moi.

- Parfait. Alors j'y vais. A ce soir Angel !

- A ce soir tata ! répond ce dernier.

La tante d'Angel sort de l'appartement et referme la porte.

- Bon, on va l'chercher ? demande Martin. J'ai laissé Alex et Aurélien tous seuls en bas avec mon frère et ma soeur. Ils vont finir par s'impatienter.

- T'as emmené ton frère et ta soeur ?

- Pas trop le choix, y'avait personne pour s'occuper d'eux aujourd'hui.

- T'es dans la même situation que moi alors. Encore que, au moins ils te détestent pas. C'est pas comme ce monstre-là.

- Allons ! Tu crois pas que t'exagères un peu ? ! s'indigne Martin.

- Si seulement... réplique Angel en soupirant. Enfin, allons l'chercher.

 Ils arrivent devant la porte de la chambre de Lucas. Martin remarque qu'un peu de lumière bleutée passe par le dessous de la porte, tandis qu'on entend des bruits étouffés, comme un bruit de voix en conversation.

- Lucas regarde la télé ? demande Martin.

- Je vois pas comment il pourrait, y'a pas de télé dans sa chambre, répond Angel.

Ce dernier attrape la poignée de porte et l'ouvre en grand. Lucas se retourne, surpris. Il est assis sur son lit, le dos à la porte. Mais rien ne semble responsable de la lumière que Martin a vu, et la chambre est silencieuse. Du moins, jusqu'à ce que Lucas ouvre la bouche :

- Pourquoi t'as ouvert la porte comme ça ? ! ! hurle-t-il. Tu peux pas frapper avant d'entrer ? ! !

- Tata t'a appelé y'a cinq minutes déjà, réplique Angel qui serre les poings mais essaie de se contrôler. On est prêts et on attend plus que toi. Et chez nous on ne ferme pas la porte de notre chambre, sauf la nuit. C'est pas poli de se couper des autres comme ça. Et puis, à qui tu parlais d'abord ? On entendait comme des voix du couloir.

- Tu délires ! réplique sèchement Lucas en se levant. Tu vois bien que y'a qu'moi ici !

Il se dirige vers la porte et passe devant Martin et Angel en marchant sur le pied de ce dernier !

- Aïe ! ! hurle Angel en sautant sur un pied et attrapant son pied endolori. Idiot ! Tu pourrais pas faire attention ? !

Mais Lucas ne répond pas. A la place, il se retourne et dit :

- Bon, je croyais qu'on était prêts à partir. Vous venez ou quoi ?

Et il se retourne et part mettre ses chaussures. Martin en est resté bouche bée, tandis qu'Angel s'assied sur le lit de Lucas en grommelant :

- Et après on dit que j'exagère...

 

 Nous nous retrouvons maintenant en ville, près des Halles. Lucas et le frère et la soeur de Martin ont chacun une glace à la main, et marchent devant nos amis. Lucas s'est bien entendu avec les deux autres enfants, ce qui a permis à Angel de souffler un peu.

- Il faudra les mettre ensemble plus souvent, dit justement Angel. Ca fait plus de trois heures que Lucas ne m'a rien fait. J'ai l'impression d'être en vacances !

- T'exagères pas un peu ? demande Alex. Après tout, Lucas est ici que depuis trois jours.

- Ca se voit que tu vis pas avec lui, réplique Angel. J'ai l'impression que ça fait déjà trois mois ! Et puis pourquoi tout le monde me dit que j'exagère ? Martin, tu as vu comment il s'comporte !

- C'est vrai, dit Martin. On dirait qu'il t'en veut pour quelque chose.

- Je lui ai rien fait pourtant !

- Il t'en veut peut-être encore pour la fessée, dit Alexandra.

- Il l'avait bien méritée, réplique Angel. C'est pas seulement moi qu'il avait fait tourner en bourrique dans le parc, c'est nous tous, et ma tante aussi. Je sais pas d'où il vient ou si il a vraiment eu un passé difficile, mais c'est pas une raison pour disparaître comme ça.

- Dites, dit soudain Aurélien, comme s'il émergeait d'un rêve, vous avez pas remarqué ?

- Quoi ? demande Martin, étonné par sa remarque.

- Lucas, répond-il en le suivant du regard. Vous trouvez pas qu'il ressemble à Angel ? Ca m'a frappé, tout d'un coup...

- Hein ? ! j'espère que c'est une blague ! s'insurge Angel. J'ai rien de commun avec ce petit monstre !

Mais Martin semble être d'un avis différent :

- Maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'il y a quelque chose. J'avais pas remarqué parce que Lucas a les cheveux et les yeux tellement noirs, mais c'est vrai qu'il y a comme un air de famille.

- C'est pas drôle, réplique Angel.

- Je suis sérieux, assure Martin. Vous avez le même visage rond, et exactement le même nez. S'il avait seulement les cheveux un peu plus courts, et il te ressemblerait encore plus.

- C'est vrai ça, j'le vois maintenant moi aussi, dit Alex.

- Tu vas pas t'y mettre aussi ! fait Angel.

- Mais c'est vrai ! se défend-elle. Vous vous ressemblez vraiment. C'est vraiment bizarre !

- Angel, Lucas est peut-être ton petit frère abandonné qui a finalement retrouvé sa famille ! dit Aurélien en riant.

- Ca va pas ? J'ai toujours été fils unique ! se défend Angel.

- Dans ce cas, c'est ton enfant caché, continue Aurélien.

Cette remarque manque de faire tomber Alex, Martin et Angel à la renverse.

- Un enfant ? Ca voudrait dire qu'Angel aurait eu un enfant à six ans ! remarque Martin. C'est plus de la précocité dans ce cas, c'est de la manipulation génétique !

Alexandra pouffe de rire et dit :

- On dirait Clémence en train de parler !

- Bon, c'est vrai que ça fait un peu tôt, admet Aurélien. Mais ça marcherait si Lucas venait du futur.

- Hein ? ! !

- Bah oui, l'enfant futur d'Angel...

- Venu pour quoi ? casser les pieds de son futur père ? demande Angel.

- Aurélien, t'as trop regardé de dessins animés, dit Martin. L'enfant d'Angel venu du futur, pfff... C'est bien la pire idée que j'aie jamais entendue. Complètement invraisemblable...

- Eh ! c'était juste une idée, se défend Aurélien. Après tout, un groupe de jeunes qui se transforment en combattants pour sauver le monde d'une menace extra-terrestre, c'est pas vraiment vraisemblable non plus. Et pourtant, qu'est-ce qu'on fait presque tous les jours ?

Martin ne trouve pas de réplique. Angel, lui, regarde Lucas de plus près. Ce dernier court de vitrine en vitrine avec les deux autres enfants. "C'est vrai qu'il me ressemble un peu", admet-il. "Il a un peu la même tête que moi quand j'avais son âge... C'est bizarre...". Mais Alex l'interrompt dans son train de pensée.

- Angel, ça va ? demande-t-elle. Tu fais une drôle de tête.

- Je réfléchissais, c'est tout, répond-il en souriant. Tout va bien.

- Tant mieux, fait Alex, soulagée. T'es plus mignon quand tu souris.

Cette remarque manque de faire tomber Angel de surprise.

 Nos amis continuent à marcher avec les enfants devant eux quand soudain le frère de Martin accourt vers ce dernier, tout excité semble-t-il. Il est rapidement suivi par sa soeur, tandis que Lucas les regarde d'un air étonné.

- Martin ! Martin ! ! crient les deux enfants.

- Qu'est-ce qu'y a ? demande ce dernier. Pas la peine de me sauter dessus ! Dites-moi seulement ce qu'il y a !

- Regarde ! Regarde ! continuent-ils en tirant sur son T-shirt et en indiquant quelque chose du doigt.

Martin et les autres se tournent vers la direction qu'ils indiquent et voient un magasin tout en jaune et en couleurs criardes, qui vend plein de bonbons de toutes les couleurs.

- Ah ! je vois. Vous voulez qu'on vous achète des bonbons, c'est ça ?

- Oui ! ! oui ! ! ! hurle les enfants en bondissant partout. Des bonbons ! des bonbons ! ! des bonbons ! ! !

- Arrêtez ça tout de suite ! s'insurge Martin. Qu'est-ce que maman vous a dit ? ! !

Les deux enfants s'immobilisent immédiatement et regardent Martin d'un air innocent et légèrement implorant (NdlA : tous ceux qui ont eu affaire à des enfants de 10 ans et moins qui veulent qu'on leur offre quelque chose reconnaîtront immédiatement ce regard qu'ils sont les seuls à savoir faire).

- Ils sont pas possibles... soupire Martin en mettant une main contre le front.

- Bah quoi ? demande Aurélien. C'est pas une mauvaise idée. J'ai bien envie de m'acheter quelques bonbons moi aussi !

- Je m'abstiens pour cette fois, dit Alex avec un sourire. C'est pas bon pour mon régime.

Tout le monde la regarde d'un air ahuri tandis qu'elle émet un petit rire.

- D'accord... soupire Martin. On va vous acheter quelques bonbons...

A ces mots, les deux petits garnements se mettent à sauter de joie.

- Mais... ! continue Martin, ce qui fait s'immobiliser son frère et sa soeur, seulement si vous restez sage, et pas des tonnes. Maman ne sera pas contente sinon.

- D'accord Martin ! !

- Et toi Lucas, commence Angel, t'en veux aussi des bonbons ?

Lucas le regarde en silence, puis dit quelque chose qui surprend Angel énormément :

- Euh... c'est quoi des bonbons ?

Angel en reste bouche bée, ainsi qu'Alex, Aurélien et Martin. Ses frère et soeur ne semblent pas surpris par contre, et prennent Lucas par la main.

- Allez, viens ! dit la petite Stéphanie. On va te montrer.

Et malgré sa résistance, ils l'emmènent vers le magasin de bonbons.

- Il ne sait pas c'que c'est que les bonbons... finit par dire Alexandra.

- Mais qui est-il ? se demande Martin.

- Je vous l'avais bien dit, dit Angel. Il n'est vraiment pas d'ici...

- Bon, on va s'les chercher ces bonbons ? ! s'écrie Aurélien, qui fait s'écrouler tout le monde de surprise, tandis qu'il rejoint les enfants.

 Nos amis entrent dans le magasin à la suite des enfants. Ils se retrouvent dans un chahut de cris d'enfants implorant leurs parents de leur acheter juste quelques bonbons de plus. La plupart des parents cèdent rapidement d'ailleurs. Martin remarque que les prix très bas sont probablement en partie la cause de la complaisance des parents. Il recherche ses petits frère et soeur et les retrouve avec Lucas, devant une colonne remplie de caramels mous (c'est un self-service), et en train de remplir à ras bord un sac en forme de cornet taille "familiale".

- Attendez un instant les petits gars ! s'écrie-t-il en s'élançant vers eux. J'ai dit qu'on allait acheter quelques bonbons, pas trois tonnes !

- Mais Martin... ! gémissent-t-ils.

- Y'a pas d'mais ! Qu'est-ce que dirait maman si elle vous voyait, hein ? !

Les enfants font la lipe, mais s'arrêtent de remplir le sachet.

- Bon, ça va, pas la peine de jouer les enfants battus ! leur dit Martin d'un ton conciliant. Vous pouvez garder le sac, à condition de vous le partager à trois et de mettre tous les bonbons que vous voulez dedans, pas juste une seule sorte. Lucas, ça te dérange pas de partager j'espère.

Lucas se contente de hausser les épaules d'un air peu intéressé.

- Bon, je prendrai ça pour un "non, ça ne me dérange pas", continue Martin. Allez, dites-moi ce que vous voulez les enfants, et je vais vous remplir le sac. Mais en quantités modérées, d'accord ?

- D'accord, dit son petit frère en lui tendant le sac.

- Bon, alors on commence par les caramels ? Mais juste une portion alors, et on passera après aux bonbons aux fruits.

 

Quelques minutes plus tard, on retrouve Martin à la caisse, présentant à la caissière un sachet plein de bonbons de toutes les couleurs. Cette dernière pèse posément le sac en forme de cornet, puis annonce :

- Cela fera 25 francs et 35 centimes.

- Eh bien, vous coûtez cher les gamins ! sermonne Martin, mais avec un sourire. Vous avez intérêt à les savourer ces bonbons !

Il paie, puis rejoint Angel et Alexandra près de la sortie du magasin.

- Angel, t'as rien acheté ? lui demande Martin, étonné.

- Non, répond ce dernier, j'économise. Y'a un nouveau jeu vidéo qui me fait envie.

- T'en as pas encore assez avec ceux qu'Aurélien t'a offerts à ton anniversaire ? ! D'ailleurs, il est passé où Aurélien ?

- Regarde à la caisse, dit Alex en pointant du doigt.

Martin se retourne, et découvre Aurélien apportant cinq sacs taille maxi remplis à ras bord !

- Il est incorrigible ! soupire Martin.

Après avoir payé, Aurélien retourne auprès de ses amis.

- Super ce magasin ! s'écrie-t-il. J'en ai pris pour tout le monde, mais y'a un sac réservé pour Clémence. Ca lui fera plaisir.

- Aurélien, tu aurais pas pu te retenir un peu ? lui reproche Martin. Comment j'vais expliquer aux gamins qu'ils peuvent pas prendre trop de bonbons quand ils te voient faire ?

- Pourquoi tu veux les limiter ? demande naïvement Aurélien.

A ces mots, Martin devient tout rouge et semble prêt à exploser ! Alex s'interpose rapidement pour éviter l'explosion :

- Heu... si on y allait ? Le magasin commence vraiment à être bondé.

- D'accord, s'empresse de dire Angel, qui parvient à pousser Martin vers la sortie.

Nos amis finissent par sortir du magasin, Aurélien en dernier, se demandant toujours ce que Martin a voulu dire. Ayant le dos tourné, il ne remarque pas le sourire mauvais qu'a la caissière en le regardant partir. Dehors, il se tourne vers Lucas et lui tend un sac de bonbons.

- Tiens, fait-il. C'est pour toi.

- Qu'est-ce que tu fais ? ! s'écrie Angel.

- Il faut bien qu'il rattrape son retard ! explique Aurélien. A son âge, c'est pas normal de pas savoir ce que c'est qu'les bonbons ! Je lui ai fait une sélection rien que pour lui, avec tout ce qu'y avait de mieux dans le magasin.

Bien que connaissant déjà la générosité de leur ami, Angel, Alex et Martin sont touchés par ces paroles, bien que le sujet soit un peu léger. Lucas, quant à lui, rougit légèrement et prend le sac en balbutiant :

- M... mer... merci.

- Y'a pas d'quoi ! dit Aurélien avec un grand sourire. Je suis content de te faire plaisir.

- Bon, c'est bien beau tout ça, mais ça veut pas dire que tu peux te goinfrer de bonbons, dit soudain Angel. Tu vas te couper l'appétit et Tata va me reprocher de ne pas t'avoir bien surveillé.

Lucas le foudroie du regard, puis tourne la tête de l'autre côté et se met à marcher sans le regarder, mais passe suffisamment près de lui pour lui marcher délibérément sur le pied. Angel se met à sauter à cloche-pied en hurlant de douleur tandis que Lucas continue de marcher en l'ignorant et que les autres les regardent bouche bée. A cinq mètres du groupe, Lucas se retourne et dit :

- Alors, vous venez oui ou non ? !

Nos amis le regardent d'un air étonné, puis le frère et la soeur de Martin commencent à marcher dans sa direction, bientôt suivis par le reste du groupe. Angel ferme la marche, en boitant légèrement et en grommelant :

- Mais c'est pas possible... Qu'est-ce que j'ai bien fait pour mériter ça ? Il va voir quand on va rentrer...

- Soit pas trop dur avec lui, lui dit Aurélien. Lucas a dû beaucoup manquer d'affection et son comportement doit être un moyen de défense.

- Impressionnant, dit Martin qui a ralenti pour se mettre à leur hauteur, tu t'y connais ?

- C'est juste qu'un enfant qui ne sait pas ce que c'est que les bonbons à son âge a forcément dû manquer d'affection !

Angel et Martin manquent de tomber par terre de surprise.

- Tirer ses analyses de bonbons... soupire Martin en reprenant son équilibre.

- A propos, tenez ! fait Aurélien en tendant un sac de bonbons à chacun. Ces sacs je les ai achetés pour vous.

- Mais... t'avais pas besoin de faire ça ! s'écrie Angel.

- Ca m'fait plaisir, réplique-t-il avec un grand sourire. Allez, prenez !

- D'a... d'accord... Merci, Aurélien, dit Angel en prenant un sac.

- Je suis désolé, je suis obligé de refuser, dit Martin d'un air navré. Je suis un régime strict en vue de la reprise de la saison de basket. J'ai pas le droit aux bonbons.

- Donne-les à tes parents, alors. Ou à qui tu veux. J'ai assez d'un sac, et Alex a déjà dit qu'elle en voulait pas avant même qu'on aille dans le magasin.

- OK, donne-moi ça ! fait Martin d'un air légèrement exaspéré. Je vais bien trouver quelqu'un à qui ça f'ra plaisir.

- Super ! s'écrie Aurélien qui attend que Martin prenne le sac pour reprendre de la vitesse et rejoindre Alex avec un grand sourire.

- Il est pas croyable ! dit Martin.

- Ca, on l'savait déjà, remarque Angel.

Martin ne peut qu'acquiescer, et c'est sur ces mots que nous quittons nos amis dans un fondu au noir.

 

Nous retrouvons Angel en plein milieu de la nuit. Il dort tranquillement dans son lit. Sur son bureau, on voit dans la pénombre le sac de bonbons bien entamé. Apparamment, Angel n'a pas suivi le conseil qu'il avait donné à Lucas. Mais ceci est sans intérêt car les bonbons du sac se mettent à briller d'une lumière bleu-vert ! Cette lueur réveille immédiatement Niko sur son perchoir qui, comme tous les oiseaux, a un sommeil plutôt léger.

- Qu'est-ce qui se passe ? murmure-t-il, étonné. Ang... !

Il ne peut continuer, car il vient de voir Angel se redresser lentement sur son lit, d'une manière peu naturelle, puis ouvrir les yeux, qui brillent de la même lueur bleu-vert ! Niko comprend immédiatement que quelque chose de sérieux se passe et essaie en vain de réveiller Angel qui semble être dans un état d'hypnose. Ce dernier l'ignore simplement et s'habille avec des mouvements d'automate. Niko n'ose pas crier par peur de réveiller Lucas et Patricia, et finalement décide d'employer les grands moyens.

- Désolé Angel, mais j'ai pas le choix...

Il se pose sur l'avant-bras d'Angel, puis pince aussi fort que possible avec ses serres ! Sous le choc de la douleur, Angel émet un petit cri et tombe à genoux les yeux fermés. Quand il les rouvre, ils ont repris leur couleur normale et Angel regarde autour de lui d'un air étonné.

- M... mais... qu'est-ce que j'fais là ?

Son regard tombe soudain sur les bonbons qui continuent de briller.

- Qu... qu'est-ce qui se passe ? !

- Je sais pas vraiment, réplique Niko, soulagé, mais je suis content que tu sois de nouveau normal.

- Normal ? qu'est-ce que tu veux... commence Angel qui s'arrête en sentant la douleur lancinante sur son avant-bras. Niko, qu'est-ce que t'as fait ? ! T'es malade ? !

- Chut... c'était le seul moyen de te réveiller. T'était comme somnambule, ou sous hypnose, et tes yeux brillaient de la même couleur que ces bonbons.

- Mes yeux ? sous hypnose ?

Soudain on entend un bruit derrière la porte. Angel et Niko se taisent immédiatement, puis avec un signe de tête s'approchent de la porte. Angel l'ouvre délicatement et voit dans la pénombre une silhouette marcher comme un automate. Vu sa taille, ce ne peut être que Lucas ! Mais ce qui surprend Angel le plus, c'est la lueur bleu-vert qui semble éclairer la pénombre et qui provient des yeux de Lucas !

- Lucas est dans le même état que toi, murmure Niko tandis qu'Angel ferme la porte. Les bonbons doivent en être la cause !

- Les bonbons ? mais alors...

Angel est de nouveau coupé, mais cette fois par sa montre communicatrice, qui est posée sur sa table de chevet. Il l'attrape et l'ouvre. C'est Martin qui l'appelle. Et ce dernier semble paniqué !

- Angel ! mon frère et ma soeur...

- Ils sont habillés, marchent comme des automates et ont les yeux brillant d'une couleur bleu-vert ?

- Co... comment tu sais ça ? demande Martin, ébahi.

- Lucas est dans le même état, et d'après Niko moi aussi, jusqu'à ce qu'il arrive à me réveiller, explique Angel en frottant son avant-bras endolori. Et les bonbons qu'on a achetés au magasin brillent de la même façon.

- Mais alors, ça ne peut être qu'un coup de la Galaxie Sombre !

- Probablement, dit Niko. Martin, suis ton frère et ta soeur, vois où ils vont. Nous on va suivre Lucas.

- D'accord ! On avertit les autres ?

- Laisse-les dormir, dit Niko. On ne les appellera qu'en cas de force majeure.

- Aurélien ! laisse échapper Angel.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Martin.

- Il s'est gardé un sac de bonbons pour lui !

- Ca veut dire qu'il doit être dans le même état que Lucas et les autres, dit Niko. Où qu'ils aillent, il va probablement y aller aussi. On le retrouvera là-bas et on avisera sur place. D'accord ?

- D'accord ! disent en même temps Angel et Martin.

- Alors allons-y !

 

 Angel et Niko ont suivi Lucas à distance sur plusieurs kilomètres, ce qui a bien entendu fait grogner Angel. Mais finalement il semblent qu'ils arrivent à destination, car Angel voit d'autres enfants aux yeux brillants marchant comme des somnambules et se dirigeant dans la même direction. Puis soudain au détour d'une rue Angel voit leur destination.

- Le magasin de bonbons ! Oh !

La surprise est grande : c'est une vraie foule qui entre dans le magasin éclairé de cette étrange lueur bleu-vert. Et que des enfants entre environ 4 et 12 ans. Soudain Angel sent une main sur son épaule et sursaute !

- Du calme, ce n'est que moi, le rassure Martin. Vous avez vu tous ces gamins ? !

- Difficile de les rater, acquiesce Niko. Ton frère et ta soeur sont parmi eux ?

- Je n'ai pas réussi à les en empêcher. On aurait dit qu'une force extérieure les pousse, et toute ma force physique n'a pas suffi. J'ai même pas réussi à les soulever !

- Regardez ! Aurélien arrive ! s'écrie Angel.

En effet, ce dernier est visible parmi les autres enfants, car malgré sa petite taille, il fait quand même une tête de plus que les autres. Enfin, la plupart des autres...

- Qu'est-ce qu'on fait ? demande Martin. Avec tant d'enfants autour de nous, ça va źtre difficile d'agir sans blesser personne.

- Et il faut pas oublier Lucas, dit Angel. Même si c'est une petite peste, il faut le protéger.

- Pour l'instant, la foule d'enfants est sa meilleure protection, explique Niko. Ils ne le reconnaîtront pas parmi tant d'autres.

- Et si son pouvoir s'active ? demande Martin.

- L'effet de surprise devrait vous laisser le temps d'agir, réplique Niko. En attendant, allez réveiller Aurélien.

- Comment ?

- Vu comment j'ai réveillé Angel, une paire de claques devrait suffire.

- Une seule ? c'que tu m'as fait m'a fait bien plus mal que ça ! s'insurge Angel.

- Tu veux dire que la douleur physique les réveille ? demande Martin. Si j'avais su... non, j'aurai pas pu leur lever la main dessus. Et puis, j'aurais eu du mal à me justifier auprès de mes parents... Bon, allons-y !

- Et après, transformez-vous et essayez d'attirer ceux de la Galaxie Sombre dehors, aussi loin que possible des enfants !

- On fera de notre mieux, l'assure Angel en se dirigeant avec Martin vers Aurélien.

Ils arrivent près de celui-ci, mais bien entendu il ne les remarque pas. Martin retrousse ses manches et dit :

- Bon, aux grand mots les grand remèdes.

Et en effet, il assène une sacrée paire de claques à Aurélien, qui manque de tomber sous le choc ! Heureusement, Angel le rattrape au vol.

- Aïeeeeuuuuh ! s'écrie Aurélien.

Mais il s'arrête et regarde autour de lui, ses yeux redevenus normaux, surpris. Puis il remarque Angel et Martin.

- Martin ? Angel ? qu'est-ce qui se passe ? Mais... le magasin... ?

- On t'expliquera plus tard, dit Martin. En attendant, transforme-toi avec nous, on a du boulot.

- Euh... d'accord, répond Aurélien en se relevant, encore un peu sonné. Mais vous me jurez de tout m'expliquer après !

- Promis, dit Angel avec un grand sourire.

- Alors allons-y ! Amulette de la Lumière, métamorphose !

- Amulette du Feu, métamorphose !

- Talisman Arc-en-Ciel, métamorphose !

 Dans le magasin, éclairé uniquement par les milliers de bonbons étranges, des dizaines d'enfants se battent pour avaler autant de ces bonbons que possible. Avec leurs yeux brillant de la même couleur, cela donne une scène assez effrayante. Derrière le comptoir, la même caissière qui avait souri méchamment derrière Aurélien exulte d'une voix de fausset, qui la rend facilement reconnaissable : c'est Nezayo !

- Allez-y ! Goinfrez-vous, petits enfants, désobéissez à vos parents, ne vous préoccupez pas des règles, des caries, des punitions ! Vous êtes libres de faire tout le mal que vous voulez ! Allez-y, battez-vous pour ces bonbons ! Plus vous serez mal élevés, plus ce point de force marine tombera rapidement entre nos mains ! Ah ah ah ah !

En effet, au dessus des enfants l'énergie sombre semble s'amasser sous la forme d'un brouillard noir, tandis qu'au milieu du magasin, au seul endroit qui ne grouille pas d'enfants, le symbole bleu de Nezayo brille de plus en plus, d'une lumière sinistre.

- Arrêtez ça tout de suite !

- Qui est là ? ! hurle Nezayo.

Devant la porte d'entrée coulissante du magasin, elle voit trois silhouettes, trois Combattants de l'Arc-en-Ciel.

- S'attaquer à des enfants sans défense est une lâcheté que je ne pourrai jamais pardonner. Je suis Red Bow, le guerrier de l'espoir, et mon feu intérieur te le fera payer !

- Je suis Yellow Bow, la lumière de l'espoir, et bien que je ne sache pas ce qui ce passe ici, je ne peux supporter que tu apportes ici tes effroyables ténèbres. Alors va-t-en, ou prépare-toi à affronter mon courroux !

- Tu n'aurais pas dû t'en prendre à des enfants. Ils sont le futur de l'humanité et je ferai tout pour les protéger. Prends garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !

- Combattants de l'Arc-en-Ciel, je me doutais bien que vous apparaîtriez à un moment ou à un autre. Mais cette fois-ci vous ne pourrez rien faire ! Monstre marin, occupe-toi d'eux !

- Bien maîtresse, dit la caissière derrière Nezayo.

Celle-ci se jette sur les Combattants, tout en changeant de forme rapidement de forme, déchirant ainsi son uniforme de caissière. Heureusement, nos amis s'écartent au bon moment et la créature se retrouve dehors.

- Au moins, on aura pas à l'attirer dehors, dit Angel avec un sourire. Elle a fait ça toute seule.

Red Bow acquiesce et se retourne. Le monstre est au milieu de la rue, et a fini sa transformation. Il ressemble à une sorte de marionnette faite uniquement de bonbons géants ! Cette forme grotesque fait rire Yellow Bow.

- Alors tu me trouves amusante peut-être, dit le monstre en bougeant ses lèvres en caramel mou. Tu veux peut-être me ressembler ? !

A ces mots, elle tend ses bras vers Aurélien et de ses paumes projette des milliers de bonbons à une vitesse phénoménale, trop rapide pour laisser le temps à Aurélien de réagir.

- Boule de Feu !

Heureusement, les réflexes de Martin sont aiguisés, et il réduit tous les bonbons en cendres avant qu'ils atteignent Yellow Bow. Le monstre ne trouve bien entendu pas cela amusant.

- Alors tu le protèges ? ! lui dit-elle. Mais qui te protège, toi ?

Elle lance une autre salve de bonbons que Martin ne parvient à éviter que de justesse, d'un bond qui aurait pu être majestueux si la salve ne l'avait pas touché au pied ! Il parvient à retomber sans trop de dégâts, mais retombe sur les fesses et se tient le pied en grimaçant de douleur.

- Red Bow ! s'écrie Angel en courant vers lui. Ca va ?

- Juste une égratignure, répond Martin entre ses dents.

Mais quand Angel arrive près de lui, il voit que le pied de Martin est devenu marron, et d'une étrange consistance.

- Martin, ton pied... !

- ... se transforme en caramel mou, termine le monstre, visiblement satisfaite. Et ça ne fait que commencer. Dans quelques minutes, il ne restera plus qu'un gros bonbon. Une aubaine pour les enfants que nous avons envoûtés !

En effet, la transformation semble s'étendre, et la jambe de Martin se transforme lentement en caramel !

- Vous inquiétez pas, assure Martin. Ca va aller. Occupez-vous du monstre.

- Mais... commence Yellow Bow.

- Y'a pas de mais ! l'interrompt Martin. Les enfants sont plus importants que moi, et vous ne pouvez rien faire pour moi.

- Martin ! crie Angel avec les larmes aux yeux.

- T'inquiète pas, je suis un dur à cuire. Il en faudra plus pour m'abattre. Mais pour l'instant, débarasse-toi de ce monstre. C'est notre mission, ne l'oublie pas.

Angel veut répliquer, mais la créature en bonbons l'empèche de commencer.

- Alors, vous m'oubliez ? ! Je suis toujours là pourtant !

Et elle démontre ça en lançant une nouvelle salve vers Rain Bow ! Mais ce dernier est poussé par Martin et la salve le rate, et vient frapper un lampadaire qui se transforme immédiatement en caramel mou et s'affaisse sous son propre poids. Yellow Bow aide Angel à se relever. Les deux se regardent un instant puis semblent prendre une décision. Ils se retournent vers la monstresse, la regardant d'un air décidé.

- Alors ça y est ? Vous avez fini ? demande-t-elle. Ne vous inquiétez pas pour votre ami, vous allez finir comme lui très bientôt !

Elle lance une autre salve de bonbons, mais Angel et Aurélien sautent hors de sa portée, et se retrouvent de chaque côté de la créature, la regardant d'un air noir de colère.

- Tu vas regretter se que tu as fait à mon copain ! lui dit Yellow Bow en la pointant du doigt.

- Tu vas voir ce que les Combattants de l'Arc-en-Ciel peuvent faire ! ajoute Rain Bow.

- Vous n'êtes rien ! hurle la monstre en leur lançant deux salves de bonbons.

Ils les évitent facilement, et c'est Yellow Bow qui agit le premier :

- Action Lumineuse !

La monstresse réagit trop tard et est aveuglé par le flash de lumière. Elle se tient les yeux en réglisse en hurlant de douleur.

- Mes yeux, mes yeux ! je ne vois plus rien !

- Il n'y a rien à voir ! lui dit Angel qui s'est approché d'elle et l'envoie valdinguer d'un grand coup de pied !

Elle retombe quelques mètres plus loin et se relève immédiatement, toujours aveugle. Qu'à cela ne tienne, elle se met à lancer des salves de bonbons dans tous les sens, en hurlant :

- Je ne vous vois peut-être pas, mais je vous aurai ! ! Même si je dois changer toute la ville en chocolat !

- Faites quelque chose ! crie Red Bow dont la jambe est maintenant complètement transformée, la caramélisation commençant à attaquer son ventre et son autre jambe. Elle va finir par atteindre les enfants !

- J'm'en occupe ! fait Aurélien. Anneaux Eclatants, brillez !

Yellow Bow parvient à emprisonner la monstresse avec ses anneaux de lumière. Cette dernière se débat, mais ne peut se défaire de leur emprise.

- A toi de jouer Rain Bow !

- J'y vais ! réplique-t-il en faisant apparaître son Sceptre. Superbe Eclipse Arc-en-Ciel, action !

Les anneaux disparaissent, mais il est trop tard pour la monstresse. Un vent multicolore l'entoure, la paralyse et lui fait perdre ses couleurs. Sa silhouette blanche est frappée par une multitude de petits symboles de l'Eclipse Arc-en-Ciel, et elle se brise comme une statue de verre filé. Il ne reste plus qu'une bulle contenant le symbole de Nezayo. Ce dernier se désintègre, et la bulle éclate. Dans le magasin de bonbons, le symbole bleu se met a clignoter, puis disparaît. En même temps, les bonbons lumineux s'éteignent aussi, puis disparaissent lentement, tandis que l'atmosphère dans le magasin redevient limpide. De la même façon, les yeux des enfants reprennent leur couleur normale, et ils se réveillent les uns après les autres. Nezayo prend sa défaite très mal.

- Grrr... je vous aurai un jour !

Et elle devient bleue elle-même, prend la forme de son symbole, et disparaît. Dehors, Angel et Aurélien se ruent vers Red Bow. Ce dernier redevient normal. Sa jambe redevient rapidement chair et sang, et son pied est finalement libéré.

- Martin, tu vas bien ? ! demamde Yellow Bow.

- Tout va bien, ! acquiesce Martin, en se relevant. En détruisant ce monstre, vous m'avez sauvé la vie. Je n'ose pas imaginer ce qui se serait passé si mon coeur avait été atteint...

- J'suis si content ! crie Rain Bow en se jetant dans les bras de Martin.

- Hé ! ça va ! fait Red Bow, gêné, en le repoussant. Je t'avais bien dit de pas t'inquiéter.

- T'as raison, réplique Angel en séchant ses larmes.

- Heu... dites, les amis, demande Niko qui est revenu vers eux, maintenant que le danger est écarté.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande Martin.

- Comment on fait pour les enfants ?

En effet, ces derniers se sont rendus compte qu'ils ne sont pas dans leur lit, et rapidement se mettent tous à pleurer ! Mais même avec ce bruit, Martin entend les sirènes des voitures de police.

- La police arrive ! s'écrie-t-il. Rentrons chez nous avant qu'ils nous voient ici, sinon ils vont penser qu'on les a enlevés ! Ils ramèneront tous les enfants chez eux, alors vaut mieux être rapide !

- T'as raison ! Au revoir tout le monde, on se voit demain ! Fait Angel qui part immédiatement, suivi rapidement par Niko.

Martin et Aurélien partent aussi chacun de leur côté, tandis que la police arrive finalement sur les lieux. Dans le magasin, tous les enfants sont en larmes, sauf un. Lucas regarde autour de lui, surpris, mais pas effrayé, jusqu'à ce que la police entre dans le magasin. Et c'est à ce moment que nous quittons la scène avec un fondu au noir.


Episode 39 : Protégeons le Petit Joyau !

 

 Nous sommes chez Angel, le lendemain de l'attaque de Nezayo. La police a ramené tous les enfants chez eux, y compris Lucas. Angel était rentré bien avant et a joué la surprise. Patricia, elle, a é réellement surprise et n'a pas manqué de poser énormément de questions. Mais Lucas semblait ne se souvenir de rien et le policier qui l'a ramené ne savait pas grand chose non plus. Il n'a pu que certifier qu'une enquête aurait lieu. Angel s'est demandé ce que la police pourrait bien trouver d'intéressant. Mais la vie a repris son cours normalement et en ce samedi Angel et Lucas ont reçu l'ordre de faire un peu de ménage tandis que Patricia fait les courses. Pendant qu'Angel passe la serpillière dans la cuisine, Lucas fait les poussières sur les meubles de la salle à manger. C'est la tante d'Angel qui a divisé les rôles ainsi, espérant éviter ainsi les frictions entre les deux enfants. Malheureusement, l'espoir ne signifie pas toujours le succès.

- Angel, c'est qui ceux-là ? demande Lucas derrière son dos, manquant de le faire sursauter.

- Lucas, qu'est-ce qu'y a encore ? Tu vois pas que j'suis occ...

Angel s'arrête soudain, quand il s'aperçoit que Lucas tient dans ses mains un cadre contenant l'une des rares photos d'Angel avec ses parents.

- Au milieu, c'est toi, continue Lucas. T'es beaucoup plus jeune que maintenant mais t'es facile à reconnaître. Mais c'est qui les deux grands ?

- Lucas, donne-moi ça tout de suite ! C'est mes parents ! Il me reste quasiment rien d'eux alors n'y touche pas !

- Pourquoi ? Où ils sont tes parents ?

- Espèce de fouinard ! C'est pas tes affaires ! Oh, et puis si tu veux vraiment savoir, ils sont morts il y a longtemps ! Maintenant rends-moi ça avant que tu le fasses tomber !

A ces mots, Lucas a immédiatement cessé de bouger, bouche bée. Angel s'avance pour reprendre le cadre des mains de Lucas, mais marche sur la serpillière et glisse ! Il tombe en avant et se cogne contre Lucas qui tombe sur les fesses et en lâche le cadre ! Sous le choc, le cadre valdingue au dessus de sa tête !

- NOOOON ! s'écrie Angel.

Mais c'est déjà trop tard : le cadre tombe par terre et casse dans un grand bruit de verre brisé. Niko qui a entendu les bruits s'est précipité dans la cuisine, et voit les résultats : un cadre cassé, Lucas sur les fesses, l'air penaud, et Angel sur le ventre, s'efforçant de se soulever avec ses bras, serrant les dents et le visage rouge de colère. Il ouvre lentement la bouche et c'est à ce moment que l'on passe à un plan d'ensemble de l'immeuble où Angel habite, qui semble trembler sous le coup d'un séisme, qui n'est cependant qu'un cri de colère :

- LUUUUUUUCAAAAAAAS ! ! ! ! ! ! ! ! !

 

 Dans l'espace, le vaisseau éclaireur de la Galaxie Sombre continue à tourner en orbite autour de la Terre. Après le zoom habituel vers la sphère du sommet de ce tétraèdre, nous nous retrouvons dans la salle blanche, où les maîtres des énergies se font de nouveau passer un savon par la voix venant de l'image indistincte au dessus de la table de forme étrange.

- Nous vous avons envoyés en éclaireurs car nous pensions que vous étiez des professionnels capables de mener cette mission à bien, mais non seulement l'annexion de cette planète rurale n'avance pas, mais en plus vous ne semblez pas capables de retrouver un simple gamin !

- Les Combattants de l'Arc-en-Ciel continuent de nous mettre des bâtons dans les roues, essaie d'expliquer Netoy, mais la prochaine fois...

- Nous avons assez entendu d'excuses ! Puisque vous ne semblez pas capable de réussir cette mission seuls, nous vous envoyons quelqu'un ! Et cette personne va prendre le commandement de cette mission !

- Mais... commence Nemina.

- Il n'y a pas de mais qui tienne ! Vous avez vos ordres. Tâchez d'obéir à celui qui va venir vous voir ! Vous connaissez le châtiment réservé aux personne coupables d'insubordination !

- ... Oui... murmure les quatre maîtres en baissant la tête.

L'image s'estompe lentement, puis la connexion s'interrompt. Les maîtres se relèvent doucement, la gravité de cette décision leur pesant sur les épaules. Finalement, c'est Nemina qui brise le silence :

- Me retrouver sous les ordres directs de quelqu'un... Merci beaucoup vous autres !

- Comment ça "nous autres" ? demande Nezayo dont la voix est rendu suraigüe par l'énervement. Si tu n'avais pas raté le Petit Joyau quand tu avais l'occasion d'en finir on aurait pas ce genre d'ennuis !

- Comme si j'étais le seul à l'avoir raté ! réplique Nemina.

- Ca suffit ! s'écrie Netoy. Nous avons tous échoué dans nos missions, à un moment ou à un autre. Malheureusement, nous méritons ce qui nous arrive...

- Moi, je m'demande qui ils vont nous envoyer, s'interroge Nespi.

Et sa question va recevoir une réponse rapide car un symbole d'un gris argenté apparaît dans la pièce. Ce symbole ressemble à un I majuscule manuscrit (un peu comme une partie du symbole de Nemina) barré au centre par une ligne horizontale terminée à droite par un trait parallèle au bas du I, avec au coin en haut à droite une petite croix. Les maîtres semblent reconnaître ce symbole, et ne semblent pas très contents, sauf Nespi qui se met à sourire d'une oreille à l'autre. Le symbole devient une silhouette argentée, puis cesse de briller et nous voyons le nouveau venu. C'est un homme, à peine plus âgé que Netoy semble-t-il, aux cheveux courts poivre et sel. Il porte un pantalon blanc et une sorte de chemine dorée aux manches longues, ainsi que des gants sans doigts de couleur argentée. Avant que quelqu'un ait pu réagir, Nespi s'élance vers cette personne en criant :

- Papa ! !

- Papa ? ! réagissent ensemble les autres maîtres, stupéfaits.

Nespi s'est collé contre cet homme, dont le visage dur n'a pas réagi mais qui a quand même mis une main sur l'épaule de Nespi.

- Adoptif, dit ce dernier. J'ai élevé et éduqué Nespi pour qu'il devienne un maître des énergies.

Nemina s'apprêtait à répliquer d'une remarque mesquine mais le regard dur de l'homme s'est immédiatement abattu sur lui et il s'est ravisé.

- Pidoria, pourquoi avoir risqué une transposition à longue distance ? demande Nezayo. On s'en serait sortis tous seuls.

- Ca n'est pas ce qu'ils pensent, et vos rapports ne sont pas non plus très en votre faveur, répond l'homme qui semble donc s'appeler Pidoria. J'ai mes ordres et j'ai obéi. Mais croyez-moi, ce n'est vraiment pas de gaité de coeur que je fais ça ! Alors vous avez intérêt à suivre mes ordres à la lettre. Je ne supporterai aucune désobéissance ! Et maintenant, au travail !

- Quel travail ? demande Netoy.

- Tuer le Petit Joyau, bien sûr ! réplique Pidoria.

- Pour le tuer, il faudrait d'abord le trouver, remarque Nemina. Et tant qu'il ne libère pas son énergie, il n'est pas différent des autres enfants de cette planète.

- Ca n'est pas un problème, puisqu'il va libérer son énergie aujourd'hui même !

Les maîtres regardent Pidoria sans comprendre. Nespi se détache de lui et explique :

- Papa a le don de prescience.

- Pas exactement, corrige Pidoria. Le futur est une mélange des conséquences des causes présentes ainsi que de celles de décisions prises par des êtres possédant le libre-arbitre. Il est donc normalement impossible de prévoir ce qui va se passer avec certitude, sauf quand une cause très forte apparaît qui annule l'influence du libre-arbitre. Cette cause a déjà eu lieu et rend la libération de son énergie par le Petit Joyau inéluctable, et je suis capable de détecter ce genre de causes et de comprendre leurs conséquences. Le Petit Joyau va bientôt libérer son énergie quelque part dans le point sacré que vous essayez d'annexer. Il n'y a qu'à y aller et attendre.

- J'y vais ! fait Netoy. Et je ne le raterai pas !

- Pas question ! s'écrie Pidoria. Vous descendez tous les quatre ! Je ne veux pas de bavure, et le seul moyen d'être sûr est de vous avoir tous sur le terrain !

- Mais... commence Nezayo.

- Je vous ai donné un ordre ! l'interrompt Pidoria. Pas de discussion !

Les maîtres se font une raison et acquiescent, Nespi semble-t-il avec plus d'entrain que les autres, et c'est à ce moment que nous quittons la scène avec un fondu au noir.

 

 Nous nous retrouvons dans la chambre d'Angel, où ce dernier est en train de discuter avec Niko. Le cadre cassé avec la photo de ses parents est posé sur son bureau.

- Angel, Lucas, d'où qu'il vienne, est probablement loin de ses parents, dit Niko. Quand il a vu cette photo de toi avec tes parents, il voulait probablement sincèrement savoir pourquoi tu ne vis pas avec eux. Mais la seule chose qu'il reçoit de toi, c'est des cris, et grâce à ta maladresse légendaire le cadre est maintenant cassé !

- Hé ! c'est de la faute de Lucas ! se défend Angel. Il a pas à prendre les affaires des autres dans les mains comme ça !

- Si tu n'avais pas réagi de cette façon, tu n'aurais pas glissé sur la serpillière et tu n'aurais pas fait tomber Lucas. Et le cadre serait toujours intact.

- Mmmf... il avait quand même pas le droit de toucher à cette photo...

- Angel !

Soudain, on entend un claquement de porte. Angel et Niko reconnaissent ce claquement aussitôt : c'est celui de la porte d'entrée. Mais ils sont visiblement surpris.

- Tata est déjà de retour ? se demande Angel. Elle a fait drôlement vite aujourd'hui.

Angel sort de sa chambre et marche dans le couloir jusqu'à l'entrée, mais il n'y a personne. Il est vraiment étonné quand il entend crier.

- Angel ! viens voir !

Angel retourne dans sa chambre, d'où Niko vient de l'appeler.

- Regarde ! fait ce dernier qui se tient devant la fenêtre.

- Qu'est-ce que... Lucas ? !

En effet, il reconnaît Lucas qui est dehors et traverse la rue en courant, puis tourne dans un coin et est maintenant caché du point de vue d'Angel.

- Angel, il faut vite retrouver Lucas, et il faut que tu lui présentes des excuses. Il s'est enfui à cause de ton comportement !

- Est-ce qu'il faut vraiment qu'je l'fasse ? demande Angel. J'ai rendez-vous tout à l'heure avec tout le monde. Même Clémence est là.

- Angel, c'est pas le moment ! Imagine que Lucas libère son énergie. La Galaxie Sombre aurait vite fait de le trouver !

- Pff... t'as raison, admet Angel avec difficulté.

- Il ne peut pas aller loin à pied, alors allons chacun de notre côté et essayons de le retrouver, continue Niko. Et laisse un mot à ta tante disant que tu es sorti jouer avec Lucas. Il faut éviter qu'elle s'inquiète.

- D'accord...

Niko s'envole par la fenêtre, tandis qu'Angel lâche un gros soupir.

- Mais dépêche-toi ! s'écrie Niko qui est revenu à la fenêtre un instant et fait sursauter Angel.

- J'y vais ! J'y vais !

 Lucas a couru, couru, et s'est finalement arrêté quand il est arrivé au bord de la Seine. Pour trouver un peu de tranquilité, il est descendu sur l'un des quais et s'est assis au pied de l'escalier. Il s'est recroquevillé, les bras autour des genoux, et a les yeux humides.

- C'était pas ma faute cette fois, laisse-t-il échapper. C'est Angel qui m'a fait tomber. Pour une fois, c'est pas de ma faute...

Il ferme les yeux, et un souvenir lui revient à l'esprit. Nous voyons ce souvenir sous la forme d'images un peu délavées et manquant de détails, comme le sont les souvenirs éloignés. Nous voyons d'abord un mur avec une arche, sous laquelle apparaissent soudain deux silhouettes adultes, une femme et un homme. Puis nous voyons Lucas, alors beaucoup plus jeune que maintenant. Il est à genoux par terre et pleure à grosses gouttes. Devant lui, le sol est mouillé, des éclats de ce qui semble être du verre le parsèment, et des plantes de forme inconnue pour nous jonchent le sol. Puis il lève la tête, et regarde de ses yeux gonflés les deux silhouettes qui sont arrivées devant lui.

- Maman... papa... fait-il en refermant les yeux et en pleurant de plus belle. J'ai cassé le... J'suis désolé...

Puis une main se retrouve sur sa tête et la caresse tendrement. Il relève la tête et voit les deux silhouettes agenouillées devant lui. Bien qu'on ne voit pas leur visage, on sent la tendresse transpirer de ces deux personnes. La femme prend Lucas dans ses bras tandis que l'homme lui tapote l'épaule tendrement. Lucas se laisse aller, met la tête contre l'épaule de sa mère, et s'arrête de pleurer. Il ne fait que murmurer :

- Maman... papa...

Nous retrouvons maintenant Lucas recroquevillé. Il rouvre les yeux. Il met la main sous son T-shirt par le col et en sort un médaillon doré gravé de sortes d'arabesques. Un autre souvenir lui vient en le regardant, cette fois une voix féminine, à la fois jeune et mûre. Cette voix dit : "Ce petit médaillon-communicateur appartenait à ta mère. Garde-le précieusement et tu n'oublieras jamais tes parents".

- Mais c'est pas suffisant... fait Lucas. Je suis tout seul... Je veux revoir maman... Je veux revoir papa... Je veux revoir mes parents !

Des larmes perlent de se yeux.

- Mais j'peux pas... Comme Angel... j'ai plus de maman... J'ai plus de papa...

Et il se met à pleurer à gros sanglots. Et soudain ses cheveux s'illuminent, de la racine à la pointe, et rapidement une immense colonne d'énergie se forme autour de lui. A quelques rues plus loin, Niko aperçoit cette colonne.

- Cette énergie ! s'écrie-t-il. Ca ne peut être que Lucas ! Oh non !

Et il se met à voler aussi vite que possible vers cette énergie. Lucas se calme doucement et la colonne d'énergie disparaît. Il arrête de pleurer et ses cheveux reprennent enfin leur couleur normale.

- Allons, allons... C'est qu'on avait un gros chagrin... Petit Joyau.

Lucas regarde devant lui, surpris. Cette remarque vient de Nezayo, qui vient d'apparaître sur le quai, à quelques mètres de Lucas. Ce dernier se relève immédiatement et se retourne, mais s'arrête aussitôt : Nemina se tient en haut des escaliers !

- Laisse-le-moi ! fait ce dernier. J'ai un petit compte à lui rendre.

- Ah non, continue Nezayo qui s'avance lentement vers Lucas. Je l'ai vu la première.

- Oh, on ne va pas se battre pour lui, dit Nemina qui descend lentement vers Lucas. On n'a qu'à le tuer à deux.

- Bonne idée. On sera sûrs d'être débarassés de lui pour de bon.

Lucas est pris en sandwich entre Nezayo et Nemina, et ne peut bouger. Sa situation semble désespérée, quand Nezayo glisse sur une des pierres qui forment le sol du quai, et tombe lourdement de toute sa longueur ! Lucas en profite pour s'échapper vers l'escalier de l'autre côté du quai, non sans marcher sur Nezayo d'abord. Nemina fait un grand bond au-dessus de Nezayo et retombe devant Lucas qui est obligé de s'arrêter.

- C'est pas fini, lui dit Nemina. Moi je sais me tenir sur les jambes et je n'te laisserai pas m'échapper !

Mais au moment où il termine sa phrase, venu d'on ne sait où, Niko apparaît et attaque Nemina au visage avec son bec et ses serres !

- Quoi ? ! fait Nemina qui ne s'y attendait pas et tombe à la renverse.

Lucas en profite pour s'échapper et monte l'escalier. Nezayo s'est relevée et s'apprête à courir après Lucas, mais elle s'arrête d'abord devant Nemina.

- Alors c'est ça ta façon de te tenir sur les jambes ? fait-elle de sa voix aigüe. Pas vraiment doué... Haaa !

Niko s'est retourné sur elle et la fait tomber de nouveau, donnant à Lucas assez de temps pour semer les deux maîtres. Mais il n'est pas de taille à lutter longtemps contre eux et ils parviennent finalement à l'envoyer valdinguer contre le mur du quai.

- Petit Joyau, tu ne vas pas t'échapper comme ça ! s'écrie Nemina.

- Tu vas me le payer, salle gamin ! ajoute Nezayo.

Ils deviennent des silhouettes de leur couleur respective, prennent la forme de leur symbole, et disparaissent. Il ne reste que Niko, allongé par terre et couvert de blessures, qui n'a plus la force de se relever et ne peut que murmurer :

- Lucas...

 

 Un peu plus loin dans Paris, à l'entrée d'un petit parc peu fréquenté, Martin, Alexandra, Aurélien et Clémence attendent Angel.

- Angel est en retard, dit Clémence en regardant sa montre.

- P'têt qu'il s'est passé quelque chose, dit Aurélien. Angel m'a dit hier qu'il partirait dès que sa tante reviendrait des courses. P'têt qu'elle est en retard.

- Pfff... connaissant Angel, il a oublié de se préparer et s'en est rendu compte quand sa tante est rentrée, réplique Martin.

- Attendons un peu plus longtemps, dit Alex d'un ton conciliateur. J'suis sûre qu'il va pas tar... Hein ? ! Niko ? !

- Hein ? !

Les autres se retournent tous et voient Niko s'approcher d'eux en boîtant, le corps couvert d'hématomes et les plumes en bataille. Ils courent vers lui et Clémence le prend délicatement dans les bras. Niko ouvre les yeux doucement et parvient à parler malgré la douleur :

- Gros... problème... La Galaxie Sombre... ils poursuivent Lucas...

- Ils l'ont trouvé ? ! s'écrie Martin. Vous avez été attaqués ? !

- Où ça ? ! demande Alexandra.

- Sur les quais... près de chez Angel... répond Niko. J'ai pu les... retenir... Mais ils... vont le... retrouver...

- On y va ! fait Martin en se relevant. Clémence, tu restes avec Niko. Les autres avec moi !

- Non... allez-y tous... Lucas a besoin de vous... tous...

- Mais, et toi ? demande Aurélien.

- Ca va... aller... répond Niko. Ce ne sont que... des blessures super... ficielles... Laissez-moi dans un coin... tranquille... J'ai juste besoin de... récupérer...

- Mais... commence Alexandra.

- Vite ! avant qu'ils ne le... retrouvent...

- D'accord, fait Clémence, un peu à contre-coeur.

Elle va poser Niko sous un buisson, dans un coin du parc, et lui dit :

- Repose-toi ici. On reviendra te chercher.

- OK, allons-y maintenant ! fait Martin.

Les autres acquiescent, et ils partent en courant vers les quais.

 

 Lucas a couru, couru, cherchant un endroit où se cacher, quand il trouve enfin l'endroit parfait : un chantier de construction, entouré de hauts murs de tôle, et vide, comme il est naturel durant le week-end. Le sol irrégulier lui permet de se glisser tout juste sous le mur. Bien que la rue soit quasiment déserte, son acte a eu un témoin : Angel, qui marchait dans le coin justement à la recherche de Lucas !

- Mais c'est Lucas ? ! se dit ce dernier. Qu'est-ce qu'il fout là ?

Angel regarde autour de lui, et voyant que la rue est déserte, il en profite pour escalader le mur de tôle afin de suivre Lucas. Ce n'est pas évident (surtout pour Angel qui n'a aucun sens athlétique), mais il parvient à se hisser jusqu'au sommet du mur. La descente n'est pas très réussie par contre, et Angel perd l'équilibre et tombe sur les fesses.

- Aïe ! ! Pff... qu'est-ce qu'il m'fait pas faire !

Lucas court dans le chantier et se blottit dans un coin formé par un tas de poutres d'acier et un autre de blocs de béton. Angel l'a vu et s'approche doucement, en essayant de ne pas se faire remarquer. Il se cache de l'autre côté du coin, réfléchissant à ce qu'il va faire.

- Lucas est vraiment une petite peste, mais j'ai pas été sympa non plus cette fois, murmure-t-il. Niko a peut-être raison : j'devrais peut-être m'excuser...

Mais soudain Angel entend un bruit étrange : un bruit de sanglots !

- Mais... il pleure ?

Lucas, accroupi dans son coin, sort son médaillon de sous son T-shirt en sanglotant, et le presse doucement de chaque côté. Le médaillon s'ouvre verticalement, formant deux ovales bleus qui se mettent à briller et à émettre en rayonnement bleuté formant une sorte de cône inversé. Lucas relève doucement la tête, regardant le cône. Dans ce cône bleu une silhouette bleu-foncé apparaît. Elle est sans détails, mais on reconnaît tout de même les épaules et la tête d'une femme.

- Mimi... fait Lucas entre deux sanglots.

A ce moment une voix venant du cône de lumière se fait entendre, surprenant Angel toujours caché. C'est une voix féminine à la fois jeune et mûre, et qui est facilement reconnaissable malgré son timbre synthétique : c'est la voix du souvenir de Lucas ! La voix dit :

- Que se passe-t-il ? Tu pleures ?

Lucas ne peut répondre qu'en continuant de sangloter.

- Il ne faut pas pleurer. Tu es un petit garçon très courageux.

- C'est pas vrai Mimi, j'ai peur, réplique-t-il.

- Tu n'as pas à avoir peur, continue la voix, douce et apaisante. Tu as des amis puissants qui te protègent.

- J'ai personne... J'suis tout seul.

- Mais... à qui est-ce qu'il peut bien parler ? se demande Angel.

- Tu n'es pas tout seul. Tu ne t'en es peut-être pas rendu compte, mais déjà à deux reprises des Combattants t'ont sauvé la vie.

- Même si c'est vrai, ils pourront rien faire, dit Lucas en continuant de pleurer. Les autres ils sont trop forts. Ils ont... maman... papa... Ils ont tué tout le monde ! Pas seulement papa et maman, mais tout le monde ! ! Et ils ont rien pu faire contre eux ! !

Angel est choqué par ce qu'il entend, mais la voix féminine continue.

- Ce n'est pas ainsi que cela s'est passé, fait-elle, surprenant Lucas. Tes parents, ta planète, ainsi que tous les peuples de ta galaxie se sont sacrifiés pour que tu puisses vivre, que tu puisses t'enfuir un jour vers le lieu où l'on pourra te protéger... Tu y es arrivé maintenant, sur cette planète où les Combattants de l'Arc-en-Ciel se battent pour faire régner la paix et la justice. Aie confiance en eux. Aie confiance en Rain Bow et ses amis, et ils te protégeront.

La silhouette disparaît, ainsi que le cône de lumière, et le médaillon se referme. Lucas se relève en criant :

- Attends ! Mimi, attends ! Mimi !

Et il se remet à pleurer à gros sanglots, serrant le médaillon contre son coeur.

Dans son coin, Angel en est encore bouche bée.

- Mais alors, se dit-il, ceux de la Galaxie Sombre ont... ! Quelle cruauté !

Mais quand on parle du loup, on en voit la queue, et soudain Angel entend une voix qu'il reconnaît très vite.

- Alors, tu jouais à cache-cache, Petit Joyau ? dit Nemina qui vient d'apparaître au milieu du chantier, devant Lucas qui est paralysé par la peur. Tu aurais pourtant dû savoir qu'on te trouverait où que tu sois. Maintenant, il est temps pour toi de mourir.

- Lucas ! s'écrie Angel en se relevant. Je dois le protéger, coûte que coûte ! Talisman Arc-en-Ciel, métamorphose !

Pendant ce temps, Nemina détache sa cape, et se prépare à frapper.

- C'est fini pour toi, dit-il, et moi je vais recevoir une superbe récompense !

- Tu ne recevras rien du tout !

Nemina est surpris, et lève la tête. La voix venait du sommet du tas de poutres au dessus de Lucas. C'est Rain Bow, qui le toise d'un regard noir.

- Toi ? !

- Comment oses-tu t'en prendre à un enfant qui a déjà perdu toute sa famille ! C'est impardonnable ! Quand la pluie du désespoir semble ne jamais devoir cesser, le soleil réapparaît soudain, et avec lui l'arc-en-ciel, dissipateur des ténèbres. Prends garde ! car je suis le messager de l'espoir, Rain Bow !

Rain Bow saute et retombe à côté de Lucas, le protégeant de son corps.

- Ah bon, tu crois que tu vas pouvoir le protéger ? demande Nemina en souriant et en renouant sa cape autour du cou, tandis que trois symboles colorés apparaissent autour de lui. Même contre nous tous ? !

En effet, les trois autres maîtres viennent d'apparaître devant Rain Bow et Lucas. Ils se présentent :

- Je suis Netoy, maître des énergies telluriques.

- Nemina, maître des énergies aériennes.

- Nezayo, maîtresse des énergies marines.

- Et Nespi, maître des énergies cosmiques.

- Nous faisons partie d'une organisation... commence Netoy.

- ... dont le but est de survivre, continue Nespi.

- Pour survivre il nous faut détruire des galaxies et leur voler leur énergie, continue Nezayo.

- C'est pourquoi on nous nomme la Galaxie Sombre ! termine Nemina.

- Quatre contre un, dit Netoy. Ca devrait aller.

Mais un bruit de pas se fait entendre. Tout le monde se retourne, et voit les autres Combattants de l'Arc-en-Ciel avancer tranquillement vers eux.

- S'attaquer à plus faible que soi est une lâcheté que je ne pourrai jamais pardonner. Je suis Red Bow, le guerrier de l'espoir, et mon feu intérieur vous le fera payer !

- En tant que défenseur de l'espoir, je dois protéger ce lieu que vous avez souillé. Vous ne méritez même pas l'air que vous êtes en train de respirer. Aussi moi, Green Bow, je vais vous punir !

- Vous êtes coupables d'avoir voulu briser le cours du fleuve de la vie. Votre punition doit donc être exemplaire. Je suis Blue Bow, l'arbitre de l'espoir, alors préparez-vous à subir votre châtiment !

- Je suis Yellow Bow, la lumière de l'espoir, et je ne peux supporter que vous apportiez ici vos effroyables ténèbres. Alors allez-vous-en, ou préparez-vous à affronter mon courroux !

- Les amis ! vous êtes là ! s'écrie Rain Bow, soulagé.

Lucas, lui, ne peut que regarder, ébahi.

- Rain Bow, protège Lucas, dit Red Bow. Nous, on va s'occuper d'eux.

- D'accord !

Les Combattants se placent devant les maîtres des énergies, tandis que Rain Bow se rapproche encore de Lucas pour le protéger. Tous se dévisagent pendant quelques instants, essayant de jauger la force de leur adversaire, puis la bataille commence ! Netoy attaque Red Bow avec sa " Punition des Volcans ", mais ce dernier réplique avec deux " Triangles de Feu " qui transpercent les boules d'énergie oranges et les font exploser entre eux. Nemina détache sa cape et lance une " Punition des Cieux " sur Green Bow, mais cette dernière la contient grâce à sa " Barrière de Vent ". Nespi et Yellow Bow se regardent, comme deux cow-boys prêts à commencer leur duel, pendant quelques instants, puis presque en même temps Nespi lance sa " Punition des Etoiles " et Yellow Bow lance ses " Anneaux Eclatants ", et chacun parvient à éviter l'attaque de l'autre. Enfin, Nezayo lance sa " Punition des Océans " sur Blue Bow, qui l'évite et saute sur son adversaire, mais cette dernière l'évite d'un bond. Pendant ce temps, Lucas et Rain Bow regardent le combat, quand Rain Bow sent quelque chose se diriger vers lui. Il a à peine le temps de se placer entre Lucas et ce qui vient qu'il est frappé de plein fouet par une série de tentacules d'énergie blanche qui explosent en une boule blanche autour de lui, créant un cratère dans le sol et le faisant hurler de douleur ! Les Combattants, entendant le hurlement d'Angel, se retournent un instant, et le voient retomber sur les genoux, les yeux fermés et les lèvres pincées de douleur. Lucas est indemne, et regarde son protecteur, interdit. Les maîtres reprennent leurs attaques, empêchant nos amis de venir au secours de Rain Bow.

- Pourquoi le protèges-tu ? fait soudain une voix. Tu t'épargnerais beaucoup de douleur.

- Qui est là ? ! demande Angel en rouvrant les yeux et en tournant la tête vers l'origine de la voix.

Il est surpris de voir un homme que nous reconnaissons comme étant Pidoria.

- Je suis le grand-maître des énergies métalliques de la Galaxie Sombre, Pidoria, répond ce dernier.

- Pourquoi est-ce que vous vous en prenez à cet enfant ? ! demande Rain Bow, visiblement en colère.

- Notre but est d'annexer cette planète pour nous en approprier son énergie, puis celle de cette galaxie, explique Pidoria. Pour cela, nous devons annihiler tous les obstacles, et ce jeune garçon en est un.

Pidoria lève la bras, puis les redescend dans un geste large, ramenant ses mains devant lui, séparées d'une trentaine de centimètres. Semblant venir de nulle part, des tentacules d'énergie blanche, semblant presque liquides, se rassemblent entre ses mains en une boule pulsante et vibrante.

- Puisque tu ne sembles pas vouloir te rendre à la raison, je vais être obligé de te tuer avec le Petit Joyau. Subissez le Châtiment d'Acier !

Pidoria lève la boule au dessus de la tête puis la lance vers Lucas et Rain Bow ! La boule se désagrège en tentacules d'énergie qui foncent vers leur cible. Lucas est effrayé mais Rain Bow réagit en le serrant dans ses bras et évite les tentacules d'un bond gigantesque. L'énergie frappe le sol et explose, mais heureusement Angel a sauté assez haut et en évite le souffle. Il retombe quelques mètres plus loin, et vérifie que Lucas n'a rien, quand il voit qu'une nouvelle salve a déjà été lancée contre lui ! Cette fois, il n'a pas le temps de l'éviter complètement et le souffle de l'explosion le projette plus loin !

- AAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH ! ! hurle Angel dont les jambes ont reçues l'explosion de plein fouet.

Mais il s'arrête de crier quand il sent que Lucas, qui jusqu'alors était resté passif, s'est agrippé à lui ! Il rassemble toutes ses forces et parvient à se retourner en plein vol, et retombe ainsi le premier, protégeant Lucas du choc de l'atterrissage. Mais Rain Bow lui-même s'est mal reçu et semble mal en point, immobile et les yeux fermés. Lucas se redresse, regarde son sauveur avec des yeux remplis de larmes, et s'écrie :

- Rain Bow ! Rain Bow ! !

Angel est mal en point, mais encore conscient, et quand il entend Lucas l'appeler, il ouvre les yeux, et voit ce dernier les yeux pleins de larmes. En voyant cela, son visage s'adoucit jusqu'à un petit sourire, tandis que plusieurs images de Lucas traversent son esprit : d'abord la première fois qu'il a vu Lucas dans le parc, puis Lucas mangeant son petit-déjeuner en faisant des remarques blessantes envers Angel, pour terminer avec une image de Lucas à genoux, devant le cadre brisé contenant la photo des parents d'Angel, les yeux mouillés et le visage rouge de culpabilité. Pendant que ces images lui traversent l'esprit, Angel pense : "tu es un petit monstre, constamment en train de me chercher des noises et de me faire tourner en bourrique. Et je te connais à peine... Et pourtant, c'est comme si..." Rain Bow relève lentement la main, essayant d'atteindre, malgré la douleur, les yeux de Lucas pour sécher ses larmes, mais son geste est arrêté quand il voit Pidoria qui est maintenant juste devant eux !

- Je crois que c'en est fini pour vous deux maintenant, dit ce dernier en levant les deux mains.

Lucas se retourne, et voit Pidoria avec un grand sourire se préparer au coup final, quand soudain :

- Ce n'est pas... encore fini, fait Rain Bow tandis qu'il se relève difficilement.

Le sourire de Pidoria disparaît, faisant place à une expression de surprise.

- Je ne suis pas... encore vaincu, continue Angel, qui est parvenu à se relever et a posé les mains sur les épaules de Lucas. Cet enfant... je le protégerai jusqu'au bout ! !

A ce moment, venu d'on ne sait où, une vague d'énergie très sombre, mais parsemée de petits points brillants, comme de petites étoiles, oblige Pidoria à se reculer de quelques mètres ! Rain Bow, Lucas et Pidoria sont aussi surpris les uns que les autres et cherchent à voir la source de cette énergie. Lucas et Angel ne voient rien, mais Pidoria voit soudain une silhouette indéfinie, à moitié cachée dans un coin du chantier.

- Personne ne peut m'interrompre ainsi sans être très lourdement puni ! crie-t-il, furieux.

Et il lance une attaque vers la silhouette. Mais de cette dernière part une nouvelle vague de cette énergie étoilée qui surprend Pidoria par sa vitesse et qui rejoint et fait exploser son attaque juste devant lui, l'obligeant à se protéger le visage contre le souffle de l'explosion et le faisant hurler !

- Rain Bow, c'est le moment !

Rain Bow est surpris, puis voit Niko qui se pose sur un sac de ciment non loin de lui. Ce dernier est encore mal en point, mais semble avoir récupéré.

- Niko ?

- Tu es le seul Combattant à avoir assez de pouvoir pour protéger Lucas, dit l'oiseau. Profite de cette diversion !

- D'accord ! réplique Rain Bow avec un sourire.

Il se remet droit, fait face à Pidoria qui est encore sonné par l'explosion, puis fait apparaître son sceptre et crie :

- Superbe Eclipse Arc-en-Ciel, action !

Pidoria rouvre enfin les yeux, quand il voit le souffle arc-en-ciel l'entourer et les petits symboles se diriger à toute vitesse sur lui.

- Quoi ? ! Non ! !

Les quatres maîtres des énergies arrêtent leurs attaques immédiatement et voient ce qui se passe avec horreur.

- Pidoria !

- Papa ! s'écrie Nespi.

Mais soudain le symbole de Pidoria apparaît en l'air et prend la forme de Pidoria qui flotte à quelques mètres au dessus du sol. Il a plusieurs hématomes et semble éreinté.

- Maîtres des énergies ! s'écrie-t-il en toussant. Nous nous replions pour l'instant !

Les maîtres acquiescent, et un par un reprennent la forme de leur symbole et disparaissent. Pidoria lance une dernière menace vers les Combattants de l'Arc-en-Ciel :

- Le combat n'est pas fini ! Vous me le paierez un jour !

Puis sa silhouette devient blanche, prend la forme de son symbole, et disparaît.

 

 Le calme est revenu dans le chantier en construction, mais une multitude de cratères et de matériaux détruits témoignent de la violence du combat qui vient d'avoir lieu. Ce sont les ouvriers du chantier qui vont être surpris quand ils vont revenir le lundi suivant ! Mais pour l'instant, les Combattants et Niko se sont rapprochés de Rain Bow, tandis que Lucas est accroupi, le dos tourné à tout le monde.

- Ca va Rain Bow ? demande Green Bow.

- T'inquiète pas, je vais bien.

- Qu'est-ce que c'était que cette énergie ? se demande Blue Bow à haute voix. C'est comme si quelqu'un avait voulu aider Rain Bow...

- Lucas, tu sais quelque chose sur ça ? demande Rain Bow en s'accroupissant près de ce dernier.

Lucas reste silencieux. Angel décide d'essayer autre chose :

- Dis, Lucas, tu viens vraiment d'une autre galaxie? Tu sais pourquoi la Galaxie Sombre en a après toi ? Est-ce qu'ils ont... fait du mal à tes parents ?

A ces mots, Lucas se retourne, les yeux pleins de larmes, puis se blottit contre Rain Bow en pleurant.

- Aide-moi Rain Bow ! s'écrie-t-il en pleurant. Mimi m'a dit que tu pouvais ! Empêche-les de m'faire du mal... Venge ma maman... et mon papa... S'il te plaît... Rain Bow...

Ses sanglots sont maintenant trop forts pour qu'il puisse continuer à parler. Rain Bow relève la tête et regarde le ciel, tout en serrant Lucas contre lui, et murmure :

- Lucas... compte sur moi...

Nous suivons le regard d'Angel, et montons haut dans le ciel, jusqu'à atteindre l'espace. Nous quittons rapidement le voisinage de la Terre, passons vite la Lune, puis nous traversons l'orbite de Mars, la planète rouge, passons sans encombre à travers la ceinture d'astéroïdes, passons l'orbite de Jupiter et ses multiples satellites, de Saturne et ses anneaux, d'Uranus couchée sur le côté, de Neptune d'un bleu profond, puis enfin nous passons les deux petites boules glacées que sont Pluton et son satellite Charon. Nous nous trouvons bientôt aux confins du système solaire, au bord du Nuage de Oort, là où naissent la plupart des comètes. Mais parmi tous ces objects sombres, qui tomberont peut-être un jour vers le soleil et deviendront source d'admiration pour les uns et messager de malheur pour les autres, il y en a un qui détonne, un object brillant qui n'est pas à sa place ici. Nous nous approchons rapidement de lui, et sa structure devient visible. C'est une construction grossièrement sphérique, formée semble-t-il d'une multitude de sphères métalliques, connectées par des centaines de tubes, visiblement fabriquée selon le même principe que le vaisseau-tétraèdre, mais à bien plus grande échelle. Puis dans un fondu enchaîné nous nous retrouvons dans une salle sombre, quasiment sans éclairage. A cause de l'absence de lumière directe, nous ne pouvons voir que des silhouettes, et nous pouvons en compter quatre : une silhouette féminine aux longs cheveux ondulés, et deux silhouettes masculines aux cheveux mi-longs, flanquant chaque côté de la quatrième silhouette. Cette dernière est étrange : malgré l'absence de détail, elle apparaît comme ce qui semble être une statue humanoïde gigantesque, au moins trois fois la taille des autres silhouettes, assise sur un trône à sa taille. Ses formes font penser à une armure, qui recouvrirait le corps entier, y compris la tête complètement cachée par un casque flanqué de cornes et d'ailes membraneuses. Soudain nous entendons une voix, grave et inquiétante, surtout quand nous en reconnaissons la provenance : la voix vient de la statue elle-même !

- Toute flamme s'éteint un jour où l'autre. Ainsi disparaîtra l'éclat de cette planète, quand j'en aurai fini avec elle...

Nous voyons les choses maintenant de son point de vue, et dans la salle une image apparaît, un hologramme représentant notre planète Terre, tandis que la statue, tout en restant immobile, se met à rire, d'un rire contenu mais menaçant, et que nous quittons la scène dans un fondu au noir.


Episode 40 : Au secours de la Lune

 

 Dans la salle circulaire du vaisseau-tétraèdre, nous retrouvons Pidoria devant la table aux formes bizarres. Il la touche en de nombreux points tout en fixant intensément les symboles et graphes qui apparaissent au dessus de la table sous la forme d'images en trois dimensions. L'espace sous l'une des arches derrière lui s'illumine et disparaît, et Netoy entre dans la salle. Quand il voit Pidoria s'affairer sur la table, il paraît surpris.

- Pidoria ? que fais-tu ici à cette heure, en plein milieu de notre période de repos ?

- Parce que tu crois peut-être que je peux me reposer après une telle défaite ? réplique Pidoria qui ne se retourne même pas. Ce petit salop m'a humilié, et il va me le payer !

- Nous t'avions prévenu, dit Netoy en s'approchant de Pidoria. Nos adversaires sont peut-être jeunes, mais ils possèdent des ressources insoupçonnées.

- Ils ne sont rien du tout ! Je n'ai perdu qu'à cause de l'aide que ce Rain Bow a reçu ! Si je n'avais pas été pris par surprise, ils seraient tous de l'histoire ancienne, tout comme le Petit Joyau ! Mais qu'est-ce que tu fais ici de toute façon, Netoy ? Comme tu l'as dit, c'est la période de repos. Es-tu venu pour me casser les pieds ?

- Jusqu'à ton arrivée, j'étais chef de cette expédition, et j'ai fait installer un système dans mes quartiers qui me prévient quand quelqu'un utilise la table de contrôle. Nespi a été surpris plusieurs fois en train de jouer avec la table, et pendant le voyage il a failli nous envoyer contre un astéroïde avec ses bétises. J'ai installé cette précaution pour que ça ne se reproduise plus. Quand le signal a sonné dans ma chambre, je pensais qu'il était encore en train de faire l'idiot.

- Ca ne m'étonne pas de lui, réplique Pidoria avec un sourire mauvais. Nespi a toujours été touche-à-tout. Mais maintenant que je suis là, tes précautions n'ont plus lieu d'être. Je vais veiller à ce que ton système soit démantelé. C'est moi le chef de cette expédition maintenant.

Netoy se mord les lèvres mais ne réplique pas. Il est arrivé à hauteur de Pidoria et regarde les images qui défilent rapidement. Il fronce les sourcils.

- Tu comptes trouver le moyen de vaincre Rain Bow dans le journal de bord ?

- Non, ce sera pour plus tard. Pour l'instant, j'ai un travail plus important à faire : réparer vos erreurs !

- Nos erreurs ? quelles erreurs ? ! Nous avons poursuivi cette mission exactement comme il le fallait !

- Vraiment ? fait Pidoria d'un ton sarcastique. Dans ce cas-là, tu vas pouvoir m'expliquer ça.

Il montre une série de symboles du doigt.

- C'est le pic d'énergie qui est apparu quelques secondes sur le satellite de cette planète. Et alors ?

- Pourquoi ne l'avez-vous pas étudié plus en profondeur ? Une partie de votre mission était pourtant la reconnaissance. Pourquoi est-ce que je ne trouve nulle part le rapport sur la cause de ce pic d'énergie ?

- Le satellite de cette planète est un objet mort, sans atmosphère ni activité tectonique. Et le pic d'énergie a été extrêmement court. J'ai pensé que ce n'était qu'un phénomène naturel, peut-être une météorite.

- Comme ça, sans étudier le signal au préalable ?

- C'est cette planète qui est notre cible, pas son satellite. J'ai préféré concentrer nos activités sur son annexion.

- Avec les résultats que l'on connaît ! fait Pidoria avec au moins trois tonnes de condescendance dans le ton. Tes rapports sont remplis de remarques sur l'absence de professionnalisme des autres maîtres, mais tu n'es pas beaucoup mieux ! Si tu avais fait une simple analyse spectrale du signal, tu te serais aperçu qu'il était d'origine artificielle !

- Quoi ? ! s'écrie Netoy, surpris.

- Regarde par toi-même, continue Pidoria en montrant un graphe du doigt. Ce signal est issu d'une technologie différente de la nôtre, mais comparable.

- Mais... ce signal était si court... fait Netoy, incrédule.

- Examine sa signature ! Elle est typique de celles qu'ont nos installations quand elles sont mises en route avant que l'absorbeur se mette en marche.

Netoy examine le graphe avec concentration, et ne peut que se rendre à l'évidence : aussi énervant que cela puisse être, Pidoria a raison.

- Je...

- Je ne veux pas d'excuses ! le coupe Pidoria. Elles ne changeront pas l'erreur que tu as faite ! Ce signal est la preuve de la présence d'une technologie similaire à la nôtre sur le satellite de cette planète. Et tu connais les ordres sur ce genre de découverte...

- ... Inspection et destruction... fait Netoy, comme à contre-coeur.

- Exactement ! Ne t'inquiète pas pour l'inspection. J'ai envoyé une sonde qui devrait nous donner des indications visuelles dans quelques instants. Pour la destruction, considère cela comme le moyen de racheter ta faute. J'ai l'intention de la mener à bien moi-même, mais tu peux m'y aider.

- ... Bien, Pidoria. J'obéirai...

- Tu n'as pas vraiment le choix. Ah ! voici les images.

Au dessus de la table, les symboles et graphes disparaissent, remplacés par une image en deux dimensions de la surface grise et tourmentée de la Lune, et au milieu un grand bâtiment blanc, d'une architecture le faisant ressembler à un croisement entre le Parthénon et le Taj Mahal : le bâtiment est formé de multiples colonnes de plusieurs mètres de haut qui en forment la périphérie, comme le Parthénon, mais il possède aussi plusieurs tours cylindriques dont une centrale qui se terminent toutes par la forme en bulbe typique des palais orientaux. Plusieurs fenêtres sont visibles un peu partout, toutes fermées par une matière transparente. Sous l'image, plusieurs symboles apparaissent et disparaissent rapidement.

- Quel bâtiment ridicule ! s'esclaffe Pidoria. Ce qui l'ont construit avaient soit mauvais goût, soit un sens de l'humour déplacé !

- Peut-être, mais en tout cas ils ont construit pour durer, fait Netoy en lisant les symboles. D'après les données de la sonde, cet édifice devait déjà exister avant notre départ.

- Le passé ne m'intéresse pas. Seul le présent importe.

Pidoria touche la table en quelques endroits.

- Ah ! enfin des informations dignes d'intérêt : une seule présence biologique. Cela n'en rendra la destruction que plus facile, mais un peu ennuyeuse.

- La sonde détecte un champ de force.

- Rien que l'on ne puisse traverser facilement en nous transposant. Netoy ! prépare une vingtaine de poupées. Nous partons inspecter ce bâtiment de l'intérieur, puis nous détruisons tout, en commençant par l'être qui vit là !

- A tes ordres, répond Netoy sans entrain.

- J'espère que l'être essaiera de se défendre, fait Pidoria avec un grand sourire. J'ai envie de m'amuser un peu...

Pidoria se met à rire aux éclats, et c'est ici que nous quittons cette scène dans un fondu au noir.

 

Nous sommes maintenant dans le magasin de jouets, à l'heure de la fermeture. Le signe "Fermé" est déjà accroché à la porte d'entrée, et à la caisse Alexandra est en train de faire les comptes. Oscar apparaît derrière elle, marchant à reculons et portant une grande caisse pleine de jouets en bois.

- C'est gentil de m'aider, dit-il, mais c'est pas la peine. J'suis payé pour faire ce travail.

- Ca nous fait plaisir, dit Alex en relevant la tête vers lui. Et puis, t'as bien le droit de rentrer un peu plus tôt chez toi de temps en temps. Quand grand-père travaillait encore lui-même, je l'aidais souvent. Alors ça nous dérange vraiment pas, hein Martin ?

Ce dernier apparaît à l'image : il tient l'autre côté du carton de jouets.

- Bien sûr que non, dit ce dernier. A nous tous ça va vite de toute façon.

- Eh ! c'est pas juste !

Martin, Oscar et Alexandra tournent la tête vers l'origine de la voix : c'est Angel qui joue avec Aurélien à un jeu vidéo dans un coin du magasin où sont vendus des consoles de jeu et les jeux qui vont avec. Une console est en démonstration et Angel et Aurélien ne pouvaient pas la laisser inutilisée. Et visiblement, Aurélien est meilleur à ce jeu de combat qu'Angel.

- Y'en a, bien sûr, qui aident d'une drôle de façon, fait Oscar.

- Crois-moi, c'est mieux comme ça, réplique Martin. S'ils nous aidaient vraiment on y serait encore ce soir à minuit. Un truc que je comprends pas par contre c'est pourquoi tu vends des consoles et des jeux dans un magasin de jouets anciens.

- C'est un essai, avoue-t-il. J'espère attirer dans le magasin une clientèle qui n'y viendrait normalement pas. C'est un appât en quelque sorte.

- Je vois, réplique Martin. C'est pas bête, si tu veux attirer des gamins du genre d'Angel et Aurélien... Bon, où est-ce qu'on la met cette caisse ?

- Dans la remise, répond Oscar. Suis-moi.

- J'peux pas vraiment faire autrement.

Ils disparaissent dans le fond du magasin, puis reviennent les mains vides.

- Bon, il me reste plus qu'à vérifier les vitrines, dit Oscar. Tu peux te reposer Martin, y'a plus rien à faire à part ça.

- Tant mieux ! réplique ce dernier qui se laisse tomber sur une chaise. Tu y arrives Alex ?

- T'inquiète pas, répond-elle. Je suis pas aussi douée que Clémence pour les maths, mais c'est pas la première fois que je fais les comptes. Tiens, à propos de Clémence, elle est pas encore arrivée ?

- C'est vrai ça, remarque Martin. C'est pas dans ses habitudes d'être en retard...

A ces mots, la porte du magasin s'ouvre et se referme rapidement, et Clémence arrive devant la caisse en courant. Elle s'arrête enfin, essouflée.

- Je suis désolée... d'être en retard... commence-t-elle.

- Dis rien ! Dis rien ! Reprends ton souffle d'abord, fait Martin, qui s'est relevé d'inquiétude.

Clémence prend quelques grandes respirations et reprend la parole :

- J'ai eu... heu... un coup de fil de mes parents... juste avant de partir. J'ai pas osé... heu... leur dire de se dépêcher.

"Aïe", pense-t-elle, "je mens mal". Heureusement pour elle, Alexandra et Martin ne semblent pas se rendre compte de ses hésitations.

- C'est pas grave, dit Alexandra. Les parents c'est important.

- J'suis d'accord, acquiesce Martin. Tu ne les vois pas souvent, alors tu peux bien prendre ton temps quand ils te téléphonent.

Clémence leur sourit faiblement, mais elle n'est pas fière d'elle-même. "Je déteste faire ça", se dit-elle. "Vivement que ça se termine..." Heureusement pour elle, Oscar revient et dévie ainsi la conversation.

- J'ai fini, dit-il. Le magasin est prêt pour l'ouverture demain matin. Oh !

Oscar s'est arrêté en voyant Clémence. Il ne semble pas pouvoir détacher les yeux d'elle. Alexandra les regarde sans comprendre puis soudain prend la parole :

- C'est vrai, vous vous êtes pas encore rencontrés ! Alors Oscar, voici Clémence, et Clémence, voici Oscar.

- Enchantée, dit Clémence en tendant la main à Oscar.

- Moi... moi de même, balbutie ce dernier, qui s'essuie maladroitement la main sur son pantalon avant de serrer celle que lui tend Clémence.

- Oscar, tu rougis, remarque Martin.

- C'est... heu... juste la chaleur, réplique-t-il en souriant d'un air bête.

- C'est ça, oui... fait Martin peu convaincu, tandis qu'Alexandra a un petit rire en voyant la réaction d'Oscar et que Clémence semble un peu gênée.

- Je... heu... je peux terminer les comptes, dit Oscar envers Alex pour sortir de cette situation.

- Pas besoin, répond-elle, j'ai bientôt fini. Tu n'as qu'à rentrer chez toi. On fermera le magasin.

- T'es sûre ?

- Puisque j'te l'dis ! continue-t-elle avec un grand sourire.

- Bon, euh... bah dans ce cas j'y vais. Salut tout le monde ! Heureux d'avoir fait ta connaissance, Clémence.

Ils le saluent, sauf Angel et Aurélien qui sont trop absorbés par leur jeu, et regardent Oscar reculer maladroitement, manquer de tomber sur un cheval de bois, et finalement atteindre la porte d'entrée et sortir. Tout ce temps, il n'a pas cessé de regarder Clémence et de lui sourire.

- Y'en a un qu'a eu le coup de foudre, à ce que j'vois, fait Martin en secouant la tête.

- Il devrait avoir honte, dit Alexandra d'un air faussement indigné. Il a au moins 10 ans de plus que toi Clémence.

- Hein ? ! moi ? ! sursaute cette dernière.

- Fais pas comme si t'avais pas remarqué, lui reproche Martin. Il te dévorait des yeux.

A ces mots, Clémence devient rouge comme une tomate et se met à balbutier :

- J'ai... heu... on a pas la temps pour ces choses ! Entre la rentrée qui s'approche rapidement et la Galaxie Sombre, on n'a pas le temps pour ça !

- Pas faux, acquiesce Martin.

- C'est pour ça qu'il faut s'occuper rapidement de la Galaxie Sombre, intervient Alex. J'ai bien envie d'un petit ami moi !

Martin et Clémence manquent de tomber à la renverse en entendant cette remarque.

- Au fait, continue-t-elle, j'ai fini les comptes. Le temps de mettre l'argent dans le coffre, et on peut aller au Q.G.

- C'est pas trop tôt, dit Martin. Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour aller au Q.G. en semaine à une heure à peu près normale...

- Toujours grognon toi, réplique Alex en riant, tout en se levant pour aller poser l'argent de la journée dans le coffre.

- Elle ne prend jamais rien au sérieux, fait-il en secouant la tête de dépit. Enfin... Angel ! Aurélien ! on a fini !

Il attend quelques secondes, mais entend toujours le bruit de la console et de ses deux amis en train de jouer.

- Angel ! ! Aurélien ! ! arrêtez de jouer et venez ici ! ! Merde, j'ai l'impression d'entendre mon père.

- Je sais ce que c'est, dit Clémence. J'ai pas mal d'expérience avec Aurélien... En attendant, c'est pas la peine de crier. Ils sont tellement absorbés par leur jeu qu'ils n'entendent plus rien.

- Tu as une meilleure idée ?

- Il se trouve que oui, répond-elle avec un sourire énigmatique.

Clémence se dirige vers Angel et Aurélien, regarde autour d'elle et trouve ce qu'elle cherchait. Elle s'approche du mur, se baisse, attrape une prise électrique et la débranche d'un coup ! Aussitôt, la console s'arrête de fonctionner et l'écran devient noir, au grand dam d'Angel :

- Mais... j'étais sur le point d'gagner ! !

Il se met à taper frénétiquement sur les boutons de sa commande.

- Euh... il est temps d'y aller, dit Clémence, la prise toujours à la main, un peu surprise par la réaction d'Angel.

Cette fois Angel et Aurélien se tournent vers elle.

- T'es arrivée ! s'écrie Aurélien avec un grand sourire. Ca va ? T'as pas eu d'problème ? J'm'inquiétais un peu qu'tu sois en retard.

- J'ai vu ça, réplique Clémence sarcastiquement.

- C'est toi qu'as débranché ? demande Angel en voyant Clémence avec la prise électrique à la main. Pourquoi t'as fait ça ? !

- Parce qu'on vous a appelés plusieurs fois et vous avez pas répondu, répond Martin. Oscar est parti, et Alex a fini les comptes. On peut y aller. Après tout, on est pas venus ici pour jouer aux jeux vidéo.

- Pas faux, fait Angel, vaincu par la logique de l'argument.

Mais l'affaissement de ses épaules montre sa déception.

- Si tu veux, t'as qu'à venir chez moi après la réunion, dit Aurélien. J'ai déjà ce jeu chez moi.

- Vraiment ? super ! crie Angel en sautant de joie. Attends voir... t'as déjà joué à ce jeu-là alors. C'est pour ça que t'étais si fort ! C'est pas juste ! !

Clémence et Martin tombent presque à la renverse tandis qu'Aurélien paraît plutôt gêné. Heureusement pour lui, Alexandra réapparaît.

- J'ai fini, dit-elle. On peut y aller ?

- Il est temps, oui, dit Martin. Niko va se demander c'qui se passe.

- Il est dans le Q.G. depuis longtemps ? demande Clémence qui se joint à ses amis.

- Il est arrivé en même temps que moi, répond Angel en fermant la marche derrière Aurélien. Il m'a dit qu'il avait quelque chose à faire avant notre réunion.

- Tu ne sais pas quoi ?

- Un truc technique, j'suis pas doué pour ces trucs, fait-il en haussant les épaules.

- Hey Alex, tu as développé tes photos ? demande Aurélien en arrivant à sa hauteur.

- Oui, c'est fait, répond-elle avec un grand sourire. Et elles sont toutes réussies ! Ca m'a pris du temps seulement parce que j'ai essayé d'y ajouter quelques effets spéciaux, des cadres, des trucs comme ça. Tu verras. J'les amène demain ? T'as bien une répétition, non ?

- Ouaips, comme tous les mardis. OK, demain alors. J'suis impatient de les voir.

- Comment tu as fait pour les effets spéciaux ? demande Clémence, curieuse.

- J'ai des amis dans une boutique spécialisée dans le travail d'images, les affiches, la pub et des trucs comme ça. Ils me laissent utiliser leurs ordis gratuitement tant que je paie pour le papier photo. J'y ai appris des tas de trucs !

Pris dans leur conversation, nos amis ne se sont pas rendus compte qu'ils ont traversé l'hologramme solide et sont maintenant dans le Q.G. Niko, relevant la tête de l'écran d'ordinateur qu'il regardait, les voit arriver, et décide d'intervenir avant que quelqu'un ne se cogne contre la table.

- Désolé d'interrompre cette charmante conversation, mais nous avons des choses importantes à discuter, n'est-ce pas ?

- Niko ! sursaute Alexandra. J'avais pas vu qu'on était entrés dans le Q.G.

- Tête de linotte... marmonne Martin.

- T'as eu l'air surpris aussi quand Niko a parlé, réplique Angel qui a entendu.

- Moi ? euh... c'était pas pareil, fait-il, gêné.

- Niko, Angel m'a dit que tu avait quelque chose à faire avant que nous arrivions, dit Clémence. Est-ce qu'on peut savoir ce que c'était ?

- Bien sûr, répond ce dernier. Aniva et moi, nous avons utilisé tout le matériel dont nous disposons pour essayer de détecter une présence extra-terrestre sur Terre ou autour de la planète.

- Malheureusement, nous n'avons rien trouvé, continue la voix d'Aniva, tandis que son hologramme apparaît sur la table, faisant se tourner tout le monde.

- C'est ennuyeux, dit Clémence.

- On n'espérait pas de résultat de toute façon, réplique Niko. Mais ça valait la peine d'essayer.

- Grr... quand je pense qu'ils peuvent agir à leur guise et que tout ce qu'on peut faire c'est attendre qu'ils frappent et espérer qu'on sera dans le coin ! grogne Martin en frappant le mur du poing.

- Ils semblent étendre leurs activités uniquement sur Paris, dit l'oiseau. Et tant que Lucas reste près de nous, il devrait être en sécurité.

- Ouais, s'il arrête de disparaître comme il le fait tout le temps, dit Angel.

- A propos de Lucas, comment est-ce qu'il va ? demande Alexandra.

- Les émotions l'ont vidé, répond Angel. Quand je l'ai ramené à la maison samedi dernier il s'est endormi dans mes bras. Et aujourd'hui il avait un peu de fièvre.

- De la fièvre ? ! s'écrie Aurélien. C'est grave ?

- D'après le docteur, c'est rien de grave, juste un petit virus. Il doit juste rester au lit jusqu'à ce que la fièvre tombe. Tata s'occupe de lui.

- J'espère que ça va aller, dit Clémence. Lucas n'est pas de notre planète. Il nous ressemble, mais qui sait, son organisme est peut-être très différent.

Angel hausse les épaules.

- Le docteur ne semble pas avoir noté de différence, et il a bien examiné Lucas...

- C'est étrange tout ça, continue Clémence. J'aurais pensé que des extra-terrestres auraient des formes plus différentes de la nôtre que ça.

- Certains sont très différents en effet, intervient Aniva. Niko est l'un d'eux, par exemple. Mais dans la Voie Lactée la forme humanoïde à cinq doigts est très fréquente. Personne ne sait exactement pourquoi, mais le fait est là et indiscutable.

- Mais ceux de la Galaxie Sombre, ils viennent d'une autre galaxie, et ils nous ressemblent quand même ! s'exclame Martin.

- J'en suis aussi surprise que toi, réplique Aniva. Mais on ne peut nier l'évidence...

- C'est vrai, fait Clémence...

- Bon, ceci étant dit, peux-tu nous résumer de nouveau les événements de samedi dernier, Angel ? demande Aniva. Je sais que nous avons tous plus ou moins compris ce qui s'est passé, mais il serait bon de tout récapituler quand même.

- D'accord, répond ce dernier. Alors voilà...

 

 Angel vient de finir de raconter son histoire, et nos amis restent silencieux. Ils ont tous entendu ou vécu au moins une partie des événements, mais entendre toute l'histoire ainsi les laisse muets. Finalement, Alexandra brise le silence :

- Pauvre Lucas... il a eu de la chance qu'on soit arrivés à temps.

- Il n'y a pas que nous qui semblent le protéger, dit Martin. Ces vagues d'énergie ne sont pas venues de nulle part.

- Peut-être qu'il s'agit de cette "Mimi" que Lucas semble pouvoir contacter grâce à son pendentif, raisonne Clémence.

- Pourquoi elle ne se manifeste pas plus clairement, alors ? Et pourquoi nous laisser tout le boulot si elle peut le faire elle-même ? !

- C'est étrange en effet, admet Clémence. Peut-être veut-elle conserver l'anonymat, ou elle n'a peut-être que peu de pouvoir...

- Lucas n'est pas seulement d'origine extra-terrestre, mais aussi d'une autre galaxie, se dit Aurélien, qui a du mal à réaliser.

- Oui, de la galaxie que la Galaxie Sombre a détruite, semble-t-il, dit Angel.

- Le pauvre, quelle souffrance il a dû subir, dit Aniva, dont les souvenirs de la destruction de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel la rendent très sensible à ce genre d'histoire.

Angel se rend compte d'ailleurs de l'étrange ton dans sa voix.

- Ca va Aniva ? demande-t-il, soucieux.

- Oui Angel, merci, répond-elle. Ca me rappelle juste de douloureux souvenirs.

Nos amis baissent tous la tête. Ils se rappellent encore parfaitement les images qu'ils ont vues durant leur bref voyage dans le labyrinthe maléfique.

- Ah ça... ! ! s'écrie soudain Angel, une main à la bouche et l'air abasourdi.

- Qu'est-ce qui se passe ? ! demande Niko.

Tout le monde regarde Angel, inquiets, tandis que ce dernier se remet doucement de sa surprise.

- J'... j'avais pas fait le rapprochement, balbutie-t-il. Mais... quelques jours avant mon anniversaire et notre premier combat contre la Galaxie Sombre, j'ai... j'ai vu à la télé un petit reportage sur une galaxie qui avait complètement disparu en quelques heures à peine !

- Je m'en rappelle ! sursaute Clémence. Je l'ai vu aussi ! Les astronomes n'avaient aucune idée de la raison pour laquelle cette galaxie, située à 50 millions d'années-lumière de la nôtre et quasiment identique, avait disparu tout d'un coup.

- Je viens d'm'en souvenir parce que le reportage m'avait rappelé la destruction de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel, explique Angel.

- Alors ce serait... commence Martin qui est trop surpris pour continuer.

- ... la galaxie natale de Lucas, celle détruite par la Galaxie Sombre, continue Aniva. C'est malheureusement plausible. S'ils ont une technologie similaire à celle dont la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir disposait, ils peuvent très bien avoir coordonné une attaque à l'échelle de la galaxie, et l'ont quittée quand ils ont fini...

- Mais pour faire ça, il a bien fallu qu'ils soient capables de voyager à des vitesses supérieures à celle de la lumière, remarque Clémence. S'ils en sont capables, pourquoi ont-ils mis tant de temps pour venir jusqu'à nous ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demande Aurélien qui a du mal à suivre la conversation.

- C'est simple : la première attaque a eu lieu plusieurs jours après que des astronomes aient détecté la disparition de la galaxie d'où ils viendraient. Cela veut dire qu'ils auraient voyagé à une vitesse inférieure à celle de la lumière. C'est illogique.

- Pas vraiment, intervient Aniva. Mais je comprends que tu puisses penser cela puisque tu ne connais pas les limites du voyage à vitesse supra-luminique. Le seul moyen de voyager à des vitesses supérieures à celle de la lumière est de se transposer dans le monde supra-luminique. C'est quelque chose que des astronefs spécialement équipés peuvent faire sans problème. Le seul problème est le monde supra-luminique lui-même.

- Comment ça ? demande Angel, intéressé.

- C'est assez compliqué, mais je vais essayer de vous expliquer aussi simplement que possible. Voilà : vos pouvoirs, mes pouvoirs, la transposition, toutes ces choses ne sont possibles que grâce à l'existence de quelque chose que, faute de meilleurs mots dans votre langue, je ne peux qu'appeler "magie". Vous ne devez surtout pas prendre ce mot comme il est normalement défini, mais comme je vais le définir. Vous savez peut-être que tout ce que vous pouvez détecter dans l'univers, matière, lumière, mouvement, ondes, tout est une manifestation d'énergie.

- Je comprends ce que tu veux dire, dit Clémence. C'est une partie de la théorie de la relativité restreinte, l'équivalence masse-énergie, le fameux E=mc2. Tout, y compris la matière elle-même, peut être considéré comme une certaine quantité d'énergie.

- En effet. Et cette énergie obéit à certaines lois, dont celle qui limite la vitesse de toute chose à celle de la lumière, continue Aniva. La magie est quelque chose de comparable à l'énergie, mais elle obéit à d'autres lois, des lois que l'on peut considérer comme plus "souples" que celles qui régissent l'énergie. Magie et énergie interagissent très peu, mais ces interactions existent et sont exploitables. L'une de ces formes d'interactions est responsable de ce que vous appelez "l'âme", et c'est pourquoi des personnes comme vous peuvent faire apparaître du feu, de l'eau, ou créer des rayons lumineux.

- Donc nos pouvoirs sont réellement "magiques", dans ce sens, constate Martin.

- C'est exact. D'autres formes d'interaction permettent de créer des machines permettant la transposition, par exemple. Mais voilà : la magie, comme l'énergie, est attirée par les objets massifs, comme les étoiles d'une galaxie.

- Ca c'est la relativité générale, dit Clémence. Elle explique pourquoi la lumière ne peut pas s'échapper d'un trou noir. Un champ gravitationnel suffisamment fort emprisonne toute forme d'énergie.

- J'crois qu'je comprends ça, dit Alex. C'est donc la même chose pour la magie.

- Oui, acquiesce Aniva. La magie comme l'énergie sont attirées par les champs gravitationnels, et donc sont les plus concentrés là où il y a des objets massifs, comme dans une galaxie. Or le monde supra-luminique n'existe que là où la magie est présente en forte concentration. On peut en quelque sorte dire que c'est une sorte de dimension parallèle où la magie joue le rôle que l'énergie joue dans notre univers. C'est pour cela que l'on peut voyager plus vite que la lumière dans ce monde : la magie n'a pas de vitesse limite de propagation.

- Je crois que je commence à comprendre, fait Clémence.

- Pas moi ! dit Aurélien.

Tandis que Clémence lève les yeux au ciel, Aniva continue :

- Puisqu'une galaxie contient de nombreux objets massifs, comme les étoiles et planètes, la magie s'y concentre et y forme un monde supra-luminique, où des vaisseaux convenablement équipés peuvent se transposer et y voyager extrêmement rapidement. Le monde supra-luminique ne peut pas transporter d'information comme nous le faisons dans ce monde avec des ondes radio, mais il est possible de résoudre ce problème en utilisant des petits vaisseaux automatiques qui transportent des messages extrêmement rapidement d'un point à l'autre de la galaxie. C'est ainsi par exemple que la Confrérie de l'Arc-en-Ciel est parvenue à unir la Voie Lactée, et malheureusement aussi ainsi que la Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir a coordonné son attaque.

- Une sorte de poste galactique, quoi, remarque Martin.

- C'est cela. Mais voilà le problème : entre deux galaxies, il n'y a quasiment rien. C'est un vide spatial encore plus extrême que le vide spatial entre deux systèmes solaires dans une galaxie. Ce vide ne contient aucun objet massif, sauf parfois des blocs de matière qui ont été éjectés d'une galaxie d'une manière ou d'une autre. En tout cas, il n'y en a jamais assez pour concentrer suffisamment de magie pour créer un monde supra-luminique.

La compréhension illumine le visage de Martin, Alexandra et Angel. Aurélien semble encore ne rien y comprendre.

- En d'autres termes, chaque galaxie possède un monde supra-luminique, mais entre deux galaxie il ne peut pas y en avoir, et leurs mondes supra-luminiques ne peuvent jamais être connectés. Autrement dit : le voyage à des vitesses supérieures à celle de la lumière n'est possible qu'à l'intérieur d'une galaxie. Entre deux galaxies, on est limité par la vitesse de la lumière. C'est pour cela que la Confrérie de l'Arc-en-Ciel n'a jamais étendu son influence plus loin que la Voie Lactée.

Aurélien semble enfin comprendre et son visage s'illumine d'un grand sourire.

- Ca y est ! J'ai compris !

- Bienvenu au club, t'es un peu en retard, ironise Clémence.

- Mais alors, ceux de la Galaxie Sombre ont voyagé pendant 50 millions d'années avant d'arriver jusqu'ici ? ! demande Martin, abasourdi.

- Oui, dit Aniva. Ils ont probablement fait le plus gros du voyage à une vitesse proche mais inférieure à celle de la lumière, et ont utilisé notre monde supra-luminique quand ils sont arrivés dans notre Galaxie.

- 50 millions d'années ! ! comment est-ce qu'ils ont pu faire pour survivre pendant le voyage ? se demande Angel.

- Ils ont peut-être utilisé une forme d'hibernation, dit Niko.

- Je crois pas qu'ils en aient eu besoin, fait Clémence.

- Hein ?

- Tu as raison, Clémence, dit Aniva.

Nos amis les regardent toutes les deux sans comprendre.

- C'est encore la théorie de la relativité restreinte, dit Clémence. Une autre partie, qui dit que le temps et l'espace sont dépendants de la vitesse à laquelle un objet se déplace. Si un objet se déplace à une vitesse proche de celle de la lumière, son temps subjectif ralentit par rapport au temps de quelqu'un qui ne bouge pas.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? demande Alexandra.

- Que si pour nous, le voyage de ceux de la Galaxie Sombre a bien dû durer 50 millions d'années, pour eux, il a duré bien moins longtemps. Même s'ils ont fait les derniers jours à vitesse supra-luminique, la majorité du temps de leur voyage a dû se faire à une vitesse très proche de celle de la lumière, ou ils ne seraient pas arrivés si vite après que les astronomes ont détecté l'extinction de leur galaxie.

Elle sort son ordinateur portable et y fait quelques calculs, puis elle relève la tête.

- J'ai dû beaucoup extrapoler, mais je suis à peu près certaine que de leur point de vue, ce voyage de 50 millions d'années n'a pas duré plus de quelques mois, un an au grand maximum.

Ses amis la regardent, les yeux écarquillés. Seule Aniva ne semble pas surprise.

- Je suis d'accord avec ton calcul, dit-elle. De leur point de vue, peu de temps s'est écoulé depuis leur départ. Ce qui veut dire aussi que nous avons vraiment à faire aux mêmes personnes qui ont détruit une galaxie entière, pas à leurs lointains descendants, mais pas non plus à des personnes affaiblies par des millénaires d'hibernation.

Angel semble un peu découragé. Martin remarque cela et tente de lui remonter le moral.

- T'inquiète pas ! dit-il en lui tapotant l'épaule. La Confrérie de l'Arc-en-Ciel Noir n'était pas de la gnognotte non plus, et pourtant on les a eus.

- C'est vrai ça, ajoute Aurélien. On a juste à continuer à se battre. Ca marche bien, non ?

- Et puis, s'ils pouvaient détruire la Voie Lactée, ils l'auraient probablement déjà fait, continue Alexandra.

- Bonne remarque, intervient Clémence. L'énergie nécessaire à traverser le vide spatial à une telle vitesse pendant tant de temps doit être gigantesque. Je crois pas qu'on ait à faire à une armée entière, mais juste à quelques individus.

Aniva et Niko hochent la tête. Angel a un petit sourire. Mais soudain on entend comme un bruit étouffé d'explosion, qui semble venir de partout ! Aniva se retourne, l'air surpris, et semble voir quelque chose, quand son hologramme se tord et disparaît !

- Aniva ? ! s'écrient nos amis, surpris.

- Qu'est-ce qui se passe ? ! demande Martin envers Niko.

- Je ne sais pas, mais je cherche ! répond l'oiseau qui s'est rué sur la console la plus proche et tape frénétiquement sur le clavier.

Les Combattants se rapprochent de lui et le regardent, inquiets. Finalement, Niko reprend la parole :

- La communication avec la base de la face cachée de la Lune a été coupé, et son journal de bord est scellé. Tous les canaux ont été fermés et scellés, sauf un qui ne marche qu'en entrée et qui me permet d'accéder aux commandes de la base. C'est la procédure normale.

Mais la voix de Niko trahit sa peur.

- La procédure normale pour quoi ? demande Clémence qui est trop intelligente pour laisser passer une telle omission.

- Pour... pour le cas d'une attaque de la base ! finit-il par lācher.

Nos amis sont horrifiés en entendant cela. Angel tente de dire quelque chose mais sa voix lui fait défaut. Finalement Martin s'écrie :

- Une attaque ? ! mais alors... Aniva ! !

- J'essaie d'établir un contact avec les caméras de surveillance de la base, si elles fonctionnent encore, réplique l'oiseau, toujours en train de taper le clavier d'un air affolé. Ca y est ! J'ai le contrôle de la caméra de la salle de communication. L'image devrait apparaître sur l'écran dans une sec...

En effet, une image apparaît sur l'écran. Elle est mal cadrée, mais on voit une partie d'une console dans un coin de l'image, et une partie d'une table identique à celle du Q.G. dans l'autre. Et entre les deux, une silhouette masculine aux cheveux roux et au débardeur orange est penchée sur la console.

- Mais c'est... !

Mais Angel est coupé car la silhouette s'est retournée tout d'un coup vers la caméra et Niko a juste eu le temps de couper la transmission !

- Pourquoi t'as fait ça ? ! s'écrie Alex.

- Ils ne faut surtout pas qu'ils découvrent la position du Q.G., explique Niko.

- Mais... Aniva... ? demande Aurélien, l'air appréhensif.

- Je suis sûr qu'elle s'est échappée avant qu'il arrive ! Les bases de la Confrérie de l'Arc-en-Ciel sont toujours remplis de tunnels secrets pour ce genre d'événements. Elle a juste à atteindre le hangar où se trouve le vaisseau spatial qui l'a amené sur la Lune. Il devrait encore fonctionner.

Niko semble essayer de garder son calme, mais sa voix tremble.

- C'était Netoy, n'est-ce pas ? dit Martin, incrédule.

- La Galaxie Sombre a dû découvrir la base de la face cachée de la Lune, dit Clémence dont la voix tremble aussi.

- Il... il faut y aller ! s'écrie Angel d'un ton résolu.

- Quoi ? !

- On peut pas laisser tomber Aniva ! explique-t-il. Elle n'a pas hésité à risquer sa vie pour nous, à nous de lui rendre la pareille !

- Angel a raison, dit Aurélien. On peut pas rester ici pendant qu'Aniva risque sa vie !

- Qui sait, peut-être qu'ils ont déjà découvert le vaisseau ! ajoute Martin.

- Il faut aller la sauver ! C'est notre amie ! s'écrie Alex.

- Je suis d'accord, dit Clémence, mais comment est-ce qu'on va pouvoir aller sur la Lune ? !

- C'est... impossible, dit Niko. Même la transposition Arc-en-Ciel ne peut pas vous transporter tous sur une telle distance, et le Q.G. n'a plus la technologie pour vous transposer.

- C'est pas vrai ! Il y a sûrement un moyen ! On peut pas abandonner Aniva ! Niko, s'il te plaît, dis-nous qu'il y a un moyen ! implore Angel.

Niko le regarde, puis regarde les autres Combattants qui acquiescent les uns après les autres.

- Il y a un moyen, finit-il par avouer, comme à regret. Mais c'est très dangereux.

- On prend le risque, fait Martin. Après tout, on est pas des Combattants de l'Arc-en-Ciel pour rien !

- Si vous insistez... Le seul moyen d'atteindre une telle distance avec la transposition Arc-en-Ciel c'est de réapparaître dans l'espace normal dans la majorité du trajet. En utilisant votre énergie, vous pourrez voyager à grande vitesse et atteindre la Lune en quelques minutes.

- Mais... ça veut dire qu'on va traverser le vide spatial ! remarque Clémence.

- Tant que vous vous tiendrez les mains, vous serez en sécurité. Votre énergie vous protègera. Mais si vous brisez le cercle, si quelque chose vous force à vous séparer, vous serez aussitôt exposés au vide spatial... et personne ne peut y survivre...

Niko a prononcé ces derniers mots en retenant un sanglot au fond de sa gorge, et nos amis en restent silencieux.

- On a pas le choix ! finit par dire Martin. Et puis, c'est pas comme si c'est la première fois qu'on doit faire face au danger.

- T'as raison, on aura qu'à faire attention ! acquiesce Aurélien.

- Je n'ai pas l'habitude d'être d'accord avec Aurélien, mais une fois n'est pas coutume, dit Clémence. On y va !

- Ouais ! on va sauver Aniva ! fait Alex.

Angel en a les larmes aux yeux.

- Merci, les amis.

- Si vous êtes décidés... De toute façon, vous avez raison : on ne peut pas laisser Aniva faire face seule à la Galaxie Sombre. Alors une dernière chose, dit Niko. La base de repli est protégée par un champ de force. Pour le franchir, il vous faudra faire une dernière transposition, directement vers l'intérieur de la base.

- D'accord !

- Alors allons au parc. De là, vous pourrez vous transposer plus facilement.

 

 Dans la base de la face cachée de la Lune, nous retrouvons Netoy penché vers la console devant lui, mais regardant au dessus de lui un coin du mur. A quelques mètres derrière lui, Pidoria le regarde, les bras croisés et l'air impatient. Autour de lui, une vingtaine de poupées regardent autour d'elles sans bouger.

- Qu'est-ce qui se passe Netoy ? demande Pidoria, un rien irrité. Je t'ai demandé de déchiffrer les données de cet ordinateur, pas de contempler les murs.

- J'ai eu l'impression d'être épié, pendant un moment, répond ce dernier en baissant la tête vers l'écran de la console. Mais c'est passé.

- Pff... et pour l'ordinateur ?

- C'est un cul-de-sac. Même si on arrivait à déchiffrer la langue qui est utilisée ici, et ce n'est aucune des langues parlées sur la planète, la structure des réponses que j'obtiens me donne peu d'espoirs. Tout ce qui pourrait avoir de l'importance est scellé et intouchable. Il faudrait des mois de travail pour pirater cet ordinateur et en extraire ses informations.

- Ca n'en vaut pas la peine, fait Pidoria. Je me fiche de savoir ce que l'ordinateur contient, je veux savoir s'il y a un moyen de trouver où se cache l'être qui vit ici. Je suis sûr d'avoir vu une silhouette mais elle semble avoir disparu.

- Pas en utilisant cet ordinateur, répond Netoy. Ceux qui l'ont programmé ont fait du bon travail. Il est inutilisable pour nous.

- Tant pis, réplique-t-il en haussant les épaules. On va faire ça d'une autre manière. Netoy ! prends les poupées avec toi et fouille cet endroit de fond en comble. Je veux qu'on m'amène la créature qui vit ici. Mais je la veux vivante ! Je me réserve le plaisir de la questionner et de l'exécuter.

- Bien Pidoria.

Netoy avance vers la porte de la pièce, et d'un signe donne l'ordre aux poupées de le suivre, ce qu'elles font immédiatement. Au moment il va franchir la porte, Pidoria l'interpelle :

- Un instant !

Netoy s'arrête et se retourne, étonné.

- Envoie une dizaine de tes poupées à l'extérieur. Je pressens que nous allons avoir de la visite.

- De la visite ? Cette planète n'a pas la technologie pour venir jusqu'ici, ni même pour connaître l'existence de cet endroit !

- Ne discute pas mes ordres ! Contente-toi d'obéir, à moins que tu veuilles vraiment me mettre en colère.

- D'accord Pidoria, j'obéis.

Et Netoy sort de la pièce aussi vite que possible, accompagné des poupées. Seul, Pidoria regarde autour de lui, et marche sans but autour de la table centrale tout en se frottant la main droite de la main gauche. Soudain, il se retourne vers la table, en agrippe les bords avec les deux mains et tire ! Il arrache la table du sol dans un cri d'effort, et la jette un peu plus loin. A la place de la table, il y a maintenant le sol, duquel sortent des dizaines de câbles coupés. Pidoria s'en approche tout en enlevant le gant de sa main droite, révélant le symbole sur sa paume. Il met la main au dessus des câbles, et son symbole se met à briller faiblement. Il hausse les sourcils en ramenant la main vers lui et en remettant son gant.

- C'est donc bien ça que je sentais. C'est un point d'énergie métallique. Mais ça n'est pas possible ! Seules les planètes vivantes peuvent avoir des méridiens d'énergie et ce n'est qu'un satellite mort... A moins que... peut-être que c'était autrefois une planète abritant la vie et la civilisation, et quelque chose l'a transformée en astre mort. Ca expliquerait pourquoi les maîtres n'y ont pas détecté leurs énergies : quand une planète meurt, ses énergies disparaissent presque immédiatement, sauf les énergies métalliques qui s'épuisent très lentement.

Pidoria a un sourire mauvais.

- Un événement capable de tuer une planète entière.... quelle superbe pensée ! Enfin, il n'y a rien à annexer, mais je peux peut-être utiliser l'énergie métallique qui reste pour créer un monstre métallique. Vu le peu d'énergie qui reste dans les méridiens de ce satellite, cela les videra complètement. Mmm... j'adore détruire les derniers signes de vie d'une planète. Monstre métallique, je t'ordonne d'apparaître !

Sur le sol, des traits gris apparaissent, convergeant vers l'endroit où se trouvait la table. Ils sont comme absorbés en une lumière grise qui se soulève du sol et prend une forme humanoïde, puis se solidifie. Le résultat ressemble à une marionette de taille humaine, ou un automate aux articulations-boules visibles et à la peau d'une couleur acier. La silhouette est féminine et svelte, et porte un costume aux reflets métalliques formé d'une paire de bottes blanches montant en pointe juste sous ses genoux, d'un juste-au-corps blanc sans manches, avec une jupe plissée bleue, très courte, dont les bords ont l'air coupant comme des lames de rasoir, et deux noeuds rouge sang sur la poitrine et dans le bas du dos, et d'une paire de gants blancs montant jusqu'aux coudes. La tête du monstre est aussi humanoïde, avec deux grands yeux uniformément rouge sang, comme les noeuds de son costume, et une chevelure formée de métal jaune, avec de part et d'autre deux boules jaunes, comme des chignons, qui forment les points d'articulation de deux tubes de métal jaune qui forment comme des queues très longues, atteignant les hanches de la créature. Et sur le front du monstre se trouve un petit croissant de métal jaune. Pidoria scrute le monstre de la tête aux pieds, puis secoue la tête.

- Je sais que l'apparence de nos monstres dépend beaucoup du lieu dans lequel ils ont été crées, mais ici c'est ridicule ! Je ne sais pas quelle sorte de civilisation a vécu sur ce satellite, mais ils devaient avoir un goût vestimentaire horrible... Mais ce n'est pas grave, ce monstre va m'aider à détruire cet endroit, puis je l'enverrai sur la planète pour retrouver le Petit Joyau et faire le nettoyage par le vide ! Ha ha ha ha ha ha ! !

Tandis que Pidoria s'esclaffe, le point de vue de la caméra descend et traverse le sol, et après une épaisseur d'une cinquantaine de centimètres, il montre un espace restreint, un tube éclairé de bleu, dans lequel on retrouve Aniva, accroupie pour tenir dans le tube. Elle s'est réfugiée dans le tube par une entrée secrète juste avant l'apparition de Netoy et Pidoria, et malgré l'épaisseur du sol elle a tout entendu. Elle baisse les yeux, les lèvres pincées, et tout en tenant sa robe d'une main pour qu'elle ne la gêne pas dans ses mouvements, elle commence à ramper dans le tube. "Je dois atteindre le vaisseau coûte que coûte", pense-t-elle, "c'est ma seule chance de leur échapper. Mes amis, je vous en supplie, n'essayez pas de me rejoindre. C'est bien trop dangereux, et la Terre et Lucas ont besoin de vous."

 

 Les Combattants n'ont bien évidemment pas entendu les pensées d'Aniva, et sont maintenant dans le jardin secret d'Angel, prêts à en découdre avec la Galaxie Sombre.

- Dès que vous serez partis, je retournerai au Q.G., dit Niko. Je pourrai peut-être utiliser le système de surveillance de la base pour localiser Aniva sans attirer l'attention de Netoy.

- Il n'est probablement pas tout seul, dit Clémence. Il faudra faire gaffe.

- J'ai surtout peur pour vous. Vous prenez tous les risques...

- C'est notre boulot ! fait Martin en faisant craquer les articulations de ses doigts. En tout cas, moi j'suis prêt. On y va ou quoi ?

- Oui ! allons-y ! acquiesce Angel. Talisman Arc-en-Ciel, métamorphose !

- Amulette du Feu, métamorphose !

- Amulette de l'Air, métamorphose !

- Amulette de l'Eau, métamorphose !

- Amulette de la Lumière, métamorphose !

Les Combattants de l'Arc-en-Ciel se mettent en cercle et se tiennent les mains. Ils ferment les yeux et se concentrent.

- Pouvoir sacré de la couleur Rouge ! s'écrie Red Bow.

- Pouvoir sacré de la couleur Verte ! continue Green Bow.

- Pouvoir sacré de la couleur Bleue ! ajoute Blue Bow.

- Pouvoir sacré de la couleur Jaune ! fait Yellow Bow.

- Pouvoir sacré des couleurs de l'Arc-en-Ciel ! termine Rain Bow.

Les auras colorées sont apparues autour d'eux, et leurs cheveux se sont mis à voleter dans le vent. Au pic de leur concentration, ils crient ensemble :

- Transposition Arc-en-Ciel !

Un ruban arc-en-ciel apparaît, tournoyant autour de leur cercle, tandis qu'ils sont soulevés de terre. Finalement, ils disparaissent, et le ruban s'élève en spirale et disparaît dans le ciel.

- Faites bien attention à vous, dit Niko en regardant le ciel. Et surtout, ne vous lâchez pas les mains, pas même une seconde. Ce n'est qu'en restant soudés que vous survivrez.

 Nous nous retrouvons dans l'espace, juste quelques dizaines de kilomètres au dessus de la surface terrestre. Soudain les Combattants de l'Arc-en-Ciel y apparaissent, toujours main dans la main en cercle, le ruban arc-en-ciel spiralant autour d'eux, et se déplaçant à grande vitesse dans une direction qui de leur point de vue est "vers le haut". Ils sont entourés par une sorte de bulle transparente quasiment invisible, mais dont la tranche brille faiblement, formant un cercle de lumière très fin autour d'eux, quelle que soit la direction dans laquelle on les regarde. Nos amis restent silencieux, regardant devant eux la Lune qui grandit, lentement mais visiblement. Finalement, Yellow Bow brise le silence en disant quelques mots que, si j'étais pour la censure, j'aurais couverts de bips, ou remplacés par des traits. Mais comme je suis d'avis que ça n'empêchera personne de jurer s'ils le veulent, les voici dans leur glorieuse impolitesse :

- Putain de bordel de merde !

Les autres Combattants le regardent, outrés, et, se rendant compte de ce qu'il a dit, Yellow Bow approche la main de la bouche, comme s'il voulait la couvrir. Heureusement, Blue Bow tenait cette main et l'agrippe, l'empêchant de briser le cercle.

- Triple idiot ! ! s'écrie-t-elle. Tu veux nous tuer tous ou quoi ? ! Niko a bien dit qu'il ne fallait briser le cercle sous aucun prétexte !

- Désolé, répond-il en baissant la tête. Mais ça m'a échappé, continue-t-il en la relevant. C'est tellement... fantastique !

Green Bow acquiesce :

- C'est tellement différent de la fois où on s'est perdus dans le labyrinthe maléfique. C'est plus... réel.

- C'est vrai, dit Red Bow qui a du mal à cacher son émotion. Cette fois-ci ce n'est pas une projection du passé qu'on est en train de revivre. C'est un vrai voyage vers la Lune.

- C'est génial ! fait Rain Bow. On est vraiment dans l'espace !

- Faisons attention quand même, leur rappelle Blue Bow. L'espace n'est pas vraiment un endroit accueillant. Le plus tôt on arrive dans la base le mieux c'est.

- Vu la vitesse à laquelle on s'approche de la Lune, ça va prendre à peine quelques minutes, remarque Martin.

- C'est super ! On va faire partie des rares gens qui ont pu aller sur la Lune !

Martin et Clémence soupirent en secouant la tête. Angel a une fois de plus perdu de vue la gravité de la situation.

- C'est bizarre, dit Yellow Bow en tournant la tête. Le soleil paraît plus brillant ici que sur la Terre, mais on n'est pas éblouis.

- Ce qui nous protège du vide spatial doit aussi nous protéger du rayonnement solaire, explique Blue Bow. Heureusement d'ailleurs : dans l'espace, il n'y a pas de protection contre les rayons néfastes. Les UV y sont tellement forts qu'on brûlerait en quelques minutes.

- Tant mieux, mon bronzage est suffisant comme il est, dit Alexandra. Trop de soleil n'est pas bon non plus pour ma peau.

On entend quatre soupirs d'incrédulité. Nos amis continuent à se rapprocher de la Lune. Elle devient gigantesque, prenant toute la place dans leur champ de vision, tandis qu'ils commencent à ressentir sa pesanteur. Doucement, ils changent leur trajectoire, se mettant à voler à quelques dizaines de mètres au dessus de la surface grise et criblée de cratères, se rapprochant de plus en plus de la face cachée. Finalement, la Terre est cachée complètement par la surface.

- On devrait arriver bientôt, dit Blue Bow. Préparez-vous pour la dernière transposition.

- C'est magnifique, dit Green Bow.

Au loin, à l'horizon lunaire, une construction devient visible. Ils n'en voient pas les détails, mais elle est définitivement artificielle.

- On arrive Aniva, tiens bon ! fait Rain Bow.

- Mais... qu'est-ce que c'est qu'ça ? ! s'écrie Yellow Bow.

Tous regardent devant eux. En effet, entre eux et le bâtiment, une dizaine de points lumineux deviennent visibles et se précisent, sous la forme de poupées de la Galaxie Sombre. Ils volent au dessus de la surface de la Lune, en plein sur la trajectoire de nos amis !

- Il faut vite les éviter ! s'écrit Green Bow.

- On ne peut pas ! réplique Blue Bow. Ils sont trop près !

- Il faut attaquer alors ! s'exclame Red Bow.

- Comment ? ! on peut pas se lâcher les mains ! hurle Rain Bow.

- Concentrons nos énergies de nouveau ! répond Blue Bow. On devrait pouvoir lancer une attaque combinée !

Les autres la regardent sans comprendre, mais les poupées ont aperçu les Combattants et commencent à s'en approcher.

- J'ai pas le temps d'expliquer ! Concentrez-vous et tout deviendra clair !

- D'accord !

- Pouvoir sacré de la couleur Bleue !

- Pouvoir sacré de la couleur Verte !

- Pouvoir sacré de la couleur Jaune !

- Pouvoir sacré de la couleur Rouge !

- Pouvoir sacré des couleurs de l'Arc-en-Ciel !

Leurs énergies se combinent, tandis que le ruban se met à tourner autour d'eux plus rapidement, s'allonge devant eux, formant rapidement comme un cône coloré tournant sur lui-même, comme une perceuse. Soudain, tout devient clair dans leur esprit.

- Magnifiques Couleurs de l'Arc-en-Ciel, attaquez !

Les couleurs se mélangent dans le cône qui devient blanc et extrêmement brillant, tandis que nos amis accélèrent soudain et qu'une traînée multicolore apparaît derrière eux. Ils foncent ainsi sur les poupées qui n'ont pas le temps de réagir et sont frappées de plein fouet par le cône d'énergie et se désintègrent. Seule l'une des poupées n'a pas été détruite, mais elle est projetée vers la base et se désintègre sur le champ de force, qui devient visible pendant un instant, dôme lumineux centré sur le bâtiment. La traînée multicolore disparaît et le cône se résorbe, reformant le ruban arc-en-ciel qui tourne autour des nos amis. Ces derniers soupirent de soulagement quand Blue Bow fait une angoissante constatation :

- On ne ralentit pas ! On va s'écraser sur le champ de force si on se transpose pas immédiatement !

- C'est pas vrai ? ! s'écrie Aurélien.

- Ca s'arrêtera donc jamais ? ! s'écrie Angel.

- Pas l'temps d'geindre ! ordonne Red Bow. Un dernier effort, vite ! !

Malgré le danger immédiat, les Combattants ferment les yeux, et dans un sursaut de volonté, disparaissent juste avant de rencontrer le champ de force ! Le ruban arc-en-ciel le traverse sans encombre (rendant juste le champ de force visible de nouveau pendant une seconde) et disparaît à quelques mètres des colonnes qui entourent la base de la face cachée. Et c'est ici que nous quittons cet épisode dans un fondu au noir, tandis que l'on entend les cinq voix des Combattants de l'Arc-en-Ciel crier ensemble :

- Aniva !


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